mardi 15 octobre 2019

Mardi 15 octobre 2019. Droits et devoirs, ou la présence de l'autre.


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DROITS ET DEVOIRS, OU LA PRÉSENCE DE L’AUTRE.
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Le hasard fait bien les choses, à moins que ne ce soit la Providence, en qui j’ai du reste plus de confiance. Je rangeais (un peu) l’affreux fouillis de ma bibliothèque lorsque j’ai retrouvé ce petit opuscule, d’où j’extrais à votre intention ce passage.

"Les Droits de l’homme et les devoirs qu’ils impliquent assurent la dignité et la cohérence de la vie des individus humains. Ils sont une expression essentielle du propre de l’homme. À l’heure actuelle, cependant, nous les avons mis en danger. Doublement : d’abord en obscurcissant la relation nécessaire que les droits ont avec les devoirs. Nous voulons les droits, mais nous rechignions devant les devoirs, en nous aidant de la psychanalyse, interprétée à contre-sens. D’autre part, chacun, média aidant, se persuade que ses droits sont aussi illimités que ses désirs. L’individualisme a lancé la formule : j’ai droit à. En l’occurrence, j’ai droit à l’enfant parfait, selon la représentation que je m’en fais. Ainsi, nous nous assimilons à notre désir quel qu’il soit et à notre imaginaire même s’il est chimérique, et tout ce qui ne les satisfait pas est mauvais, donc rejeté. Nous ne prenons pas le temps de chercher plus loin que ces leurres, toujours changeants, toujours insatiables et inapaisés. Le moi disparaît dans ce mouvement incontrôlé, parce que le désir et l’imaginaire, qui sont en nous des forces précieuses, s’égarent quand ils courent dans n’importe quelle direction. Nous ne nous voyons plus, nous ne vivons plus avec nous-mêmes et en nous-mêmes, parce que nous ne voyons plus l’autre, nous ne vivons plus réellement avec lui. Chacun, devenu un atome social, force le jeu du désir et de l’imaginaire parce que sa solitude lui fait peur le plus souvent."
Janine CHANTEUR.
Peut-on parler d’un propre de l’homme ?
In
L’animal et l’homme. À propos des xénogreffes. Colloque 18 et 19 octobre 2002. Centre Sèvres. Facultés jésuites de Paris. Philosophie/Éthique. Médiasèvres, Paris, 2003 (Page 77, d’un article qui va de la page 73 à la page 80.)
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COMMENTAIRES.
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Vous remarquerez la consonance de ce passage avec l’extrait du livre de Cédric LAGANDRÉ, que j’ai livré dans mon billet de lundi. Le droit de a été remplacé par le droit à, sans aucune considération pour l’autre (les autres citoyens, l’enfant à venir, par exemple). J’ai moi-même utilisé le terme d’atome social, repris ici par Janine CHANTEUR (Professeur émérite de philosophie morale et politique à la Sorbonne) ce que j’ignorais.
Il est urgent de réapprendre à penser. Avec des Marlène SCHIAPPA, des BELLOUBET, des CASTANER et autre GUERIBIU, nous en sommes loin… Mais on n’est pas obligé de les écouter, et encore moins d’y obéir.


2 commentaires:

Annwn a dit…

Bonjour,
Si la physiologie nous montre ce qu'est le mécanisme de nos organes, si la psychologie nous apprend quelles sont nos facultés mentales et sentimentales, la morale nous enseigne l’usage que nous devons en faire.
La physiologie nous dit ce que nous pouvons, la psychologie ce que nous faisons, la morale ce que nous devons.
On peut la définir ainsi : « C'est l'ensemble des règles qui doivent guider la libre activité de l’homme. »
Ces règles doivent être basées sur les vérités éternelles ; elles doivent reposer sur les principes mêmes qui ont créé la vie et dirigé l’évolution humaine. Sans cela ce n'est pas la morale.
Ces principes étant partout les mêmes, sur notre terre, tous les hommes doivent être soumis aux mêmes règles de conduite puisqu'ils sont soumis aux mêmes lois physiologique. Donc, la morale doit être une, elle doit être universelle comme les vérités premières qui doivent être l'origine et la fin de tous les devoirs de la vie.
L'histoire nous montre, en effet, que les préceptes de morale, observés chez tous les peuples de la terre, reposent sur un fond commun d'idées.
Le code du devoir a toujours été à peu près le même. La pensée souveraine qui a traversé tous les âges et qui semble être née spontanément dans toutes les parties du monde, est l'écho des lois immuables qui gouvernent la nature humaine.
Les vérités morales, nécessaires à la vie sociale de l’humanité, ne sont le privilège d'aucun temps, d'aucun peuple, d'aucun individu. Partout la conscience humaine est soumise aux mêmes lois et se développe dans la même direction.
Il ne doit y avoir qu'une morale, comme il ne doit y avoir qu'une science.
Mais les causes premières sur lesquelles se base la loi morale échappent à l’entendement actuel de l’humanité.
Elles sont à l'origine de la vie sociale, comme les causes qui ont dirigé l'évolution des êtres sont à l'origine de la substance organisée.
L'idée que nous avons d'une loi morale n'a pas son origine dans notre moi actuel, nous l'apportons en naissant, c'est un lot de l'héritage ancestral. Nous pressentons les lois de l’ordre moral, nous les proclamons et nous nous y soumettons avant de les comprendre : C'est un phénomène d'atavisme. Nous pouvons même dire que, dans l'état actuel de l'esprit humain, les causes n’en sont plus du tout comprises.
Et, cependant, il semble qu'une voix intérieure révèle à l’homme la différence qui existe entre le bien et le mal, le juste et l'injuste. Mais la cause de ces différences lui échappe.
C'est un flambeau que les générations se passent de mains en mains sans que personne ne songe à demander qui a allumé ce flambeau, où, quand et pourquoi….
Les causes morales doivent être cherchées dans les principes mêmes qui ont créé la vie et dirigé l'évolution puisqu’elles sont inhérentes à la nature humaine. Mais il faut savoir quel est le rapport qui peut exister entre ces principes et les actions des hommes ; pourquoi la nature humaine est organisée de telle sorte qu'en suivant ses impulsions l’homme ne va pas toujours vers le bien ? Quelle signification on doit donner au mot bien et au mot mal, quel est le but que l'homme doit chercher à atteindre, en un mot, qu'est-ce que la perfection morale ?
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/le-bien-et-le-mal.html
Cordialement.

Philippe POINDRON a dit…

Magnifique commentaire. J'ajouterai volontiers que le mal est la privation d'un bien, et que le bien est relatif à la plénitude de l'être.