Nous sommes arrivés hier soir, Antoine et moi-même, par la Rue du Renard, juste derrière le Centre Pompidou. Petit virage à gauche, et débouché sur l'esplanade de BEAUBOURG devant l'entrée du Musée. Plus de 500 personnes étaient assises déjà. Il était 21 h 40. Un très léger cordon de policiers nous séparait d'un groupe d'"antifas", d'une cinquantaine de personnes ; elles étaient solidement encadrées par un cordon de policier plus épais. Voilà qui ne les empêchaient pas de vociférer, de lancer des injures, de chanter des chansons obscènes ou l'Internationale. alors il y a eu cette intervention extraordinaire d'une des animatrices de la soirée : une invitation lancée aux Veilleurs présents pour aller dialoguer avec ceux qui pendant une heure au moins n'auront de cesse de perturber par le bruit notre silence. Le profil de ces médiateurs potentiels est défini : bienveillance, ouverture d'esprit, écoute, sens du dialogue. Personnellement, je me serais bien proposé, mais je portais le sweat de la Manif pour Tous, et ce seul signe distinctif suffisait à me disqualifier, car il eût été pris pour une provocation. La contraste en ces vociférations, ces agitations, et le calme absolu des Veilleurs ne pouvait pas ne pas soulever la question de la puissance de la non violence.
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Le thème de la soirée était l'Art, la beauté. Un peu derrière nous à droite du rassemblement, un contestataire criait "on s'en fout" ou encore "ta gueule" (ou quelque chose d'approchant) tandis que tel ou tel lisait un texte (PERREC, ARAGON) ou exposait les deux conceptions opposées de l'art : l'art au service de la politique, qui ne cherche pas à plaire mais à blesser (selon la théorie de CASTELLUCCI dont on nous lut l'interview) ; l'art comme esthétique. Philippe ARINO nous démontrera que l'art contemporain à la mode, tombe dans le kitsch ou dans le camp (?), se veut effectivement provocation politique, et est coupé totalement du réel. Tout l'art contemporain n'est pas de la même encre, heureusement, mais il est nécessaire de discerner. L'art à la mode n'est qu'imaginaire, et non point création de l'imagination. Il nous fut parlé de la nécessaire discrimination qu'il convient de faire entre l'art comme esthétique qui peut rendre aussi bien les réalités visibles que les réalités invisibles, et l'art comme provocation politique qui semble être le genre d'art contemporain privilégié par les médias, les galeristes et les spéculateurs.
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Nous avons pu entendre la chanson du déserteur, une magnifique chanson d'Yves DUTEIL sur l'affaire DREYFUS (sa maman était de la famille du capitaine honteusement accusé par des hommes sans foi ni loi, un homme amoureux de sa patrie et qui jamais ne la renia, et puis il y eut ce magnifique chant marane du fiancé s'adressant à sa fiancée, tandis que la foule des Veilleurs tenait un faux bourdon sur une note unique. Je ne puis pas rendre la totalité de ce que nous avons vécu hier soir. Moment de partage, de fraternité exceptionnel. Grégoire, l'un des animateurs, faisait circuler des reproduction de diverses œuvres artistiques. Et nous avons parlé aussi de l'art et de la politique, de VERDI et du chœur des esclaves de son NABUCCO, de l'exceptionnel moment vécu à l'Opéra de Milan qui dirigeait cet opéra, et, chose exceptionnel, accepta de le faire rechanter, la foule debout ainsi que les chœurs, comme hommage à la patrie italienne.
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Nous ne mesurons pas l'ampleur de la Révolution silencieuse qui est en train de s'opérer sous nos yeux. Il vient de se créer un mouvement appelé les Veilleurs de la République qui invite chaque citoyen, indépendamment de ses opinions politiques ou religieuses, à assister à toutes les séances publiques des différents Conseils, et, tout en se gardant d'intervenir, à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour défendre la justice, la vérité et le plus faible.
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Et puis, en cette dernière veillée de l'été, Axel nous a parlé de la marche des Veilleurs sur laquelle je vous donnerai tous les détails utiles. Si vous vous sentez aptes à donne un coup de main écrivez à veilleurs.benevoles@gmail.com
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Curieusement, le dispositif policier était des plus légers. Certes nous avons été encerclés à un moment donné, mais c'était plus pour nous protéger des antifas que pour d'autres raisons. Nous avons pu nous disperser, le cœur rempli d'espérance, sans problème, sur le coup d'1 h du matin. Figurez-vous que je suis rentré à pied, en compagnie d'Antoine, de BEAUBOURG à BOULOGNE. Discussion passionnante, animée, argumentée, entre deux amis ! Quelle soirée ! Quelle soirée !
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