Bien que les critiques contre la thérapeutique préconisée par le Pr RAOULT semblent avoir baissé d’intensité, il ne fait aucun doute qu’il se trouvera encore des "infectiologues" ou des membres du "Conseil Scientifique" censé éclairer les pouvoirs publics, pour ne pas recommander ce traitement. Jamais les responsables de ce désastre de la négation ne reconnaîtront qu’ils se sont trompés. Je vous donne donc aujourd’hui, en résumé de deux articles, l’un sous presse, émanant de l’équipe de Marseille, l’autre, mis en ligne sur le site MedRxiv, et non encore analysé par des referees, produit par l’équipe de l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches. Le site MedRxiv, géré par le Cold Spring Harbor Laboratory, le BMJ (il s’agit très probablement du British medical Journal) et l’Université de Yale met à la disposition de tout un chacun des articles qui sont soumis à divers journaux, et qui sont encours d’analyse et donc ne sont pas encore peer reviewed.
A Commençons par l’article de l’équipe de Marseille
Voici la liste des auteurs, le titre de l’article (qui est accepté et est sous presse).
Million M, Lagier J-C, Gautret P, Colson P, Fournier P-E, Amrane S, Hocquart M, Mailhe M, Esteves-Vieira V, Doudier B, Aubry C, Correard F, Giraud-Gatineau A, Roussel Y, Berenger C, Cassir N, Seng P, Zandotti C, Dhiver C, Ravaux I, Tomei C, Eldin C, Tissot-Dupont Hervé, Honoré Sté, Stein A, Jacquier A, Deharo J-C, Chabrière E, Levasseur A, Fenollar F, Rolain J-M, Obadia Y, Brouqui P, Drancourt M, La Scola B, Parola P, Raoult D.
Early treatment of COVID-19 patients with hydroxychloroquine and azithromycin: A retrospective analysis of 1061 cases in Marseille, France.
Travel Medicine and Infectious Disease (2020), doi: https://doi.org/10.1016/
Le facteur d’impact de ce journal est de 4,868, ce qui le classe dans des journaux de très bonne qualité
Ceux qui ont l’habitude de publier dans des journaux internationaux remarqueront que l’article a été envoyé le 20 avril, qu’il a été demandé aux auteurs quelques précisions, données en 10 jours puisque la version révisée a été reçue le 30 avril, et que l’article a été accepté le 1er mai, ce qui un délai exceptionnellement court. La conclusion s’impose : l’article n’a pas demandé des remaniements très compliqués puisqu’il a fallu 10 jours seulement pour qu’ils soient introduits dans la version révisée, et il faut qu’il soit d’un exceptionnel intérêt pour être accepté en 24 heures.
Voici l’abstract en anglais.
BACKGROUND: In France, the combination hydroxychloroquine (HCQ) and azithromycin (AZ) is used in the treatment of COVID-19.
METHODS: We retrospectively report on 1061 SARS-CoV-2 positive tested patients treated with HCQ (200 mg three times daily for ten days) + AZ (500 mg on day 1 followed by 250 mg daily for the next four days) for at least three days. Outcomes were death, clinical worsening (transfer to ICU, and >10 day hospitalization) and viral shedding persistence (>10 days).
RESULTS: A total of 1061 patients were included in this analysis (46.4% male, mean age 43.6 years – range 14 - 95 years). Good clinical outcome and virological cure were obtained in 973 patients within 10 days (91.7%). Prolonged viral carriage was observed in 47 patients (4.4%) and was associated to a higher viral load at diagnosis (p< .001) but viral culture was negative at day 10. All but one, were PCR-cleared at day 15. A poor clinical outcome (PClinO) was observed for 46 patients (4.3%) and 8 died (0.75%) (74-95 years old). All deaths resulted from respiratory failure and not from cardiac toxicity. Five patients are still hospitalized (98.7% of patients cured so far). PClinO was associated with older age (OR 1.11), severity at admission (OR 10.05) and low HCQ serum concentration. PClinO was independently associated with the use of selective beta-blocking agents and angiotensin II receptor blockers (p< .05). A total of 2.3% of patients reported mild adverse events (gastrointestinal or skin symptoms, headache, insomnia and transient blurred vision).
CONCLUSION: Administration of the HCQ+AZ combination before COVID-19 complications occur is safe and associated with very low fatality rate in patients.
Les méthodes d’études sont exceptionnellement minutieuses. La description de l’état initial des malades admis à l’hôpital (baseline) inclut la détection de la présence du virus dans les sécrétions nasopharyngées par la méthode de RTq PCR, un examen électrocardiographique, un ionogramme, une radio des poumons, le relevé de la date d’apparition des symptômes, s’il y en a (atteintes du tractus respiratoire supérieur, atteinte du tractus respiratoire inférieur et cotation selon le National Early warning score), le dosage de l’hydroxychloroquine dans le sang, pour s’assurer que les concentrations thérapeutiques y sont bien atteintes. Les auteurs définissent deux types d’issues (outcome) à ce traitement : les issues favorables (Good outcomes), et les issues défavorables (Poor outcomes), subdivisées en issues cliniques défavorables, définies par le passage en unité de soins intensifs, et, le cas échéant, mais non obligatoirement, le décès et en issues virologiques défavorables, définies par la persistance du virus dans les sécrétions nasopharyngées après 10 jours de traitement.
Dans cette étude, 1 411 patients avaient des données clinico-virologiques qui les rendaient éligibles au traitement. Une partie de ces patients, 350, sont exclus de l’analyse, soit parce qu’ils avaient été inclus dans des études antérieures (94 cas), soit parce qu’ils présentaient des complications cardiaques, (certaines fort rares comme le syndrome de Brugada – 3 cas – qui est une maladie génétique, dont la détection implique des cardiologues hautement qualifiés ; 33 cas de problèmes cardiaques au total), soit parce qu’ils étaient guéris (28 cas), soit parce qu’ils avaient refusé le traitement (21 cas), soit parce qu’ils présentaient des risque d’interaction avec d’autres traitements (15 cas), soit parce qu’ils présentaient une hypokaliémie (10 cas) ou des contre-indications ophtalmologiques (6 cas) ou étaient trop jeunes (enfants de moins de 15 ans ; 6 cas), ou encore pour d’autres raisons dûment exposées (72 cas) ou pour des raisons non spécifiées (66 cas).
Il en résulte que 1 061 patients infectés par le virus ont été traités par une combinaison d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, ce qui fait de cette étude, la plus importante au monde quant au nombre de patients analysés, ayant reçu le traitement.
Dans cette série, 47 (4,4 %) patients ont eu une issue virologique défavorable (telle qu’elle est définie par la persistance du virus après 10 jours, dont au moins 3 de traitement et un suivi de 8 jours), ce qui, comparé aux études chinoises est un délai très court, puisque les auteurs y trouvent des patients excrétant du virus après 20 jours en moyenne avec même un cas extrême à 38 jours (en absence de traitement) ; 46 (4,3 %) ont une issue clinique défavorable : 973 (91,7 %) patients ont une issue clinico-virologique favorable. Dans toutes les issues défavorables, les patients présentaient des facteurs de risque (âge ; comorbidité diverses ; comédications) ; cependant, nombre de sujets à risque ont eu une issue clinique favorable. Un point très intéressant est qu’à leur admission, les patients appartenant au groupe des issues favorables présentaient une charge virale moyenne analogue à celle des patients à l’issue clinique défavorable. Enfin, et ceci est sans doute un argument massif, la concentration moyenne sanguine de l’hydroxychloroquine chez les sujets à issue défavorable était très significativement inférieure à celle des sujets à issue clinique favorable, ce qui est en faveur d’un effet antiviral avéré de cette molécule.
B Continuons par l’article de l’équipe de Garches
Voici la liste des auteurs et le titre de l’article.
Benjamin Davido, Thibaud Lansaman, Simon Bessis, Christine Lawrence, Jean- Claude Alvarez, Hélène Mascitti, Frédérique Bouchand, Pierre Moine, Véronique Perronne, Aurélie Le Gal, Djillali Annane, Christian Perronne and Pierre De Truchis, on behalf of the COVID-19 RPC Team*
Hydroxychloroquine plus azithromycin: a potential interest in reducing in-hospital morbidity due to COVID-19 pneumonia (HI-ZY-COVID)?
Ce qui frappe dans la présentation de cet article (medRxiv preprint doi: https://doi.org/10.1101/2020.05.05.20088757. Version posted May 11, 2020.), c’est le souci éthique des auteurs. En voici quelques preuves :
Les auteurs disent « on behalf of the COVID-19 RPC Team », c’est-à-dire au nom de l’équipe COVID-19 ; la liste de tous les membres de cette équipe est donnée à la fin de l’article. Elle comporte des dizaines de noms. C’est un bel acte de reconnaissance vis-à-vis de tous les personnels qui ont concouru à l’obtention des données.
Ensuite, il est noté que le premier auteur (B. Davido) et l’auteur sénior (P. de Truchis) ont contribué également à ce travail. En général, la paternité de l’initiative est attribuée à l’auteur sénior. Vous noterez aussi que le Pr PERRONNE, chef du service des maladies infectieuses ne revendique pas la place d’auteur sénior, ce qui est de sa part un bel acte d’humilité.
Vous noterez aussi que les auteurs n’assènent aucune vérité ; ils utilisent un point d’interrogation pour éclairer leurs résultats.
Toujours ensuite, le premier soin des auteurs est de préciser qu’ils n’ont aucune relation financière afférente à ce travail, qui pourrait biaiser leur opinion, et qu’ils n’ont aucun conflit d’intérêt à déclarer.
Voici l’Abstract en anglais.
Abstract:
Introduction: Hydroxychloroquine (HCQ) with or without azithromycin is currently still debated as a potential treatment for the COVID-19 epidemic. Some studies showed discrepant results. However, timing for the treatment initiation and its setting (in-hospital or out-patient) are not consistent across studies.
Methods: Monocentric retrospective study conducted from 2th March to 17th April 2020, in adults hospitalized in a tertiary hospital for COVID-19. Patients characteristics were compared between groups depending on the therapy received (HCQ/azithromycin taken 48 hours or other treatment). Outcomes were evaluated from admission, by the need for intensive care unit (ICU) support and/or death. Univariate analyses were performed using non-parametric tests and confirmed by a multiple logistic regression using Pearson correlation test.
Results: Among 132 patients admitted for COVID-19 in the medicine ward, 45 received HCQ/azithromycin 48 hours, with a favorable outcome in 91.1% of cases (OR=6.2, p=0.002) versus others regimen (n=87). Groups were comparable at the baseline in terms of age, sex, comorbidities, extend in thoracic imaging, and severity.
Among patients that required to be transferred to ICU (n=27) (for mechanical ventilation), median delay for transfer was 2 days (IQR 1-3). We report only 1 patient that presented an adverse event (a prolonged QT interval on EKG) that required to discontinue HCQ.
Conclusion: The present study suggests a potential interest of the combination therapy using HCQ/azithromycin for the treatment of COVID-19 in in-hospital patients.
Et comme une bonne figure vaut mieux qu’un long discours, je vous suggère d'aller voir vous-même l'article dont je donne le lien.
Vous noterez que la taille des cohortes est du même ordre de grandeur : 45 sujets pour le double traitement ; 26 pour le traitement unique par l’azithromycine ; 61 sujets pour autres traitements ou sans traitement. Par ailleurs l’état initial de tous les patients est comparable et les mêmes paramètres que dans l’étude de l’équipe de Marseille ont été étudiés.
Concluez vous-même.
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