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Je demande à mes lecteurs de lire très attentivement cet article qui m'a été communiqué par un ami très cher, Guillaume.
Il existait un principe de droit, jusque là intangible, celui de l'indisponibilité du corps. Eh bien, voilà franchie la dernière barrière qui fait ressembler madame TOURAINE, monsieur VALLS et monsieur HOLLANDE à ces bourreaux chinois contemporains ; en Chine, on exécute de nombreux prisonniers et, il y a peu encore, l'on prélevait leurs organes pour les greffer à des receveurs convenablement choisis et préparés. L'exécution avait lieu quand un receveur était compatible avec la victime, laquelle était choisie pour sa bonne santé. J'ignore si ces pratiques sont toujours en vigueur. Mais elles l'étaient il y a quelques années. Vous me direz qu'entre une mort naturelle (encore que la loi sur la sédation dite profonde qui n'est qu'un meurtre déguisé ressemble assez aux moeurs communistes chinoises ) et une mort provoquée, il y a une nuance de taille. Je vous laisse juge...
Il existait un principe de droit, jusque là intangible, celui de l'indisponibilité du corps. Eh bien, voilà franchie la dernière barrière qui fait ressembler madame TOURAINE, monsieur VALLS et monsieur HOLLANDE à ces bourreaux chinois contemporains ; en Chine, on exécute de nombreux prisonniers et, il y a peu encore, l'on prélevait leurs organes pour les greffer à des receveurs convenablement choisis et préparés. L'exécution avait lieu quand un receveur était compatible avec la victime, laquelle était choisie pour sa bonne santé. J'ignore si ces pratiques sont toujours en vigueur. Mais elles l'étaient il y a quelques années. Vous me direz qu'entre une mort naturelle (encore que la loi sur la sédation dite profonde qui n'est qu'un meurtre déguisé ressemble assez aux moeurs communistes chinoises ) et une mort provoquée, il y a une nuance de taille. Je vous laisse juge...
Nous devons réagir contre l'intrusion permanente de l'Etat dans nos affaires privées. Les socialistes, en bon héritier des Lumières s'ntéressent beaucoup à l'humanité abstraite et assez peu aux hommes concrets, pour ne pas dire : PAS DU TOUT. Il est urgent de se débarrasser de ces apprentis sorciers.
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"Prélèvement d'organes
: À qui est mon corps ?
"Il existe un
corps social. Mais il désigne autre chose que « l’ensemble des individus vivant
dans une même société ». Il désigne le fait que le corps individuel n’est
qu’une manifestation ponctuelle, localisée, transitoire, d’un corps organique
social permanent, vaste réserve matérielle. L’État, agent moral qui dirige nos
vies, a étendu son domaine sur nos corps. Un corps géré de sa conception à sa
disparition, au nom de l’intérêt collectif et de son utilité sociale.
Littéralement, notre corps ne doit pas nous appartenir. La spectaculaire
décision d’autoriser le prélèvement d’organe par défaut (amendement Touraine,
dans la dernière loi Santé) est emblématique à cet égard. Le consentement est
supposé, il est même devenu inutile : par principe, le corps est à disposition
de l’État qui organise post mortem son utilisation rationnelle et sociale, sa
dispersion solidaire et économique. Face à un déficit d’organes, c’est-à-dire
face à une situation qui globalise la demande d’organes, l’État réagit en
édictant une règle qui globalise l’offre d’organes : ce sont tous les corps,
mélangés en une vaste banque, qui peuvent s’échanger tout ou partie.
Cette logique d’un
corps organique indifférencié, dépersonnalisé, arraché au nom et rendu à
l’anonymat, c’est celle qui prévaut dans l’avortement et dans l’utilisation
consécutive des fœtus, dans l’apprentissage du toucher vaginal sur les
patientes endormies, dans la réglementation de plus en plus sévère de
l’alimentation (qui va de pair avec une agro-industrialisation dont on peut
mesurer les effets nocifs), dans l’interdiction des feux de cheminée au nom de
la pureté de l’air, etc. Le corps est d’abord un objet social, et tout ce qui
concourt à l’arracher à la perception individuelle, à la propriété
individuelle, est bienvenu. Il n‘est pas jusqu’au sport et à l’éducation
sexuelle qui ne participent de cette volonté d’administrer un gigantesque amas
de cellules, soumis à deux règles : la vigilance sanitaire et le partage. La
gymnastique est d’abord prophylactique, elle aide à obtenir des corps qui ne
coûtent rien dans l’immédiat, qui n’obligent pas la communauté à dépenser son
argent ; les messages de l’Inpes (« Au moins 5 fruits et légumes », « Pratiquez
une activité physique régulière », « Évitez de grignoter entre les repas »)
sont des injonctions morales, qui recouvrent une menace précise : si ton corps
n’est pas entretenu, tu deviendras un poids pour la société, et un poids indu
au point qu’il sera légitime un jour soit de ne plus financer la restauration
de ta santé soit même de te proposer de mourir puisque tu ne seras plus utile
et que même ton corps, usé, aura perdu ses qualités d’échange. L’euthanasie
traite le citoyen au prisme de son corps socialisé. Quant à l’éducation
sexuelle, elle habitue à déconnecter vie corporelle et vie intellectuelle, au
nom d’une “hygiène de vie”, la norme corporelle n’étant plus seulement dans la
définition du beau mais s’étendant aux usages du corps machine dont le citoyen
n’est que le locataire.
Que la santé publique
se propose d’éduquer le citoyen, c’est normal et utile. Que cette éducation
soit érigée en morale culpabilisante du déviant qui mange “trop”, boit “trop”,
n’est pas “assez sportif”, on rentre dans la zone dangereuse, surtout si la
seule finalité de cette morale est la financiarisation de la vie, dont la
valeur est inversement proportionnelle aux coûts que la communauté est obligée
d’engager pour elle : les débats sur la pertinence et le coût des sauvetages en
mer ou en montagne témoignent déjà d’une certaine dérive de l’esprit public.
Que la santé publique se mêle d’éduquer les citoyens en matière de
transplantation d’organes, qu’elle vise à recueillir leur consentement comme
elle recueille déjà leur sang, c’est normal et c’est utile. Qu’elle oblige au
don comme si le corps n’était plus rien, n’avait plus d’autre signification que
sa disponibilité organique, voilà qui est totalitaire. Au même titre que
l’avortement, l’euthanasie et la GPA (et ses rêves exprimés d’un service social
public de gestation, où les utérus seraient réquisitionnés comme on
réquisitionne un appartement), car à chaque fois prévaut et s’installe l’idée
d’un corps inanimé, et donc d’une personne privée de droits et d’abord de celui
d’être une personne. L’idée d’un corps qui est un bien commun, comme l’air et comme
l’eau, et donc soumis à la puissance chargée d’assurer le Bien commun. Prévaut
l’idée du corps machine infiniment modifiable, sans nature ni personnalité,
d’un corps unique dans son essence même si dispersé en d’innombrables endroits,
comme des abeilles rapportées à “l’esprit de la ruche”. C’est bien
l’asservissement suprême qui ferait de la vie un pur hasard qui n’oblige à rien
sinon à la remettre en permanence aux bons soins d’un autre que soi-même. Il
n’est plus besoin de rêveries fantastiques sur une humanité de deuxième ordre,
clonée, où les clones serviraient de pièces de rechange, comme le décrivait
l’excellent roman de Kazuo Ishigiro, « Auprès de moi toujours ». Le service
social exigera du corps social un abandon total pour l’hypothétique profit de
tous et la très sûre perte de chacun."
Hubert Champrun,
Monde&Vie n°906
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