mercredi 29 avril 2020

Mercredi 29 avril. Vous avez dit bizarre ? Comme c'est bizarre... Tocilizumab, Artémisinine et Chloroquine, même combat ?

Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre.

Le site du journal le Figaro regorge quotidiennement d’articles faisant les éloges de tel ou tel traitement nouveau contre la Covid-19.
Nous apprenons ainsi que le Tocilizumab, un anticorps dit « monoclonal », utilisé normalement pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, a permis de juguler l’orage cytokinique qui apparaît, dans certains cas de complications de l’infection par le SARS-Cov-2, responsable de la Covid-19. Il s’agit donc d’un traitement tardif, qui ne s’attaque pas au virus, mais à l’un des effets de l’infection, probablement lié (mais ceci reste à confirmer) à l’intervention intempestive de diverses bactéries. Ce communiqué a été livré à la presse par l’AP-HP qui se félicite de l’intervention de l’INSERM dans cette recherche. Nous ne savons pas dans quel(s) service(s) ce médicament a été étudié (en double aveugle). Il se peut, mais ceci n’est pas dit, que l’un des auteurs de ces travaux soit le Pr LACOMBE qui a justement déjà dit qu’elle étudiait les effets des anticorps monoclonaux. Le Pr LACOMBE est une infectiologue réputée, mais ce n'est pas une amie du Pr RAOULT. Le tocilizumab bloque l’action des récepteurs d’une interleukine pro-inflammatoire, l’IL-6. On l’utilise par voie intraveineuse, en monothérapie. Le coût d’une injection est de 823,15 euros. L’Actemra ou le Reactemra (nom de commercialisation du médicament) est délivré aux Etats-Unis par Genentech, et en Europe par Roche-Chugai. Si l’on peut sauver des vie avec cette intervention (tardive) tant mieux.

Un deuxième médicament a été mis en avant pour traiter les effets du virus. Il s’agit de l’artémisinine, une molécule produite par l’Armoise annuelle (Artemisia annua). Je n’en sais pas beaucoup plus sur son efficacité, mais je sais que cette molécule est très utilisée à Madagascar pour lutter contre le paludisme. L’usage de cette molécule et de la plante est prohibé en France.

Deux informations récentes, en revanche, sont passées complètement inaperçues ou bien ont été cachées. Des médecins algériens ont montré l’efficacité quasi totale du protocole mis au point par Didier RAOULT. L’Algérie dispose d’excellents médecins, et les hôpitaux français sont souvent très heureux de les recruter quand ils manquent de personnels.

Par ailleurs, un article soumis à Journal of the American Academy of Dermatology, par Erisa ALIA et Jane M GRANT-KELS donne les résultats d’un essai clinique en double aveugle (consulter medRxiv reprint https://doi.org/10.1101:2020.03.22.20040758) réalisé par CHEN et al., article que j’ai pu consulter. Bien qu’ALIA et GRANT-KELS restent prudents dans leurs conclusions, ils mettent en garde contre une possible pénurie de ce médicament, car ils en soupçonnent, et c’est peu dire, l’efficacité. 

Résumons-nous. Avec l’hydroxychloroquine, nous avons un médicament doté d’une action antimalarique (comme l’artémisinine), anti-inflammatoire (comme le tocilizumab utilisé en monothérapie pour traiter l’arthrite rhumatoïde, comme l’hydroxychloroquine ou Plaquenil mais en traitement à long terme) et antivirale (propriété qu’aucun des deux autres médicaments ne possède), et qui, ô stupéfaction, donne de très bons résultats quand il est utilisé au tout début des symptômes. En somme avec l’hydroxychloroquine, on combine les effets des deux autres molécules, pour un prix de 4,26 euros la boîte de 30 comprimés pelliculés.

Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre ! Comme c’est curieux ce déchaînement contre notre Gaulois de Marseille.

Je vous donne quand même le résumé en anglais de l’article de CHEN et al. (2020).

AbstractAims: Studies have indicated that chloroquine (CQ) shows antagonism against COVID-19 in vitro. However, evidence regarding its effects in patients is limited. This study aims to evaluate the efficacy of hydroxychloroquine (HCQ) in the treatment of patients with COVID-19.
Main methods: From February 4 to February 28, 2020, 62 patients suffering from COVID-19 were diagnosed and admitted to Renmin Hospital of Wuhan University. All participants were randomized in a parallel-group trial, 31 patients were assigned to receive an additional 5-day HCQ (400 mg/d) treatment, Time to clinical recovery (TTCR), clinical characteristics, and radiological results were assessed at baseline and 5 days after treatment to evaluate the effect of HCQ.
Key findings: For the 62 COVID-19 patients, 46.8% (29 of 62) were male and 53.2% (33 of 62) were female, the mean age was 44.7 (15.3) years. No difference in the age and sex distribution between the control group and the HCQ group. But for TTCR, the body temperature recovery time and the cough remission time were significantly shortened in the HCQ treatment group. Besides, a larger proportion of patients with improved pneumonia in the HCQ treatment group (80.6%, 25 of 31) compared with the control group (54.8%, 17 of 31). Notably, all 4 patients progressed to severe illness that occurred in the control group. However, there were 2 patients with mild adverse reactions in the HCQ treatment group. Significance: Among patients with COVID-19, the use of HCQ could significantly shorten TTCR and promote the absorption of pneumonia.
Significance: Among patients with COVID-19, the use of HCQ could significantly shorten TTCR and promote the absorption of pneumonia.
Trial registration: URL: https://www.clinicaltrials.gov/. The unique identifier: ChiCTR2000029559.

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