Je reprends intégralement ici l'article de Roland HUREAUX, publié sur le site de POLEMIA (que je je vous recommande pour sa richesse et la qualité de la documentation). Cette vision lucide semble, enfin, être partagée par quelques hommes politiques qui ont été de premier plan par leurs responsabilités (pour ce qui me concerne, monsieur GISCARD d'ESTAING n'est pas ma tasse de thé, mais dans le domaine des relations entre la France et la Russie, il a raison).
Dans quelques minutes, je produirai mon billet du 2 juillet."En prenant une position favorable à Poutine dans l’affaire ukrainienne, Valéry Giscard d’Estaing a pris tout le monde à contrepied.
La grande presse s’est contentée de signaler la rencontre entre Giscard et
Poutine le 28 mai dernier et ses déclarations les plus générales : « Les
relations entre l’Europe et la Russie seraient meilleures si Bruxelles était
réellement indépendant ». On n’a guère répercuté que l’ancien président
est allé beaucoup plus loin dans un entretien avec Politique
internationale, une revue pourtant atlantiste : il y justifie l’annexion de
la Crimée qui, selon lui, a toujours été russe, et pense que
« probablement » les événements de la place Maïdan et le renversement
du président Ianoukovitch, il y a un an, sont le résultat d’une manipulation de
la CIA.
Il considère que les sanctions, non seulement ne sont pas dans l’intérêt de
l’Europe, mais sont contraires au droit international.
Valéry Giscard d’Estaing prend ainsi à revers une classe politique
française et européenne tellement tétanisée qu’aucune figure de premier plan
n’y ose encore critiquer la ligne aveuglément proaméricaine de l’Europe
occidentale à l’égard de la Russie. La servilité des dirigeants européens au
dernier G7 est à cet égard significative. Une ligne proche de
l’assujettissement dans le cas de Hollande qui, en refusant de livrer les
Mistral sur ordre de Washington, discrédite la parole de la France.
L’ancien président
prend aussi à contrepied tous ceux qui le tenaient depuis toujours, à tort,
pour un « libéral atlantiste ». C’est oublier qu’en 1981, il fut
vaincu par une coalition de la gauche unie et de l’ambassade des Etats-Unis et
qu’il avait en revanche reçu, contre le parti communiste, l’appui discret de
l’ambassade d’URSS. Ses positions de fin de mandat où il avait cherché à jouer
un rôle d’intermédiaire entre l’Est et l’Ouest (le « petit
télégraphiste » dit Mitterrand) n’étaient guère appréciées à Washington.
On peut certes discuter leur opportunité à un moment où la menace venant de
Moscou était bien plus sérieuse qu’aujourd’hui. Mais elle témoignait d’une
indépendance dont nous avons perdu l’habitude.
Différence de posture,
différence d’envergure aussi avec tous ceux qui prétendent aujourd’hui à la
magistrature suprême. Le président académicien n’envisagerait-il pas de
se présenter à la primaire de droite ?
La position de Giscard
est proche, ce n’est sans doute pas un hasard, de celle de son vieil ami Helmut
Schmidt qui, il n’y a pas si longtemps, vitupérait la politique irresponsable
de la commission de Bruxelles, à la fois incompétente et belliciste, faisant
courir, selon lui, à l’Europe le risque de la guerre mondiale.
En prenant cette
position audacieuse, Valéry Giscard d’Estaing va dans le sens de l’opinion
française éclairée, celle qui ne se laisse pas influencer par le matraquage
anti-Poutine des médias, une opinion de plus en plus décalée par rapport à la
positon officielle de Hollande et de la direction de l’UMP. Il y a un ou deux
ans, les pro-russes se trouvaient isolés dans les dîners en ville. Aujourd’hui
c’est inverse : presque personne, en dehors de quelques intellectuels ne prend
plus parti pour les Etats-Unis dans les affaires de l’Ukraine.
Il ne s’agit bien
entendu pas d’être pro-ceci ou pro-cela. Il s’agit que notre diplomatie soit
celle de nos intérêts et non pas des intérêts de quelqu’un d’autre. Cela
suppose qu’on évacue toutes considérations infantiles sur « qui est le bon
? » et « qui est le méchant ? » auxquelles se résume aujourd’hui
la diplomatie dite des droits de l’Homme. En d’autres circonstances cela
pourrait nous conduire à être antirusse ou antisoviétique, mais en aucun cas à
l’alignement absurde sur les Etats-Unis dont nous sommes aujourd’hui les
témoins.
Roland Hureaux 21/06/2015"
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Je sais que je vais contrister Pierre-Henri THOREUX en vous faisant connaître cet article. Mais je le redis : La politique américaine en UKRAINE va à l'encontre des intérêts de notre patrie et de l'Europe. C'est ainsi. Et la vieille amitié qui nous lie au peuple américain ne doit pas nous faire oublier que nous avons des intérêts à défendre lesquels ont le bon goût supplémentaire d'aller avec les intérêts bien compris de l'Europe et de la Russie et de promouvoir la paix.
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