Il y a 211 ans, l’abominable
MAIGNET, chargé de faire régner la Terreur dans le Vaucluse voulait se faire 10 000
à 15 000 victimes pour insuffler l’esprit de la République à une région qui
lui semblait rebelle. Il n’en fit que 332 à ORANGE (mais des quantités d’autres
à CARPENTRAS, AVIGNON ou ailleurs). Voici comment Gustave GAUTHEROT (voir mon
deuxième billet du 21 août pour la référence du livre) résume le sort des
martyrs d’ORANGE. Si Thermidor n’était advenu, il y en aurait eu bien d’autres,
car ce MAIGNET était d’une rare barbarie. C’est curieux tout de même cette amnésie
républicaine ! Ah ! Nous pouvons bien condamner DAESH et l’Etat Islamique,
mais notre malheureuse patrie tombée aux mains de ces fous leur a donné l’exemple,
y compris celui de la destruction des chefs-d’œuvre venus du fond des âges (destruction
d’églises, de couvents, de statues de saints, vols des vases sacrés, par
exemple). Alors de grâce, un peu de pudeur, ou de silence, ou de repentance,
messieurs qui voulez sauver l’humanité mais vous moquez des hommes.
"En
quarante-quatre séances, du 19 juin au 4 août, la Commission [nous sommes en
1794, à ORANGE] rendit 595 jugements et fit tomber 332 têtes. Parmi les
condamnés à mort, on relève 27 nobles, 36 prêtres, 32 religieuses, 71 bourgeois
(dont 32 propriétaires, 13 avocats ou avoués, 1l notaires. 6 médecins, 2 juges
de paix et 7 assesseurs, greffiers ou secrétaires de commune, 7 officiers,
soldats ou gendarmes). Beaucoup de ces bourgeois étaient d'ailleurs fils du
peuple, et ils appartenaient aux classes sociales qui avaient fourni à la
Révolution ses premiers et ses plus ardents prosélytes. Tous les autres étaient
de pauvres gens : cultivateurs, artisans, ouvriers, petits commerçants,
instituteurs, domestiques, couturières. Pour les condamnés à la prison, la
proportion des gens du peuple est plus forte encore : 102 sur 116. Pour
l'ensemble des «suspects» arrêtés, elle est absolument écrasante. Et nous
savons qu'il en fut de même dans la France entière. Pourquoi cette hécatombe
que Thermidor suspendit au moment où la guillotine était en pleine activité,
alors que, légalement, la théorie des victimes vouées à la mort s'allongeait à
l'infini ? Les textes et les faits qui précèdent le clament assez.
L'érudition a examiné un à un les procès-verbaux des jugements de la Commission
: ils se ressemblent tous. Les mots de fédéralisme, de fanatisme, de
conspiration contre la République tenaient lieu d'arguments. Lorsque VIOT
accusait, par exemple, deux ursulines de BOLLENE d'avoir voulu, en refusant le
serment, « allumer la guerre civile, assassiner le peuple, faire triompher la
tyrannie par le fanatisme » : lorsqu'une telle accusation suffisait à faire
tomber le même jour les têtes des deux pauvres femmes, il n'y avait plus lieu
de distinguer entre les Commissaires d'ORANGE et les massacreurs de la Glacière
[massacres d’AVIGNON]. Le maximum d'indulgence consiste à dire d'eux qu'ils
assassinaient par ordre du Gouvernement révolutionnaire; et il ne faut pas
chercher dans les sanglants grimoires de ces pourfendeurs du « fanatisme »
autre chose que le fanatisme le plus étroit et le plus atroce qui ait jamais
(avant l'apparition du bolchevisme) sévi sur l'humanité."
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