"L'homme grand est celui qui n'a point perdu son coeur de nouveau-né" disait MENCIUS, un grand philosophe chinois, venu après CONFUCIUS.
Marcel GRANET (In La pensée chinoise, collection "L'évolution de l'humanité", synthèse collective, dirigée par Henri BERR. La Renaissance du Livre, Paris, 1954) commente ainsi cette pensée : "Seulement, quand [MENCIUS] parle ainsi, il ne songe pas à la simplicité native que toute civilisation déforme. Il veut dire 'L'Homme grand, c'est-à-dire celui qui ne travaille pas avec ses muscles mais avec son coeur, celui qui vit noblement peut [...] développer librement ses sentiments naturels de bienveillance et de compassion. La morale de MENCIUS est une morale (aristocratique) du coeur." Je rapproche de l'aphorisme de MENCIUS celui que je crois être de GOETHE : "La bienveillance est la marque d'un esprit supérieur".
La boucle est bouclée avec ce que dit Jésus : "Si vous ne devenez pas comme ce petit enfant, vous ne pouvez entrer dans le Royaume des Cieux".
Quel rapport avec la politique dont ce Blog se voudrait être un (petit) commentaire quotidien ou presque ? Il me semble limpide. Nous attendons de nos hommes politiques de la bonne foi, de la bienveillance pour leurs adversaires, une vision claire des objectifs qu'ils croient bons pour notre pays (appuyée sur des arguments rationnels), un esprit qui ne calcule pas, ne tripatouille pas les données objectives, ne caricature pas les propos d'autrui, n'insinue pas, ne préjuge pas, ne fait pas de procès d'intention, ne cherche pas le pouvoir pour le pouvoir, nous attendons qu'ils désirent conduire fermement leurs concitoyens vers la fin qui LEUR EST DUE. Je puis admettre qu'elle n'a pas la même couleur pour tous, mais je ne puis accepter qu'elle soit absente de la pensée politique, sauf à confondre celle-ci avec la volonté de puissance et la seule lutte pour le pouvoir. Et je sais bien que le Royaume de Dieu n'est pas de ce monde.
Je pourrais donner l'impression de caricaturer les propos de nombreux hommes politiques socialistes, et d'être un petit esprit. Ce n'est pas certes ce que cherche. En réalité, je ne fais que citer les opinions de ces leaders, et manifester mon exaspération à voir tant de talents gâchés. Ils ont des idées, une analyse de la situation, des propositions ? Qu'ils les exposent, qu'ils les commentent, qu'ils les étayent par des arguments rationnels. Mais de grâce qu'ils ne prennent pas leurs concitoyens pour des imbéciles. Quand on a dit : Le sarkozysme c'est du narcissisme, a-t-on fait avancer le débat démocratique ? J'ai, à cet égard, apprécié une partie des remarques qu'a faites monsieur MOSCOVICI à l'annonce du système de notation des ministres par un cabinet d'audit. En effet, le Parlement, la Cour des Comptes, le Conseil Constitutionnel, le Conseil d'Etat, les médias (quand ils sont libres...) sont des instruments d'évaluation tout à fait pertinents, à condition d'être utilisés dans l'esprit que je me suis efforcé de définir plus haut et non pas dans celui de monsieur MONTEBOURG. Pour un talent gâché, monsieur MONTEBOURG en est un. Il use sa crédibilité et compromet son avenir dans ses foucades orales ou écrites. Dommage. Mais c'est bien connu, Jupiter aveugle ceux qu'il veut perdre !
Il me semble qu'un Président qui a dit qu'il n'aimait pas les arguments ad hominem fait preuve d'une grande supériorité d'esprit sur ceux qui passent leur temps à les utiliser. Il se peut que ce soit une tactique, mais elle réclame de celui qui la met en oeuvre une grande ascèse intellectuelle qui, de toute façon, est une ébauche de cette supériorité.
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