Hier, j'ai tenté d'expliquer pourquoi il n'y a pas d'autres solutions que de renoncer définitivement à la violence quelle qu'elle soit (entre nations, entre partis, entre personnes) si l'on veut éviter les catastrophes clairement annoncées par Jésus. René GIRARD, par une analyse absolument époustouflante, démontre que ce Jésus est venu dénoncer la mort des innocents, à l'origine de toutes les religions archaïques, et a adopté le point de vue de la victime, et non celui des bourreaux qui martyrisent l'innocent PARCE QU'ILS LE CROIENT COUPABLES.
Cette croyance en la culpabilité des innocents explique les abominables atrocités qui traversent l'humanité depuis les origines. Et cette croyance est encore partagée de nos jours par tout ceux que les hommes politiques chargent de faire la guerre. "[...] La guerre moderne, la guerre totale, travaille pour l'Etat totalitaire, elle lui fournit son matériel humain. Elle forme une nouvelle espèce d'hommes, assouplis et brisés par l'épreuve, résignés à ne pas comprendre, 'ne pas chercher à comprendre' selon leur mot fameux, raisonneurs et sceptiques en apparence, mais terriblement mal à l'aise dans les libertés de la vie civile..." dira BERNANOS dans La France contre les Robots.
Mais..., mais il y a eu Jésus. Ses disciples savent ce que veut dire la victime innocente. Ainsi le Bienheureux Clemens August von Galen (vous noterez que c'est un aristocrate), le 3 août 1941 en la chaire de la cathédrale de Münster dit des malades et des handicapés que les nazis ont commencé de supprimer : "il s'agit d'hommes et de femmes, nos prochains, nos frères ! De pauvres êtres humains, des êtres humains malades. Ils sont improductifs si vous voulez... Mais cela signifie-t-il qu'ils ont perdu le droit de vivre". A l'été 1941, il prononce trois sermons qui seront recopiés et retransmis secrètement par les chrétiens de Münster, dont l'un dit ceci : "Des personnes d'une race différente, d'une provenance différente sont supprimées. Nous sommes devant une folie homicide sans précédent". Les nazis furieux diffèrent l'arrestation du Lion de Münster pour ne pas s'aliéner définitivement les catholiques de Westphalie.
Ainsi l'abbé FLORY curé à MONTAUBAN, à la messe de minuit du 24 décembre 1942. Une brochette d'officiers allemands en grand uniforme assiste à la messe. On apporte la crèche à l'abbé vers minuit, cachée dans une housse. Quand on l'ôte, tous peuvent voir sur la poitrine de Jésus, de Marie et de Joseph, une étoile jaune.
Ainsi cette polonaise, catholique discrète, mais ancrée dans la foi, aujourd'hui âgée de près de 97 ans qui a sauvé du ghetto de Varsovie 2500 enfants, en prenant soin de noter leurs noms, et celui de leurs parents. Les notes sont placées dans des bouteilles enterrées dans un jardin. Les nazis l'arrêtent, la torturent, lui brisent les jambes (elle est aujourd'hui en fauteuil roulant, en raison des séquelles de ces tortures), l'envoient à la mort. Un garde qui la convoyait au poteau d'exécution, soudoyé, la laisse partir. Elle continuera de sauver des enfants. Son nom ? Irena Sendler
Mais nous avons pu avec une excellente bonne conscience envoyer à la mort des millions de jeunes gens lors de la guerre 1914-1918, faire périr dans les flammes des bombes au phosphore, lâchées par les Anglais sur Dresde et Leipzig, des centaines de milliers d'Allemands, et des centaines de milliers de Japonais sous la bombe atomique, voir gazer des millions de juifs, des centaines de milliers de tsiganes, et d'autres encore, dans des conditions de barbarie encore jamais atteintes, cela n'a pas ému les peuples européens en guerre, les anglais en guerre, les allemands en guerre, les américains en guerre. Leurs ennemis étaient coupables. Et ces sacrifices étaient nécessaires. Il y a eu simplement quelques prophètes qui, au nom de Jésus, ont protesté et ont défendu l'honneur de l'humanité comme ils ont pu. De telles réactions étaient et eussent été impossibles sans la Révélation, et sans la Passion.
Allez, encore une citation. Pour le philosophe italien Benedetto CROCE, la principale révolution introduite par le christianisme c'est "d'avoir agi au centre de l'âme, dans la conscience morale [...], en mettant l'accent sur l'intimité et la particularité de la conscience, elle semble presque avoir donné à celle-ci une nouvelle vertu, une nouvelle qualité spirituelle qui jusque là avait fait défaut à l'humanité". Et selon moi, cette nouvelle qualité, c'est la capacité à refuser le mécanisme de la violence mimétique, et l'adoption du point de vue de la victime innocente. C'est le refus de régler les conflits mimétiques attisés par le désir du désir de l'autre, par le moyen de la violence. C'est le refus de la volonté de pouvoir. Et c'est exactement tout le contraire de ce que nous propose tous les hommes politiques, de tous les bords et de les pays en ces jours annonciateurs de catastrophes.
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