Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté !
-1. Les citations du jour.
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" […]. L’amour, c’est quand quelqu’un se met à
vous parler comme une rivière, comme une étoile ou comme la fleur du
chèvrefeuille dont le parfum me soûle et soûlait hier celle qui n’est plus là,
celle qui est sous la terre, celle qui n’est pas sous cette terre mais auprès
des anges dont elle sait désormais les prénoms."
"[…]. Le monde n’aime pas la mort. Il n’aime
pas non plus la vie. Le monde n’aime que le monde. Il a donc repris toute sa
place. Presque : je n’oublie pas ce que m’ont dit les fleurs en ton
absence. Car j’ai fini par les entendre. La vie est à peu près cent milliards
de fois plus belle que nous l’imaginons ― ou que nous la vivons. Je vois la
vigne vierge à la fenêtre. Des souffles colorés traversent le pré. Les fleurs
sont les premières gouttes de pluie de l’éternel."
"[…]. Je vois le vide qu’il y a entre les
hommes, plus grand que celui qui sépare une étoile d’une autre étoile. Chacun
travaille, travaille, travaille à son sombre intérêt et ceux qui n’y
travaillent pas sont broyés. […]."
"[…]. Dans les lointains une télévision
accomplit sa morne besogne comme un bourreau tranchant sans émotion les têtes
divines du silence et du songe. Un train de publicités déchire l’air, une pluie
de miracles tristes s’abat sur le monde, dont les prophètes sont des créatures
jeunes, lisses, au sourire millimétré. Nous devons être très malheureux pour
engendrer de tels rêves compensatoires. Les reliefs du repas glissent dans la
poubelle tandis que dans mon dos les mannequins marchands dressent sur les
ondes leur table infernale. L’absence de vérité dans une voix est pire que la
fin du monde. On ne tord pas un rayon de soleil.
In
Christian
BOBIN.
Le
Très-Bas. (Collection Folio, no 2681.)
Gallimard,
Paris, 2005 (édition de).
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2. Commentaires ?
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C'est à dessein que j'ai mis un point d'interrogation au titre de cette section. On ne commente pas de telles paroles, écrites d'un coeur pur et aimant, par un écrivain pudique, discret et sublime. Je vous invite simplement à réfléchir à ce qu'elle signifie en ces jours qui précèdent la fête de Noël : entendons-nous dans l'espace public, dans les médias, des paroles qui nous parlent comme une rivière ? Ce monde qui nous est présenté dans les centres commerciaux, les grandes surfaces, les grands magasins, est-il un monde qui aime vraiment la vie ? Comment remplir le vide abyssal qui sépare désormais chacun de nous par la faute d'un système de pensée et d'une organisation politique responsable de l'atomisation de la société, de la destruction des corps intermédiaires, et qui s'emploie à ruiner la famille pour instaurer enfin le règne du monde et de son Prince, le Prince des Ténèbres ? Et que dire de cette télévision qui essaye de détruire la carrière d'un intellectuel-journaliste à la pensée dérangeante et politiquement incorrecte ?
Merci à ce puissant écrivain qu'est Christian BOBIN. J'ose espérer qu'il aura un jour le prix Nobel de littérature. J'en doute cependant. "Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement"... Les jurés suédois portent des lunettes opaques !
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3. Informations diverses.
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Ni bruine, ni pluie, ni averse, ni trombe, ni cataracte, mais déluge de crèches. Voici une dernière mise à jour du Salon beige.
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