vendredi 17 octobre 2008

Picasso ou le roi est nu.

LANZA del VASTO n'était pas tendre avec les artistes contemporains. Il disait d'eux : ils font de telles bêtises. Incroyable ! Et puis il veulent nous faire avaler ça... C'est plein d'un sens qui n'existe pas. Mais l'enfant voit que le roi est tout nu. La robe tellement fine qu'on ne la voit pas. Tout le monde est en extase. Mais les enfants :"Pourquoi, papa, pourquoi le roi est-il tout nu ?" C'est comme ça, Picasso et les autres : pleins d'un mystère ou une signification qui n'y sont pas ; il n'y en a pas, et il n'y en a pas à mettre.
Picasso a du talent, il aurait pu faire des choses belles. Il en a fait deux ou trois qui sont belles. Dans sa jeunesse. Après, il n'a fait que des bêtises.
J'entends bien que ces propos vont choquer. Il est admis que toute personne de goût se doit d'admirer ces femmes difformes, ces pénis obscènes, ces divagations de l'art. Pourquoi, grand Dieu, pourquoi Pablo s'est-il commis avec ces horreurs, lui qui a fait L'enfant à la colombe, L'arlequin et tant de chefs d'oeuvre quand il n'était pas encore connu. La gloire, voilà le poison, voilà la déviation. si vous allez voir l'exposition PICASSO, souvenez-vous de ces paroles.
Allez, je vous re-cite encore un extrait d'un texte que je trouve essentiel pour comprendre ce que signifie la pensée moderne. Il illustre à merveille ce que dit LANZA :
Le sujet idéal du régime totalitaire est [...] l'individu qui, pour une raison ou une autre, est devenu incapable d'éprouver la réalité du monde, et le sens ou le non-sens qui s'y produit, et c'est, corrélativement, l'individu incapable de s'interroger sur la véracité et le sens des discours sur ce monde.
L'idéologie totalitaire ne se définit pas par un corpus d'idées, par une "vision du monde", comme on l'a dit, et comme cette idéologie elle-même le prétendait, elle ne convainc pas par ses idées, si tant que l'on peut parler de "conviction" à son propos, mais elle se caractérise par une mentalité, par ce que l'on peut appeler une attitude fondamentale de la pensée qui consiste en une indifférence foncière pour les idées qu'elle charrie, indissociable d'un mépris radical pour la réalité du monde dont elle prétend parler, en l'occurrence, pour l'existence concrète des hommes qui font ce monde.
Je sais, je radote. Je crois vous avoir déjà servi ce texte au moins partiellement.
C'est exactement cette attitude fondamentale de la pensée qui explique l'adhésion de PICASSO au communisme, l'opinion de SARTRE sur le marxisme, promu par lui au statut d'horizon indépassable de l'histoire ou la complaisance d'un SOLLERS, d'un BARTHES et de bien d'autres, pour MAO et sa Révolution Culturelle.
Je plaide pour un retour au réel. Et le réel, c'est ce qui nous résiste.
Voici les références des livres d'où j'ai tiré mes citations.
LANZA del VASTO.
Les facettes de cristal. Entretiens avec Claude-Henri ROQUET.
Le Centurion, Paris, 1981.
Anne-Marie ROVIELLO.
Les intellectuels modernes une pensée an-éthique et prétotalitaire.
In Colloque Hannah ARENDT. Politique et pensée.
Petite Bibliothèque Payot, [N°289], Paris, 2004 (3ème édition)

Aucun commentaire: