dimanche 2 juin 2019

Dimanche 02 juin 2019. Etat mental, état neuronal. Benjamin Libet au secours de Vincent Lambert.


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Hier, je vous ai promis de vous décrire, le plus simplement possible, une des expériences cruciales de Benjamin LIBET, une de ces expériences qui gêne tellement les matérialistes pour lesquels le mental se résume à des signaux électriques. Pouvez-vous m’accorder quelques minutes pour lire la meilleure description que j’ai lue de cette expérience ; elle figure dans le livre de Jean STAUNE, Notre existence a-t-elle un sens (Presses de la Renaissance, Paris, 2007. Pages 390ss) ; je reprends cette description dans son intégralité. Prêtez bien attention, car même si Jean STAUNE a l’art de simplifier les notions difficiles, sans les adultérer, il reste cependant un pur scientifique et donc un peu difficile d’accès.

"Dans certaines opérations du cerveau, on peut réveiller le patient alors que son cerveau est à l’air libre, et stimuler directement le cerveau (grâce à un très léger choc électrique) pour lui demander quelle sensation il éprouve, sans que cela représente une torture pour le patient. (Cette démarche est parfois nécessaire pour éliminer certaines tumeurs, et identifier les zones d’intégration des sensations dans le cerveau : note du transcripteur)
"[…].
"Lors de ces opérations, l’équipe dirigée par Benjamin LIBET de l’Université d’État de Californie à San Francisco a obtenu l’autorisation de certains patients de réaliser en plus des manipulations nécessaires à l’opération une expérience à ce moment crucial où le patient est réveillé et où son cerveau est exposé à l’air libre — la boîte crânienne étant ouverte. Il s’agit sans doute de l’une des expériences les plus discutées et commentées depuis vingt ans dans le domaine des neurosciences.
"On va stimuler le bout du doigt avec une petite décharge électrique. Un « potentiel évoqué » (c’est-à-dire un signal électrique : note du transcripteur) se propage le long des nerfs jusqu’à la zone du cerveau correspondant à la main. Le sujet perçoit une petite piqûre à la main environ 25 millisecondes après, ce qui correspond bien à notre expérience de tous les jours ; quand on se pique on le sent tout de suite.
"Maintenant, on stimule la zone correspondante, dans le cerveau, à la main. Le sujet va sentir une piqûre à la main et non au cerveau. C’est pour cela que des personnes ayant perdu un bras peuvent très bien avoir mal à leur « membre fantôme ».
"Mais il y a ici deux différences :
— Pour que le sujet ressente la piqûre, il faut envoyer un train de chocs pendant 500 millisecondes (une demi-seconde) et non pas un choc unique.
— Comme on stimule le cerveau, il n’y a pas de potentiel évoqué qui arrive au cerveau depuis l’endroit qui a été stimulé (nous verrons que cela est essentiel).
"Comme il est totalement inhabituel que le cerveau soit ainsi piqué, ce résultat peut sembler normal : il faut faire toute une série de chocs pour que le cerveau ait, dans une telle situation, l’illusion d’une piqûre au doigt.
"Mais voilà que maintenant, on va combiner les deux démarches.
"À t = 0, on stimule le bout du doigt et à t1 = 200 millisecondes, on commence la série de stimulations au cerveau, toujours dans la zone correspondant au doigt. Le sujet sent une seule piqûre à t2 = 700 millisecondes, correspondant à la stimulation faite au cerveau. La stimulation faite au bout du doigt n’a pas été ressentie.
"Comment sait-on que c’est la deuxième piqûre qui a été ressentie et non la première ? Rappelons que dans les deux cas, le sujet ne ressent qu’une piqûre au doigt, même quand la stimulation est faite au cerveau. Mais il est possible de calibrer les stimulations et d’y habituer le sujet avant l’expérience décisive. Ainsi, la stimulation du bout du doigt sera forte et celle du cerveau faible (il ne faut quand même pas abîmer ce dernier !). Le sujet évoquera une seule et unique sensation faible de piqûre sur le doigt. On sait ainsi que c’est la stimulation du cerveau qui a été ressentie (encore une fois, sous la forme d’une piqûre au doigt), ce qui est totalement logique puisque de toute façon cette sensation arrive 500 millisecondes après le début de la stimulation du cerveau.
"On stimule le doigt et maintenant on attend 500 millisecondes pour commencer les stimulations du cerveau.
"Toujours rien ! La stimulation du bout du doigt n’est pas ressentie alors que la stimulation du cerveau engendre, comme d’habitude, une sensation de piqûre au doigt après 500 millisecondes (c’est-à-dire ici une seconde après le début du processus).
"Dernière étape, on attend plus de 500 millisecondes après avoir stimulé le doigt pour commencer la stimulation du cerveau. Ici tout redevient « normal ». La stimulation du bout du doigt est ressentie « tout de suite », c’est-à-dire après 25 millisecondes, le temps que l’influx nerveux arrive au cerveau, et la deuxième piqûre est ressentie 500 millisecondes après la série de chocs au cerveau.
"Ces résultats sont proprement stupéfiants. Ils semblent montrer que dans tous les cas, il nous faut 500 millisecondes pour être conscient de quelque chose, puisque, si pendant cette période de temps on intervient sur la zone correspondante du cerveau nous ne sommes pas conscients de cette sensation.
"Mais il se trouve qu’en temps normal, nous sommes conscients de cette sensation au début du processus, après 25 millisecondes, et non à la fin ! Et qu’une démarche qui a lieu 200, 300, voire 500 millisecondes après la stimulation peut nous empêcher d’être conscients d’une piqûre dont nous serions normalement conscients au bout de 25 millisecondes.
"Comment une telle chose est-elle possible ? La solution que propose LIBET paraît incroyable. Le temps d’élaboration d’une sensation consciente est bien de 500 millisecondes (475 millisecondes en fait, car il faut 25 millisecondes pour que le signal arrive au cerveau, comme nous l’avons vu) mais quand cette élaboration est faite, la conscience antidate cette sensation en retournant en arrière dans le temps de 475 ms !"

Les neurophysiologistes matérialistes ont essayé par tous les moyens de démonter cette expérience, en élevant diverses objections auxquelles LIBET a inexorablement répondu en montrant qu’elles étaient fausses et reposaient sur des hypothèses intenables.
LIBET insiste bien sur le fait que ce saut dans le temps ne se produit pas le monde physique mais dans le monde subjectif.
Jean STAUNE conclut ainsi toute cette section :
"La seule conclusion logique d’une telle situation — s’il est confirmé qu’il faut bien 500 millisecondes à la conscience pour être consciente de quelque chose — est qu’un retour en arrière dans le temps permet de synchroniser nos sensations avec les événements, que ce saut dans le temps est réel, que la conscience peut l’accomplir facilement parce qu’elle n’est pas (totalement) immergée dans le monde physique et que, donc elle n’est pas une PRODUCTION du cerveau et que, donc, le cerveau est davantage un poste de radio qu’un lecteur de disques."

Cette conclusion est parfaitement importante pour comprendre pourquoi, scientifiquement, l’état pauci-relationnel de Vincent LAMBERT n’exclut nullement que ce dernier puisse avoir un rapport désynchronisé avec son entourage, sans potentiel évoqué d’origine extérieure, ce qui, par conséquent, ne nous permet pas de connaître son état mental.

Rajouté après publication :


 2006 Feb-Apr;78(3-5):322-6. Epub 2006 May 3.

Reflections on the interaction of the mind and brain.


Abstract

Problems associated with the topic of the mind-brain interaction are reviewed and analyzed. If there is an interaction, then the "mind" and "brain" are independent variables; the mind represents subjective experience and is therefore a non-physical phenomenon. This fact led to the need for a field theory, termed here the "cerebral mental field" (CMF). By definition, the CMF is a system property produced by the appropriate activities of billions of neurons. An experimental test of this theory is possible and a test design is presented. The most direct experimental evidence has been obtained by use of intracranial stimulating and recording electrodes. Important information has also been developed, however, with extracranial imaging techniques. These can be very fast (in ms), but the cerebral neuronal events that produce changes in physiological properties require a time delay for their processing. A number of surprising time factors affecting the appearance of a subjective somatosensory experience are described, and their wider implications are discussed. Among these is a delay (up to 0.5 s) in the generation of a sensory awareness. Thus, unconscious cerebral processes precede a subjective sensory experience. If this can be generalized to all kinds of subjective experiences, it would mean that all mental events begin unconsciously and not just those that never become conscious. In spite of the delay for a sensory experience, subjectively there appears to be no delay. Evidence was developed to demonstrate that this phenomenon depends on an antedating of the delayed experience. There is a subjective referral backward in time to coincide with the time of the primary cortical response to the earliest arriving sensory signal. The subjective referral in time is analogous to the well-known subjective referral in space. In conclusion, features of the CMF can be correlated with brain events, even though the CMF is non-physical, by study of subjective reports from the human subject.

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