Chers
amis,
A
plusieurs reprises, je vous ai parlé du transformateur que RTE entend installer
contre tout bon sens, et contre l’avis de la population, sur le ban de la
commune de Saint-Victor-et-Melvieu dans l’Aveyron.
Comme
à mon habitude, je viens de passer quatre jours dans ce village tranquille de
la France profonde, la vraie France, celle qui fait son charme et pour lequelle
des millions d’étrangers viennent la visiter. Je viens d’apprendre que madame
le Préfet de l’Aveyron a signé la Déclaration d’Utilité Publique relative à ce
transformateur, et que les procédures d’expropriation ont commencé, dans des
conditions défiant tout ce qu’il possible d’imaginer dans un pays qui se dit le
pays des droits de l’homme.
Je
me suis donc rendu en mairie pour en savoir plus, car j’avais déposé ma propre
contribution à l’Enquête d’Utilité Publique et je vous en avais du reste fait
part.
C’est
là que j’ai appris l’imposture, le mensonge et l’arrogance des représentants de
RTE.
Madame
le Préfet a signé la DUP sans avoir pris connaissance des contributions à
l’Enquête, au motif (a-t-elle dit à la délégation communale qui avait sollicité
une audience auprès d’elle), que les jeunes occupants de l’Amassada (la ZAD
locale) qui entendent interdire la construction de cette abomination, auraient
brûlé ces documents. C’est ce que lui a dit semble-t-il un représentant de
RTE. C’est un mensonge éhonté ou un alibi. J’ai pu savoir que les documents
ont bien été déposés à la préfecture et qu’une décharge avait été signée au moment de leur
remise. Ce qui est vrai, c’est que la maquette du transformateur exposée en
mairie a été effectivement brûlée par ces jeunes. On imagine mal qu’ils aient
eu l’imbécillité de détruire les documents qui les défendaient et s’opposaient
à la construction de cette dangereuse horreur. Il y a donc une triple
manipulation : intimidation, dissimulation, mensonge à quoi s’ajoute
l’arrogance de ces grands techniciens parisiens qui ne sauraient pas faire la
différence entre un bœuf et un taureau.
Mais
les aveyronnais sont futés, et les secrétaires de mairie avaient pris soin de
scanner toutes les contributions, de sorte que madame le Préfet a pu en avoir une copie qui lui a été transmise sur
une clé USB. Mais la DUP était hélas signée ! Je puis concevoir que, faute de temps, elles ne les auraient pas toutes lues. Elle s'est donc fondée sur la conclusion du Commissaire enquêteur, qui.... hélas ! (Je n'en dirais pas plus.)
Vous
vous demandez pourquoi il y a des Gilets jaunes, et des Gilets jaunes violents ?
Le voilà, le pourquoi, à partir d'un cas particulièrement exemplaire : quelques grossiums de RTE entendent imposer une
implantation plus que contestable (alors qu’il existe à quelques centaines de
mètres de là d’autres endroits moins dangereux et disponibles). Ils invoquent
l’Intérêt Général, dont ils seraient les infaillibles définiteurs, mais ils
ignorent ce qu’est le Bien Commun. C’est la tyrannie de l’État, issue tout
droit de la conception jacobine et républicaine de la société politique. Et c'est au nom de l'Intérêt déclaré Général qu'ils nourrissent leur ego.
Voyez-vous,
on a dépensé 12 millions d’Euros pour organiser le Grand Bla Bla duquel se
dégage une fumée à la désagréable senteur de manipulation. Et l’on ne pourrait
pas dépenser quelques millions d’euros pour implanter en un autre lieu cette
machine infernale ?
Pour
conclure, je vous joins l’extrait d’une lettre envoyée par un propriétaire
exproprié à madame le Préfet de l’Aveyron. Vous jugerez vous-même de la
violence qui lui est faite, et des raisons qui justifient amplement la révolte
des Gilets jaunes. Il m’est impossible, pour des raisons bien compréhensibles,
de vous donner le nom de la source qui m’a transmis cette lettre poignante.
Mais j’en garantis l’authenticité.
"Madame
la Préfète,
Je
suis propriétaire de terres agricoles au lieu-dit La Plaine, commune de Saint-Victor
et Melvieu et j’ai déjà fait l’objet d’une procédure d’expropriation suite à la
déclaration d’utilité publique. Ces terres étaient travaillées par mon mari et
mon fils. Depuis quelques années, ils ont mis en œuvre des actions pour lutter
contre l’érosion des sols, ils ont cessé de labourer et privilégient les semis
directs et les semences de plantes à enracinement profond. La terre commence à
rendre les fruits de leur travail, elle est en meilleure santé. Mon grand-père,
Victor C[…], avait sacrifié beaucoup pour s’offrir ces quelques belles terres
de la Plaine et il était fier de ses récoltes. Mon mari et mon fils partagent
son amour de la terre et vivent très mal de devoir renoncer aux cultures qui
nourrissent les hommes au profit de pylônes et de méga-watts.
Et
ceci d’autant plus que, par l’arrêté préfectoral n°12-2018-12-17-005 du 20
décembre 2018, d’autres parcelles vont nous être retirées temporairement sans
qu’aucune compensation financière ne soit mentionnée, comme si cela était une
formalité et que nos terres et notre travail étaient sans importance !
[…]."
J’ai
eu entre les mains copie de cette lettre manuscrite d'où la garantie d'authenticité sus-mentionnée.
Nous
ne devons pas laisser faire. Nous ne pouvons pas accepter l’injustice, et la
violence faite aux hommes pour la satisfaction de quelques technocrates. Mais c’est
bien connu : la technique est tout simplement l’absence d’être (je
paraphrase HEIDEGGER).
NB : c'est à dessein que j'ai utilisé le terme de définiteur qui signifie "religieux délégué au chapitre de son ordre pour y traiter des questions intéressant la vie de l'ordre". Ces grands fonctionnaires, ces techniciens infaillibles forment en effet un ordre laïc, avec ses codes et ses règlements. Malheur à celui qui y dérogerait. Il ya dans cette caste des chefs qui se chargent de définir ce qui est bon pour elle et ce qui est mauvais. Et ce qui est bon elle, c'est qu'elle ait toujours le dernier mot.
NB : c'est à dessein que j'ai utilisé le terme de définiteur qui signifie "religieux délégué au chapitre de son ordre pour y traiter des questions intéressant la vie de l'ordre". Ces grands fonctionnaires, ces techniciens infaillibles forment en effet un ordre laïc, avec ses codes et ses règlements. Malheur à celui qui y dérogerait. Il ya dans cette caste des chefs qui se chargent de définir ce qui est bon pour elle et ce qui est mauvais. Et ce qui est bon elle, c'est qu'elle ait toujours le dernier mot.
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