jeudi 27 juin 2013

Nouvelles de la Résistance, récit de la veillée du 26, encore un billet du 27 juin 2013



Source : le Journal des Veilleurs.

VEILLÉE PLACE DE LA RÉPUBLIQUE, LE RÉCIT DE LA SOIRÉE.


Le récit de la veillée d’hier soir place de la République, mercredi 26 juin.Récit par Xavier, photos d’ @EsperanceParis
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Pour leur XIXème veillée, les veilleurs parisiens se sont retrouvés sur un lieu au nom évocateur, la Place de la République dans le 11ème arrondissement. C’était la première fois qu’ils s’y retrouvaient et tout au long de la veillée des riverains se sont approchés, parfois pour débattre, parfois pour rejoindre les rangs, parfois pour essayer de perturber.
 Place Rep 22h30 EspP
Dès 21h30, les veilleurs étaient nombreux -quelques centaines- aux pieds de la Marianne, pour réfléchir autour des thèmes de l’Histoire et de la mémoire. En guise d’ouverture de cette veillée, Axel a lu le discours que Madeleine a prononcé devant le Conseil de l’Europe le même jour, discours qui présente le mouvement des veilleurs, ses origines et ses expressions, ainsi que le traitement inégalitaire dont il fait l’objet. Comme à l’accoutumée, la veillée se poursuit par des témoignages et la lecture de textes, notamment de Victor Hugo ce soir, avec Les Misérables et Quatre-Vingt-Treize. Du côté des témoignages, le philosophe Xavier met en évidence l’importance du nom dans la création de l’Histoire. Celle-ci est constituée de noms : de lieux, de dates, d’évènements, de personnes,… Renoncer au nom, c’est renoncer aux origines, tant historique que biologique, et c’est donc renier l’Histoire.
lampes
D’autres intervenants prennent la parole comme Marie, enfant d’Ethiopie née à Djibouti et adoptée par une famille française. Elle explique aux veilleurs sa démarche d’écrire à tous les députés pour leur expliquer combien elle était reconnaissante à la fois à ses parents d’avoir pu lui offrir une famille basée sur l’altérité qui ne renie donc pas ses origines, et à sa mère biologique qui lui a permis d’être adoptée par un papa et une maman. Elle souligne avec émotion la logique d’abandon mais surtout de don dans l’adoption.
Marie
Puis, c’est au tour d’Emmanuel de prendre la parole en tant qu’historien. Il souligne la force, la vitalité, l’énergie de ce mouvement. La France n’avait pas connu de tel mouvement depuis mai 1968, même si les raisons et les modalités étaient radicalement divergentes. Tandis qu’Emmanuel parle encore, les veilleurs roulent les banderoles pour n’en garder qu’une et quitte précipitamment la place de la République.
Deplacement
Mais les gendarmes mobiles déployés les en empêchent et le groupe se retrouvent en deux moitiés équivalentes de 150 personnes, de part et d’autre de la rue. Encadrés par les forces de l’ordre, les veilleurs décident de poursuivre la veillée ainsi. Par un heureux hasard, des enceintes se trouvent des deux côtés et les deux groupes ont donc la même veillée, en face à face. Un texte extrait de L’Homme révolté de Camus signale la poursuite de la veillée. "La beauté, sans doute, ne fait pas les révolutions. Mais un jour vient où les révolutions ont besoin d’elle" écrit-il.
bloque
La poursuite de la veillée n’est pas au goût des forces de l’ordre et le commissaire divisionnaire puis le directeur de cabinet de Bernard Boucault, préfet de police de Paris, arrivent sur place. La proposition d’une dispersion des veilleurs à 1h30 après avoir pu s’installer sur la place de l’Hôtel de Ville est refusée. Bien vite, la police demande au mégaphone la dispersion et annonce la première sommation à un des deux groupes de veilleurs. Les veilleurs se resserrent et de part et d’autre de la rue et, d’une même voix, chantent spontanément le chant de l’espérance. Le deuxième groupe subit à son tour les sommations tandis que le panier à salade arrive sur place.
axel
Axel rappelle au micro que l’Etat français est en train de violer ses propres lois, que normalement nul ne peut être embarqué dans le bus s’il a une pièce d’identité sur lui à moins d’être en garde-à-vue. Qu’à cela ne tienne, des veilleurs sont arrachés au groupe et doivent y monter tandis que le refrain de l’espérance continue à emplir la place. Au total, le bus est rempli au maximum avec 52 veilleurs.
Gav bus EspP
Le directeur de cabinet promet que les veilleurs conduits rue de l’Evangile ne seront pas mis en garde-à-vue. Il essaie de négocier le départ avec les animateurs ainsi que des avocats qui sont venus en renfort. Les veilleurs ne lâchent rien et prennent la décision de ne pas laisser leurs camarades seuls, à l’autre bout de Paris. Ils annoncent aux autorités qu’ils ne partiront qu’une fois tous conduits rue de l’Evangile à moins que les 52 premiers partis soient reconduits place de la République. Cette proposition est refusée et les veilleurs se résignent à devoir être interpellés.
palpage
(photo: @ralldup)
 
Malgré toute cette agitation, la veillée ne s’est pas interrompue et des contacts sont pris avec ceux dans le bus. Ils sont débarqués puis doivent signer un papier dans lequel ils reconnaissent avoir "participé à une manifestation illégale et refuser d’obéir aux ordres". Ceux qui refusent de le signer se voient menacer de rester quatre heures au poste et ceux qui demandent copie de ce document se voient opposer un refus. Place de la République, les avocats informent qu’un tel document n’a pas à être signétandis que le directeur de cabinet du préfet ose nier son existence. Dans un souci louable d’apaisement, le commissaire accepte la réunion des deux groupes de veilleurs sur la place de la République. Ils sont encore 120.
avocat
Quelques minutes plus tard, le directeur de cabinet du préfet annonce que tous les veilleurs embarqués ont été relâchés et demande donc la dispersion. Mais cette information est aussitôt démentie par téléphone par la moitié de veilleurs qui a été effectivement relâchée. Le commissaire de police annoncera d’ailleurs une quinzaine de minutes plus tard qu’il reste encore une vingtaine de veilleurs au poste. Une bonne nouvelle éclaire ces minutes éprouvantes : parmi les interpellés se trouvaient un père de famille qui, une fois sorti, a été chercher sa voiture pour raccompagner ceux des interpellés qui ne pouvaient rejoindre leur domicile par leurs propres moyens.
2eme groupe
Rassurés de ces bonnes nouvelles, les veilleurs annoncent leur dispersion une fois absolument certains que tous les interpellés ont pu quitter le poste et rentrer chez eux. Il est plus de 3 heures du matin et la dispersion se fait en quelques minutes pour laisser la place de la République au calme de la nuit.

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