jeudi 21 février 2008

Pain de sucre ou étron de chien ?

Outre qu'elle était fort belle, ma grand mère était une femme pleine d'humour. Toutes les fois qu'elle voyait les esprits s'enflammer pour des babioles, elle nous disait avec un merveilleux sourire : "D'un étron de chien, vous faites un pain de sucre". Cela suffisait à nous calmer. Ainsi en est-il de la polémique Chantilly montée par les biens pensants (on se comprend...) contre Emmanuelle MIGNON.


Monsieur Julien DRAY, une grande figure intellectuelle, tolérante, ouverte, et tout et tout, invite le camp laïc à se "mobiliser contre la vision religieuse de la société". Il est nécessaire d'analyser ce propos tout simplement stupéfiant, qu'il délivre à l'occasion du procès en sorcellerie fait à cette pauvre Emmanuelle MIGNON (ce qui est tout de même assez paradoxal pour un a-religieux). Monsieur DRAY ne dit pas "contre l'invasion de la société par les religieux ou les religions". Non ! Il dit "contre la vision religieuse de la société". Que l'homme, à tort ou à raison, ait été depuis la nuit des temps un animal religieux, ne semble guère l'émouvoir. Que des milliards d'êtres humains croient en un dieu créateur et suprême pas davantage. Monsieur DRAY a définitivement tiré un trait sur ces vieilles lunes. Il a dû passer des nuits entières à étudier l'anthropologie religieuse, à lire le Rig Veda, l'Avesta, les Entretiens de Confucius, le Tripitaka, le Coran, l'Ancien et le Nouveau Testament, etc. sans aucun doute. Il en a tiré pour sa vie des conclusions. Il veut nous les imposer. Il ne lui échappe pas, pourtant, que ces textes donnent tous une analyse relativement convergente des obligations de la vie en société, et notamment que des principes supérieurs, et extrinsèques à la simple volonté humaine, sont nécessaires à son développement harmonieux. (Je me place ici du point de vue des structuralistes, et des structures mentales révélées par ces textes). Monsieur DRAY nous impose sa religion à lui, qui est celle du laïcisme, dont nous ignorons les principes moraux, et le nom de celui ou ceux qui les inspirent, à l'exception de MARX, de PROUDHON, de SAINT SIMON, de FOURIER, de Ségolène (peut-être ; j'en suis moins sûr), de Julien DRAY soi-même, et de ses amis. Il rêve d'un homme nouveau, il ne pense pas l'homme actuel, réel, concret. C'est pourquoi c'est un homme dangereux pour la paix civile ; il a le profil idéal du persécuteur. Je n'ai pas envie de devenir l'homme rêvé par monsieur DRAY, je ne désire pas davantage que mes enfants et mes petits enfants le deviennent. Et je forme des voeux ardents pour que monsieur DRAY n'ait jamais de responsabilités ministérielles. Je me sentirais dans l'obligation de lui désobéir. Mais je lui reconnais le droit d'exprimer dans l'espace public ses idées sectaires, comme je me sens le droit de donner dans ce même espace une vision de la société que je tiens de la Tradition, de mes pères, de mon éducation, et, j'ajoute, surtout d'une très longue réflexion personnelle. Je ne désire pas imposer ma vision. J'exige d'avoir le droit de l'exposer, pour autant qu'elle ne viole pas les lois et qu'elle ne lèse personne. Monsieur DRAY accepterait-il un débat avec Emmanuelle MIGNON, ou pourquoi, pas avec moi ?
Petit détail supplémentaire : Emmanuelle MIGNON est une catholique fervente. Il était donc nécessaire de la dégommer et l'on utilisera pour cela les mêmes et ignobles moyens que ceux qui ont eu raison d'Hervé GAYMARD, lui aussi catholique fervent, et père de huit enfants, ce qui est éminemment condamnable pour ceux qui ne parlent que de contraception, d'IVG et de planning familial.

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