Yves THREARD publie dans le Figaro un éditorial que je conteste avec vigueur. Il l'intitule, avec un brin de provocation : L'anomalie du septième jour. En bref, il estime que le repos dominical, ou, plus exactement, la fermeture dominical des magasins, est une survivance à laquelle il convient de mettre un terme sans tarder. L'argumentation vaut la peine d'être ici présentée : [...] On ne saurait trop encourager le gouvernement, dit-il, à mettre un terme à cette anomalie du septième jour. Et vite. Libérer le travail le dimanche, c'est faciliter la consommation, créer des emplois, donner du pouvoir d'achat. Donc soutenir la croissance. Et de fustiger les syndicats, toujours en embuscade dans notre pays pour dénoncer 'l'exploitation de l'homme par l'homme', qui s'opposent à cette libéralisation. Pour une fois, je leur donne entièrement raison.
En somme, Yves THREARD n'a de l'homme que la vision de l'Homo oeconomicus, cette horreur inventée par les marchands du Temple. Jusqu'ici, et fort justement, seules les professions de la santé, de l'hôtellerie et des transports, échappaient à l'interdiction du travail du dimanche. On voit bien pourquoi : elles satisfont à des besoins impératifs, ceux d'être soigné, nourri, logé, et transporté, qui tous jaillissent de l'exigence de vie et de rencontre chevillée au coeur de chacun de nous.
A qui fera-t-on croire que l'ouverture généralisée des magasins, le dimanche, va sauver la croissance ? La croissance pour quoi faire ? Pour consommer toujours davantage ? Faut-il donc rappeler que l'Homme ne vit pas seulement de pain ?
Il y aurait mieux à faire que d'ouvrir le dimanche. Par exemple supprimer l'idiote mesure des 35 heures (idiote, dans le contexte politico-économique actuel, car travailler moins est en soi une chose qui pourrait être bonne, si le temps libéré servait à la culture et non point au travail au noir, à la rencontre et non point à l'avachissement devant la télévision, à la famille et aux amis et non point aux "grandes foires" affublées du qualificatif de "populaires", qui sont surtout populeuses, et laissent chacun de nous encore plus seul dans la foule).
Aucune raison économique, aucune raison politique, rien, ne doit faire renoncer les pouvoirs publics à l'obligation de la fermeture dominicale. Dernier repère, dernière attache avec un passé plus respectueux de la nature humaine, le repos dominical est tout simplement le respect que l'on doit à l'humanité de l'Homme. Non, l'Homme ne vit pas seulement de pain.
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