Mark REGNERUS est chercheur au Département de Sociologie et de Recherche sur les Populations, à l'Université du TEXAS à AUSTIN. J'ai imprimé les deux articles qu'il a publiés dans Social Science Research et je vous livre ici une analyse de l'Introduction et des Méthodes utilisées par ce sociologue dans son article intitulé How different are the adult children of parents who have the same-sex relationships ? Findings from the New Family Structure Study. Il est difficile de rendre en français les nuances très subtiles de ce titre. On pourrait le rendre par ce qui suit : A quel degré les enfants d'âge adulte (élevés par des) de parents qui ont des relations homosexuelles sont-ils différents ? Résultats de l'étude sur les structures des nouvelles familles. Je sais que cette traduction est approximative, mais je la crois honnête et de bonne foi, dans la mesure où la traduction française ne trahit pas l'absence de préjugé de la question en langue anglaise. Voici donc un bref résumé de cette monumentale étude pour ce qui est de l'introduction et des résultats. Demain, analyse des conclusions.
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Introduction.
REGNERUS commence par dire que les données collectées par les recherches en sciences sociales sont l'une des rares sources d'informations utiles dans les débats concernant le mariage et l'adoption. Et il indique que les effets que pourraient avoir sur les enfants les nouvelles structures de la famille sont au coeur de la politique concernant le mariage et le développement de l'enfant.
Puis dans le second paragraphe de son introduction, il indique que les sociologues des changements familiaux (family transitions) ont, jusqu'à un passé récent, noté la stabilité élevée et les bénéfices sociaux des familles biparentales hétérosexuelles (couples mariés) contrastant avec ce qu'il en est dans le cas de mères isolées, de couples cohabitants, de parents adoptifs ou de garde partagée entre ex-époux (BROWN, 2004 ; MANNING et al., 2004, McLANAHAN et SANDEFUR). Il signale qu'en 2002, l'Association Child Trends, une organisation de recherche très bien considérée et non partisane souligne l'importance pour le développement de l'enfant d'être élevé en présence de ses deux parents biologiques (MOORE et al, 2002).
Dans son troisième paragraphe, il note qu'en 2001, un article de l'American Sociological Review analyse les résultats (findings) de l'orientation sexuelle et de la parentalité ; il est rédigé par les sociologues Judith STACEY et Tim BIBLARZ, lesquels notent qu'il existe quelques différences dans les destinées (issues) des enfants d'unions homo- ou hétérosexuelles, mais qu'elles ne sont pas aussi grandes que le disent nombre de sociologue de la famille. Ce sont ces données qui le poussent à entreprendre son étude.
Je ne détaille pas les autres paragraphes de cette introduction intitulés Sampling concerns in previous survey (Questions d'échantillonnage dans les enquête antérieures), Are there notable différences ? (bien que ce paragraphe souligne les nombreux biais méthodologiques des études antérieures), et The New Family Structure Study.
Collecte des données, mesures et approche analytique.
Je note ici l'originalité de l'étude de REGNERUS : son enquête s'est faite auprès de jeunes adultes âgés de 18 à 39 ans, et non auprès d'enfants ou d'adolescents, elle est nationale et couvre tout le territoire des Etats-Unis, l'échantillonnage des enquêtés est strictement aléatoire, et s'est faite en deux étapes, elle est totalement comparative, le questionnaire a été élaboré par une équipe d'enquêteur constituée de chercheurs réputés (leading researchers) en sociologie, démographie et développement humain, venus de la Penn University, de la Brigham Young University, de la San Diego State University et de l'Université de Virginie ainsi que de chercheurs de l'Université du Texas à Austin. Enfin c'est l'enquête la plus vaste conduite sur ce sujet. En effet, 2998 personnes ont été interrogées, et parmi elles 175 qui déclarent avoir eu une mère ayant une relation homosexuelle et 75 un père ayant une relation homosexuelle. L'objectif de l'enquête c'est le résultat ou issue (outcome) de l'éducation dans différents types de familles. Le protocole d'étude et le questionnaire ont été approuvés par le University of Texas at Austin Review Board.
REGNERUS classe les "familles" [traduction très approximative] (household settings) des personnes qui ont répondu (responders) en huit groupes. Et c'est là le point méthodologique crucial :
1.La live intact biological family (avec père et mère) ; j'utiliserai la traduction de famille traditionnelle ; le jeune adulte y a été élevé de sa naissance à ses 18 ans ; ses parents sont encore mariés (Nombre de répondeurs [N] : 919).
2.La famille constituée de deux femmes entretenant une relation homosexuelle (REGNERUS utilise l'expression : a same sex-romantic (lesbian) relationship, sans aucune autre modification de structure familiale (N = 163).
3.La famille constituée de deux hommes entretenant une relation homosexuelle sans aucune autre modification se structure familiale (N = 73).
4.La famille est adoptive. L'enfant a été adopté par un ou deux étrangers à sa naissance ou avant ses deux ans (N = 101).
5.La famille est éclatée (divorced later) ou est soumis au régime de la garde conjointe : le répondeur a vécu avec l'un des deux parents de sa naissance à l'âge de 18 ans, parents non mariés au moment de l'enquête (N = 116).
6.La famille "par étape" (stepwise family). Le répondeur a des parents biologiques qui n'ont jamais été mariés ou ont divorcés ; le parent qui a eu la garde s'est marié avant que le répondeur n'atteigne ses 18 ans (N = 394).
7.Le répondeur appartient à une famille monoparentale. Les parents biologiques n'ont jamais été mariés ou ont divorcé. Le parent qui a eu la garde ne s'est jamais marié avant que le répondeur n'atteigne ses 18 ans (N = 816).
8.Tous les autres cas incluant toutes les autres structures ou combinaisons familiales dont celui de parents décédés (N = 406).
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REGNERUS donne ensuite une liste des issues [plusieurs douzaines] (outcomes) d'intérêt et commente les raisons qui l'ont poussé à les choisir. Ellles couvrent des domaines de la vie émotionnelle, relationnelle (y compris sexuelle) et sociale. De plus, REGNERUS demande aux répondeurs d'indiquer le statut du mariage homosexuel dans l'Etat où ils vivent.
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Puis il compare les résultats de son enquête pour chacune des catégories de "familles" (household settings) à ceux qu'il a obtenus pour les familles biologiques intactes. Les jeunes adultes appartenant aux groupes 2 (mère lesbienne) 6, 7 et 8 sont ceux qui diffèrent le plus des jeunes appartenant au groupe1. Ceux du groupe 2 sont souvent dans une situation sociale difficile, et c'est aussi le cas, quoique à un moindre degré pour les jeunes adultes des groupe 6, 7 et 8. Le trait le plus frappant porte sur les agressions sexuelles auxquelles ces jeunes adultes déclarent avoir été soumis : attouchements sexuels par un parent ou un adulte (mêmes groupes : dix fois plus pour le groupe 2), ou relations sexuelles contraintes (sex against will ; mêmes groupes : trois fois plus pour le groupe 2 , deux fois plus à deux fois et demie plus pour les groupes 2 à 7 !). REGNERUS dans son analyse souligne la lourde difficulté des enfants de mère lesbienne à s'identifier comme hétérosexuel, voire à éprouver une attirance quelconque pour un partenaire de l'un ou l'autre sexe. Les enfants de mère lesbienne atteignent plus difficilement que les autres enfants un haut ou un bon niveau d'éducation, et n'ont pas un bon sentiment de sécurité, ont une plus tendance à la dépression, et ont du mal à établir une relation amoureuse stable (their current romantic relationship is in trouble more frequently). Des résultats analogues sont trouvés pour les enfants de père homosexuel.
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Je ne veux pas vous lasser et continuerai demain l'analyse de ce travail.
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REGNERUS classe les "familles" [traduction très approximative] (household settings) des personnes qui ont répondu (responders) en huit groupes. Et c'est là le point méthodologique crucial :
1.La live intact biological family (avec père et mère) ; j'utiliserai la traduction de famille traditionnelle ; le jeune adulte y a été élevé de sa naissance à ses 18 ans ; ses parents sont encore mariés (Nombre de répondeurs [N] : 919).
2.La famille constituée de deux femmes entretenant une relation homosexuelle (REGNERUS utilise l'expression : a same sex-romantic (lesbian) relationship, sans aucune autre modification de structure familiale (N = 163).
3.La famille constituée de deux hommes entretenant une relation homosexuelle sans aucune autre modification se structure familiale (N = 73).
4.La famille est adoptive. L'enfant a été adopté par un ou deux étrangers à sa naissance ou avant ses deux ans (N = 101).
5.La famille est éclatée (divorced later) ou est soumis au régime de la garde conjointe : le répondeur a vécu avec l'un des deux parents de sa naissance à l'âge de 18 ans, parents non mariés au moment de l'enquête (N = 116).
6.La famille "par étape" (stepwise family). Le répondeur a des parents biologiques qui n'ont jamais été mariés ou ont divorcés ; le parent qui a eu la garde s'est marié avant que le répondeur n'atteigne ses 18 ans (N = 394).
7.Le répondeur appartient à une famille monoparentale. Les parents biologiques n'ont jamais été mariés ou ont divorcé. Le parent qui a eu la garde ne s'est jamais marié avant que le répondeur n'atteigne ses 18 ans (N = 816).
8.Tous les autres cas incluant toutes les autres structures ou combinaisons familiales dont celui de parents décédés (N = 406).
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REGNERUS donne ensuite une liste des issues [plusieurs douzaines] (outcomes) d'intérêt et commente les raisons qui l'ont poussé à les choisir. Ellles couvrent des domaines de la vie émotionnelle, relationnelle (y compris sexuelle) et sociale. De plus, REGNERUS demande aux répondeurs d'indiquer le statut du mariage homosexuel dans l'Etat où ils vivent.
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Puis il compare les résultats de son enquête pour chacune des catégories de "familles" (household settings) à ceux qu'il a obtenus pour les familles biologiques intactes. Les jeunes adultes appartenant aux groupes 2 (mère lesbienne) 6, 7 et 8 sont ceux qui diffèrent le plus des jeunes appartenant au groupe1. Ceux du groupe 2 sont souvent dans une situation sociale difficile, et c'est aussi le cas, quoique à un moindre degré pour les jeunes adultes des groupe 6, 7 et 8. Le trait le plus frappant porte sur les agressions sexuelles auxquelles ces jeunes adultes déclarent avoir été soumis : attouchements sexuels par un parent ou un adulte (mêmes groupes : dix fois plus pour le groupe 2), ou relations sexuelles contraintes (sex against will ; mêmes groupes : trois fois plus pour le groupe 2 , deux fois plus à deux fois et demie plus pour les groupes 2 à 7 !). REGNERUS dans son analyse souligne la lourde difficulté des enfants de mère lesbienne à s'identifier comme hétérosexuel, voire à éprouver une attirance quelconque pour un partenaire de l'un ou l'autre sexe. Les enfants de mère lesbienne atteignent plus difficilement que les autres enfants un haut ou un bon niveau d'éducation, et n'ont pas un bon sentiment de sécurité, ont une plus tendance à la dépression, et ont du mal à établir une relation amoureuse stable (their current romantic relationship is in trouble more frequently). Des résultats analogues sont trouvés pour les enfants de père homosexuel.
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Je ne veux pas vous lasser et continuerai demain l'analyse de ce travail.
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