Ils habitaient dans le désert, ces mystiques juifs qui avaient quitté l'atmosphère délétère de Jérusalem. Entre l'an 150 avant J.-C et le milieu des années 60 après J.-C., ils vécurent dans des sortes de phalanstères et à la suite de l'invasion romaine, ils durent fuir le lieu et cacher en hâte dans des grottes voisines de leur établissement de QUMRAN, ce qu'ils avaient de plus précieux : leurs livres saints. Les Esséniens, puisqu'il s'agit d'eux, ont ainsi laissé des textes de tous les livres canoniques de la Bible hébraïque (à l'exception de l'un d'eux, le livre d'Esther) ainsi que des rouleaux divers de commentaires, de règles de vie, d'apocalypse et d'apocryphes.
Un rouleau, malheureusement en assez mauvais état, porte une vingtaine d'hymnes admirables. J'en ai trouvé un, dans la traduction du Pr André DUPONT-SOMMER (un spécialiste des langues sémitiques anciennes internationalement connu et reconnu) qu'il référencie l'Hymne Z (en fonction de la place qu'ils occupent dans le rouleau, ces hymnes ont reçu comme titre les lettres de l'alphabet). En ces temps plus que troublés où l'on prétend nous faire accroire que l'homme se construit tout seul, il me semble souligner l'attitude que nous devrions tous avoir, y compris et surtout dans le domaine des initiatives politiques :
"Et moi, je sais, grâce à ton intelligence, (dit le rédacteur de l'hymne)
Que ce n'est pas dans la main de la chair qu'est la justice de l'homme
Et que l'homme n'est pas le maître de sa voie
Et que les humains ne peuvent affermir leurs pas.
Et je sais que c'est dans ta main qu'est le penchant de tout esprit,
Et que la voix de chacun, ainsi que sa visite,
Tu les as disposées avant de le créer ;
Et comment personne pourrait-il changer tes paroles?"
Bien sûr, le texte insiste un peu sur la prédestination, ce qui ne peut convenir à un chrétien pour qui l'homme, dans sa liberté, "choisit la vie ou choisit la mort". Mais il a le mérite de rappeler à tous ces hommes qui prétendent être les pasteurs de leur peuple, qu'ils n'exercent le pouvoir que pour autant qu'il leur est donné "d'en-haut". Mais pour ce qui me concerne, c'est très clair. Je suivrai la voix de ma conscience, en n'oubliant pas qu'elle ne peut être celle de la violence, de la haine ou de la raillerie, ma plutôt celle de l'explication, de la patience et de la bienveillance (cf. Épître de Paul aux Galates, 5, v22). Je résisterai de toutes mes forces aux orientations qu'entend donner en matière sociétale le parti actuellement au pouvoir : mariage homosexuel, euthanasie active, application des lois à géométrie variable selon le sujet auquel elle doit s'appliquer, lâchetés de tous ordres en matière d'immigration ou de sécurité ou d'incivilités. Tous les citoyens doivent être traités de la même façon. Le fait qu'un de nos compatriotes soit d'origine africaine ou maghébine ou roumaine ou que sais-je encore, ne lui confère aucun droit particulier, à ceci près que les situations sont à apprécier, il est vrai, à la lumière des histoires personnelles.
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