mercredi 4 janvier 2012

Foule au portillon

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A considérer les luttes féroces qui, au sein même des partis, déchirent les prétendants à un siège de député, on s'étonne, comme on s'étonne de ce curieux phénomène qui consiste à représenter le Pas-de-Calais après avoir député de BLOIS, puis à chercher un autre point de chute après avoir été rebuté par les adhérents du parti dont on se faisait le champion pour le prochain scrutin. Les élections législatives approchent et elles exhalent le délicieux fumet du pouvoir, rétribué largement en argent, en nature et en notoriété, avec notre sous à nous et la complicité des médias.
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Tout de même, il y a des remarques qui méritent d'être portées à la connaissance des citoyens. Dans ses Considérations sur la France, le très savoyard Joseph de MAISTRE s'étonne : "C'est peu-être une illusion de ma part, mais ce salaire qu'un néologisme vaniteux appelle indemnité, me semble un préjugé contre la représentation française. L'anglais, libre par la loi, et indépendant par sa fortune, qui vient à LONDRES représenter la nation à ses frais, a quelque chose d'imposant. Mais ces législateurs français qui lèvent cinq ou six millions tournois sur la nation pour lui faire des lois ; ces facteurs de décrets, qui exercent la souveraineté nationale, moyennant huit myriagrammes de froment par jour, et qui vivent de leur puissance législative ; ces hommes-là, en vérité, font bien peu d'impression sur l'esprit ; et lorsqu'on vient à se demander ce qu'ils valent, l'imagination ne peut s'empêcher de les évaluer en froment."
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Le coût  de l'entretien des députés français est ici évalué en froment et en  tournois. Remplacez ces mots par euros (en ajustant les dépenses à la valeur de cette monnaie), imaginez que vous êtes en 2012, et non point en 1822, date de l'édition que je possède de cet ouvrage, écrit plus tôt, vers les années 1800, et vous aurez une exacte idée de ce que sont un grand nombre de nos représentants. Il serait injuste de les fourrer tous dans le sac de l'intérêt personnel et de la bouffissure de l'ego, mais enfin on peut en nommer certains, avec l'assurance qu'ils sont les incarnations de ce portrait général. On comprend qu'il y ait foule au portillon ; un siège où manger à sa faim, c'est mieux qu'un picotin rempli des (souvent maigres) fruits de son travail.
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C'est tout pour aujourd'hui.
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