Je rentre de ma chère Alsace... Et je reprends la deuxième partie de la lettre dont vous eûtes primeur dans le premier billet du 15 juin. Cette fois-ci, le scripteur demande à monsieur BACRI de transmettre à sa compagne madame Agnès JAOUI ses remarques. Je me fais un plaisir de vous les transmettre :
-
"
En revanche,
je me sens capable d’essayer de répondre aux incompréhensions de madame Jaoui,
en lui expliquant ce « qu’elle hallucine ». Vous transmettrez, s’il vous plaît. Je ne vais
pas perdre de temps à décortiquer ce qui ne va pas dans ce pseudo « mariage
pour tous ». Ses incohérences anthropologiques, juridiques, politiques,
philosophiques ont été expliquées en long et en large… S’il prenait à madame
Jaoui l’envie de véritablement essayer de comprendre ce « qu’elle hallucine »,
elle aurait tout sous la main en quelques clics.
Je ne vais
pas, non plus, insister sur le fait que cette loi concerne une micro-minorité
(probablement autour de 0,2% de la population en âge de se marier, d’après
l’INSEE) et qu’elle est supportée par une poignée d’activistes qui ne
représentent qu’eux-mêmes, et certainement pas les homosexuels.
Mais je vais
plutôt rester dans votre registre, celui des « merveilles que le
mariage homosexuel va produire ».
Le mariage
homosexuel va produire une société merveilleuse dans laquelle chaque sexe va
enfin pouvoir se passer de l’autre. Progrès immense, les femmes vont enfin
pouvoir s’opprimer entre elles. Car, comme le savent tous ceux qui essaient de
voir un peu plus loin que le bout de leur nez, non seulement certaines femmes
battent leurs maris, mais elles cognent aussi leur « compagne » à l’occasion.
On va donc désormais expliquer au citoyen circonspect que l’égalité des sexes
exige qu’il y ait autant de femmes que d’hommes partout dans la société, sauf
dans la famille et pour faire des enfants. Brillant. Cohérent.
Le mariage
homosexuel va aussi produire une catégorie inédite et merveilleuse d’enfant :
l’orphelin né dans un chou. Celui qui aura été choisi pour être adopté par deux
hommes sera officiellement né d’eux et privé de toute idée de mère, jusqu’à la
fin de ses jours. La société, qui aura décidé de son sort, affirmera dans
l’état-civil de cet être humain, de ce citoyen, qu’aucune femme ne l’a jamais
porté ni mis au monde. La loi qui impose à un enfant de vivre dans un mensonge
officiel, voilà un bien beau progrès pour l’humanité.
Mais tout
ceci vous apparaîtra sans doute un peu trop subtil. Pourquoi se préoccuper de
tous ces détails, quand on sait, comme c’est votre cas, que tous les hommes
mariés boivent, battent leurs femmes et violent leurs enfants ? Passons donc à
plus concret.
Malgré les
manœuvres dilatoires de nos gouvernants, le mariage homosexuel finira par
produire la PMA. Ça n’est bien évidemment qu’une question de temps, et vous le
savez d’autant mieux que vous l’appelez certainement de vos vœux, comme tant
d’autres. La PMA finira donc par être autorisée aux lesbiennes mariées. Puis,
par égalitarisme, aux lesbiennes concubines. Aux célibataires. Puis, aux «
non-lesbiennes », en couple ou pas, mariées ou pas. Bref « à tous », comme le
mariage éponyme. Cela ne fait certainement ni chaud ni froid à madame Jaoui,
qui ne comprend pas « comment certains définissent la façon dont les
autres doivent vivre ou avoir des enfants ». On ne s’attardera sur la
vacuité abyssale d’une telle déclaration, que pour se demander comment madame
Jaoui imagine que l’humanité puisse subsister si, à un moment ou un autre, « certains
» ne définissent pas quelques règles sur la « façon de vivre » « et de faire
des enfants » des « autres »… De quel droit madame Jaoui entend-elle empêcher
votre voisin de palier de faire ses besoins ailleurs que devant sa porte, si
c’est « sa façon de vivre » ? De quel droit veut-elle interdire le viol, si
c’est une « façon d’avoir des enfants » ? Visiblement, madame Jaoui a des
hallucinations sélectives, puisqu’elle comprend parfaitement, par ailleurs, que
« certains » (adultes) imposent à d’« autres » (enfants) leur « façon de vivre
» (homosexuelle) sans mère ou sans père. On a les cohérences qu’on peut, et
madame Jaoui semble finalement n’être pas si « complètement d’accord »
que ça avec les bons conseils du monsieur-Bacri-du-début-de-l’interview…
En revanche,
il semble plus intéressant de s’attarder sur un autre point concernant la PMA.
La PMA qui va se généraliser, consistera à acheter du sperme pour fabriquer un
enfant à la commande. Bien sûr, le système du don anonyme n’a aucun avenir dans
le monde « merveilleux » où la PMA thérapeutique aura laissé la place à une PMA
de convenance. A partir du moment où le soin aura cédé la place à la prestation
de service, les femmes qui auront recours à la PMA voudront du sperme de
qualité. Elles voudront choisir son producteur. Et on les comprend : comment
pourrait-on bien imposer à une femme de s’inséminer du sperme dont elle ne
choisirait pas l’origine, alors que la société toute entière exige de savoir si
ses lasagnes contiennent du bœuf ou du cheval ? Comme on en voit les prémices
sur internet, la PMA va donc déboucher sur un marché mondial où l’on pourra
sélectionner et acheter la semence d’un « étalon » sur catalogue, en fonction
de sa race, de sa taille, de son électrocardiogramme, de son tour de biceps… La
sélection raciale à domicile, sur tablette numérique... Cet eugénisme
commercial de convenance est une des merveilles que le mariage homosexuel va
produire. Merci, monsieur Bacri. Merci, madame Jaoui.
Et puis, par
égalitarisme, le mariage homosexuel va finalement produire la merveille de la
GPA. Vous me permettrez de la décrire dans sa réalité la plus sordide : un
contrat par lequel deux homosexuels passent commande à une femme plus pauvre
qu’eux d’un enfant qu’elle va concevoir, porter, puis mettre au monde, pour le
leur remettre contre paiement d’une somme d’argent. En bref, la location de
l’utérus d’une femme en situation de précarité et la vente de son bébé. La
femme réduite à un incubateur. L’enfant réduit à un bien de consommation. Une
perspective magnifique pour les humanistes que madame Jaoui et vous êtes sans
doute.
Comme pour
la PMA, la GPA va générer un marché florissant, dont les pionniers font déjà
fortune aux Etats-Unis, qui permettent de sélectionner les donneuses d’ovules
sur leurs critères raciaux, intellectuels, religieux. Et les matrices sur leur
largeur de hanches et la qualité de leur placenta. Allez jeter un coup d’œil
sur le « catalogue » de ces juments poulinières, si vous voulez comprendre au
lieu d’« halluciner ». C’est ici : https://www.eggdonor.com/search/. Vous cherchez une grande brune,
sportive, bouddhiste, diplômée de l’enseignement supérieur mi-latino,
mi-caucasienne, les cheveux bouclés et les yeux verts ? Pas de problème, vous
trouverez le bon pédigrée pour quelques milliers d’euros. Un marché mondialisé
d’exploitation de la misère humaine… Le lebensborn version
capitaliste. De belles soirées en perspectives dans le Marais, durant
lesquelles les acheteurs pourront sélectionner les critères génétiques d’un
futur être humain comme ils élaboreraient leur cuisine aménagée.
Pour bien
enfoncer votre nez dans l’ « hallucination », citons quelques cas de figure qui
mériteraient vos analyses percutantes à tous deux:
·
Que se
passera-t-il quand une femme sera morte en couches en délivrant « sa commande »
? Accident du travail comme l’imagine M. Bergé ? On versera l’argent aux
orphelins de la dame, si elle élevait déjà seule ses premiers enfants ? Ou bien
ceux-ci hériteront-ils de ce demi-frère ou de cette demi-sœur dont leur mère
elle-même ne voulait pas ?
·
Que se
passera-t-il si le couple de tourtereaux se sépare avant la naissance de
l’enfant qu’ils auront commandé ? Il y aura une clause de rétractation ? On
pourra forcer la mère à avorter, au moins ? Même après la durée légale ? Ou
devra-t-elle le mettre au monde pour l’abandonner ? Il y aura un marché de
l'occasion ?
·
Que se
passera-t-il si la maman finit par aimer l’enfant qu’elle porte et veut le
garder à la naissance ? On l’obligera à le livrer ? Le père biologique
sera-t-il obligé de subir avec cette femme (quelle horreur !) une paternité
qu’il comptait partager avec son « mari » (à lui) ?
·
Que se
passera-t-il si l’enfant naît avec une infirmité non décelée durant la
grossesse ? Les deux « maris » pourront-ils en refuser la livraison pour vice
caché ? Demander une réduction de prix ?
·
Que se
passera-t-il si la mère, après dû enregistrement de l’état-civil par les « deux
pères » de l’enfant, réclame que soit reconnue sa maternité ? Refusera-t-on à
l’enfant d’avoir une mère au motif qu’il a déjà deux pères et que c’est bien
suffisant ? Ou finira-t-on par avoir des enfants avec trois, quatre, cinq
parents, comme cela est en train d’être envisagé dans les pays qui, avant la
France, ont joué aux apprentis-sorciers avec le mariage homosexuel ?
Bien sûr, la
GPA ce sera d’abord pour les homosexuels puis, par égalitarisme, ce sera « pour
tous ». Une actrice pourra ainsi sous-traiter sa grossesse à une étudiante
bulgare sans le sou, afin de conserver la ligne et de tourner son nouveau film
sans subir nausées et vergetures. Ou comment faire - ou plutôt ne pas faire -
des enfants « à sa façon », selon l’expression délicieuse de
madame Jaoui.
Après le «
salon du mariage gay », on aura les agences de tourismes pour choisir sa mère
porteuse aux antipodes, les sociétés de sperme « bio », le commerce d’ovules
équitable, les gamètes discount, les offres « deux grossesses pour le prix
d’une »… Le sperme au rayon surgelé chez Leclerc ? Quelles merveilles va nous
apporter le mariage homosexuel .
Voilà,
monsieur Bacri, comment ceux-là mêmes que l’on attendait à la pointe du combat
pour la dignité humaine se retrouvent complices de la création du pire marché
d’exploitation de l’être humain depuis l’invention de l’esclavage. Bravo les
artistes ! C’est vrai
que la guerre c’est moche, monsieur Bacri. Et, si vous vous en étiez tenu à ce
genre de banalités, vous seriez passé pour un gars pas bien malin, mais gentil.
Cela aurait été un moindre mal.
Alors, un
conseil pour finir, si vous permettez : vous devriez relire plus souvent vos
interviews, monsieur Bacri. Cela vous passerait peut-être l’envie d’infliger
vos fulgurantes imbécillités à ceux qui ont a mauvaise idée de les lire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire