mardi 14 avril 2015

14 avril 2015. Nouvelles de la Résistance : en bons dictateurs, ils continuent de bafouer les principes du droit

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Je demande à mes lecteurs de lire très attentivement cet article qui m'a été communiqué par un ami très cher, Guillaume. 
Il existait un principe de droit, jusque là intangible, celui de l'indisponibilité du corps. Eh bien, voilà franchie la dernière barrière qui fait ressembler madame TOURAINE, monsieur VALLS et monsieur HOLLANDE à ces bourreaux chinois contemporains ; en Chine, on exécute de nombreux prisonniers et, il y a peu encore, l'on prélevait leurs organes pour les greffer à des receveurs convenablement choisis et préparés. L'exécution avait lieu quand un receveur était compatible avec la victime, laquelle était choisie pour sa bonne santé. J'ignore si ces pratiques sont toujours en vigueur. Mais elles l'étaient il y a quelques années. Vous me direz qu'entre une mort naturelle (encore que la loi sur la sédation dite profonde qui n'est qu'un meurtre déguisé ressemble assez aux moeurs communistes chinoises ) et une mort provoquée, il y a une nuance de taille. Je vous laisse juge...

Nous devons réagir contre l'intrusion permanente de l'Etat dans nos affaires privées. Les socialistes, en bon héritier des Lumières s'ntéressent beaucoup à l'humanité abstraite et assez peu aux hommes concrets, pour ne pas dire : PAS DU TOUT. Il est urgent de se débarrasser de ces apprentis sorciers.
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"Prélèvement d'organes : À qui est mon corps ?
"Il existe un corps social. Mais il désigne autre chose que « l’ensemble des individus vivant dans une même société ». Il désigne le fait que le corps individuel n’est qu’une manifestation ponctuelle, localisée, transitoire, d’un corps organique social permanent, vaste réserve matérielle. L’État, agent moral qui dirige nos vies, a étendu son domaine sur nos corps. Un corps géré de sa conception à sa disparition, au nom de l’intérêt collectif et de son utilité sociale. Littéralement, notre corps ne doit pas nous appartenir. La spectaculaire décision d’autoriser le prélèvement d’organe par défaut (amendement Touraine, dans la dernière loi Santé) est emblématique à cet égard. Le consentement est supposé, il est même devenu inutile : par principe, le corps est à disposition de l’État qui organise post mortem son utilisation rationnelle et sociale, sa dispersion solidaire et économique. Face à un déficit d’organes, c’est-à-dire face à une situation qui globalise la demande d’organes, l’État réagit en édictant une règle qui globalise l’offre d’organes : ce sont tous les corps, mélangés en une vaste banque, qui peuvent s’échanger tout ou partie. 
Cette logique d’un corps organique indifférencié, dépersonnalisé, arraché au nom et rendu à l’anonymat, c’est celle qui prévaut dans l’avortement et dans l’utilisation consécutive des fœtus, dans l’apprentissage du toucher vaginal sur les patientes endormies, dans la réglementation de plus en plus sévère de l’alimentation (qui va de pair avec une agro-industrialisation dont on peut mesurer les effets nocifs), dans l’interdiction des feux de cheminée au nom de la pureté de l’air, etc. Le corps est d’abord un objet social, et tout ce qui concourt à l’arracher à la perception individuelle, à la propriété individuelle, est bienvenu. Il n‘est pas jusqu’au sport et à l’éducation sexuelle qui ne participent de cette volonté d’administrer un gigantesque amas de cellules, soumis à deux règles : la vigilance sanitaire et le partage. La gymnastique est d’abord prophylactique, elle aide à obtenir des corps qui ne coûtent rien dans l’immédiat, qui n’obligent pas la communauté à dépenser son argent ; les messages de l’Inpes (« Au moins 5 fruits et légumes », « Pratiquez une activité physique régulière », « Évitez de grignoter entre les repas ») sont des injonctions morales, qui recouvrent une menace précise : si ton corps n’est pas entretenu, tu deviendras un poids pour la société, et un poids indu au point qu’il sera légitime un jour soit de ne plus financer la restauration de ta santé soit même de te proposer de mourir puisque tu ne seras plus utile et que même ton corps, usé, aura perdu ses qualités d’échange. L’euthanasie traite le citoyen au prisme de son corps socialisé. Quant à l’éducation sexuelle, elle habitue à déconnecter vie corporelle et vie intellectuelle, au nom d’une “hygiène de vie”, la norme corporelle n’étant plus seulement dans la définition du beau mais s’étendant aux usages du corps machine dont le citoyen n’est que le locataire.
Que la santé publique se propose d’éduquer le citoyen, c’est normal et utile. Que cette éducation soit érigée en morale culpabilisante du déviant qui mange “trop”, boit “trop”, n’est pas “assez sportif”, on rentre dans la zone dangereuse, surtout si la seule finalité de cette morale est la financiarisation de la vie, dont la valeur est inversement proportionnelle aux coûts que la communauté est obligée d’engager pour elle : les débats sur la pertinence et le coût des sauvetages en mer ou en montagne témoignent déjà d’une certaine dérive de l’esprit public. Que la santé publique se mêle d’éduquer les citoyens en matière de transplantation d’organes, qu’elle vise à recueillir leur consentement comme elle recueille déjà leur sang, c’est normal et c’est utile. Qu’elle oblige au don comme si le corps n’était plus rien, n’avait plus d’autre signification que sa disponibilité organique, voilà qui est totalitaire. Au même titre que l’avortement, l’euthanasie et la GPA (et ses rêves exprimés d’un service social public de gestation, où les utérus seraient réquisitionnés comme on réquisitionne un appartement), car à chaque fois prévaut et s’installe l’idée d’un corps inanimé, et donc d’une personne privée de droits et d’abord de celui d’être une personne. L’idée d’un corps qui est un bien commun, comme l’air et comme l’eau, et donc soumis à la puissance chargée d’assurer le Bien commun. Prévaut l’idée du corps machine infiniment modifiable, sans nature ni personnalité, d’un corps unique dans son essence même si dispersé en d’innombrables endroits, comme des abeilles rapportées à “l’esprit de la ruche”. C’est bien l’asservissement suprême qui ferait de la vie un pur hasard qui n’oblige à rien sinon à la remettre en permanence aux bons soins d’un autre que soi-même. Il n’est plus besoin de rêveries fantastiques sur une humanité de deuxième ordre, clonée, où les clones serviraient de pièces de rechange, comme le décrivait l’excellent roman de Kazuo Ishigiro, « Auprès de moi toujours ». Le service social exigera du corps social un abandon total pour l’hypothétique profit de tous et la très sûre perte de chacun."
Hubert Champrun, Monde&Vie n°906

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