Un ami parisien a fait part à Frédérique CALANDRA, maire socialiste du XXe arrondissement de la capitale, de son opposition au projet de loi sur le mariage homosexuel. Il a reçu une réponse de l'élue ce qui est déjà fort courtois, il faut le souligner. Néanmoins il est intéressant d'en analyser l'argumentaire. Voici d'abord la réponse de madame CALANDRA, puis les remarques qu'elle appelle.
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"Monsieur,
J’ai bien reçu votre courrier par lequel vous me faites part de votre opposition au mariage pour tous et à l’adoption par des couples homosexuels.
Pour ma part, je considère avant tout que la famille doit être fondée sur l’amour et donc sur le respect entre ses membres. Dans l’époque difficile que nous traversons, caractérisée notamment par un manque de confiance en l’avenir, je trouve salutaire que des hommes et des femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle, éprouvent le désir de s’investir sur le long terme en se mariant et en fondant une famille. C’est une condition nécessaire à leur épanouissement, ainsi que pour les enfants qu’ils pourront élever.
L’ouverture du mariage aux couples homosexuels est donc une disposition essentielle pour l’égalité des droits de chacun d’entre-nous. Les homosexuels, qui ont vécu – et vivent encore – des discriminations insupportables, ont des vies conjugales et familiales que la loi doit reconnaître à égalité avec celles des hétérosexuels. L’homosexualité n’est pas une maladie, elle fait partie de l’identité de l’individu. On ne choisit pas de devenir homosexuel.
Alors que le nombre de familles monoparentales ou recomposées a explosé ces dernières années en France, nous ne devons pas fermer les yeux sur ces familles homoparentales qui souffrent de ne pas être reconnues légalement.
La force de la loi est de réparer les situations injustes et de prendre en compte les évolutions de la société. C’est la raison pour laquelle, en conscience, je suis favorable au projet de loi du gouvernement sur lequel l’Assemblée Nationale s’est prononcée positivement le 12 février dernier.
Je vous prie de recevoir, Monsieur, l’assurance de toute ma considération.
Frédérique Calandra"
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D'abord, il faut noter que madame CALANDRA répond qu'elle est favorable à cette loi "en conscience". Elle peut donc parfaitement admettre que nombre de ses concitoyens y soient défavorables "en conscience" eux aussi. Qui va trancher ? La réponse est simple : le législateur, au nom du prétendu droit positif et en vertu de sa prépotence politique, en dehors de toute réflexion anthropologique, philosophique ou sociale, sans parler de réflexion religieuse
Ensuite madame CALANDRA répond que la famille doit être fondé sur l'amour. Qui ne serait d'accord ? Mais qui ne voit que son raisonnement est circulaire puisqu'il admet comme une vérité établie qu'une famille peut être constituée de deux personnes de même sexe avec des enfants et dont un seul d'entre eux peut être le père ou la mère biologique. Il n'y a donc de sa part aucune réflexion préalable et approfondie sur ce qu'est une famille. Il s'agit simplement pour elle de mettre en accord le droit avec le fait. En effet, il existe de telles situations. Il serait intéressant d'enquêter auprès des personnes qui les vivent et de leur demander leur avis. Hormis les enragés du LGBT, on ne voit pas bien qui réclame cette loi.
Madame CALANDRA fonde la famille non pas sur le triangle "naturel" (au moins sur le plan biologique) constitué par un homme, une femme et un ou des enfants mais d'abord sur l'amour dont qui unit deux personnes de même sexe.
Madame CALANDRA parle de l'explosion du nombre de familles recomposées ou monoparentales et semble assimiler le cas des familles homoparentales à ces situations-là. Mais elle ne peut guère assurer que ces paires (et non pas couples) homoparentales seront plus durables que les couples hétérosexuels. Ce n'est donc pas le mariage qui en assurera la stabilité. Dans l'expérience que j'ai pu avoir comme bénévole dans une association qui accueille des séropositifs, la plupart homosexuels, j'ai constaté que les paires homosexuelles stables sont rarissimes, et que, même quand elles existent, il est souvent admis par leurs membres que chacun d'eux gardent une totale liberté sexuelle.
Madame CALANDRA, en aucun point de son argumentation, ne parle de l'intérêt pour la société ou le pays d'instaurer le mariage homosexuel. Elle se réfère à un ensemble d'idées abstraites, comme l'égalité, mais en aucun cas à des données concrètes globales. Et dire qu'il s'agit d'une disposition essentielle pour la France est une aimable plaisanterie. La loi ne s'adresse pas à la communauté nationale, elle est faite pour la satisfaction d'une minorité d'individus. Bien entendu les moeurs évoluent, et il est souvent légitime que la loi tienne compte de ces évolutions. Nous verrons ensemble ce que signifie ce constat et vous verrez qu'il peut aboutir à des dénis de justice absolument insupportables, notamment en matière du Droit à la vie, reconnu par l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'homme.
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C'est tout pour ce matin.
2 commentaires:
Merci Philippe, Théo.
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