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Ce n’est
pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LES CITATIONS
DU JOUR
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"La
conclusion qui se dégage nettement de tout cela, c’est que l’uniformité, pour
être possible, supposerait des êtres dépourvus de toutes qualités et réduits à
n’être que de simples « unités » numériques ; et c’est aussi
qu’une telle uniformité n’est jamais réalisable en fait, mais que tous les
efforts faits pour la réaliser, notamment dans le domaine humain, ne peuvent
avoir pour effet que de dépouiller plus ou moins complètement les êtres de
leurs qualités propres, et ainsi de faire d’eux quelque chose qui ressemble
autant qu’il est possible à de simples machines, car la machine, produit
typique du monde moderne, est bien ce qui représente au plus haut degré qu’on
ait encore pu atteindre, la prédominance de la quantité sur la qualité. C’est
bien à cela que tendent, au point de vue proprement social, les conceptions
« démocratiques » et « égalitaires », pour lesquelles tous
les individus sont équivalents entre eux, ce qui entraîne cette supposition
absurde que tous doivent être également aptes à n’importe quoi ; cette
« égalité » est une chose dont la nature n’offre aucun exemple, pour
les raisons mêmes que nous venons d’indiquer, puisqu’elle ne serait rien
d’autre qu’une complète similitude entre les individus ; mais il est
évident que, au nom de cette prétendue « égalité » qui est un des
« idéaux » à rebours les plus chers au monde moderne, on rend
effectivement les individus aussi semblables entre eux que la nature le permet,
et cela tout d’abord en prétendant imposer à tous une éducation uniforme. Il va
de soi que, comme malgré tout on ne peut pas supprimer entièrement la
différence des aptitudes, cette éducation ne donnera pas pour tous exactement
les mêmes résultats ; mais il n’est pourtant que trop vrai que, si elle
est incapable de donner à certains individus des qualités qu’ils n’ont pas,
elle est par contre très susceptible d’étouffer chez les autres toutes les
possibilités qui dépassent le niveau commun ; c’est ainsi que le
« nivellement » s’opère toujours par en bas, et d’ailleurs il ne peut
pas s’opérer autrement, puisqu’il n’est lui-même qu’une expression de la
tendance vers le bas, c’est-à-dire vers la quantité pure qui se situe plus bas
que toute manifestation corporelle, non seulement au-dessous du degré occupé
par les êtres vivants les plus rudimentaires, mais encore au-dessous de ce que
nos contemporains sont convenu d’appeler la « matière brute », et qui
pourtant, puisqu’il se manifeste aux sens, est encore loin d’être entièrement
dénué de qualité."
In
René GUÉNON.
Le règne de la quantité et les signes des
temps. (Collection "Tradition".) Édition définitive établie sous
l’égide de la Fondation René Guénon.
Gallimard, Paris, 2015, p. 64
"Je promène mes regards sur cette
foule innombrable composés d’êtres pareils, où rien ne s’élève ni ne s’abaisse.
Le spectacle de cette uniformité universelle m’attriste et me glace, et je suis
tenté de regretter la société qui n’est plus."
"Après avoir pris ainsi tout à tour
dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le
souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la
surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à
travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus
vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne
brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il
force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il
ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne,
il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation
à n’être qu’un troupeaux d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement
est le berger."
Et
"Je promène
mes regards sur cette foule innombrable composés d’êtres pareils, où rien ne
s’élève ni ne s’abaisse. Le spectacle de cette uniformité universelle
m’attriste et me glace, et je suis tenté de regretter la société qui n’est
plus."
In
Alexis de TOCQUEVILLE.
De la démocratie en Amérique. Les grands thèmes. Edité
par J.-P. MAYER. Édition revue et corrigée avec une bibliographie
supplémentaire pour l’édition de 1980. (Collection Idées. Série Sciences
humaines. No 168.)
Paris, Gallimard, 1980, (pp. 348 et 366).
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2. COMMENTAIRES.
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René GUENON, dont j’ai déjà livré quelques
idées, est le philosophe qui a le mieux pensé ce qu’est la qualité qu’il oppose
à la quantité. Il est assez typique de la mentalité de l’Éducation qui se
prétend nationale, ainsi que de la presse, d’observer la manière dont les
résultats du baccalauréat sont présentés : toujours en termes de
pourcentage de réussite, et de classement des académies en fonction de ce
pourcentage. Nous feignons de croire que tous les bacheliers se valent et qu’il
suffit d’avoir sa peau d’âne pour prétendre au sommet de la société. En
réalité, la stratification est féroce, et l’obtention d’une mention (Très bien
ou Bien) est l’horizon doré des ambitieux. Cette manière de voir nie que les
différences entre les hommes soient de nature qualitative, et que s’il n’y
avait pas de qualité propre à chaque personne, il n’y aurait pas de personne du
tout.
Alexis de TOCQUEVILLE, par des biais
différent, arrive aux mêmes conclusions. La démocratie est un système qui
aboutit à la confiscation par l’État du pouvoir que chaque personne a le droit
d’exercer sur sa vie. Nous croulons sous le poids des réglementations et des
normes, et il est assez curieux de constater qu’au pays dont les élites se
moquent de la normalité, ce sont ces mêmes élites qui édictent de normes :
elles visent toujours le matériel et le quantitatif. D’où la tristesse de l’uniformité
glacée que nous voyons s’étendre dans nos sociétés qui se disent démocratiques.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Il n’y a rien à signaler qui puisse illustrer
mon propos… Ou plutôt, il y a trop d'exemples. A vous de les trouver !
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