mardi 12 novembre 2019

Mardi 12 novembre. Métaphore et vérité, les deux faces de la justice


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LES DEUX ATTITUDES FONDAMENTALES DEVANT LA VIE.
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"Si loin que l’on remonte dans l’histoire, on retrouve ces deux attitudes fondamentales, l’une régie par la métaphore, l’autre par le principe d’identité. Le principe d’identité est la loi de la pensée et de l’action lucides. […]. La métaphore, au contraire, est le mode d’association des images qui règne dans le rêve ; c’est la souple logique de l’âme, à quoi correspond dans les intuitions de l’art et de la religion la parenté de toutes les choses. […]. Ce que l’on appelle l’humanité supérieure n’est sans doute qu’une tentative pour fondre ensemble, après les avoir prudemment séparées, ces deux grandes moitiés de la vie que sont la métaphore et la vérité."
In
Robert MUSIL. (Le Tome I est téléchargeable.)
L’homme sans qualités. (Cité par Jean LEVI dans Les deux arbres de la voie. Le livre de Lao-Tseu. * (Préface générale, page XI.) (Collection Bibliothèque chinoise.)
Les Belles Lettres, Paris, 2018.
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COMMENTAIRES.
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Il me semble que cet extrait résume de manière admirable la tension qui devrait habiter la sensibilité, l’intelligence et la volonté de tous les responsables politiques, d’abord, mais aussi de tous les êtres humains. Cette tension ne se résume pas à celle qui règne entre le souhaitable et le possible, et pas davantage à celle qui oppose l’action à la contemplation ou à la réflexion. Elle est quelque chose de plus subtile ; c’est une tension discriminante qui permet de concilier la justice et la miséricorde.
C’est ainsi (mais on y reviendra) qu’il conviendrait de traiter la question de l’immigration. Il y a des gens qui viennent en France, car ils fuient la guerre ou la persécution quand ce n’est pas la misère. L’esprit de vérité devrait pousser la puissance publique à rechercher en chaque immigré la preuve de ses motivations, en lui faisant le crédit de la bonne foi. L'esprit de métaphore  prendrait alors le relais pour accueillir aimer, instruire. Mais la même puissance publique devrait aussi se montrer juste en refusant de prendre en charge des jeunes gens qui au lieu de défendre leur patrie, de contribuer à son développement, laissent des jeunes militaires Français se faire tuer à leur place, et s’assurent ainsi de paisibles digestions, quand l’asile leur est acquis. L’esprit de vérité devrait nous faire comprendre aussi que nous n’avons pas à exploiter les richesses des pays émergents pour notre propre confort, et l’esprit de métaphore aurait dû pousser la puissance publique à écouter monsieur BORLOO qui avait élaboré un plan ambitieux d’électrification de l’Afrique. Nous avons préféré l’uranium du Niger pour nos propres centrales nucléaires… Ce n’est là ni la marque de l’esprit de vérité ni celle de l’esprit de métaphore. C’est la marque du ventre déjà plein qui veut continue à se gaver.




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