Il y a deux jours, je vous faisais part de la difficulté, voire de l'impossibilité de faire de l'histoire qu'avait mises en évidence Michel de CERTEAU, jamais démenti. Dans son discours d'Alger, monsieur HOLLANDE reconnaissait "les" souffrances infligées aux algériens par la colonisation. La langue française connaît l'article défini (les) et indéfinis (des). En utilisant le premier, et non point une formule qui indique le côté non défini et partiel de ces souffrances, monsieur HOLLANDE donnait à entendre que la colonisation dans son ensemble avait été une souffrance. (Il jouait du reste avec subtilité de cette formule. Car il est en effet possible de la prendre en un sens restreint.) Mais prenait-il en compte les innombrables amitiés, les aides, les rencontres qui s'étaient tissées au fil des années entre les algériens d'origine européenne et les algériens d'origine nord-africaine ? Pourquoi ne parlait-il pas de ce que la colonisation avait apporté de positif à un pays qui était dans la misère, la maladie, la violence et l'oppression quand les Français s'installèrent là-bas ? Les violences du GIA ont-ils été une amélioration de la situation qui prévalait au temps où la France exerçait sa souveraineté sur l'Algérie ? Et pourquoi tant d'Algériens quittent-ils leur pays pour venir s'installer dans un pays qui les aurait opprimés pendant plus d'un siècle et demi ? Voilà ce qui aurait été approcher un peu la réalité historique, très complexe et réellement indémêlable.
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Arrêtez-moi si je me trompe. Monsieur CAHUZAC n'est-il pas le maire de VILLENEUVE-SUR-LOT ? Il ne peut pas ignorer qu'en sa bonne ville avait vécu un de ses compatriotes, le témoignage de monsieur AUSSIGNAC dont je vais mainternant vous donner la teneur raccourcie. Elle émane d'un lecteur qui indique avoir contrôlé ses sources :
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"Avant de diffuser le témoignage ci-dessous, j'ai tapé "André Aussignac" sur Google pour vérifier la véracité de cette douloureuse histoire. Tout est bien confirmé et il y a même une interview de lui sur : http://reportage34.skyrock.com/2.html.
Je vous conseille de le regarder.
Le témoignage d'André Aussignac, militaire appelé en Algérie, enlevé par le FLN, après l'indépendance, originaire de Bordeaux, militaire appelé en Algérie, raconte, en détail, son enlèvement par le FLN, après l'indépendance et le calvaire inhumain qu'il a subi dans une mine de fer près de Miliana, avec d'autres français civils ou militaires. Le témoignage écrit ci-dessous correspond tout à fait à ce qu'il avait dit lors de cette conférence. André Aussignac, 68 ans, appelé du 23e Rima à Alger, a été déclaré disparu le 21 juillet 1962 par l'Armée française.
« Le soir du 21 juillet 1962, j'ai quitté, en uniforme, la Maison carrée (caserne) d'Alger pour aller acheter des cigarettes. Je suis tombé sur un barrage de musulmans en uniforme.. Ils m'ont pris ma carte d'identité militaire et l'ont déchirée. Je me suis retrouvé dans une camionnette avec des civils européens, dont le propriétaire du véhicule. On a été conduits dans une briqueterie, déshabillés et jetés dans un four encore tiède. Dans la nuit, d'autres Européens sont arrivés. A la fin, on était 17. Nous sommes restés là, entassés, sans boire ni manger, à redouter qu'ils allument le four. Au bout de quarante-huit heures environ, nous sommes partis en camion bâché.
Une fois dans le djebel, on nous a fait descendre et on a entamé une marche forcée de plusieurs semaines pour arriver à la mine de fer de Miliana. Là, on nous a jetés à moitié nus dans une galerie. Dans la mienne, on était environ 60, mais il y avait d'autres galeries avec d'autres Européens. On nous obligeait à creuser avec des petites pioches. On avait droit à un verre d'eau par jour et parfois à un plat de semoule. Pour ne pas mourir de soif, on mettait nos slips dans les parois humides de la mine et on suçait les gouttes d'eau. Quand le plat de semoule arrivait, on se battait comme des chiens entre nous.
Certains sont morts d'épuisement, d'autres se sont volontairement tués. Une fois, l'un d'entre nous a planté sa pioche dans la terre et s'est jeté sur la lame. Un jour, un ministre algérien est venu visiter la galerie. Je ne me suis pas levé pour le saluer. Il m'a balancé un grand coup de pied dans la tête [la cicatrice à l'arcade sourcilière est encore visible]. J'ai essayé de m'évader deux fois sans succès. La première fois, en représailles, on m'a donné de grands coups de bâton sur les chevilles. La deuxième, on m'a assis sur une pierre, ligoté à un pieu et arraché les ongles des orteils avec une pince.
La troisième tentative a été la bonne. J'étais avec deux autres copains qui ont été abattus. J'ai marché jusqu'à l'épuisement. Des pieds-noirs m'ont découvert évanoui et nu dans un fossé. Ils m'ont soigné, puis embarqué dans un chalutier en direction de Marseille. Quand je suis arrivé chez moi, à Bordeaux, ni mes parents ni ma fiancée ne m'ont reconnu. Je pesais moins de 40 kilos [contre 70 avant son départ].
Le 22 juillet 1963, j'ai été arrêté par la gendarmerie de Villeneuve-sur-Lot. C'était pendant mon voyage de noces. On m'a interné au fort du Hâ pour "désertion en temps de paix" ! J'ai été brutalisé. On voulait que je livre les filières qui m'avaient permis de revenir d'Algérie. Je suis resté muet. On m'a ensuite conduit à l'hôpital militaire Robert Piquet. Sur la porte de ma chambre, on avait inscrit : "Individu dangereux", à ne pas mettre en contact avec les autres recrues". Le tribunal militaire de Bordeaux m'a finalement acquitté. Je rends hommage au commissaire du gouvernement qui a plaidé pour ma non culpabilité. Il a ensuite été muté. En novembre 1963, le sénateur Etienne Dailly a évoqué mon cas au Sénat (Journal officiel du 24 novembre 1963, p. 2572). Quelques jours auparavant, la Sécurité militaire m'avait menacé pour que je me taise. Mon histoire gênait. Je me suis tu, jusqu'à aujourd'hui. J'offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont été sacrifiés »
Faites suivre surtout au moment où nos chers élus parlent de repentance. Et eux, vont-ils faire repentance des crimes qu'ils ont commis et qu'ils commettent encore à ce jour? "
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Ceci, certes, n'excuse pas cela (je veux parler des interrogatoires musclés voire des tortures infligés aux combattants du FLN tombés entre les mains de l'armée française). Mais tout de même, n'est-ce pas "avec une sorte de pitié réciproque qui serait le prélude de la justice" (JAURES) que nous devrions regarder en face le passé, aimer et surtout aider les harkis que nous avons abandonnés, et tout en reconnaissant des erreurs, reconnaître que nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait là-bas ?
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Monsieur CAHUZAC, étiez-vous au courant du cas de monsieur AUSSIGNAC ? En parlâtes-vous à monsieur HOLLANDE, qui n'a jamais aussi bien mérité son nom de NORMAL Ier. Et n'est-ce pas le maître dont il a été le zélé serviteur qui répondait à la rébellion par un "La seule réponse, c'est la guerre". Il était ministre de l'intérieur, et il s'appelait François MITTERRAND. Comme quoi, même dieu peut se tromper !
1 commentaire:
Oui ce brave soldat survivant dit la vérité, le 21 juillet 1962 j'étais en Algérie.j'ai moi même failli finir avec un lieutenant comme ce pauvre soldat. Alors ne me parler pas du 19 mars 1962, une date honteuse pour la France voulu par le parti communiste français allié du FNL.
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