La Cour des Comptes vient de publier son rapport annuel. Edifiant. On y apprend que la privatisation des sociétés d'autoroute ne s'est pas accompagnée de clauses qui eûssent protégé l'usager contre les hausses abusives des tarifs. Le patrimoine immobilier de l'Etat, dont il semble impossible de faire un inventaire exact, a été géré "au fil de l'eau". Mais le pire est encore dans le constat que fait la cour sur la manière dont les "actifs douteux hérités du Crédit Lyonnais, du Gan et du Crédit Foncier de France dans les années 1990" ont été liquidés ; la liquidation aura coûté aux contribuables, tenez-vous bien, 20 milliards d'euros, plus que le trou de la Sécu. On peut donc gloser sur les dérives des banques privées dont la Société Générale. Alors nationalisées, les institutions sus-nommées n'étaient pas mieux gérées, et ce ne sont pas les actionnaires qui ont eu à en pâtir, mais les contribuables qui n'en pouvaient mais et n'avaient pas leur mot à dire dans les décisions stratégiques prises par leurs dirigeants. (Ce qui, d'un point de vue de la philosophie politique, soulève la question de la délégation du pouvoir par le peuple en démocratie.) Ainsi, ce n'est pas la forme, publique ou privée d'une banque ou d'une compagnie d'assurance, qui prémunit contre l'appât du gain ou la passion du jeu ; ce qui motive collectivement et individuellement les professionnels de la banque, c'est tout simplement le goût du pouvoir, de l'argent et du prestige. Mais cette motivation est inconsciente et inhérente au métier même. On ne peut faire de procès à ces femmes et ces hommes qui travaillent souvent d'arrache-pied et avec une compétence redoutable dans ces métiers. Il faut donc renvoyer dos à dos les tenants des deux formules (public versus privé), et imposer une nouvelle manière d'envisager les fins pour lesquelles les banques ont été créées : pour aider les entreprises et les particuliers dans leurs projets d'investissement moyennant une rétribution du service rendu. (Il y aurait bien des choses à dire sur ce service ; il me semble que ce sont les clients plus que les banquiers qui rendent service ; qu'ils prêtent ou qu'ils empruntent, ils permettent à ces banques de placer leurs liquidités, et font des emprunteurs des courtiers.)
Il ne faut tout de même pas nous prendre pour des gogos (ter) ! J'ai bien conscience d'être utopique, et de ramer à contre-courant du siècle qui se vautre dans l'argent, comme des laies dans la boue. Mais nous devons prendre conscience de ces dysfonctionnements pour y remédier résolument.
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