J'ai trouvé dans le livre de RIFKIN, dont il a été question à plusieurs reprises dans mes billets, deux citations qui méritent d'être mises en regard l'une de l'autre.
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On doit la première à MENCIUS. Ce philosophe chinois a vécu, selon les dates traditionnelles, entre 380 et 289 avant J.-C., c'est-à-dire dans la Chine pré-impériale, à l'époque troublée des Royaume combattants. C'est un confucianistre strict dont on dit qu'il aurait reçu les leçons d'un élève du petit-fils du Maître. Rien n'est jamais simple, en apparence, dans l'Empire du milieu ! Ce qui m'intéresse ici, c'est que MENCIUS défend l'idée passablement rousseauiste que l'homme naît avec un sens moral inné. Il est donc tout à fait intéressant de confronter ses idées avec celle de Jean-Jacques ROUSSEAU.
Voici une jolie affirmation de notre MENCIUS (appelé aussi Meng4 Zi3 ou encore Meng4 Ke1) :
"Tout homme est doté d’un cœur qui ne supporte pas la souffrance d’autrui. […]. Ce qui nous fait affirmer que tout homme est doté de la compassion, c’est que toute personne qui apercevrait aujourd’hui un petit enfant sur le point de tomber dans un puits éprouverait en son cœur panique et douleur, non pas parce qu’il connaîtrait ses parents, non pas pour acquérir une bonne réputation auprès des voisins et amis, ni parce qu’il détesterait l’entendre pleurer. Il ressort de cette constatation qu’il serait inhumain de ne ressentir aucune commisération."
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Voyons un peu ce que le champion moderne de la bonté naturelle humaine dit à propos des relations qu'il prétend établir avec autrui. Il l'expose dans ses Confessions : « Je ne suis fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. » Il dit aussi, sans honte ni battement de cils : « J’aimerais mieux être oublié de tout le genre humain que regardé comme un homme ordinaire. » Dans une lettre à un ami, il ose dire : « La providence s’est trompée ; pourquoi m’a-t-elle fait naître parmi les hommes, en me faisant d’une autre espèce qu’eux ? ».
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L'intérêt de la confrontation des deux hommes, quand bien même près de 2000 ans les séparent, c'est que partant des mêmes prémisses, la bonté naturelle de l'homme, le premier se sert de ce principe pour ALLER VERS LES AUTRES, tandis que le second SE REGARDE LE NOMBRIL. Comment est-il possible d'accorder le moindre crédit à un homme qui prétend être différent des autres hommes, mais entend bien leur exposer son système imbécile de pensée ? C'est un grand mystère que celui de cette opinion qui perdure, dans nos villes comme dans nos campagnes : s'il n'y avait pas la société, mon Dieu que ce serait bien !
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