dimanche 2 décembre 2012

Quand les bouches d'égoût se mettent à parler

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Il y a des hasards qui confinent au miracle. Je continue de ranger mes livres et notamment ceux que j'ai reliés avec patience et amour. Il me faut trouver le juste équilibre dans le rangement ; associer des reliures modernes et colorées à des reliures anciennes, dorées comme on le faisait au XVIIe et au XVIIIe siècle, sans que le regard se trouve heurté par des rapprochements obscènes ! Et je tombe sur mon cher Léon BLOY : joli cuir fauve, beau papier à la cuve, travail honnête pour un amateur. (Je vois d'ici la tête des "journalistes" dont je vais faire mention tout à l'heure : c'est un bourge qui parle, un mec des beaux quartiers. Rassurez-vous chers censeurs. Mon cuir était d'occasion, et mon papier à la cuve venait de chutes ! Bien des livres anciens me sont venus par héritage. J'avoue que j'en ai achetés aussi ; mais je préfère ça à des vacances au Club Med et c'est mon droit le plus strict.) Léon BLOY est un auteur que je vénère. J'aime voir le feu brûlant sortir de sa plume, la lave jaillir abondamment de son coeur. Et puis il a des trouvailles. Tenez, voici ce qu'il dit d'un journaliste qui a écrit dans le journal Le Pays une lettre ouverte à Benoît XV, ce pape qui régna pendant les années de la Grande Guerre et qui tenta d'y mettre fin.
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"Vu un numéro du Pays, journal de CAILLAUX. Cette feuille est une étonnante ordure. Datée de vendredi elle contient un article de Laurent TAILHADE qui est certainement parmi les choses les plus bêtes, les plus basses, les plus immondes. Sous forme de lettre à Benoît XV, le drôle expectore contre le christianisme, contre la face même du Christ, toutes les sanies de son âme ignoble. C'est à la fois si stupide et si crapuleux qu'il est impossible de citer. Il faudrait l'abattre à coup de trique et je m'y emploierai d'autant plus volontiers que le salaud qui m'utilise tant qu'il peut s'est servi de ma conclusion d'Au seuil de l'Apocalypse pour faire la leçon au pape.
C'est étonnant ce que devient une parole d'indignation en passant par une bouche d'égout."
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Remplacez Le Pays par Charlie hebdo ou par Le Canard enchaîné et vous pouvez retrouver, en changeant ce qui doit être changé, la même situation. Les "journalistes" qui sévissent dans ces officines, chaussés de bottes d'égouttiers et pataugeant entre les rats qui les font vivre, n'ont guère l'âme placée plus haut que celle de Laurent TAILHADE. Ils ont  remplacé Benoît XV par Benoît XVI. Mais on brocarde ce pape avec des caricatures ignobles (Charlie hebdo), et pour ce qui est du visage du Christ qui se lit par exemple sur celui des Petites Soeurs des Pauvres, on prétend qu'elles ne sont pas si pauvres que ça (Le Canard enchaîné) en prétextant qu'elles possèdent Rue de Varize une immense demeure, présentement inoccupée, et en appelant les sans-abris à venir la squatter. Figurez-vous que je connais très bien la Rue de Varize et les bâtiments qui appartiennent aux Petites Soeurs. Les locaux de l'aumônerie où je suis animateur sont construits sur ce terrain. Il leur est échu par donation. Elles n'ont pas trafiqué de reliques, n'ont pas fait de contrebande d'eau de LOURDES. On leur a donné le terrain ! Les bâtiments qui y ont été construits ont servi très longtemps de sorte d'hospice ; tout récemment, ils accueillaient des sans-abris, dont certains que je connaissais personnellement et, - après avoir eu l'idée de vendre à un promoteur, ce qui était contraire aux dispositions du testateur - elles se sont judicieusement ravisées ; il semble bien que les travaux considérables entrepris à l'heure actuelle aient pour but de transformer cette maison soit en un établissement pour personnes dépendantes, soit en une maison d'accueil pour les démunis. Je me renseignerai vendredi prochain sur ce point et je vous dirai ce qu'il en est.
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La menace de squatt était si grande que pour éviter le saccage de l'aumônerie, on nous avait proposé d'en murer, je dis bien murer, l'entrée ; on espérait ainsi empêcher l'invasion de nos locaux par des sans-abris surexcités sous l'effet des manipulations du DAL ou de divers mouvements d'extrême-gauche. Je trouve que la situation des sans-abris est scandaleuse, et je ne vois guère d'autre solution pour la faire disparaître, que celle de construire ou de réhabiliter, dans un tissu urbain sociologiquement mixte, des locaux appropriés. Pour une fois nos impôts seraient bien utilisés ! Mais de là à remonter le monde contre les soeurs en particulier, et les chrétiens (catholiques essentiellement) et l'Eglise en général, il y a un pas qu'on ne peut franchir sans patauger dans la fange. Les bouches d'égout ont parlé. Pinçons-nous le nez ! Evitons leur contact ! Et signalons à nos proches, à nos voisins, au quartier, à la ville et au pays ce qu'il en est.
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2 commentaires:

CORATINE a dit…
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CORATINE a dit…

Ne culpabilisez pas, Monsieur Poindron, il n'est rien qui vaille un beau livre pour réconforter l'âme et réchauffer le coeur. Au propre comme au figuré. C'est l'oeuvre d'art la plus accessible qui soit, capable d'illuminer le plus modeste des logements et la plus mélancolique des soirées.

Quant à l'hébergement des sans-abris par l'église, votre billet était prémonitoire puisque je viens d'entendre que même Mme Cécile Duflot vient de se permettre d'interpeller l’archevêché de Paris pour lui demander de mettre à disposition de l’État certains de ses bâtiments vides, afin d’héberger les plus démunis!

Ce qui ne manque pas de susciter l'agacement de l'Eglise qui répond plutôt vertement à la Ministre du Logement par l'intermédiaire, entre autres, de l'évêque d'Evry, Mgr Michel Dubost « Chez moi, ce que je sais, c’est que tous nos locaux possédés par les communes et les diocèses sont pleins, à quelques détails près, parce qu’il faut avoir de quoi secourir quelqu’un. »
Et il ajoute : « Qu’est-ce que Cécile Duflot fait de ses salles de réception ? »