lundi 8 juin 2020

Lundi 8 juin 2020. Chronique de l'hydroxychloroquine. Acte 6... Il faut creuser, messieurs, mesdames les journalistes !



Petites notules dérangeantes sur l'essai E-RECOVERY...
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Messieurs et mesdames les journalistes scientifiques du Monde et du Figaro, relayés par la Presse Quotidienne Régionale, détenue par les mêmes mains, n’avez-vous pas honte ?
Mais vous devriez vous couvrir de cendres, vous vêtir de sac de toile, et faire pénitence. Vous annoncez, que dis-je ? vous assénez des vérités en vous fondant sur les conclusions d’une étude randomisée en double aveugle, (en tout cas déclarée telle) selon un de ses responsables, le Pr Martin LANDRAY, qui n’est nullement infectiologue, mais spécialiste du traitement informatique des Big data (ou données massives) et des essais cliniques (en matière de maladie cardiaques chroniques, de maladies chroniques du rein, et d’hypercholestérolémie). Vous ne connaissez pas les raisons de cette étude puisque vous n’avez pas eu accès à l’introduction d’un article qui devrait paraître (ce qui n'est pas encore fait), ni aux méthodes utilisées, ni aux critères d'inclusion dans l'étude, ni aux éléments cliniques, biologiques, virologiques, radiologiques, électrocardiologiques, pharmacologiques (posologie, distribution dans l’organisme), et pas davantage aux résultats et à leur analyse statistique. Vous avez ignoré ou feint d’ignorer que l’auteur principal de l’essai n’a utilisé que de l’hydroxychloroquine, et non pas l’association hydroxychloroquine + azithromycine. Si les investigateurs avaient eu un minimum de rigueur scientifique, ils auraient distribué l’étude de cette question de l'hydroxychloroquine en trois bras : hydroxychoroquine seule, azithromycine seule, et hydroxychloroquine + azithromycine. Il aurait alors été facile de voir si l’association des deux médicaments exerce un effet synergique ou si l’azithromycine seule est active. Mais ce n’était de cela qu’il s’agissait. Il s’agissait de démontrer QUE ÇA NE MARCHE PAS le traitement de RAOULT, et pour cause puisque ce n’est pas ce traitement qui a a été soumis à l’essai.
Si vous vous rendez sur le site dont voici le lien
https://www.trialsitenews.com/university-of-oxford-ramps-up-pragmatic-recovery-trial-testing-vaccine-candidate-developed-for-covid-19/?fbclid=IwAR3YPw5VznKs9P0RHBqveQvcAzQaa6KikrREHwn19mME7tY03qvCTvfgauA, vous avez un petit choc. Trialsitenews est un site international, hébergé dans l’état d’Utah, à SALT LAKE CITY. Il  enregistre tous les essais cliniques de médicaments dont les promoteurs veulent bien lui signaler l’existence, dont l’essai du Pr LANDRAY (adjoint à l’investigateur principal, Deputy Chief Investigator) et de son collègue, le Pr Peter HORBY qui est désigné comme l’investigateur principal (Chief Investigator for the Trial). Il est curieux que ce ne soit pas lui qui ait laissé fuité les conclusions - très hâtives – de cette étude, mais celui que l’on doit donc considérer comme le porte-parole officiel de cette dernière, Martin LANDRAY. Jusque ici, me direz-vous, rien de bien grave, sans doute des légèretés intentionnelles. Mais il faut lire le titre sous lequel a été enregistré l’essai par le site Trialsitenews : University of Oxford Ramps up Pragmatic RECOVERY Trial Testing Vaccine Candidate Developed for COVID-19. Alors vous vous frottez un peu les yeux.  Le titre signifie, approximativement, "L’Université d’Oxford accélère l’essai pragmatique RECOVERY en vue de tester un vaccin candidat développé pour la COVID-19".  (J'avoue que le titre est très tarabiscoté et que ma traduction est très approximative.) Vous vous attendez donc à voir un commentaire sur de possibles essais à venir avec ce candidat. Que nenni, il s’agit d’abord de prouver qu’aucun des traitements proposés ne marche, pour laisser la voie libre à la promotion d’un vaccin : les auteurs étudient donc l’effet du Lopinavir/Ritonavir, dont il est prouvé qu’il est inefficace par diverses études notamment chinoises, la Dexaméthasone (on se demande bien pourquoi, d’ailleurs, car ce stéroïde ne peut avoir d’effet que comme anti-inflammatoire, en phase cytokinique, aucunement comme antiviral et il est connu pour avoir des effets désastreux sur les pneumonies varicelleuses de l'adulte), l’Hydroxychloroquine (seule), et l’interféron-β 1a, utilisé en aérosol. Les auteurs de l’essai semblent avoir oublié le très sérieux travail de KLIMKE et al. qui ont utilisé avec succès un aérosol d’hydroxychloroquine seule. Voir ci-dessous la référence.

KLIMKE A, HEFNER G, WILL B, VOSS U.
Med Hypotheses. 2020 Apr 27;142:109783. doi: 10.1016/j.mehy.2020.109783.
L’article est en accès libre. On se demande pourquoi il n’est pas plus cité.

Cette voie d’administration est très facile à mettre en œuvre.

En somme, le but de l’étude E-RECOVERY consiste à déblayer le terrain pour permettre la commercialisation d’un vaccin.

Poursuivons notre analyse pour voir un peu plus loin. En général, il faut chercher d’où vient l’argent qui a servi à financer une étude manifestement fort coûteuse. Voici donc la liste des organisations qui ont financé ce travail.

Welcomme (c’est sans doute une erreur ; il faut lire Wellcome, je suppose)

Bon sang mais c’est bien sûr, aurait dit le commissaire BOURREL dans les Cinq dernières minutes. Bill Gates veut vacciner l’humanité entière. (Cf. l’article du Monde https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/05/bill-gates-nous-ne-sommes-pas-aussi-prepares-que-nous-aurions-pu-l-etre_6041830_3244.html). Il ne fait aucun doute qu’il a les meilleures intentions de toute la terre, mais c’est tout même une manifestation d’hubris. Et c’est pourquoi il lui était nécessaire de démontrer l’inutilité des traitements en cours  pour faire prévaloir son idée. Je ne veux pas tomber dans le complotisme idiot. Bill Gates a donné beaucoup de sa fortune pour des causes humanitaires. Mais tout de même, l’essai de LANDRAY et HORBY n’a pas inclus le Remdesivir, qui se présente, ou du moins est présenté comme l’arme fatale contre le SARS-Cov-2 d’où l’essai européen EDISCOVERY qui a lamentablement capoté mais l'avait inclus dans un bras spécifique . Nous assistons là à une énorme passe d’arme entre Gilead et Bill Gates. Remdesivir contre vaccin.

En fait cette étude, plus solide en apparence que celle du Lancet, souffre des mêmes biais, à l’exception de la fraude dans la collecte des résultats et de biais supplémentaires, qui sont des omissions (Hydroxychloroquine + Azithromycine ; Remdesivir) ; nous devons aussi nous interroger sur les options philosophiques du Pr LANDRAY qui, le 13 février de cette année publiait avec trois autres auteurs un article parlant de la magie de la randomisation et du mythe de la preuve par le réel. Je ne connais que le titre de cet article, et je ne puis me fonder que sur lui, car je n’ai pas vu de résumé, et je n’ai eu encore accès au texte lui-même. Je reste donc prudent.
En voici cependant les références :

Rory COLLINS, Louis BOWMAN, Martin LANDRAY and Richard PETO.
The magic of randomization versus the myth of real-world evidence.
New England Journal of Medicine, 382, 674-678, 2020.

Je suis amené à penser que pour le Pr LANDRAY, tout est donné a priori dans l’entendement, et rien dans l’expérience : c’est du kantisme pur. Et en matière de recherche scientifique, cela s’appelle un préjugé. Les observations ? Aucun intérêt ! La tradimédecine ? Du charlatanisme ! Et pourtant, on sait que 75 % au moins des usages thérapeutiques traditionnels sont validés par l’expérience scientifique. C’est du reste un domaine dans lequel j’ai une (petite) expérience personnelle, notamment pour ce qui concerne les usages traditionnels des plantes en Asie orientale.

Voyez-vous, messieurs les journalistes, vous cherchez le sensationnel. Pour des raisons qui m’échappent, vous dézinguez notre marseillais, un compatriote, sans avoir été aux sources de ses publications (ce que j’ai fait). Vous n’avez strictement aucune compétence pour juger de la qualité d’une recherche scientifique, sauf à imaginer que vous avez fait de longues études de médecine, de pharmacie ou de science, avant de vous lancer dans le grand bain glauque des médias.

C’est pourquoi, après avoir parlé des essais encourageants obtenus avec le Tocilizumab, utilisé pour traiter les patients en phase d’orage cytokinique, c’est-à-dire gravement malades, vous avez ensuite parlé au Figaro, d’une autre molécule, curieusement utilisée elle aussi, comme l’hydroxychloroquine, pour traiter le lupus et l’arthrite rhumatoïde, et qui serait administrée aux patients les plus gravement atteints, l’Anakinra (qui vaut tout de même 247,20 euros les sept ampoules). Autrement dit, attendons que les plus atteints atteignent cette phase critique pour leur administrer des médicaments coûteux, aux effets « encourageants » (sic). Exit le Tocilizumab, intret l’Anakinra…

Jamais, vous ne semblez vous être posé la question de fond : comment faire pour éviter qu’un patient infecté n’évolue vers une forme grave de Covid-19 ? Jamais, vous n’avez été lire la littérature relative à l’incidence de Covid-19 qui s’est trouvée être inversement proportionnelle à l’incidence de la malaria, en des zones où la Nivaquine est d’usage courant. Vous me direz que les populations de ces régions sont jeunes et que les jeunes sont plus résistants et donc moins sensibles, blabla, etc. Mais nous avons eu en France des jeunes de 20 ans qui sont morts de la maladie et qui n'étaient pas à risque. Et cette explication ne tient guère la route, quand on sait qu'en Afrique, la malnutrition, la dénutrition, les parasitoses et la pauvreté sont certainement des facteurs de risque.

Bref, tout cela me paraît être du journalisme, mais en aucun  cas une information digne de foi. Je préfère lire les articles originaux des auteurs que vos commentaires approximatifs. Je ne sais quels buts poursuivent les journaux dans lesquels vous écrivez ; ce dont je sûr, c’est que ce n’est pas la vérité.

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