Octobre 1940. La France est à genoux. son armée a été défaite. Des parlementaires aveugles et dépourvus de tout sens politique ont abandonné le pouvoir à un vieil homme. Pour notre malheur, pour notre déshonneur, c'est un Maréchal de France.
L'Alsace est annexé de fait. A Grendelbruch, village alsacien lové dans un fond de vallée, non loin du Champ du Feu, les soeurs qui tenaient l'école primaire ont été chassées. Des institutrices nazies ont pris la relève. Elles ont à coeur d'endoctriner les petits qui leur ont été confiés et entreprennent, dès le premier octobre, de leur apprendre à crier "Heil Hitler". Mais c'est bien mal connaître les Alsaciens que de leur prêter une échine souple. "Wiederhole, bitte ! Heil Hitler !".
Alors un petit garçon de six ans lève le doigt, et dit, en français, à la groupie du Führer "Chez nous, on dit pas "Heil Hitler" ! On dit "Loué soit Jésus-Christ !" Et la Lehrerin de répondre, en allemand "Toi, tu es ("du bist") bien une tête de Français".
Je garantis l'authenticité de l'histoire. Elle m'a été racontée par un témoin de la scène, le frère de ce jeune téméraire. Voilà, selon moi, ce qu'est un grand homme. Celui qui dit ce qu'il pense, en vérité, étiam in perilium aurait aurait dit Thomas d'Aquin. Voilà le fruit d'une véritable éducation de la conscience, voilà de l'héroïsme au quotidien. On est bien loin du pipolisme, de la consommation, des "occasions à saisir", des "testez votre libido", et j'en passe.
"Ils appelleront bien ce qui est mal, mal ce qui est bien". Nous y sommes. La conscience morale et la foi ont été confinées à l'espace privé, et l'on étale au grand jour ce qui relève de l'intimité des personnes. J'ignore combien de temps durera la décomposition. Mais j'affirme très fort que cette civilisation du veau d'or et des idoles inaugure les derniers temps.
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