Chers amis et lecteurs, je vous livre ce témoignage reçu d'un ami très cher et très proche. Il confirme sur de nombreux points ce que j'ai vu moi-même le soir du 26 mars avenue de Breteuil. J'ose affirmer que nous sommes gouvernés par des politiciens qui ont perdu tout sens de la mesure, et se comportent de plus en plus comme des totalitaires. Raison de plus pour résister !
-
"1) La
manifestation
Dimanche 26
mai je me rends à la grande Manif pour tous contre la loi Taubira, au départ de
la porte Dauphine vers 14h pour y retrouver des amis. Nous battons le pavé
comme il se doit dans l’ambiance festive et familiale fidèle à ce mouvement. La
Manif se poursuit dans la même ambiance sur les Invalides jusqu’à 19h30. Durant
la semaine précédant le26 mai, le collectif de La Manif avait dans ses emails
officiellement appelé les gens à rester sur place de façon pacifiste après
19h30, notamment pour rejoindre les «veilleurs». C’est donc pour cela qu’avec
des amis nous nous sommes posés sur les pelouses pour diner et discuter. Très
vite, vers 20h30, nous entendons à l’angle de la rue de l’université
des ; « casseurs » « milices d’extrême droite »
« insurgés » « fachos » « intégristes »
« rebelles » … (à chaque journaliste son adjectif) ; commençant
à se rassembler pour provoquer les CRS.
Nous nous
attroupons, comme beaucoup de gens, par curiosité mal saine pour observer. Je
vous passe les détails, sur ces ultras, qui sont déjà dans la presse et pas si
éloigné de la réalité bien qu’ils n’ont parlé que des débordements minoritaires
et peu du reste… Néanmoins nous
avons vu des scènes hallucinantes non relevées par la presse de la part
des policiers en civil très reconnaissables à leurs
oreillettes, le petit brassard dans la poche, la matraque télescopique ou
autres. Ils étaient dissimulés avec les casseurs pour déclencher l’étincelle
des débordements (scène déjà vue lors de la manif pour tous à Versailles, ou le
collectif a porté plainte contre la préfecture de police pour ces
actes ; vidéo à l’appui)
Je vous relate
quelques évènements qui m’ont marqué :
-Un
journaliste (je crois de BFM) filmait de très près les casseurs dont les
policiers en civil, un des policiers prend son casque de moto et lui donne très
violement un coup à la tête puis un sur sa camera. Nous accourons pour extrader
le journaliste de la foule et la une bonne dizaine de policiers (brassard
au bras) sortent les matraques télescopiques et tapent le journaliste ainsi que
les manifestants (dont des membres de la sécu Manif pour tous) qui essayaient
de sortir ce cameraman…
- Etant complètement encerclé par les CRS, qui ne voulaient clairement plus nous laisser quitter les lieux, une manifestante se met à genou devant les CRS afin de se distinguer des casseurs. Un civil (toujours avec son brassard) vient vers elle et lui donne un fort coup de pied dans le ventre accompagné d’un « arrête de sourire ».
- Etant complètement encerclé par les CRS, qui ne voulaient clairement plus nous laisser quitter les lieux, une manifestante se met à genou devant les CRS afin de se distinguer des casseurs. Un civil (toujours avec son brassard) vient vers elle et lui donne un fort coup de pied dans le ventre accompagné d’un « arrête de sourire ».
Lors de notre
garde à vue les 250 "terroristes" que nous étions avons passé la
soirée à échanger nos anecdotes sur les violences vues de la part des
policiers en civil...Les autres témoignages sont tout aussi hallucinants !
Aux alentours
de 22h la moitié des invalides est quadrillée par 6 rangées de CRS en 2 fois 3
lignes. Bref c’était impressionnant de voir autant de forces de l’ordre mais
surtout en nombre bien supérieure aux manifestants. Nous devions être 1000
personnes dans ce large carré avec encore 200 excités. Nous cherchions à sortir
mais chaque rangée de CRS nous interdisait le passage avec comme seul réponse
« allez au coin de la rue de l’université vous sortirez par-là ».
Nous nous dirigeons tranquillement vers le lieu indiqué. Comme nous étions
dispersés nous avons eu le droit à une charges violente des policiers en civil,
matraque et gazeuse à la main, pour nous forcer à nous regrouper rapidement
vers la rue de l’université.
Pour ma part,
j’accompagnais à ce moment ma sœur journaliste qui grâce à sa carte de presse a
évité le coup de matraque et la rafle, j’avais beau crier au policier que
j’accompagnais ma petite sœur journaliste et que je ne la laisserai pas seul au
milieu de ces violences (quel bon grand frère protecteur…) il m’a attrapé par
le dos me disant « vous sortirez par la rue de l’université ». Me
voilà donc rassuré de pouvoir enfin quitter ce lieu. J’avance comme les autres
vers l’angle de la rue. Une fois tous regroupés, les CRS ont refermé le cercle
sur nous. Nous sommes tous restés très calmes et silencieux, persuadés que les
CRS dégageaient l’esplanade des derniers casseurs (qui n’étaient pas avec
nous…) avant de nous laisser rentrer. Nous avons vite saisie le piège quand les
paniers à salades sont arrivés en grand nombre.
2) La
garde à vue (GAV)
C’est à 23h15
que nous avons donc tous été embarqué dans des bus surchargés, sans
lumière et sans nous mentionner la raison et l’objet : contrôle d’identité ou
garde à vue, qui légalement doit être mentionné dès l’arrestation.
Le cortège
file sirènes hurlantes en direction du commissariat du 18eme, lieu bien connu
des manifestants, car il a l’avantage de pouvoir stocker un nombre important de
personnes…
Arrivé sur
place, nous sommes dans une cours à l’extérieure avec grillage et barbelé, sans
toujours savoir l’objet et la cause. L’ambiance est plutôt bonne enfant
notamment par la présence de mineurs de 15 à 17 ans… et la présence de
« veilleurs » guitare à la main. Nous discutons et rions pas mal
avec les CRS qui nous gardent, étonnamment nous nous comprenons et leurs discours
est très proche du notre sur la loi Taubira, les gardes à vue arbitraires et
les ordres qu’ils définissent comme politiques avant tout.
Nous rentrons
au compte goute dans le commissariat pour être reçus par un officier de police
judiciaire (un OPJ pour les habitués des GAV). Etant donné notre nombre
important, il a fallu plus de 3 heures avant que les derniers soient reçus.
L’OPJ n’était pas là pour nous auditionner mais pour nous informer que nous
sommes en GAV pour 24 h pour « NON DISPERSION APRES UN RASSEMBLEMENT »
et nous devions tous signer la même déclaration pré-imprimée. Il nous était
fortement déconseillé de demander un avocat ou un médecin, car cela retarderait
la procédure sachant que « vous sortirez bientôt, ne perdez pas de temps
avec ça » !
N’étant pas un
habitué des services de polices, je ne sais pas où se trouve la limite entre la
procédure et la légalité, donc je signe dans l’espoir de rentrer chez moi
rapidement.
Nous sommes
ensuite entassés par terre dans les couloirs vite pleins, où nous avons gouté à
la désorganisation totale de l’administratif à la française…Le but était de
nous dispatcher sur d’autres commissariats pour poursuivre notre GAV. Il y eut
un vas-et-viens non-stop des policiers venant avec nos dossiers pour nous
appeler à les rejoindre. Sauf qu’aucun nom appelé ne correspondait aux
personnes présentes… Ils appelaient des personnes qui étaient soit déjà parties
soit pas en GAV et cela jusqu’à 6 heure du matin pour moi. L'appel frôlait la
lecture du bottin mondain...
La procédure
suit son cours, je passe une énième fouille au corps (pas de TR…) je vide
toutes mes poches, lacets, ficelle de sweat et autres. Je suis parqué dans une
cellule de 16 personnes. Nous essayons de dormir à même le béton les néons dans
la figure. Vers 10 h du matin on me place dans un commissariat de Paris,
où je suis conduit menotté tout le long du trajet… Me revoilà en cellule où je
retrouve deux manifestantes. Je suis assez rapidement reçu par un autre OPJ,
qui très sympa et très compréhensif avec nous, m’assure que je sortirai
rapidement… Il comprend très bien que je ne fais pas partie des casseurs et
confirme que c’est politique et qu’il faut du chiffre pour le ministre… !
Sans suit la prise des empruntes et les photos pour le fichage.
Je retourne en
cellule collective où je suis avec une armoire à glace bien sombre en treillis
et rangers, arrêtée pour être rentrée dans une bibliothèque avec un
couteau militaire, un petit butagaz de camping et une lacrymo !!! Le
rapprochement avec les affaires de la Défense et de Londres était vite fait
pour les OPJ… Il était assis, ne bougeait pas et fixait le mur droit devant. Je
me suis mis sagement dans le coin en fixant le moindre de ses mouvements, bref
pas très rassuré !
Heureusement,
rapidement, un OPJ voyant cela a demandé au gardien de me mettre dans une
cellule individuelle, à la déco charmante : pas de couchette, les murs
tapissé de crachats séchés, des toilette à la turc bouché et une odeur de
clochard bourré… mais heureusement mitoyenne des deux autres manifestantes. Nous
avons pu discuter, chanter, jouer au petit bac d’une cellule à l’autre sans se
voir. La situation était assez cocasse ! Encore merci à elles d’avoir pu
canaliser mon impatience. Nous étions surnommés par les policiers les trois
Catho (mais de façon amicale). C’est vers 21h après avoir passé 22 heures 30 en cellule que l’on
ou annonce que la GAV n’est pas prolongé de 24h, car il en a été question à
plusieurs reprises, et que nous pouvons sortir avec un simple rappel à l’ordre… Nous sommes donc reçu une dernière
fois par une OPJ très gentille et s’excusant presque de ce geste qui
malheureusement est politique… Elle nous informe qu'elle n'enverra pas nos
fiches et que nous ne serons donc pas fichés par la police. Merci à tous pour votre
soutien, j’étais ravi d’avoir autant de sms, messages ou email en récupérant
mon téléphone.
On ne lâche
rien, mais évitez les GAV car ça gave vraiment."
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Demain, je vous ferai part de quelques suggestions de résistance pacifique. Nous ne gagnerons l'opinion pas à forcer d'injures, mais à force de patience, de longanimité et d'opposition VISIBLE et DURABLE à ce régime devenu fou. Je rêve de voir des groupes de Veilleurs naître dans tous les chefs-lieux de canton, et s'installer devant la mairie un samedi par mois (au moins), sans autre projet que celui d'être silencieux, recueilli et résolu.
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A demain. Si mon idée vous plaît, dites-le. Prenons contact avec les différents groupes existants. Recrutons !Mobilisons, et plaignons les deux "mariés de Montpellier" dont le "mariage" médiatisé était d'une tristesse dramatique.
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