CORATINE exprime avec vigueur, dans un commentaire, sa désapprobation de la manière dont le Président de la République négocie avec la chancelière allemande Angela MERKEL. Elle critique l'intransigeance de cette dernière et l'apparente soumission du premier au point de vue de sa partenaire.
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Il se trouve qu'ayant vécu près de 40 ans à STRASBOURG, et ayant fréquemment rencontré des collègues de l'Université Albert-Ludwig de FRIBOURG-I-B., j'ai commencé (seulement commencé, car qui peut sonder l'âme d'un peuple, si ce n'est ce peuple lui-même ?) à comprendre la psychologie collective d'un peuple que je trouve amical, cultivé, érudit, et à bien des égards exemplaire pour nous. Voilà ce que j'ai pu conclure (et je conviens que c'est assez sommaire car l'expérience est limitée et ma connaissance de la langue allemande, si elle fut assez bonne, est devenue médiocre, faute de pratique ; l'anglais sert de langue d'échange) :
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(a) La mémoire collective allemande baigne dans une hantise : celle de revivre le désastre qu'a été pour l'Allemagne les conséquences du Traité de Versailles imposé par CLEMENCEAU. L'une des conséquences a été la misère dans laquelle les allemands et les autrichiens ont été plongés dans les années 1920 (il faut lire à cet égard les très étonnantes lettres de papa FREUD à des membres de sa famille réfugiés à LONDRES). Cette misère s'est accompagnée d'une inflation telle qu'il fallut bientôt des brouettes de billets de banques pour acheter un pain. Les collectionneurs de timbres connaissent ces vignettes surchargées de la mention "millionen" qui pouvaient à peine affranchir une simple lettre. De cela, les Allemands ne veulent plus. Il est inutile d'insister, ils ne céderont pas.
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(b) La prise de décision en Allemagne est extrêmement longue. La raison en est que dans un système fédéral, de très nombreuses institutions donnent de droit, et leur avis sur/ et leur contribution financière à/ des projets d'ampleur et d'échelons territoriaux divers. En outre, les décisions, surtout si elles sont douloureuses, sont souvent prises de manière consensuelle, si ce n'est à l'unanimité. Et les droits de l'opposition sont infiniment mieux respectés que chez nous. Mais, car il y a un mais, une fois que la décision est prise, il est vain de vouloir faire changer d'avis le ou les responsables en charge de la faire connaître et de la mettre en oeuvre. Il y a une sorte d'intransigeance que nous taxons de raideur et qui n'est que le résultat de l'esprit politique de nos voisins.
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(c) Après avoir été pendant des années un nain politique, ce qui lui a permis de devenir un géant économique en concentrant ses ressources nationales au développement d'un réseau très serré de petites et moyennes entreprises, l'Allemagne, surtout depuis la réunification, a pris conscience de sa force, et aspire à jouer dans le concert des nations, un rôle à la hauteur de ses capacités et de son histoire. C'est le pays le plus peuplé de l'Union Européenne (mais sa démographie est déclinante). Ses responsables voudraient bien avoir à l'ONU, au Conseil de Sécurité notamment, un rôle analogue de celui de la France, dont ils estiment, à tort ou à raison, qu'elle vit au-dessus de ses moyens.
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(d) Il semble que l'on aurait pu trouver une autre solution que celle dans laquelle nous sommes englués. Jusqu'en 1973 (ou 1974, je ne sais plus), il était possible à nos gouvernants d'emprunter de l'argent à la Banque de France, à 0 % d'intérêt. Cette solution (de facilité diront les puristes) avait l'inconvénient d'alimenter l'inflation, mais de ne pas nourrir la dette. Depuis cette date, notre pays doit effectivement emprunter auprès des Banques, et moyennant un intérêt qui dépend de la bonne disposition des agences de notation, l'argent nécessaire au fonctionnement de l'Etat. En somme, cette interdiction idiote fait les bonnes digestions des actionnaires des Banques, de leurs responsables, et des grossiums de la finance. Et elle fait le malheur des Etats. Ce que proposait le Président SARKOZY était de donner à la Banque Centrale Européenne le droit de racheter, totalement ou en partie, les dettes des états, lesquelles n'auraient pas lieu d'être si on faisait fonctionner la planche à billets avec un peu plus de libéralité. Tout cela est fort bien expliqué dans une vidéo dont je vous donne la référence ci-après.
Bon week-end.
5 commentaires:
Où avez-vous vu, cher Monsieur Poindron, que j'ai "critiqué l'intransigeance" d'Angela Merkel?
J'ai beaucoup trop d'admiration pour la chancelière allemande et son pays pour me permettre une quelconque réprobation!!!
Je me suis contentée d'énoncer des faits et de parler au FUTUR en évoquant notre Président, la BCE et ses "euros obligations".
J'ai bien stipulé qu'il avait été largement présenté, jusqu'à présent, comme le "leader" du "couple" franco-allemand et je n'ai jamais évoqué son "apparente soumission", loin de là! J'ai trop de méfiance vis-à-vis du personnage et de son étourdissante mascarade! J'eusse dû peut-être parler au conditionnel, je vous l'accorde, concernant ses futurs actes et paroles.
Je réagis à chaud sur vos trois premières lignes, j'ai parcouru votre billet, et je le lirai plus attentivement demain.
Post scriptum: j'ajoute que je suis 100% d'accord avec la politique mesurée, ferme et cohérente d'Angela Merkel à la tête de son pays ainsi qu'avec ses décisions réfléchies vis-à-vis des déchaînements internationaux.
Quant à "l'apparente soumission" de M. Sarkosy, j'ai plutôt mis en valeur ses "apparentes certitudes", il me semble!! Ainsi que son "apparente" assurance d'être le meilleur!
Peut-être me suis-je mal exprimée et ai-je traité tout cela d'un ton un peu trop léger!
Bon, je m'attelle à votre billet d'hier car je vous respecte trop, Monsieur Poindron, pour ne pas savoir que vous détenez des informations d'une importance capitale.
Que dit la vidéo et surtout que ne dit elle pas ?
Pour le Traité de Lisbonne: c’est d’abord la chasse gardée des hommes politiques européens en place. Les peuples en ont toujours été exclus.
Sur les emprunts : Avant, l’Etat empruntait à la banque centrale au taux de 0 %. On imagine la tentation d’une personne très dispendieuse, à qui l’on propose un prêt d’argent à 3% ou 0%, devinez ce qu’elle va faire ? 3% a plutôt été un frein à l'expansion incontrôlée de la dette. Il est logique d’ailleurs de payer des intérêts quand on emprunte un capital et, si les banques commerciales prêtent jusqu'à six fois le montant de leurs réserves, cette règle a été fixée par les états, qui y trouvent intérêt pour faire les généreux et assurer leurs réélections avec l’argent des autres.
Question : La banque de France aurait elle pu prêter, à 0%, 6 fois la valeur de ses fonds propres sans les posséder? Impossible bien sûr, sauf à faire fonctionner la planche à billet.
Le résultat de cette crise des dettes, allègrement critiquable aujourd’hui, et le fruit d’un système ayant été mis en place par des dirigeants qui n’ignoraient pas qu’ils se servaient de billets de banque virtuels. Les politiciens pour lesquels les Français votent et vont continuer à voter, sans trop réfléchir, sont bien entendu directement responsables de cette situation désastreuse par pur clientélisme électoral, le phénomène étant en France amplifié par le fait que ce pays est intégralement dirigé par cette caste INAMOVIBLE de hauts-Fonctionnaires, issus de l'ENA et se refilant, entre eux, les bons tuyaux pour continuer une arnaque légalisée. Il est simple de comprendre que, quand les Banques Centrales créaient de la monnaie, elles alimentaient l'inflation, jusqu'à ce qu'une bonne dévaluation vienne remettre de l'ordre! En abandonnant l'Euro, les Etats pourront revenir à cette façon de gérer l'économie et ce ne sera pas plus mal, puisque le système actuel montre ses limites, quand on met trop facilement les mains dans la caisse !
Coratine ne dit pas autre chose d’ailleurs et vous, cher Monsieur Poindron, votre analyse sur l’Allemagne et les Allemands est très juste.
J'ajouterais au commentaire de tippel qu'il existe une différence fondamentale entre l'emprunt à 0% à la banque centrale et l'appel au marché contre rémunération.
- Un état qui emprunte au marché contre taux, retire de l'argent du marché (celui des investisseurs) pour le replacer dans un investissement. L'argent change de main via l'état. La quantité totale de monnaie est invariante.
- Une banque centrale qui prête au trésor d'un peuple contre zéro va créer de la monnaie. De l'argent nouveau est crée et seul l'argent crée arrive dans la main des entrepreneurs bénéficiant de l'investissement. Au final la quantité de monnaie est augmentée, diluée et vaut donc - en théorie - moins qu'un même montant AVANT le quantitative easing.
La seconde situation est tenable tant que la croissance du PIB est supérieure à la croissance de la masse monétaire. Le seul soucis c'est que depuis 10 ans, le PIB ne s'est pas accru de 15% annuellement comme ce fut le cas de la masse monétaire - et la FED comme la BCE se gardent bien de publier depuis 2 ans la croissance de leur fameux "m3"
Bonne journée
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