Je continue de répondre à l’article du HuffPost. Les auteurs de ce dénigrement chattemittique et Hufpostique font état d’un autre article dont je donne ici les auteurs, le titre et les références du journal dans lequel il a paru.
Matthieu Mahévas, professor, Viet-Thi Tran, associate professor, Mathilde Roumier, doctor, Amélie Chabrol, doctor, Romain Paule, doctor, Constance Guillaud, doctor, Elena Fois, doctor, Raphael Lepeule, doctor, Tali-Anne Szwebel, doctor,François-Xavier Lescure, professor, Frédéric Schlemmer, associate professor, Marie Matignon, doctor, Mehdi Khellaf, professor, Etienne Crickx, doctor, Benjamin Terrier, professor, Caroline Morbieu, doctor, Paul Legendre, doctor, Julien Dang, fellow, Yoland Schoindre, doctor, Jean-Michel Pawlotsky, professor, Marc Michel, professor, Elodie Perrodeau, biostatistician, Nicolas Carlier, doctor, Nicolas Roche, professor, Victoire de Lastours, professo, Clément Ourghanlian, pharmacist, Solen Kerneis, doctor, Philippe Ménager, doctor, Luc Mouthon, professor, Etienne Audureau, profesor, Philippe Ravaud, professor, Bertrand Godeau, professor, Sébastien Gallien, professor, Nathalie Costedoat-Chalumeau, professor
Clinical efficacy of hydroxychloroquine in patients with covid-19 pneumonia who require oxygen: observational comparative study using routine care data
Facteur d’impact du BMJ : 27,604. C’est un des journaux médicaux les plus lus au monde ce qui donne à cet article une répercussion très large dans un public qui n’a peut-être pas lu tous les articles relatifs à ce sujet. Je vous donne le résumé en anglais.
Abstract
Objective To assess the effectiveness of hydroxychloroquine in patients admitted to hospital with coronavirus disease 2019 (covid-19) pneumonia who require oxygen (caractères gras mis par votre serviteur).
Design Comparative observational study using data collected from routine care.
Setting Four French tertiary care centres providing care to patients with covid-19 pneumonia between 12 March and 31 March 2020.
Participants 181 patients aged 18-80 years with documented severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2) pneumonia who required oxygen but not intensive care.
Interventions Hydroxychloroquine at a dose of 600 mg/day within 48 hours of admission to hospital (treatment group) versus standard care without hydroxychloroquine (control group).
Main outcome measures The primary outcome was survival without transfer to the intensive care unit at day 21. Secondary outcomes were overall survival, survival without acute respiratory distress syndrome, weaning from oxygen, and discharge from hospital to home or rehabilitation (all at day 21). Analyses were adjusted for confounding factors by inverse probability of treatment weighting.
Results In the main analysis, 84 patients who received hydroxychloroquine within 48 hours of admission to hospital (treatment group) were compared with 89 patients who did not receive hydroxychloroquine (control group). Eight additional patients received hydroxychloroquine more than 48 hours after admission. In the weighted analyses, the survival rate without transfer to the intensive care unit at day 21 was 76% in the treatment group and 75% in the control group (weighted hazard ratio 0.9, 95% confidence interval 0.4 to 2.1). Overall survival at day 21 was 89% in the treatment group and 91% in the control group (1.2, 0.4 to 3.3). Survival without acute respiratory distress syndrome at day 21 was 69% in the treatment group compared with 74% in the control group (1.3, 0.7 to 2.6). At day 21, 82% of patients in the treatment group had been weaned from oxygen compared with 76% in the control group (weighted risk ratio 1.1, 95% confidence interval 0.9 to 1.3). Eight patients in the treatment group (10%) experienced electrocardiographic modifications that required discontinuation of treatment.
Conclusions Hydroxychloroquine has received worldwide attention as a potential treatment for covid-19 because of positive results from small studies. However, the results of this study do not support its use in patients admitted to hospital with covid-19 who require oxygen.
Cet article est fréquemment invoqué pour démontrer l’inefficacité de l’hydroxycloroquine dans le traitement de l’infection par le SRAS-Cov-2. Les auteurs ont l’honnêteté de dire dans le titre que leur étude, purement observationnelle, porte sur des patients atteints de Covid-19 et dont l’état nécessité, à l’admission, l’administration d’oxygène. Notons que le traitement n’est pas donné forcément immédiatement à l’admission, mais 48 heures après pour certains patients. Nous sommes donc dans une situation clinique qui n’a rien à voir avec les observations de l’équipe marseillaise. Il est vraisemblable que le traitement est trop tardif et que les patients n’excrètent pratiquement plus de virus. Curieusement, mais peut-être ce point m’a t-il échappé, à aucun moment dans cet article, je ne vois apparaître les résultats chiffrés relatifs à la mesure de la charge virale. Il est indiqué que l’acide nucléique viral est détecté chez tous les patients lors de l’inclusion, mais on ne sait pas si le virus est infectieux, car il n’y a pas eu culture des prélèvements. Il y a donc là un manque de données important, et s’il s’agit de comparer avec les études de l’équipe marseillaise, on est frappé de voir que les issues fixées par les auteurs sont le transfert en unité de soin intensif, dont on peut imaginer que, vu l’état des patients à l’arrivée, il y a une plus grande chance qu’il survienne, qu’il y ait ou non traitement, ou la survie, ou le retour à domicile, mais jamais la diminution éventuelle de la charge virale. Les auteurs notent, ce qui est tout de même étonnant, un allongement du temps QT, ce que les auteurs marseillais n’ont jamais observé. Mais ils notent, très honnêtement, we cannot rule out the possibility that this cardiac effect attributed to hydroxychloroquine were caused by Covid-19. En effet, on peut se demander si à ce stade de l’évolution de la maladie, le tissu cardiaque est atteint ou non, mais les auteurs n’ont pas fait d’examen électrocardiographique des sujets témoins en hypoxie. Il eut donc été intéressant d’analyser plus en détail l’électrocardiogramme des patients lors de leur arrivée. Par ailleurs l’adjonction des patients ayant reçu le traitement 48 h après leur admission, dans le groupe témoin (intention-to-treat), puis dans le groupe traité (as-treated) me semble être une curieuse manière de traiter les données, qui, rappelons-le sont purement observationnelles, et sont loin d’avoir en extension, les qualités méthodologiques des études de Marseille ou de Garches. La conclusion de ce travail me semble donc la suivante : l’hydroxychloroquine donnée trop tardivement n’est pas très active ou est inactive, car les malades n’excrètent probablement plus de virus. Autrement dit, cette étude vient renforcer les recommandations de l’équipe marseillaise : lancer le traitement dès le diagnostic virologique (PCR plus culture) posé et aussi précocement que possible. De plus aucun patient n’a reçu d’azithromycine. Les auteurs concluent avec probité : Finally, our study was not designed to assess the efficacy of hydroxychloroquine and azithromycine, and no conclusion about its efficacy can be reached.
Ouf, on respire. Il n’empêche que le BMJ, après avoir publié un éditorial honteux, et commissionned, not peer reviewed, publié par FERNER et ARONSON, peut, à tort ou à raison donner l’impression qu’il a pris un parti thérapeutique qui ne semble pour l’instant fondé que sur de vagues espérances, à visée lointaine : le vaccin, et les fameuses molécules de Gilead ou Givvie. À chacun de se faire une opinion. Pour ce qui me concerne, mon siège est fait. Tant que je n’aurai pas vu une étude faite dans les conditions très minutieusement décrites par Didier RAOULT et qui dirait le contraire de ce qu’il a trouvé, (je crois qu’on pourra attendre longtemps), j’affirmerai que les « autorités de santé », en interdisant l’usage de l’hydroxychloroquine dans les hôpitaux comme en médecine de ville ont très probablement aggravé les statistiques des décès. Ce n’est pas à leur honneur.
2 commentaires:
Bonjour Philippe,
Je ne sais pas si vous l'avez vu, celui-là mais il vaut son pesant de cacahuètes :
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/hydroxychloroquine-son-inefficacite-etait-previsible-depuis-le-debut_143764
Notre ami bordelais calcule la dose théorique en se basant sur la concentration efficace in vitro et sur le volume de distribution théorique de l'hydroxychloroquine : on croit rêver !
Si le volume de distribution théorique est de 40000 litres alors que le volume d'eau total dans le corps est de 40 litres, ça veut fort probablement dire que l'hydroxychloroquine est 1000 fois plus concentrée dans le compartiment intracellulaire que dans le liquide extracellulaire. Ça a du lui échapper. Et donc ça valide parfaitement l'ordre de grandeur de dose de l'IHU de Marseille.
Reste à savoir si elle est efficace in vivo, ceci n'étant pas de ma compétence. Mais une chose est certaine : je n'irai sous aucun prétexte me faire soigner en pneumologie à Bordeaux.
Avec des "experts" de ce calibre, le virus a de beaux jours devant lui !
Bien à vous
Hervé BROCHART
Il y a pour moi quelque chose d'incompréhensible : comment des gens intelligents ou supposés l'être, n'ont-ils pas l'humilité de reconnaître les faits ? Je vais lire l'article dont vous donnez la référence. Portez-vous bien, cher Hervé.
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