samedi 6 juillet 2013

Rien de nouveau sous le soleil : deuxième billet du 6 juilletr 2013

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Qu'y a-t-il de commun entre Augustin COCHIN et Philip HERR ? Le premier est un historien talentueux (Les sociétés de pensée et la démocratie moderne, La Révolution et la libre-pensée) dont la jeune vie a été fauché au début de première guerre mondiale, et le second est un auteur de roman policier dont les intrigues, dans La trilogie berlinoise, se déroulent dans l'Allemagne hitlérienne (L'été de cristal, Pâle figure) ou dans l'immédiat après-guerre (Un requiem allemand). A priori, pas grand rapport, sauf qu'en des passages divers, l'un et l'autre disent, chacun avec leur style propre, les déviances et l'horreur d'une pensée totalitaire. Je conclurai ce billet en mettant très brièvement en rapport ce que disent ces auteurs et les vertigineuses élucubrations de monsieur PEILLON.
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Augustin COCHIN, donc, dit ceci (aux pages 110- 111 des Sociétés de Pensée. Plon, Paris, 1921 - je possède ce livre dans ma bibliothèque) à propos du "salut public" comme fiction nécessaire pour la démocratie, qu'il oppose au "droit divin" sous un régime d'autorité : "Et cela se justifie : la première condition pour sauver la République,  - [...] - c'est-à-dire la cause de la Justice et de la Liberté, n'est-elle pas de défendre ses partisans, les "bons républicains", les "bons patriotes", et de détruire ses ennemis, les "réactionnaires", les "aristocrates" ? Et contre les ennemis, tous les moyens ne sont-ils pas bons, à commencer par l'oubli des principes ? Est-il une justice pour les ennemis de la justice, une liberté pour les "esclaves" ? Si on voile, en 1794, "les statues de la Justice et de la Liberté", c'est pour mieux défendre ces mécréants qui les attaquent.
Telle est la thèse de la défense. Elle paraît avec la démocratie même. Dès le 28 juillet 1789, l'un des chefs du parti de la liberté, DUPORT, proposait de fonder un comité des recherches -[...] - qui pût violer le secret des lettres et enfermer les gens sans les entendre. C'était rétablir les lettres de cachet, moins de quinze jours après la prise de la Bastille, mais au nom du salut public, et contre les ennemis de la Liberté.[...]. Et c'est ainsi que l'oppression d'autorité chassée au nom des principes par la grande porte, l'oppression de salut public rentrerait aussitôt par la petite du fait des circonstances."
 
On ne saurait mieux décrire les raisons et l'origine des écoutes téléphoniques, les gardes à vue abusives, la création des antifas, la lecture préalable des lettres par les censeurs des prisons qui m'oblige à tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler (vous savez la fameuse heptaglossogyration antédiscursive vantée par je ne sais plus quel humoriste) quand je veux écrire à Nicolas BERNARD-BUSSE. C'est en somme cette paranoïa des puissants, oints par le suffrage universel dans des conditions parfois douteuses, qui justifient tous les abus dont sont victimes les opposants aux princes.
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Changeons de décor avec Philipp HERR. Il met en scène HEYDRICH le sinistre et un détective, ancien policier, rappelé par le premier pour reprendre du service afin d'élucider des affaires criminelles gravissimes. HEYDRICH et lui se promènent dans un jardin; Le premier évoque avec nostalgie sa maison de campagne de SCHLACHTENSEE qui possède un terrain de croquet, et il dit à son interlocuteur :

"-C'est un jeu passionnant : je crois qu'il est très populaire en Angleterre. Il nous fournit une intéressante métaphore pour la nouvelle Allemagne. Les lois ne sont que des arceaux par lesquels nous devons faire passer le peuple, en le forçant plus ou moins. Et aucun mouvement n'est possible sans le maillet. Le croquet est un jeu parfait pour un policier."
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En ces deux petits extraits, il me semble que tiennent bien des explications de l'attitude de nos gouvernants. Monsieur HOLLANDE veut faire passer le peuple à travers les arceaux de sa loi sur le mariage homosexuel. Ce sont des arceaux de trop. Il lui faut donc un nombre croissant de maillets : gendarmes, CRS, policiers en civil, juges au service de l'oppression, médias, cultureux qui s'accrochent à leur pitance étatique, (je veux dire subventions diverses et accès privilégié aux médias bien-pensants), menaces, expulsion d'appartements, etc.
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Le projet de monsieur PEILLON est d'arracher les enfants à tous les déterminismes familiaux, ethniques, sociaux, religieux, pour les ramener à son déterminisme à lui, la victoire de ses principes, puisés tout droit dans les hauts faits des ROBESPIERRE, des SAINT-JUST, des FOUQUIER-TINVILLE, et même des Lazare CARNOT(lequel signait en blanc des formulaire de proscription dont furent victimes ses plus proches). C'est la rénovation de la France par la rénovation de l'École. D'abord les idées ; les être humains viennent bien après : on peut taper sur des femmes ou des hommes assis et silencieux devant l'Elysée ou ailleurs, on peut condamner ici et là tel jeune ou tel opposant, monter de toutes pièces des histoires qui souvent se dégonflent, rien n'y fait. Les résistants continueront. Ils nous disent, les princes (ou plutôt les principicules) : d'abord nos idées à nous, eussent-elles administré la preuve de leur nocivité, de leurs effets délétère, de leur violence. Il faut qu'ils se mettent en tête une chose : les abus honteux de la caste des nobles de cours de l'Ancien Régime ont pour exact équivalent les abus honteux des élites fonctionnariales, énarchiques, politiques des années 2010 (Monsieur BOUCAUT et ses 300 000 manifestants au lieu du million quatre-cent mille). En 1789, la révolte des Français étaient fondée en droit et en raison : en 2013, la révolte des Français est fondée encore plus en droit en en raison. Mais les révoltés sont plus malins que les révoltants, et ils démasquent la faiblesse des seconds en les obligeant à avoir recours à une force injuste et disproportionnée pour faire prévaloir leur vue. Jamais nous n'avons vécu  une telle situation depuis deux siècles. C'est tout le charme puissant de notre révolte pacifique contre laquelle ils ne peuvent que faire valoir des lois d'exception (ça ne saurait tarder) et de pitoyables arguments : les jupes plissées et les serre-tête de l'imbécile Jean-Pierre MICHEL, par exemple ; l'égalité des droits entre des choux et des navets ; la promotion de l'amour par le mariage, alors qu'un nombre croissant de couples fonde des familles sans passer par celui-ci. Je crois bien que dans le secret des maisons et des appartements, on est en train de fabriquer de jolis balais dont l'usage salutaire viendra, dans un avenir proche, évacuer les ordures dont est jonché le sol de la démocratie à la socialiste.

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