L'un de mes proches, toujours le même, me demande affectueusement pourquoi je défends avec tant d'âpreté le Président de la République, pourquoi, en quelque sorte, je pratiquerais de l'acharnement thérapeutique sur sa personne.
Je ne défends personne. Je défends simplement la vérité des faits. Je redis ici que disqualifier le message par la disqualification du messager est tout simplement indigne d'un esprit droit.
Pendant trente ans, j'ai consacré une partie de mon temps à la recherche. A trois reprises, je me suis heurté à des faits reproductibles, pourtant incompréhensibles en apparence. En acceptant ces faits, nous avons pu faire avancer la connaissance d'une très grave maladie génétique affectant les neurones moteurs de la moelle épinière. Nos collègues se sont d'abord moqué de nous. Pendant dix ans, nous avons tenu bon. Jusqu'à ce que d'autres laboratoires, par d'autres méthodes que les nôtres, confirment nos travaux. Le refus manifesté par la communauté scientifique (française, pas internationale ; mais nul n'est prophète en son pays) de prendre en compte ces faits (pour d'obscures raisons..., qui, pour moi, ne sont du reste par si obscures que ça, et relèvent de ce que René GIRARD appelle la rivalité mimétique) a fait perdre dix ans à la recherche d'un traitement adapté de l'amyotrophie spinale progressive, puisque c'est de cette maladie qu'il s'agit.
Vous comprendrez donc pourquoi le respect des faits me paraît si important. Que le Président de la République soit petit, grand, bégaie ou parle trop rapidement, qu'il divorce ou se marie, qu'il ait des réparties surprenantes et inappropriées (c'est le moins que l'on puisse dire) aux insultes qui lui sont faites, n'enlève rien, selon moi, à son courage politique et à sa clairvoyante analyse des problèmes de notre pays. L'opposition a bien entendu le droit, et même le devoir, de critiquer ces décisions, mais il faut d'abord qu'elle les analyse, et en suppute rationnellement les possibles conséquences d'une part, et qu'elle propose des solutions alternatives aux problèmes de notre pays, en en supputant de même les conséquences, et en en expliquant les avantages, d'autre part. Mais pour cela, il lui faudrait ouvrir les yeux, et reconnaître qu'il y a des problèmes... Elle les a toujours niés, ou presque toujours, ou plus exactement et d'une manière plus conforme aux faits, elle ne les a jamais présentés dans son programme d'une manière autre qu'idéologique. Nous avons le droit d'exiger d'elle qu'elle ne nous prenne pas pour des imbéciles ou des automates de la pensée unique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire