-
LES DEUX ATTITUDES FONDAMENTALES DEVANT LA VIE.
-
"Si loin que l’on
remonte dans l’histoire, on retrouve ces deux attitudes fondamentales, l’une
régie par la métaphore, l’autre par le principe d’identité. Le principe d’identité
est la loi de la pensée et de l’action lucides. […]. La métaphore, au
contraire, est le mode d’association des images qui règne dans le rêve ; c’est
la souple logique de l’âme, à quoi correspond dans les intuitions de l’art et
de la religion la parenté de toutes les choses. […]. Ce que l’on appelle l’humanité
supérieure n’est sans doute qu’une tentative pour fondre ensemble, après les
avoir prudemment séparées, ces deux grandes moitiés de la vie que sont la
métaphore et la vérité."
In
Robert MUSIL. (Le Tome
I est téléchargeable.)
L’homme sans qualités.
(Cité par Jean LEVI dans Les deux arbres
de la voie. Le livre de Lao-Tseu. * (Préface générale, page XI.)
(Collection Bibliothèque chinoise.)
Les Belles Lettres,
Paris, 2018.
-
COMMENTAIRES.
-
Il me semble que cet
extrait résume de manière admirable la tension qui devrait habiter la
sensibilité, l’intelligence et la volonté de tous les responsables politiques,
d’abord, mais aussi de tous les êtres humains. Cette tension ne se résume pas à
celle qui règne entre le souhaitable et le possible, et pas davantage à celle
qui oppose l’action à la contemplation ou à la réflexion. Elle est quelque
chose de plus subtile ; c’est une tension discriminante qui permet de
concilier la justice et la miséricorde.
C’est ainsi (mais on y
reviendra) qu’il conviendrait de traiter la question de l’immigration. Il y a
des gens qui viennent en France, car ils fuient la guerre ou la persécution quand
ce n’est pas la misère. L’esprit de vérité devrait pousser la puissance
publique à rechercher en chaque immigré la preuve de ses motivations, en lui
faisant le crédit de la bonne foi. L'esprit de métaphore prendrait alors le relais pour accueillir aimer, instruire. Mais la même puissance publique devrait aussi se montrer
juste en refusant de prendre en charge des jeunes gens qui au lieu de défendre
leur patrie, de contribuer à son développement, laissent des jeunes militaires Français
se faire tuer à leur place, et s’assurent ainsi de paisibles digestions, quand
l’asile leur est acquis. L’esprit de vérité devrait nous faire comprendre aussi
que nous n’avons pas à exploiter les richesses des pays émergents pour notre
propre confort, et l’esprit de métaphore aurait dû pousser la puissance
publique à écouter monsieur BORLOO qui avait élaboré un plan ambitieux d’électrification
de l’Afrique. Nous avons préféré l’uranium du Niger pour nos propres centrales
nucléaires… Ce n’est là ni la marque de l’esprit de vérité ni celle de l’esprit
de métaphore. C’est la marque du ventre déjà plein qui veut continue à se
gaver.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire