Longue discussion hier soir avec Christian, un homme de foi, un polytechnicien s'il vous plaît. Nous nous opposions sur l'engagement politique du chrétien. L'échange a été amical, quoique passionné (de mon côté, car lui est absolument calme). Voilà qui m'a permis de décanter mon opinion sur l'affaire du "Mariage pour tous", avec le concours supplémentaire du texte publié par le Cardinal Vingt-Trois à l'issue de l'assemblée annuelle des évêques de France. D'autant que pendant cette même soirée, Guillaume, un jeune ingénieur de 29 ans, m'a parlé des objectifs des Veilleurs, dont il fait partie. Pour ne rien vous cacher, nous constituons à nous trois le groupe d'animateurs de catéchèse des lycéens de seconde, première et terminale fréquentant deux lycées parisiens bien connus.
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Voici, et je la crois définitive, la conclusion que je tire, au terme de cette rencontre et après la publication des remarques, billets, notes, notules, gloses et pamphlets que je vous distille ici même, depuis des jours, au risque de vous lasser.
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1. J'ai toujours dit que je crois à la non violence, et j'ai souvent fait référence à LANZA del VASTO ou à GANDHI. Il m'est arrivé de souhaiter le départ des actuels gouvernants. Je le trouve calamiteux, haineux, arrogants, et j'ai avancé qu'ils pourraient bien être contraints de quitter le pouvoir sous la pression de la rue. Lisant, à la demande de Christian, les paroles du Cardinal Vingt-Trois, je ne peux qu'y adhérer, sinon je serais un menteur. Que dit-il le Cardinal de PARIS ? :"Nous ne pouvons pas encourager une action publique qui détournerait les enjeux du débat pour en faire un moyen de déstabiliser le pouvoir politique. (C'est pourquoi, personnellement, et je l'ai dit à plusieurs reprises, il n'est pas question de se laisser instrumentaliser par monsieur COPE pour la manifestation du 26 mai ! L'opposition est de nature spirituelle pas politique ou UMPéenne). Le modèle de notre mission dans le monde, poursuit le cardinal, n'est pas celui des zélotes, c'est celui du Christ qui s'est toujours gardé de laisser occulter son appel à la vie parfaite par la recherche du pouvoir. Aucune action guidée par la haine, aucune action qui suscite la haine, ne peut se revendiquer de l'Evangile du Christ. Elle ne peut pas prétendre à se réclamer de l'Église. Au contraire, elle en défigure l'image parmi les hommes." Il est donc clair que notre résistance, fondée en conscience, ne peut avoir pour moteur la haine que nous inspireraient les homosexuels - je crois que j'ai été clair dans mes paroles et mes actions à TIBERIADE - ou ce gouvernement. Je réaffirme donc ce à quoi je crois : nul être humain quel qu'il soit, où qu'il soit ne peut être objet de haine, de rejet ou de mépris. On me reprochera de faire preuve de mépris vis-à-vis de Pépère le suppresseur. Les critiques littéraires verraient dans mes propos un effet de style, lié au genre pamphlétaire qu'est le billet. Je désire préciser ce point, quand bien même je ne puis dissimuler l'aversion que j'ai pour le sus-nommé, et que j'essaie de combattre en mon particulier.
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2. Nous avons le droit et le devoir de résister à toutes les mesures qui défigurent le visage de l'homme. Cette loi l'atteint dans sa dignité d'être sexué, fécond, ouvert à l'altérité et au plaisir de l'échange charnel, toutes caractéristiques liées à sa nature. La négation de l'altérité biologique et de la procréation naturelle est une offense faite à l'humanité entière. Nous ne pouvons donc pas l'accepter en conscience. Cette résistance doit être totale, définitive, pacifique et, pour nous chrétien, priante. Ce gouvernement doit le comprendre. Nous ne céderons jamais, jamais, jamais. Que ce soit bien clair.
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3. Les Veilleurs, mouvement de jeunes gens chrétiens en train de prendre une ampleur inattendue, nous invitent donc à veiller partout en France, et en des lieux que l'on pourra trouver sur leur site Internet, aussi longtemps qu'il sera nécessaire. Nous avons pour nous la force de la prière et de la foi. En face (bien que je n'aime pas trop ce mot), il y a la ferme intention d'imposer par la "force injuste de loi", une mesure inique. A cette force inique, nous opposerons la non-violence, la longanimité, la fidélité à JESUS, Fils de Dieu. Donc, rendez-vous pratiquement tous les soirs à partir de 22 heures, muni de lumignons et d'instruments de musique (la cornemuse d'Eric a déjà fait l'affaire à PARIS, Place des Invalides) en des lieux choisis par les Veilleurs (consulter le site internet). Nous serons ainsi comme les "folles de mai" qui pendant des années ont défilé en Argentine pour réclamer la justice à d'impitoyables dictateurs.
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Et si je vous dis cela, c'est parce que "Se taire sur des actes qui pourraient être accompagnés de parole, c'est les laisser dans l'équivoque" (In Madeleine DELBRÊL. Ville marxiste, terre de mission. Le Seuil, Paris, 1957. Citée par Michel de CERTEAU, in L'étranger ou l'union dans la différence). Oui, si je me taisais, je pourrais donner l'impression que je serais heureux de voir se lever une Révolution et que j'agis de manière purement politique. On n'a pas besoin de moi pour ça. Certes, si je la pressens, cette Révolution, car les tensions sont vives, nos gouvernants n'ont pas le courage de dire et donc de faire la vérité, et les faits sont là pour prouver qu'ils se trompent en tout ou presque, je ne la souhaite pas. Mais la Révolution la plus nette quoique la plus silencieuse, est celle qui est en train de se produire dans le coeur d'un nombre croissant de jeunes adultes et d'adolescent(e)s qui ne veulent pas ou plus de ce monde marchand, hédoniste, rongé par le vice et l'argent. Ils construisent dans la joie un monde nouveau, oh ! certes imparfait et qui n'est pas forcément paradisiaque, mais qui laisse sa place, toute sa place, mais rien que sa place à l'homme fait à l'image de Dieu.
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Pour ce qui est du mur de l'ignominie, je vous invite à vous reporter au billet du 26 avril qui porte ce titre. Contradiction allez-vous me dire ? Non pas. Nous demandons aux responsables du Syndicat de la Magistrature de présenter leurs excuses publiques aux parents des victimes, parents dont ils ont affiche les noms et les portraits sur leur "mur des cons". Les hommes politiques ridiculisés ont les moyens de contre-attaquer. Qu'ils le fassent s'ils le jugent utile.
8 commentaires:
Je suis à tes côtés dans l action avec les veilleurs, mais il me semble important de ne pas se dépolitiser même si l UMP rame un peu ...mais c'est ça aussi la vie d'un parti .
C'est vrai que l'ai été réconforté par l'intervention de Mgr Vingt-Trois soulignant que l'Evangile est "autre".
C'est aussi une "force" pour résister à une manipulation des esprits sous l'apparence de la démocratie.
J'ai trouvé dans le livre "Mémoire et Identité" de Jean-Paul II de nombreux passages qui éclairent les enjeux actuels.
Il y a certainement un appel à une forme de "résistance" , mais qui peut-être aussi spirituelle ou intellectuelle, y compris dans la réflexion et la prière avec d'autres, mais sans qu'un cadre d'action puisse être imposé.
Cher Christian, dans les Actes des Apôtres, il est bien dit que Pierre et ses compagnons, après avoir été interrogés et fouettés à l'instigation du pouvoir politico-religieux (les grands-prêtres, scribes et docteurs de la loi), n'en ont pas moins continué à annoncer la Bonne Nouvelle sur l'esplanade du Temple. Si je suis entièrement d'accord avec l'idée que notre résistance à la loi TAUBIRA n'est pas de nature politique mais spirituelle, je n'en reste pas moins persuadé qu'elle a besoin de se rendre visible aux yeux du public. C'est sans doute ce qui nous sépare...
Cher Philippe, je pense qu'il y a légitimement plusieurs approches possibles. L'annonce directe de l'Evangile se fait "en Eglise" , mais aussi "en public", et c'est une chose importante. Cela rejoint ce que tu dis sur l'attitude de Pierre et des Apôtres, et je suis entièrement d'accord avec toi là-dessus. La question est plus délicate en ce qui concerne un sujet politique. Un mouvement se crée, qui ne se limite pas aux chrétiens, pour manifester contre l'instauration du mariage homosexuel. Tant qu'il s'agit d'une approche "pour tous" et centrée sur cette question précise, c'est normal que l'Eglise puisse encourager les fidèles (sans obligation, et à côté d'autres formes "d'opposition" au projet de loi) à y participer. Pour ma part, je suis allé manifester 2 fois. En revanche, surgit la question : "jusqu'où ?" . Et c'est probablement là que plusieurs approches sont possibles ... Vu l'importance de la mobilisation, et en même temps ce qui a été perçu (en tous cas, c'était vrai pour moi) comme un changement d'orientation du mouvement, vers une certaine radicalisation et une extension des revendications, c'est vrai qu'une certaine confusion pouvait apparaître entre "l'approche chrétienne" et "l'approche politique", et susciter un malaise. C'est pourquoi l'intervention de Mgr Vingt-Trois a été pour moi un réconfort, soulignant que l'Evangile est "autre" , et différent d'un "enjeu de pouvoir". Après, se pose la question de la "mobilisation permanente". Mon propos n'est pas de critiquer les personnes qui s'engagent à la Manif pour tous, à l'UMP, dans les "Veilleurs" , qui d'ailleurs, comme tu le soulignes, ont développé une approche non-violente spécifique , avec aussi le soutien de plusieurs évêques, mais de souligner qu'il y a des différences de sensibilité ou d'approche tout à fait légitimes. Il n'y a pas d'obligation de rejoindre tel ou tel mouvement. C'est vrai que la situation , et la lecture de Jean-Paul II (Mémoire et Identité) renforce ce sentiment, incite à une forme de "résistance" spirituelle ou intellectuelle, pour ne pas se "faire avoir" par "l'air du temps". Mais ce peut être , légitimement, un effort personnel, une lecture, une réflexion et une prière avec d'autres, dans la discrétion ... ou un engagement plus profond à la suite du Christ , pour annoncer et vivre l'Evangile ...
Cher Christian, j'entends bien ton propos. Et j'ai moi-même à plusieurs reprises indiqué qu'en aucun cas je ne désire me laisser instrumentaliser par un quelconque mouvement politique et surtout pas par celui qui se dit d'opposition et n'a pas su trouver parmi ses responsables sénatoriaux un homme droit pour réclamer un scrutin public. Le fait est cependant, et nous ne pouvons pas l'ignorer, que c'est ce pouvoir sourd, aveugle et arrogant qui transforme en lutte politique ce qui un questionnement anthropologique de première importance. Certes, il est bon de prier dans le silence de sa chambre, mais "si nous ne parlons pas, les pierres crieront !" Il est absolument nécessaire de continuer à résister avec les armes de la non violence, de la visibilité et de la prière. Déjà, l'attitude de la police a changé ; et nombre de gendarmes ou de policiers (pas tous, hélas ! il y en a qui son remplis de haine) voient avec un oeil de plus en plus sympathique ces jeunes (qui pourraient être leurs fils ou leurs filles et qui le sont peut-être) s'opposer à une folie concoctée pour satisfaire une idéologie assez bien repérable et fondamentalement dirigée contre l'Eglise (mais tu sais ce que disait Jeanne-d'Arc : "M'est avis que l'Eglise et le Christ, c'est tout un !") Et c'est bien de cela qu'il s'agit : "Celui qui aura rougi de moi devant les hommes, je rougirai de lui devant mon Père". Je ne veux pas être accusé d'avoir rougi devant les hommes du nom de Jésus !
Cher Philippe,
Je comprends ce que tu écris, et je respecte le mouvement des Veilleurs, dont tu décris l'impact.
Dans les orientations données par notre évêque, qui donne la priorité à l'Evangile, une autre approche est proposée.
Il s'agit donc pour chacun de se déterminer dans le respect des consciences.
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