Cher gendarme, cher membre des Compagnies
Républicaines de Sécurité,
Comme
nombre de nos concitoyens, je sais que vous exercez un métier difficile et je
vous remercie du fond du cœur d’assurer par votre vigilance permanente notre
sécurité et notre tranquillité.
Néanmoins,
récemment il vous a été donné des ordres manifestement illégaux auxquels vous
avez cru devoir obéir par respect pour l’autorité. La rétention arbitraire dans
un véhicule de police de quelques jeunes venus pour soutenir leurs amis de la
Manif pour Tous jugés au palais de justice a été dénoncée par Me TRIOMPHE dans
une vidéo devenue célèbre, et devant l’opiniâtreté fondée de l’avocat, vos
collègues ont dû céder et les libérer. Que dire des gardes à vue qui dans la
plupart des cas ne sont suivies d’aucune comparution en justice ? Ou de
l’embarquement de 52 Veilleurs le soir du 26 juin, Place de la République à
Paris ? Ou de l’interpellation de Franck TALLEU dans les jardins du
LEXEMBOURG au motif qu’il portait un tee-shirt de la Manif pour Tous ? Ces
ordres et ces mesures sont non seulement disproportionnés avec l’ampleur du
très hypothétique trouble de l’ordre public, mais ils sont encore illégaux, et
vous n’êtes donc pas tenus de les exécuter, ni juridiquement, ni moralement.
La
résistance des Veilleurs, dont je suis, est non violente. Elle témoigne de la
volonté de l’immense majorité des jeunes qui composent leurs assemblée (ce
n’est pas mon cas ; je ne suis pas « jeune ») de ne plus subir
les offenses faites à la démocratie, à l’homme et à la justice par un pouvoir
aux abois. Regardez-les ces jeunes ! Ils pourraient être vos fils ou vos
filles, votre frère ou votre sœur. Ils n’ont pas d’armes, ne cassent pas les
vitrines, ne renversent pas les voitures, n’agressent pas les voyageurs du
métro. Ils sont là pour témoigner qu’une autre façon de vivre ensemble est
possible. Ils disent NON à la vision qu’une minorité d’idéologues parfaitement
coupés du réel veut imposer à une France de plus en plus réfractaires à ses
vues. Ils le disent dans la non-violence, la fraternité, la culture partagée,
la communion dans la joie.
Refusez
d’obéir à des ordres illégaux, désobéissez à des supérieurs qui se croient tout
permis parce qu’ils sont vos supérieurs, obéissez plutôt à votre conscience.
C’est grâce à des hommes de cette trempe que pendant les années noires de
l’Occupation, l’honneur de notre Patrie n’a pas tout à fait sombré.
Résistez ! Maintenez l’ordre quand le désordre violent menace, bien sûr,
car c’est votre vocation. Restez passifs et désobéissez dans le cas contraire.
Celui
qui vous écrit n’a plus 20 ans. Désormais, l’horizon de sa vie est celui du
Grand Passage. Il trouve dans cette résistance imprévue et inspirée une joie et
une force qui illumine la dernière partie de sa vie. Partagez avec nous cette
espérance ! Désobéissez ! Ecoutez la grande voix de LANZA del VASTO, l'apôtre de la non-violence :
"La justice est la substance du devoir. Il est juste
de remplir son devoir d’état, mais le premier devoir est de se demander si
notre état est justifié. Nous avons le devoir d’obéir à nos chefs pourvu que
leur autorité soit légitime, mais cela ne nous dispense pas du devoir de nous
demander si l’ordre qu’ils nous donnent est juste. C’est devoir de se soumettre
à la loi du pays, — mais avant tout de se demander si cette loi est juste. Car
elle peut bien avoir été imposée par des tyrans ou des conquérants, par un
imposteur ou par des profiteurs, ou n’être due qu’à des superstitions ou à
d’anciennes erreurs. Le premier devoir est peut-être alors de désobéir
ouvertement, ou d’attaquer la loi de quelque autre façon.
Quoi qu’il en soit, notre premier devoir est
d’observer la justice, et notre second devoir de ne pas tolérer qu’on la viole.
Le témoin d’une injustice qui détourne la tête sous
prétexte que cette affaire ne le regarde pas, sous couvert de discrétion ou
d’impassibilité n’est qu’un lâche. Sa non-intervention, loin de le mettre hors
de cause, le compromet au contraire avec l’injuste."
Et soyez assuré de mon respect pour votre personne.
Philippe POINDRON"
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J'espère faire mentir TIPPEL et son commentaire désabusé sur les forces de l'ordre ; j'ai de bonnes raisons de pensée qu'elles n'obéissent qu'à contre-coeur à des ordres ineptes. Je vais ce soir pour 21 h 30, Place de l'Hôtel de Ville pour une veillée consacrée à la liberté et la responsabilité, et c'est dans ce cadre que j'ai écrit cette letttre.
1 commentaire:
Enfin le voilà ce billet ! il est trés bien. Merci
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