lundi 1 juin 2020

Lundi 01 juin 2020. Brandolini et le Pr Caumes...


Lorsque l’on m’a dit qu’après l’interview du Pr RAOULT par David PUJADAS, alors que ce dernier sollicitait votre avis, vous avez argué que vous ne répondriez pas par du baratin à du baratin, je me suis dit que vous deviez avoir une impressionnante liste de publications scientifiques pour opposer ainsi votre tranquille assurance à la non moindre tranquille assurance de notre Marseillais de choc, en invoquant de surcroît un théorème dont j’ignorais l’existence (merci de m’avoir appris au moins quelque chose), le théorème de BRANDOLINI. Je déteste dézinguer un message en dézinguant le messager. Quoi de plus objectif que de consulter la liste de vos publications sur Pubmed ? Je l’ai fait. Votre nom apparaît 507 fois (il se trouve que sur certains de ces articles, je n’ai pas trouvé trace de votre patronyme). C’est beaucoup. J’ai regardé le titre des articles auxquels vous êtes associés. Très souvent, et ce n’est pas une injure que de le souligner, votre nom est noyé dans une liste de très nombreux auteurs, notamment pour tout ce qui concerne les publications de GeoSentinel, The International Society for Travel Medicine. Vous avez également publié une fois sur une cohorte de patient revenant d’Arabie Saoudite et suspectés d’avoir contracté le MERS-Cov. Tous les patients examinés, grâce au ciel, étaient négatifs (il y en avait 73 si ma mémoire est bonne). Et, comme tout bon infectiologue spécialiste des maladies respiratoires infectieuses (notamment), vous avez fait pratiquer un examen radiologique des poumons de vos patients, lequel a bien confirmé une atteinte pulmonaire provoquée par divers agents infectieux. La conclusion que je tire de cet examen est que vous n’avez pas usurpé votre titre de Pr d’infectiologie dans un prestigieux hôpital parisien.

Un détail a attiré mon attention. En septembre 2019, vous avez publié en compagnie d’autres collègues, dans Phytomedicine (ci-joint la référence), un article dans lequel vous critiquiez, en avançant vos arguments, parfaitement rationnels, pourquoi l’usage d’infusions d’Artemisia annua et d’A. afra ne saurait supplanter celui du Praziquantel pour traiter la schistosomiase, une maladie parasitaire très répandue en Afrique.

HANSMANN Y., GAUDART J., CAUMES E., JAURIGUÉBERRY S. and MEYER N.
Comment on “Effect of Artemisia annua and Artemisia afra tea infusions on schistosomiasis in a large clinical trial”
Phytomedicine, 62, septembre 2019

Il ne fait aucun doute que vous êtes un authentique spécialiste du traitement de cette maladie, et que vous avez une très longue pratique de l’usage du Praziquantel. Mais là où les choses deviennent intéressantes c’est que vous soulignez, dans un article paru en 2006, dans Am. J. Trop. Med. Hyg., 74, 814-818 (c’est un journal de très haute qualité), combien le moment de l’instauration du traitement est un élément important pour le succès ou l’évolution du traitement par le Praziquantel. Voici le résumé de cet excellent article (il n’y a de ma part aucune ironie, je vous prie de me croire).

"The efficacy of praziquantel started during the incubation period of schistosomiasis has not been studied. Eighteen tourists were infected by Schistosoma haematobium during summer 2003 after bathing once in the same cascade in Mali. We observed the efficacy of praziquantel given at different phases. They received praziquantel at the first consultation, from Days 10 to 15 after exposure in eight asymptomatic patients (Group 1), from Days 28 to 40 in 4 asymptomatic patients (Group 2), and from Days 20 to 39 in 6 patients with acute schistosomiasis (Group 3). All Group 1 patients developed acute schistosomiasis, compared with none of the Group 2 patients (P < 0.004). Among the 10 patients treated during the acute phase, clinical status deteriorated in four cases. Seventeen of the 18 patients developed chronic schistosomiasis. Early praziquantel treatment was thus less effective than later treatment in preventing acute schistosomiasis, while neither treatment effectively prevented chronic schistosomiasis."

Je tire la conclusion de mon analyse très sommaire que vous savez parfaitement que le moment de l’instauration d’un traitement est un élément fondamental de son succès, que vous préférez l’usage d’une molécule, le praziquantel, à celui d’infusions de plantes (si j’utilise votre langage, je dis que vous n’avez pas hésité à « baratiner » sur ce point), et que tout cela est rationnellement justifié.

Alors, très cher collègue, pourquoi ne pas avoir appliqué cette excellente méthode du commentaire d’une part, et de l’examen des délais d’instauration du traitement de l’autre, aux travaux de l’équipe marseillaise. Cette dernière a TOUJOURS dit que le succès du traitement était d’autant assuré qu’il était appliqué précocement, dès la manifestation des symptômes.
Puisque vous êtes infectiologue, il me paraît à peu près certain que vous avez dû accueillir aux urgences et dans votre service des patients infectés. Vous disposez donc de leurs dossiers, des divers résultats d’examens cliniques (dont la date début des symptômes), virologiques, biochimiques, radiologiques, électrocardiographiques, hématologiques et des différentes issues (mort, passage en unité de soins intensifs, guérison, durée de séjour dans votre service). Et comme vous n’avez pas appliqué le traitement à l’hydroxychloroquine plus azithromycine, on peut considérer que votre cohorte est une cohorte de sujets témoins. Alors, chiche ! Mettez sur la table vos propres résultats et comparez-les item par item à ceux de RAOULT. Vous pouvez même faire des statistiques.
Allez, cher Collègue, Jouez le jeu.

Incidemment les deux molécules ont un noyau quinolinique.

Praziquantel : 2-(cyclohexanecarbonyl)-3,6,7,11b-tetrahydro-1H-pyrazino[2,1-a]isoquinolin-4-one  


Hydroxychloroquine : 2-[4-[(7-chloroquinolin-4-yl)amino]pentyl-ethylamino]ethanol  

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