Je reprends plus tardivement que prévu, mes billets et prie mes lecteurs réguliers de ne m'en point tenir rigueur. Comme beaucoup d'entre vous le savez, j'ai vécu en Alsace pendant près de 35 ans. La quitter a été un crève-coeur. Et pas seulement la région, mais aussi et surtout ses habitants. Leur calme, leur humour qui n'a rien à envier à celui plutôt gras des parisiens, leur sens de la nature, leur tolérance, tout cela n'avait pas de prix pour moi. J'y ai encore bien des amis. L'un d'eux m'envoie copie de la lettre ouverte d'un député alsacien, Jean-Philippe MAURER, à un imbécile (au sens de BERNANOS : celui qui croit tout savoir en regardant dans son cerveau plutôt qu'autour de lui), j'ai nommé François MITTERRHOLLANDE. Voilà une raison de plus pour ne jamais voter pour ce dernier : dans sa proposition de candidat, destinée à capter les voix mélanchoniques, il révèle son sectarisme, et surtout son ignorance totale de l'histoire de l'Alsace (et en particulier des réactions autonomistes qui s'y sont développées quand, après la première guerre mondiale, les radicaux-cassoulets qui fricotaient leur programme dans les loges maçonniques, ont voulu s'attaquer justement au régime concordataire). J'aurai l'occasion, bientôt, de vous faire part d'autres découvertes sur le fonctionnement de la démocratie dans notre pays, et sur la corruption morale des élites auto-proclamées. Ça ne fait pas honneur, hélas, aux années qui viennent de s'écouler.
Je livre maintenant cette lettre ouverte et prie mes lecteurs alsaciens de la faire connaître à leurs amis.
Je livre maintenant cette lettre ouverte et prie mes lecteurs alsaciens de la faire connaître à leurs amis.
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"ASSEMBLEE NATIONALERÉPUBLIQUE FRANÇAISE
LIBERTÉ - ÉGALITÉ - FRATERNITÉ
23 janvier 2012
Lettre ouverte â François Hollande
J'aime cette Alsace des vallons, des plaines, des montagnes et des petits recoins qui ne se retrouvent dans nulle autre région française. J'aime Strasbourg avec ses quartiers si différents et si riches de coeurs gros, fiers d'appartenir à cette métropole capitale chargée d'Histoire. Et surtout, j'aime les Alsaciens car ils ne ressemblent à personne.
Ce sont des dizaines de nationalités qui ont creusé cette terre et pourtant il n'y a aucun étranger car tous ceux qui restent en Alsace l'aiment et la défendent.
Qu'est-ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes ? Notre géographie bien sûr, mais d'abord notre Histoire. Aujourd'hui, un candidat éminent à l'élection présidentielle veut définitivement rendre notre région « normale ». Monsieur Hollande, puisqu'il s'agit bien de vous, il y a déjà quelque mois Jean-Luc Mélanchon, votre ancien ami et votre futur allié demandait la suppression du Concordat. Je lui avais écrit mon opposition. Il n'a jamais daigné me répondre.
Peut-être un député alsacien de la République ne mérite pas qu'il s'abaisse à cela ? Aujourd'hui vous voulez inscrire la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat dans la Constitution alors que le principe de laïcité y est cité en son article 1. Cela ne laisse aucun doute sur votre objectif : vendre l'histoire de l'Alsace à une alliance électorale avec cette extrême gauche qui a toujours haï les Alsaciens parce qu'ils sont profondément modérés, républicains et démocrates. Sachez, Monsieur Hollande que si vous ne l'êtes pas, nous, nous sommes lucides sur les conséquences de votre choix. la suppression des textes dits concordataires, malgré la bonne volonté de mon collègue député socialiste de Strasbourg, sera le premier échelon d'un engrenage fatal.
Au nom de l'égalité, il faudra supprimer bientôt aussi le droit local, le bilinguisme et, enfin, le régime local de la sécurité sociale d'Alsace-Moselle. Est-ce de l'exagération de ma part ? Malheureusement, je ne le crois pas. C'est en partie sur ces acquis de l'histoire que notre région a bâti sa richesse, ses universités, qu'elle a pu accueillir les entreprises étrangères conscientes de tous ces avantages qui permettent le maintien de la cohésion sociale.
Soyez conscients que les Alsaciens et les Mosellans ne vous suivront pas. Nous les Alsaciens, avons un coeur mais aussi une tête. Elle est bien faite et vous ne la couperez pas aussi facilement.
Permanence parlementaire
60 route du Polygone - Boîte Postale 50019 - 67027 STRASBOURG CEDEX
Tél.:0388845530- Fax ;0388410605
Mail : depute@ipmaurer.info - Site wb : http://www.jpmaurer.info/
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Je serais heureux d'avoir le maximum de commentaires et de réactions.
2 commentaires:
Savez-vous l'alsacien, M. POINDRON ?
Je me suis laissé dire qu'il est abusif de le distinguer linguistiquement de l'allemand, dont il n'est qu'un dialecte, et qu'un alsacien peut parfaitement comprendre un allemand.
Cher Roparzh Hemon, non, je ne parle pas l'alsacien. Je comprends quelques mots. La langue est savoureuse et imagée. Ainsi les Alsaciens disent "qu'il faut parler comme le bec nous a poussés", belle manière de se moquer de ceux qui ont voulu et continuent de vouloir écraser les langues et cultures régionales.
Pour autant que je le sache, il y a deux grandes branches de dialectes alsaciens. Au nord de la forêt de HAGUENAU (Outre-Forêt, disent les Alsaciens), les dialectes relèvent du francique ou bas-allemand. Tandis qu'au sud, les dialectes sont dits franco-alémaniques. J'utilise un pluriel car le dialecte de Strasbourg n'est pas celui de Mulhouse ou de Colmar. Les Alsaciens comprennent l'allemand, les Allemands ne comprennent pas forcément l'alsacien. Mais les dialectes alsaciens sont très clairement des dialectes germaniques. Pour signaler simplement la complexité linguistique de cette région, il y a trois manières de dire "pomme-de-terre" en alsacien : Grumbere, Artäpfel, et Kartofel (comme en allemand). Les dialectes franco-alémaniques sont truffés de mots français arrangés (Barabli pour parapluie par exemple). Bref, un foisonnement extraordinaire et surtout un humour absolument ravageur de la langue.
Mais vous avez la même situation avec la langue bretonne et ses quatre variétés (me semble-t-il).
Bien amicalement.
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