lundi 28 janvier 2013

La méthode de Pasteur

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A l'occasion du centième anniversaire de la mort de PASTEUR, l'Université qui l'avait pris comme éponyme et dans laquelle j'ai eu l'honneur d'enseigner, organisa un cycle de conférences sur ce savant. On m'avait demandé d'en faire une sur la méthode très originale qu'il avait développée et qui est fondé tout entière sur la dissymétrie. On se souvient peut-être que PASTEUR ne se résolvait pas à admettre l'absolue identité d'une solution d'acide tartrique déviant la lumière polarisée et d'une solution de ce même acide incapable de la dévier. C'est ainsi qu'il fut amené à découvrir la dissymétrie moléculaire. Résumons : l'acide tartrique était le système, la lumière polarisée, le signal entrant, appliquée à ce système (input) et la déviation de la lumière le signal sortant, issu du système (output). Les signaux de sortie étaient différents, donc les systèmes étaient différents.
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Il est utile d'appliquer ce raisonnement à la famille telle qu'elle est envisagée par la loi dite TAUBIRA. Cette loi postule que la famille est un système (par définition, une réalité complexe, fait d'un réseau de relations internes au système, un réseau dont il est difficile de déterminer toutes les mailles, il faut en convenir par honnêteté et cohérence intellectuelles). La loi postule aussi que la famille homme-femme-enfant(s) est identique au système homme-homme- ou femme-femme-enfant(s). Selon l'algorithme de PASTEUR, la loi est signal entrant appliqué au système ; le signal sortant est le sort ou devenir de l'enfant ou des enfants. Si ces devenirs ou sorts sont différents, alors les systèmes ne sont pas identiques. Ce n'est pas une question d'égalité des droits qui est en cause et que postule de manière idéelle la loi, c'est une question de réalité sociale et psychique.
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Existe-t-il des travaux qui se sont appliqués à étudier le sort et le devenir d'enfants élevés dans des familles classiques en comparaison du sort et du devenir des enfants élevés dans des familles homosexuelles ? La réponse est oui. Ces travaux ont été conduits, de manière longitudinale (avec un suivi dans le temps), notamment, aux États-Unis, sur des séries de familles de taille suffisamment grande (environ deux groupes de 500 familles) pour ne prêter à aucune critique de nature statistique. La réponse est sans appel : suicides, addiction à la drogue, troubles du comportement, troubles psychiques sont significativement ou très significativement augmentés dans le cas des enfants élevés dans des familles homosexuelles. La conclusion qui s'impose me paraît claire : les familles "classiques" ne sont pas des systèmes identiques au familles homosexuelles.
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Mais ça, le législateur taubirien s'en fout. Périssent les enfants pourvu que mon idée demeure...

6 commentaires:

Arnaud a dit…

Bonjour,

Je souhaiterais connaitre vos sources. J’ai de mon côté quelques lectures fort intéressantes qui affirment le contraire.

Bridget Fitzgerald, « Children of lesbian and gay parents: A review of the literature », Marriage and Family Review, vol. 29, no 1, 1999, p. 57-75 [texte intégral [archive] (page consultée le 3 novembre 2012)]
« What the research suggests is that the gay and lesbian parents are completely capable of providing a positive home environment in which to raise children. »
N. Anderssen, C. Amlie et E. A. Ytteroy, « Outcomes for children with lesbian or gay parents. A review of studies from 1978 to 2000 », Scandinavian journal of psychology, vol. 43, no 4, 2002, p. 335-351 [résumé [archive], lien DOI [archive] (pages consultées le 3 novembre 2012)]
« The present review did not reveal evidence that children of lesbian mothers differed from other children on emotional adjustement, sexual preference, stigmatisation, gender role behavior, behavioral adjustment, gender identity, or cognitive functionning. The studies reported surprisingly similar findings despite the variety of conceptual and methodological approaches. »
F. Tasker, « Lesbian mothers, gay fathers, and their children: a review », Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, vol. 26, no 3, juin 2005, p. 224-40 [résumé [archive] (page consultée le 3 novembre 2012)]
« The research reviewed above suggests that lesbian or gay parenting does not affect children's functioning on key developmental outcome. »
Charlotte J. Patterson, « Children of Lesbian and Gay Parents », Child Development, vol. 63, no 5, octobre 1992, p. 1025-1042 [résumé [archive], lien DOI [archive] (pages consultées le 3 novembre 2012)]
« There is no evidence to suggest that psychosocial development among children of gay men or lesbians is compromised in any respect relative to that amongs offspring of heterosexual parents. »
James G. Pawelski, Ellen C. Perrin, Jane M. Foy, Carole E. Allen, James E. Crawford, Mark Del Monte, Miriam Kaufman, Jonathan D. Klein, Karen Smithi, Sarah Springer, J. Lane Tanner et Dennis L. Vickers, « The Effects of Marriage, Civil Union, and Domestic Partnership Laws on the Health and Well-being of Children », Pediatrics, vol. 118, no 1, juillet 2006, p. 349 -364 [texte intégral [archive] (page consultée le 3 novembre 2012)]
« There is ample evidence to show that children raised by same-gender parents fare as well as those raised by heterosexual parents. More than 25 years of research have documented that there is no relationship between parents'sexual orientation and any measure of a child's emotional, psychosocial, and behavioral adjustment »

Mais aussi les études de :

- Mucklow et Phelan- 1979,
- Kirkpatrick et al.- 1981,
- Golombok et al. - 1983,
- Kirkpatrick- 1987,
- Javaid- 1993,
- Bailey et al.- 1995,
- Flaks et al.- 1995,
- Tasker et Golombok- 1995,
- Tasker et Golombok- 1996,
- Tasker et Golombok- 1997,
- Brewaeys et al.- 1997,
- Golombok et al.- 1997,
- Golombok et Tasker- 1997,
- Brewaeys et al.-1997,
- Chan et al.- 1998,
- Brewaeys et Baetens- 2001,
- Green et al,
- Vanfraussen- 2003,
- MacCallum et Golombok- 2004,
- Scheib et al.- 2004,
- Lycett et al.- 2005.

Dans cette attente

Aerelon a dit…

"Acta est fibula"

Personnellement, je préfèrerais que l'on focus sur le chômage (putain 11% officiel en France!), de la sécurité (vous avez vu les chiffres de la délinquance!?), de la place de premier rang dans le monde que la France devrait occuper, de la réforme de vos institutions (dégraisser le millefeuille), de réformer les universités en pôle d'excellence (à la façon de ce qui se passe aux US), de l'encouragement de la rémunération du risque (start up, biotechnos), de la réforme des programmes scolaires pour redonner un vrai pouvoir aux diplômes, etc etc

Qu'est ce qu'on en a à f* de ce mariage qui va concerner un mariage sur 500.

Cela a toujours été un problème bien Français de se mast* sur des détails.

Bref.
Bon coup de gueule (as usual)

J'aime quand même la qualité de vos écritures Philippe

Bien à vous

Aerelon a dit…

Et puis de grâce élevons le débat. Sortons des postures de la jet set, tel un moustique qui revient sans arrêt se cogner à l'ampoule du lampadaire. La lumière des projecteurs des plateaux tv n'est pourtant pas celle du soleil. Ce qui est dramatique dans le débat actuel c'est la faiblesse de son niveau et surtout qu'il soit accaparé par des commentateurs sans fond qui a force d'avoir un avis sur tout n'apportent un décodage philosophique et sociétal sur rien.

On pourrait s'interroger aussi sur l'évolution (le délitement, Philippe?) de notre société depuis l'adoption du PACS. De l'eau a coulé sous les ponts depuis 1998. Qu'est ce qui a changé? L'Armageddon s'est produit? Cela a conduit certains à enculer des chèvres? Non. Bon ... Tant mieux pour elles. Mieux, j'entends au loin les Français parler sur le sujet alors qu'ils ne savent même pas de quoi on parle vraiment: mariage, mariage et adoption, mariage adoption PMA +/- GPA?

Le premier périmètre pourrait en effet être considéré comme une mise à niveau des droits des couples homosexuels par rapport aux couples hétérosexuels. Ce serait donc un PACS amélioré qui prend en compte la situation du conjoint survivant. En cela il n'aurait en effet rien de choquant et pourrait s'intégrer en effet dans un combat pour l'égalité des droits.

A juste titre Henri Guaino a lié la question du débat actuel avec le type de société que nous voulons. C'est de cela que nous sommes prêts à débattre. Pas de l'avis sans intérêt de tel ou tel journaliste. Pas plus de celui de Mme Trierweiler...

Personnellement je préfère une France moderne. Grande. Technologique. "Open minded".

Les premiers à crier au scandale dans ce débat débile sont les mêmes qui grimpaient sur les barricades contre la loi Neuwirth (1967), la loi Veil (1975) et la loi sur le PACS (1999) avec des batailles idéologiques et politiques comparables. Y aurait-il aujourd’hui une majorité de Français pour demander la remise en cause du droit à la contraception ou à l’interruption volontaire de grossesse? Les prédictions les plus catastrophiques évoquées en d’autre temps ne se sont pas vérifiées.

Quant au PACS, je me souviens de cette Conne (grand "C") de Boutin qui, pendant six (LONGUES) heures interminables nous annonçait l’APOCALYPSE lors du débat parlementaire. Il serait de bonne augure de lui rappeler que le PACS représente aujourd'hui 2% des contrats conclus. Il en sera de même pour ce putain de mariage pour tous.

Aerelon a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Philippe POINDRON a dit…

Cher Arnaud, je pense que vous passez sous silence un certain nombre d'études dont celle de RENEGGUR qui dit exactement le contraire de ce que disent vos sources. De plus dans la mesure où il est nécessaire de faire une étude longitudinale sur le long terme, j'aimerais savoir quel a été le délai d'observation des enfants élevés dans des couples homosexuels, et notamment quel est leur réaction par rapport à l'évocation du parent biologique absent. Je note que les titres que vous donnez sont toujours ou presque relatifs aux "parents" sociaux. Or il me semble que la parole des enfants - dans la mesure où elle peut être recueillie sans interactions directes avec les "'parents" sociaux, et à l'abri de leurs regards, - serait intéressante à entendre. De plus, je ne crois pas que l'analyse systémique selon la méthode pastorienne ait été vraiment appliquée, notamment dans le choix des couples soumis à étude. Il y a là un biais qui peut être important, dans la mesure où pourraient avoir accepté d'être l'objet de l'étude, des couples assurés à l'avance du résultat. Il y a en science sociale comme en science biologique un préalable à tout travail scientifique, celui de l'échantillonnage au hasard (randomisation de l'échantillon ; étude en aveugle). Je doute donc de la scientificité de ces travaux, mais je vais lire ces articles, et qu'il en ait été aussi harmonieusement pour les enfants ; par ailleurs, il serait également intéressant de connaître l'orientation sexuelle des auteurs, qu'elle soit homosexuelle ou hétérosexuelle, et ceci dans les étude pro- comme dans les études anti-. Voilà ce qui me semblerait être de la bonne science. Qu'en pensez-vous ?

Philippe POINDRON a dit…

Cher Arnaud, j'ai fait une recherche bibliographique sérieuse sur Pub Med. (a)Je dois dire que la plupart des travaux publiés sur ce sujet, semblent aller dans le sens de ce que vous dites. Mais, car il y a un mais, ils portent à 95 % sur des couples homosexuels féminins. Il ne sert à rien de cacher le fait de l'impact relatif de l'homoparentalité féminine sur le développement physique et psycho-social de l'enfant, ce qui me semble conforter l'idée qu'une figure maternelle est indispensable à la sécurisation. Toutefois, les rares articles où il apparaît que les enfants de ces couples présentent des perturbations psychiques ou comportementales, les imputent tous à des facteurs externes, dont la stigmatisation sociale de l'homosexualité, et les facteurs économiques notamment. Mais cette assertion n'a jamais été vérifiée, et figure toujours dans la conclusion de l'article (pour autant que j'ai pu le constater dans les abstracts où le mot Conclusions figure expréssément). C'est me semble-t-il attribuer à d'autres ce qui pourrait relever de la responsabilité personnelle des couples. Ce qui me paraît très suspect est l'unanimité du langage (les mêmes mots ; les mêmes conclusions sur 4 items toujours énoncés dans le même ordre, l'origine des travaux, américains presque tous, et presque tous publiés par des chercheurs affiliés à des Universités de la côte Ouest. (b) L'échantillonnage des couples n'est jamais fait au hasard (voir le billet de ce soir) et les études longitudinales (car il y en a) ne semblent pas avoir duré au-delà des 7-10 ans d'âge des enfants. L'argumentation me semble donc biaisée, même si je dois reconnaître que la situation de ces enfants n'est pas aussi catastrophique que l'on veut bien le dire. Je fais toutefois des réserves sur leur devenir à l'âge adulte, comme semble de démontrer l'article dont je donne le résumé dans un billet vespéral. (c) Je note aussi la récurrence périodique de certains auteurs dont les apports réguliers semblent marteler toujours la même conclusion. Et je reste perplexe et en attente de travaux conduits sur le plus long terme. Je vais par ailleurs chercher les références des articles auxquels j'ai fait allusion dans mon billet, car curieusement, bien qu'ils aient été publiés dans de très bons journaux de sciences sociales, ils ne figurent pas dans PubMed.
Amicalement.