Une fraude de grande ampleur, impliquant la société pharmaceutique Pfizer, son
sous-traitant, la société Ventavia Research Group chargée des essais cliniques,
et la Food and Drug Aministration (FDA), a été révélée hier par le British
Medical Journal. L'affaire commence à l'automne 2020 Pfizer opère "à la vitesse
de la science" disait Albert Bourla en 2020, président directeur général de
l'entreprise. Peut-être la science est-elle allée un peu vite, alors. Un
directeur régional qui travaillait pour l'organisme de recherche Ventavia
Research Group, a déclaré au British Medical Journal que la société Ventavia qui
assurait les essais cliniques, avait falsifié des données, enlevé l'anonymat des
profils, employé des vaccinateurs insuffisamment formés, et tardé à assurer le
suivi des effets indésirables signalés dans l'essai pivot de phase III.
L’affaire dénoncée par le journaliste d'investigation Paul D Thacker pour le
British Medical Journal, commence à l'automne 2020 alors que Pfizer emploie
plusieurs sous-traitants pour effectuer des essais cliniques, qui s'effectuent
sur 44 000 personnes et sur 153 sites dans le monde. Elle concerne trois sites
de l'entreprise Ventavia au Texas. Pour certains chercheurs qui testent le
vaccin de Pfizer sur ces sites, la rapidité a peut-être été obtenue au détriment
de l'intégrité des données et de la sécurité des participants. Le personnel
chargé des contrôles de qualité était submergé par le nombre de problèmes qu'il
découvrait. Après avoir les avoir signalés à plusieurs reprises à Ventavia, la
directrice régionale, Brook Jackson, a envoyé une plainte par courriel à la Food
and Drug Administration (FDA). Dans cette lettre, Mme Jackson a énuméré
plusieurs problèmes dont elle avait été témoin : En premier lieu, elle pointe
l’absence de sérieux dans la manipulation des vaccins, qui ne sont pas conservés
à la bonne température et mal étiquetés. Puis c’est l’absence de suivi des
patients qui est dénoncée. Rappelant que toute personne signalant un effet
secondaire doit être contactée dans les 24 heures, elle fait mention de
plusieurs personnes qui ont effectué des signalements, mais qui n’ont jamais été
recontactées par téléphone afin de déterminer si une visite sur le site était
nécessaire. Cette lettre mentionne également des employés, ciblés par Ventavia
pour avoir signalé des problèmes. Quelques heures après avoir envoyé sa lettre,
Mme Jackson reçoit un courriel de la FDA, la remerciant de ses préoccupations et
l'informant qu'elle ne pouvait pas faire de commentaires sur une éventuelle
enquête. Le même jour, elle est licenciée par Ventavia. Mais, l'affaire ne
s’arrête pas là, puisque avant de partir, Mme Jackson a eu le temps d’emporter
avec elle des dizaines de documents internes de l'entreprise, des photos prises
avec son téléphone portable, des enregistrements audios et des courriels qu’elle
a donnés au British Medical Journal. Un manque de rigueur déconcertant Des
photos pour révéler les principales anomalies, comme des aiguilles jetées dans
un sac en plastique au lieu d'une boîte réservée aux objets tranchants, ou des
matériaux d'emballage de vaccins sur lesquels sont inscrits les numéros
d'identification, soulevant le problème de l’anonymat des patients. Dans un
enregistrement d'une réunion tenue fin septembre 2020, entre Mme Jackson et deux
directeurs, on peut entendre un cadre de Ventavia expliquer que la société n'est
pas en mesure de quantifier les types et le nombre d'erreurs qu'elle constate
lors de l'examen des documents de l'essai pour le contrôle de la qualité. "Dans
mon esprit, il y a quelque chose de nouveau chaque jour", dit le cadre de
Ventavia. "Nous savons que c'est significatif". C’est également le problème de
l’anonymat des participants qui n'est pas respecté, notamment parce que les
imprimés de confirmation de l’attribution des médicaments étaient laissés dans
les dossiers des participants par le personnel « non aveugle » chargé de
l’administration du vaccin. Ainsi, les membres du personnel censé « être en
aveugle » ont pu avoir accès aux dossiers. L'erreur a été corrigée deux mois
plus tard, tandis que le retrait des affectations de médicaments des dossiers a
été effectué alors que 1 000 participants étaient déjà inscrits. Des problèmes
qui ont été occultés pour la demande d'autorisation de mise sur le marché
Quelques semaines plus tard, Pfizer a soumis sa demande d’autorisation d’urgence
à la FDA. La réunion qui s’est tenue le 10 décembre n’a fait aucune mention des
problèmes rencontrés sur le site de Ventavia, et la FDA a délivré son feu vert
dès le lendemain. En août 2021, après l'autorisation complète du vaccin de
Pfizer, la FDA a publié un résumé de ses inspections de l'essai pivot (phase
III) de la société. Neuf des 153 sites de l'essai ont été inspectés. Les sites
de Ventavia ne figuraient pas parmi les neuf, et aucune inspection des sites où
des adultes ont été recrutés n'a eu lieu dans les huit mois qui ont suivi
l'autorisation d'urgence de décembre 2020. Un agent d’inspection de la FDA a
noté : « La partie relative à l'intégrité et à la vérification des données des
inspections BIMO [surveillance de la recherche biologique] était limitée parce
que l'étude était en cours et que les données requises pour la vérification et
la comparaison n'étaient pas encore disponibles pour l'IND [investigational new
drug]. » Les témoignages se multiplient Deux anciens employés de Ventavia ont
également apporté un témoignage au "BMJ", sous couvert d’anonymat, par crainte
de représailles et de pertes de perspectives d’emploi dans le domaine de la
recherche. Tous deux ont confirmés les allégations de Brooke Jackson. L'une
d'elles a déclaré qu'elle avait travaillé sur plus de 40 essais cliniques au
cours de sa carrière, dont de nombreux essais de grande envergure, mais qu'elle
n'avait jamais connu un environnement de travail aussi "désordonné" que celui de
Ventavia pour l'essai de Pfizer. Selon cette employée, après le départ de Brook
Jackson, les problèmes ont persisté à Ventavia. Parmi les principaux problèmes,
il y avait aussi le nombre insuffisant d’employés pour effectuer des
prélèvements. Or, la confirmation en laboratoire de la présence de symptômes de
covid-19 était le principal critère d'évaluation de l'essai, a souligné
l'employé. Une deuxième employée a également décrit un environnement chez
Ventavia "différent de tout ce qu'elle avait connu en 20 ans de recherche". Elle
a déclaré au BMJ que, peu après le licenciement de Mme Jackson, Pfizer a été
informée des problèmes rencontrés par Ventavia dans le cadre de l'essai du
vaccin, mais qu'aucun audit n'a été réalisé. Ces révélations font l'effet d'une
bombe et battent en brèche le récit d'essais menés avec une vitesse
spectaculaire et inédite, sans rien concéder aux exigences de rigueur, de
sécurité et d'intégrité scientifique. Elles éclairent aussi d'un jour nouveau la
manière dont l'efficacité et la sûreté annoncées triomphalement par Pfizer et
ses relais zélés n'ont pas été au rendez-vous "en vie réelle". Voir aussi :
Pfizer n’est pas Pasteur : la troisième dose, et après ? et Suivi de l’essai
clinique de Pfizer à six mois : sûr et efficace ? Les réactions (...ou l'absence
de réaction) des autorités régulatrices, instances sanitaires, et de leurs
relais médicaux et médiatiques, seront suivies avec attention et promettent
d'être... éloquentes.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire