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DEUX PASSAGES DE "L’ENRACINEMENT"
DE SIMONE WEIL.
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"Les hommes qui ignorent le vrai bien
désobéissent à Dieu en ce sens qu'ils ne lui obéissent pas comme il convient à
une créature pensante, par un consentement de la pensée. Mais leur corps et
leurs âmes sont absolument soumis aux lois des mécanismes qui régissent
souverainement la matière physique et psychique. La matière physique et
psychique en eux obéit parfaitement ; ils sont parfaitement obéissants en
tant qu'ils sont matière, et ils ne sont pas autre chose, s'ils ne possèdent ni
ne désirent la lumière surnaturelle qui seule élève l'homme au-dessus de la
matière. C'est pourquoi le mal qu'ils nous font doit être accueilli comme le
mal que nous fait la matière inerte. Outre la compassion qu'il convient d'accorder
à une pensée humaine égarée et souffrante, ils doivent être aimés comme doit
être aimée la matière inerte, en tant que parties de l'ordre parfaitement beau
de l'univers.
[…].
"Tant que
l'homme tolère d'avoir l'âme emplie de ses propres pensées, de ses pensées
personnelles, il est entièrement soumis jusqu'au plus intime de ses pensées à
la contrainte des besoins et au jeu mécanique de la force. S'il croit qu'il en
est autrement, il est dans l'erreur. Mais tout change quand, par la vertu d'une
véritable attention, il vide son âme pour y laisser pénétrer les pensées de la
sagesse éternelle. Il porte alors en lui les pensées mêmes auxquelles la force
est soumise."
In
Simone WEIL.
L’enracinement. Prélude à une déclaration
des devoirs envers l’être humain. (Collection Idées.)
Gallimard, Paris, 1949.
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COMMENTAIRES.
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Ce n’est pas pour rien que Simone WEIL a
intitulé ce livre L’enracinement.
Elle pressentait sans aucun doute, et avec une compassion exemplaire, que le
monde, détourné de la sagesse divine serait réduit à n’être que la proie des
forces matérielles. Ce livre écrit peu avant sa mort, est un livre testament.
Vous pouvez le télécharger d’un site canadien francophone qui reproduit les
grands classiques des sciences sociales publiés en français. Il explique prophétiquement le mal dont souffre notre patrie : le déracinement.
Il est très symptomatique de
constater qu’elle reprend la distinction entre corps et âme (matière physique
et psychique), d’une part et esprit, demeure de Dieu en nous, présence en nous
de la Sagesse éternelle, telle que saint Paul l’a signalé dans la conclusion de
sa première épître aux Thessaloniciens (5, 25).
Il est évident que depuis l’instauration
de l’ordre laïc, le corps politique français est rempli des propres pensées des
citoyens qui le composent : d’où les revendications des personnes
homosexuelles : PMA, GPA, mariage, d’où les exigences des « droits
à », d'où les exigences des grands groupes industriels, et en face, un État qui utilise non pas les armes de la pensée
éclairée par la Sagesse éternelle, mais celle des gendarmes, des CRS, de la loi
et d’une justice aux ordres dont les décisions défient tout bon sens. Ce fonctionnement est l'essence même de ce qu'on appelle la Démocratie, et qui n'a de démocratique que le nom.
Nous nous enfonçons dans un monde
contradictoire, en raison des exigences mêmes des sociétés et groupes humains qui
le constituent : les nations, les banques, les marchands, les mouvements
extrémistes religieux (islamistes, mais aussi hindouistes, on a tendance à
l’oublier), les sociétés de pensée maçonniques, les syndicats, les
associations, les comités Théodule, etc. Tout ce petit monde s’agite. Les
volontés s’entrechoquent, les énergies matérielles se déchaînent et le monde
va, en apparence, vers le chaos, et non pas vers le Point Oméga mystiquement
entrevu par le Père Teilhard de Chardin. La question me paraît assez simple à
poser : avons-nous le droit de continuer ainsi à courir à notre perte ?
Dans d’autres billets, vous aurez encore quelques
bonnes feuilles de cet ouvrage qui est essentiel.
Portez-vous bien.
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