Dans un commentaire à mon billet d'hier, MARJOU se demandait si l'anti-idéologie systématique n'est pas une idéologie. La question est fine et mérite une réponse réfléchie.
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Dans un très ancien billet, je reprenais une définition de l'idéologie, tirée de la lecture d'un ouvrage de BAECHLER intitulé justement : Q'est-ce que l'idéologie ? J'en avais tiré la conclusion que l'idéologie est un système de valeurs dont les hommes se servent pour accéder au pouvoir et s'y maintenir. Il est vrai que depuis l'ouverture de ce Blog, j'ai combattu l'idéologie. Mes détracteurs diront que j'ai matraqué surtout la gôôoôôche, et assez peu la drôôôôite. Cela est vrai et mérite une explication. L'idéologie de la droite avance masquée, (elle est bien réelle, et s'il faut y revenir, j'y reviendrai), mais elle est plus diffuse et plus polymorphe que l'idéologie socialiste. Celle-ci chemine à grand coups de trompettes : solidarité, dénonciation des riches, apitoiement sur les misères du peuple, (duquel elle exclut absolument les vrais pauvres : ceux-là ne font pas de bruit et drapent dignement leur pauvreté dans le silence du dénuement absolu, et dans lequel elle inclut sa clientèle électorale, essentiellement les fonctionnaires, les salariés du secteurs public, et nombre de salarié du secteur privé : les commerçants, les artisans, les agriculteurs sont rejetés dans les ténèbres extérieures, celui des exploiteurs, des riches, des empêcheurs de tourner en rond, des emmerdeurs qui ont le toupet de vouloir habiter leur vie) redistribution, libération des individus par un état centralisé.
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Je n'ai aucune envie de prendre le pouvoir, cher Marcel. Je n'ai même pas l'intention de voir triompher dans l'espace public des idées qui me sont chères. Je m'efforce de parler du réel (lequel est ce qui nous résiste), de partir des faits, et de rappeler, à temps, à contre-temps, (a) que le Royaume de Jésus glorifié en Christ n'est pas de ce monde et (b) que le Royaume est à l'intérieur de nous. Je m'efforce de combattre le mensonge, les manipulations médiatiques, les interprétations malveillantes, les simplifications outrancières, et je suis bien obligé de reconnaître que les critiques portées par un François HOLLANDE ou par l'un quelconque de ses collaborateurs sur le Gouvernement actuel sont d'une telle faiblesse, les solutions avancées tellement irréalistes, oui floues, ou irresponsables, qu'il m'est impossible de gober leurs blablas sans réagir.
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Mais je dénonce le pouvoir de l'argent et la cupidité universelle qui frappe aussi bien les hommes de droite que les hommes de gauche. Et je suis bien obligé de constater que monsieur SARKOZY a payé au Fouquet's, de ses deniers personnels ses consommations abhorrées par la presse, tandis que messieurs DSK, GUERINI ou KUCHEIDA ne semblent pas avoir eu cette délicatesse pour d'autres genres de consommation. C'est tout ce que je veux dire. Mais bien des responsables de droite peuvent être accusés de ces dérives. Et nous ne les acceptons plus.
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Vers 1789, la corruption de la noblesse de cours n'avait pas atteint le niveau de celle qui sévit dans les sphères du pouvoir, lequel ne réside pas forcément là où on le croit. J'en reparlerai. D'ores et déjà, je peux prédire que de très graves événements sociaux pourraient bien se produire, si le peuple, le vrai, vient à apprendre comment les puissants, de droite comme de gauche échangent entre eux la rhubarbe et le séné.
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C'est tout pour aujourd'hui.
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1 commentaire:
Cher Monsieur,
Je voudrais juste faire un petit commentaire sur ce que vous dîtes sur le royaume de Dieu. Je vous cite : "le Royaume est à l'intérieur de nous". On peut penser qu'elle n'est pas tout à fait exacte.
Pour cela, je vais m'appuyer sur l'ouvrage de John P. Meier intitulé "Un certain Juif Jésus" et plus particulièrement sur le chapitre XVI du tome II de cet ouvrage intitulé "Le royaume déjà présent".
Meier y effectue une longue étude de Lc 17, 20-21 et notamment, pour ce qui nous intéresse, sur le verset 21b que je cite : "Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous [entos hymon]".Meier préconise de traduire le mot grec entos par "au milieu de" plutôt que par "à l'intérieur".
Pour ne pas trahir le développement de Meier, je vais me permettre de citer un paragraphe de son livre in extenso.
Je cite : "Pourtant, le sens le plus courant de entos est "à l'intérieur", et, dans le passé, depuis la période patristique en passant par le Moyen Age et jusqu'au début de la période moderne, la plupart des traducteurs ont préféré cette "intériorisation", cette "spiritualisation" de la parole de Jésus. Jésus dirait en réalité : ne cherchez pas une venue visible, spectaculaire, cosmique du royaume, car le royaume est déjà présent dans vos coeurs. Mais le contexte du logion dans l'évangile de Luc amène à douter de cette traduction. Il serait très étrange que Jésus ait affirmé que le royaume ne viendrait pas dans le futur parce qu'il était déjà présent dans le coeur de ses adversaires les pharisiens, et il ne dit pas qu'il l'est principalement dans le coeur de ses disciples (le Jésus de Luc ne tient jamais d'affirmation de ce genre à propos de ses disciples). Plus encore, quelle que soit l'étape de la tradition néotestamentaire que l'on envisage, l'idée que le royaume de Dieu puisse être un état purement intérieur, invisible, spirituel et actuel, au niveau du coeur de chacun, est une notion totalement étrangère. Pareille notion trouve sa place dans le gnosticisme chrétien du IIe siècle (par exemple dans l'Evangile de Thomas, logia 3, 51 et 113), dans le protestantisme libéral allemand du XIXe siècle et dans quelques recherches sur le Jésus historique aux Etats-Unis au XXe siècle, mais pas dans les évangiles canoniques en général, ni dans Luc en particulier."
Je pense qu'il vaut la peine de s'arrêter quelques instants à la lecture de Meier et d'y réfléchir.
Je vous remercie de votre attention.
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