Je continue donc de répondre à Yves.
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La note qui figure en bas de page du texte de Paul dans la Bible de Jérusalem et commente le passage incriminé dit ceci qui permet de replacer l'implacable réquisitoire de l'Apôtre des Gentils dans le contexte de sa pensée. (Je confesse que, dépourvue de commentaire et d'intertextualité, l'affirmation de Paul est violente en effet et que s'il n'y avait pas le reste de ses écrits, je la condamnerais sans hésiter.)
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"La formule biblique 'Dieu les a livrés' va souligner à trois reprises comment l'erreur religieuse coupable entraîne les pires désordres sociaux et moraux. En lui-même le péché porte déjà son fruit et sa sanction. Paul juge et condamne le monde païen, non les intentions des personnes dont Dieu seul est juge (cf Romains 2, 16 ; 1Corinthiens 4, 5 ; 5, 12-13). Romains 5, 12-13 suppose que plus d'un païen observe la loi naturelle inscrite dans son coeur, mais l'homme doit se reconnaître pécheur."
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Voilà pour la note explicative. Il vaut la peine de replacer le texte de Paul dans le contexte historique. Je vous conseille de lire la Vie des douze César de ce bon SUETONE pour voir à quel point de bassesse morale et sexuelle en était arrivé TIBERE (pour ne citer que lui), ou les épigrammes de MARTIAL pour prendre juste mesure des dépravations de la société romaine impériale. A dire vrai, les choses n'ont guère changé, comme l'indiquent les mésaventures récentes d'un homme politique qui a failli être Président de la République. Le peuple, au sens noble du terme, a bien vu ce qu'elles signifiaient et il ne les approuvent pas. Les parties fines sont le privilège des riches et des puissants. C'est à cette fraction puissante de la société que Paul s'adresse essentiellement.
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Mais ce même Paul dit ailleurs (Ephésiens 1, 2-8) : "Béni soit Dieu le Père de notre seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux dans le Christ. C'est ainsi qu'il nous a élus en lui dès avant la création du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour, déterminant d'avance que nous serions pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce. EN LUI NOUS TROUVONS LA RÉDEMPTION PAR SON SANG, LA RÉMISSION DE NOS FAUTES, SELON LA RICHESSE DE SA GRÂCE, QU'IL NOUS A PRODIGUÉE. [...]. Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu'il avait formé en lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis : RAMENER TOUTES CHOSES SOUS UN SEUL CHEF, LE CHRIST [...]". Franchement est-ce là les paroles d'un homme qui voue les pécheurs en général et les homosexuels en particulier à l'exécration ?
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Et de Jean, le disciple bien-aimé de Jésus (1Jean, 1-2 et 8-9) :
"Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons vu et entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie [...], nous vous l'annonçons."
"Si nous disons : 'Nous n'avons pas de péchés', nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est assez fidèle et juste pour remettre nos péché et nous purifier de toute injustice. Si nous disons : 'nous n'avons pas péché', nous faisons de Lui un menteur, sa parole n'est pas en nous."
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Il convient de faire une nette distinction entre foi et croyance. Il me semble (en tout cas j'essaye) que je me place sur le terrain de la foi, alors que beaucoup, dans l'affaire qui nous préoccupe, se place sur celui de la croyance (c'est notamment l'affirmation selon laquelle il revient à la société de sanctionner l'amour mutuel de deux personnes du même sexe). La foi a des prémisses rationnelles ; la croyance est fondée sur les passions (au sens de DESCARTES : les ébranlements du psychisme par la stimulation des sens). C'est un des grands débats qui fait la difficultés de dialoguer avec les théologiens musulmans. Pour eux, Dieu n'est pas tenu par la vérité ni la raison ; il peut nous induire en erreur ; il faut donc nous soumettre (islam = soumission). Pour un disciple de JÉSUS, c'est tout le contraire, d'où le rappel de Paul : "ce qu'on peut connaître de Dieu est [...] manifeste. Ce qu'il a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses oeuvres, [...] en sorte qu'ils sont inexcusables., etc."
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Mais il y a encore beaucoup de choses à dire.
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