lundi 31 mars 2008
Anomalie du septième jour ? Vraiment ?
jeudi 27 mars 2008
La solidarité, encore
En fait, dès qu'on appuie dessus le regard de l'esprit, on voit son amalgame se décomposer en deux éléments d'inégale valeur et de sens contraire : l'un c'est la Charité, l'autre c'est l'Esprit de Corps. L'un ou l'autre peuvent constituer la solidarité : l'un et l'autre y contribuent à quelque degré. Mais par leur essence et leurs effets ils se distinguent, ils s'opposent, ils doivent s'opposer. [...] Il va de soi que celui qui aime n'a qu'à faire ce qu'il veut pour bien faire ; qu'on n'a besoin d'user ni de contrainte pour l'écarter de l'injustice, ni de menaces pour le rappeler à ses devoirs ; que là où la charité règne, il ne peut subsister ni dol, ni vol, ni violence, ni division, ni oppression, ni révolte."
mercredi 26 mars 2008
L'exemple des Romains, ou comment en prendre de la graine
La France, toute proportion gardée, est dans cet état là. Du reste, le Journal Marianne titre : Un Président impuissant, et sous-titre (notamment) sur la crise économique mondiale, et le lâchage des media pour expliquer la chute de popularité du chef de l'Etat.
Or voici ce que dit un auteur du XVIIIe S. (qui n'était pas un Philosophe) à propos des moyens mis en oeuvre par Rome pour redresser une situation désespérée. "Le Consul représenta que les Magistrats devaient donner l'exemple au Sénat, & le Sénat au Peuple, d'aider la République dans l'extrémité où elle se trouvait : Que le moyen d'engager les inférieurs à contribuer de leurs biens au soutien de l'Etat était de commencer par le faire soi-même : Qu'ainsi, ils devaient tous porter au trésor public leur or & leur argent. Cela fut exécuté sur le champ, & avec un tel zêle (sic), qu'à peine les Receveurs et les Greffiers pouvaient-ils suffire à l'empressement public, chacun ambitionnant l'honneur de se faire incrire des premiers. L'Ordre des Chevaliers, & ensuite le Peuple, en firent autant, sans qu'il fût besoin pour cela d'aucun Edit public".
In
De la manière d'enseigner et d'étudier les Belles Lettres, par rapport à l'esprit et au coeur. Tome quatrième. Nouvelle édition.
par M. ROLLIN.
A Paris, chez les Frères Estienne, Rue saint Jacques, A la vertu (re-sic).
1755.(Je possède les quatre tomes de cet ouvrage dans ma bibliothèque)
Et monsieur ROLLIN dit un peu avant ceci, commentant le point de vue de CICERON :
"On ne peut bien gouverner un état sans garder en tout une exacte justice".
Voilà pourquoi le paquet fiscal dans certaines de ses dispositions ne peut être reçu par l'esprit public.
Voilà pourquoi les mesures que les députés de l'ancienne législature ont prises à l'unanimité, concernant leur retraite et les indemnités qu'ils recevraient pendant des années au cas où ils seraient battus, sont tout simplement scandaleuses.
Voilà pourquoi les traitements, parachutes dorés et autres indemnités des grands patrons d'industrie ne peuvent être comprises.
Quand la nation va mal, tous et surtout les élites, doivent contribuer à son redressement. On en est hélas très loin, car "la souveraineté du Libre Arbitre", et l'individualisme lié à l'absence de références morales objectives ont triomphé de tous les scrupules. Nous n'avons pas pris exemple sur les Romains, hélas !
On a beaucoup glosé sur l'augmentation du traitement du Président de la République, alors même qu'il est avéré que cette augmentation ne coûte rien au Trésor Public, puisqu'il s'agit simplement d'un transfert dans l'affectation des fonds attribués au fonctionnement de l'Elysée. Il est clair toutefois que cette mesure était inopportune, quand bien même elle permet une plus grande transparence. Mais on a assez peu commenté les augmentations que messieurs les deputés se sont octroyées avant de partir en campagne électorale.
mardi 25 mars 2008
Euthanasie, Révolution, Lamartine. Que de coïncidences
1. Un correspondant me signale la publication du livre dont voici la référence (Vous noterez la date de parution, janvier 2008. Y-aurait-il une prise de conscience tardive de la part de nos historiens ?)
Le livre noir de la Révolution française.
Renaud Escande, Pierre Chaunu, Isabelle Storez- Brancourt, Collectif, J-P Brancourt
Paru le 31/01/2008
Éditions du CERF, Paris.
2. Tout à fait par hasard, j'ai eu hier entre les mains le Figaro du jour. Dans sa chronique intitulée Euthanasie : un débat suicidaire, Alain-Gérard SLAMA reprend l'argumentation que j'avais exposée il y a peu, après le décès de Chantal SEBIRE. Il va même jusqu'à citer (exactement) BERNANOS :"L'homme a le coeur dur et la tripe sensible" qui figure au début des Grands Cimetières sous la lune. Coïncidence ? Non je ne le crois pas. Le chroniqueur conclut son article - je vous en recommande absolument la lecture - comme ceci : "Prétendre légiférer en matière éthique autrement que pour rappeler les principes, aboutit à relativiser ces principes, sous prétextes de les mettre en accord avec les moeurs, et à asseoir ainsi l'arbitraire d'une morale d'Etat, dont la logique est totalitaire".
3.Figurez-vous que j'ai une passion, la reliure. J'ai trouvé il y a quelques années à Salins-les-Bains les "Méditations poétiques" de Lamartine, en édition originale. Une association caritative vendait des livres au poids ! Ces livres valent la peine d'être reliés. Je m'y suis mis. Et hier, en vérifiant l'ordre des cahiers que j'avais débrochés je tombe sur une poésie intitulée... Les Révolutions. Permettez que je vous en livre une strophe. Elle est prophétique :
Mais vous peuples assis de l'Occident stupide,
Hommes pétrifiés dans votre orgueil timide,
Partout où le hasard sème vos tourbillons,
Vous germez comme un gland sur vos sombres collines,
Vous poussez dans le roc vos stériles racines,
Vous végétez sur vos sillons.
Bonne journée quand même !
lundi 24 mars 2008
Souffrances et mort : à propos de l'euthanasie
dimanche 23 mars 2008
Pâques
samedi 22 mars 2008
Le détail et la structure, ou l'esprit de monsieur Le Pen
vendredi 21 mars 2008
Précisions sur la Révolution
Les petites écoles sous l'ancien Régime. (Collection "De mémoire d'homme" [dirigée par Lucien BÉLY].)Ouest-France, Rennes, 1984.
JE NE PEUX PAS ADHERER A UN REGIME NE DANS L'INJUSTICE, LA VIOLENCE, LA PERSECUTION, ET LE SANG. Cela m'est impossible. Sauf si ce régime ne cache pas cette origine, et ne cherche pas à la légitimer en occultant ce qui est gênant et en exaltant ce qui n'est que fumée.
Enseignement, mensonge d'Etat et Révolution française
jeudi 20 mars 2008
Egalité réelle, égalité idéologique, équité
mercredi 19 mars 2008
La Révolution française, une crise mimétique sans solution
lundi 17 mars 2008
Après les élections
dimanche 16 mars 2008
Le progressisme, hélas ! Et sa victoire annoncée
J'ai déjà eu l'occasion de discuter avec vous de quelques propositions présentées par Henri HUDE dans son livre remarquable "Éthique et politique" [Éditions Universitaires, Paris, 1992]. En ce jour qui nous promet la très vraisemblable victoire de "la goooche", je voudrais vous explique mon opposition fondamentale au progressisme, dont le socialisme est un avatar historiquement incarné. Et pour cela, je vais reprendre l'argumentation de ce philosophe.
"Mais voici, dit-il, l'argumentation du progressiste : 'Chaque liberté individuelle est en effet souveraine dans ses évaluations. Mais elle doit admettre que les autres libertés individuelles le sont aussi. C'est pourquoi nous n'aboutissons nullement à une société de force, mais à une société de droit, où chacun a la possibilité d'affirmer ses propres valeurs dans le respect de celles des autres. Quant à l'Etat et aux lois, ils sont là pour assurer à chacun l'usage de son droit d'évaluation souveraine, dans le respect de celui d'autrui'.
Je réponds. Quelle raison y-a-t-il (en dehors du bon sens et de l'équité naturelle, que j'admets mais qu'il n'admet pas) pour soutenir qu'il faudrait universellement respecter l'arbitraire de l'un à se modérer, et à respecter l'arbitraire de l'autre ?
Il m'est parfaitement possible de reconnaître que l'autre est aussi souverain que moi en matière d'évaluation, et de constater en même temps que la réalisation de ses valeurs empêche ou limite celle des miennes. Par suite, je puis décider de lutter contre lui et de le comprimer énergiquement, afin de me réserver une possibilité maximale d'expression de mes propres évaluations. Et je puis même admettre une règle de réciprocité puisque je ne prétends nullement empêcher l'autre de tenter de me réprimer comme je m'efforce moi-même de bloquer son expression par tous les moyens.
Si par contre j'admets comme DES VALEURS EN SOI (c'est moi qui souligne), le principe de modération et de réciprocité, j'en fais des parties intégrantes d'une valeur, la JUSTICE (idem), que j'ai à reconnaître et non à décréter. Si donc je prétends que ma règle d'évaluation arbitraire aboutit à un état de droit, c'est parce que je reconnais à mon insu, et de manière tout-à-fait illogique, certaines valeurs objectives, universellement normatives, et indépendantes de mon arbitraire individuel. C'est donc ce qui en moi n'est pas rationaliste qui m'empêche de devenir le fasciste que je devrais être."
Ce texte remarquable décrit la contradiction dans laquelle se débat le socialisme. Ses chantres récusent l'ordre moral, mais comme il leur faut pour gouverner une régulation juridique, il faut des normes (qui fluctuent, j'en conviens) perçues comme universelles, en fonction desquelles se déterminent ses juristes. Il en résulte, ce que nous vivons à un paroxysme insoutenable dans notre pays, un individualisme forcené (la souveraineté du libre arbitre), et une accumulation de normes juridiques, contraignantes, arqueboutées sur des valeurs reconnues universelles, et qui n'est jamais à l'heure actuelle "qu'une valeur posée par plusieurs individualités". Ainsi le combat actuel pour le pouvoir est la lutte d'un clan contre un autre, qui a pour seul but et seul effet d'imposer par la force un système de valeurs qui n'est fondé que sur l'arbitraire individuel.
Strasbourg, Toulouse, Marseille peut-être, vont sans doute être gérés par des équipes qui se réclament de cette philosophie progressiste. Ce ne sera jamais que la revanche d'une violence sur une autre violence. Tant que nous n'aurons pas admis qu'il existe des normes morales, non transcendantes certes, mais universelles, trans-historiques et trans-spatiales, nous n'aurons pas beaucoup fait avancer les choses. Les progressistes en cette matière ont une longueur d'avance sur les conservateurs en matière d'arbitraire politique et de non droit, car "la seule valeur reconnue dans ce système, c'est l'arbitraire individuel". Je vous invite, ce soir, à réfléchir, et à pleurer sur l'avenir de notre patrie.
vendredi 14 mars 2008
Strasbourg : des précisions d'un conseiller municipal
(1) l'augmentation forte de la fiscalité pesant sur les ménages (Taxe d'Habitation, Taxes Foncières) et les entreprises (Taxe Professionnelle), car au fond l'audit promis par M. Ries n'a d'autre but que de justifier une telle hausse massive à laquelle M. Ries et ses amis ont d'ailleurs déjà procédé en 1989 et en 1995. Les Verts en sont encore plus convaincus que les socialistes.
(2) un coup d'arrêt au développement des transports collectifs : les Verts ont contribué à paralyser les chantiers du tram. Ils sont contre tout développement des aéroports autour de Strasbourg. Ils sont aussi contre la réalisation de la deuxième phase de la Ligne à Grande Vitesse [LGV] entre Baudrecourt et Vendenheim. Ils se sont, avec les élus socialistes de Strasbourg opposés à la première phase du tram-train comme à l'engagement du projet de bateaux bus Illéo.
(3) la fin de tout projet de création de places de stationnement, puisque selon la philosophie maintes fois développée par le Professeur Ries, il faut contraindre plutôt que convaincre. Son dogmatisme rejoint là aussi celui de ses amis Verts.
jeudi 13 mars 2008
Les légendes ont la vie dure
mercredi 12 mars 2008
Souvenons-nous
lundi 10 mars 2008
Elections
dimanche 9 mars 2008
La moutarde me monte au nez
vendredi 7 mars 2008
Questions avant les élections
jeudi 6 mars 2008
Un bel article de Michel Rocard
Tous derrière Laurence Parisot !
Le 28 mai 1890, Jean Jaurès publiait dans La Dépêche du Midi un superbe éditorial qu'il titrait "Patrons français, soyez fiers de l'être". Dans cet hymne à tous ceux qui exercent la difficile fonction de direction dans l'art de produire, il dit à la fois son admiration et son intelligence profonde de leurs risques, de leurs difficultés et de leurs peines. Il fixait en même temps, on l'a trop oublié, la ligne générale de la social-démocratie internationale dès lors que celle-ci a abandonné l'idée de remplacer le capitalisme et sa brutalité mais aussi l'économie de marché par l'administration centralisée de l'économie plus ou moins appuyée sur l'appropriation collective des moyens de production et d'échange.
Assurant la liberté d'entreprendre, de produire et de commercer, l'économie de marché est à la fois le point d'ancrage et la garantie de la liberté tout court dans notre civilisation. Elle est vieille de plus de trois mille ans. Vieux, lui, d'à peine plus de deux cents ans, le capitalisme y a ajouté – par la machine et l'épargne collectivement utilisée – un système de production de masse inouï dont on n'a jamais inventé ni l'équivalent ni le substitut.
Dès la fondation du capitalisme, nombreux furent ceux qui remarquèrent qu'il avait d'autant plus besoin d'éthique qu'il avait moins besoin de règles. Les créateurs de la théorie économique qui l'encadrait étaient presque tous des moralistes : Adam Smith, David Ricardo, François Quesnay… Et l'un des plus rudes patrons industriels de la première moitié du XXe siècle, Henry Ford, estimait que la capacité du capitalisme à éviter les règles étatiques paralysantes était directement liée à sa capacité de s'imposer une éthique exigeante. Notamment, par exemple, le principe qu'un patron ne saurait se payer plus de quarante fois le salaire moyen de ses salariés. Cette règle fut respectée jusque vers les années 1990.
Il est utile de se souvenir de tout cela quand explose en France le scandale de l'UIMM, aggravé du scandale de l'indemnité de départ de Denis Gautier-Sauvagnac – vingt-six fois le salaire annuel d'un agrégé de l'université – et compliqué du refus de la fédération patronale de la métallurgie d'accepter la remise en ordre exigée par la présidente du Medef, Laurence Parisot. Cette très efficace et droite présidente de PME a bien compris que l'affaire était essentielle. A l'évidence, il y a du souci à se faire si le système devient illégitime et inacceptable. Mais il y a beaucoup plus. Cet incident survient à un moment où tous les pronostics de croissance économique sont révisés à la baisse, où une crise bancaire et financière fait rage, bref où il semble que nous entrions dans une récession mondiale.
L'ouverture de la crise se fait dans le secteur des prêts hypothécaires américains. Elle est le résultat d'une technique bancaire nouvelle consistant à prêter massivement de quoi devenir propriétaire de son logement à toute une population aux revenus moyens ou faibles, sans se soucier des possibilités de remboursement. L'espoir du gain pour les prêteurs n'est plus fondé sur le paiement des loyers, mais sur la valeur des maisons que l'on expropriera et revendra autant que nécessaire. Un million trois cent mille Américains ont été ainsi expropriés ces deux dernières années et trois millions d'autres sont menacés. L'effondrement du système traduit la résistance sociale à cette situation. La rapacité bancaire s'est là débarrassée de tout scrupule découlant du fait que ses victimes étaient des êtres humains. La cause majeure de la crise est clairement l'immoralité.
Deuxième élément. Les détenteurs de ces créances douteuses savaient fort bien que les titres dont ils s'étaient ainsi rendus propriétaires étaient frelatés. Plutôt que d'analyser, de provisionner et de soumettre le tout aux régulateurs nationaux ou aux agences de notation, ils ont préféré mélanger ces titres avec d'autres, moins incertains, pour revendre dans le monde entier de tels paquets de crédits, dont le mélange avec des crédits dérivés assurait l'opacité totale. C'est une deuxième immoralité massive, également liée à l'esprit de lucre. Et c'est ainsi que toutes les grandes banques de la planète ont vu leurs bilans infestés de créances incertaines dont le montant est imprévisible : on parle de centaines de milliards de dollars. Les banques se sont mises à se méfier les unes des autres, et donc ne se prêtent plus, ce qui est le mécanisme même de l'aggravation de la crise financière en même temps que de sa transmission à l'économie physique, réelle. Ainsi nous acheminons-nous vers une récession aux proportions incalculables.
Troisième élément. Tout cela n'aurait peut-être qu'une gravité limitée à la seule sphère financière si au même moment nous ne rencontrions pas les prodromes d'une crise économique. De 1945 à 1975, le capitalisme reconstruit d'après-guerre, parce que sérieusement régulé, a connu dans le monde développé une croissance régulière et rapide (5% par an), une absence complète de crises financières internationales et surtout le plein-emploi partout.
Depuis les années 1990, la croissance est molle, inférieure de plus de moitié aux scores de l'ère précédente, les crises financières régionales ou mondiales se multiplient, et le quart de toutes nos populations sont soit au chômage, soit en travail précaire, soit encore exclues du marché du travail et tout simplement pauvres.
La principale cause de ce drame planétaire est le réveil de l'actionnariat. Celui-ci, plutôt maltraité de 1945 à 1975, s'est réveillé et puissamment organisé en fonds de pension, fonds d'investissements et fonds d'arbitrage ou hedge funds. Il a pris souvent le pouvoir et toujours de fortes minorités dans toutes les grandes entreprises de la planète. Il a partout pressuré les revenus du travail pour assurer de meilleurs dividendes. En trente ans, la part des revenus directs et indirects du travail a perdu près de 10% dans le partage du PIB dans tous les pays développés au bénéfice du profit et non de l'impôt.
La stagnation des salaires réels, l'externalisation des tâches vers des PME sans syndicats et soumises à l'aléa des renouvellements de contrats, la multiplication des contrats précaires et bien sûr la multiplication des OPA, moyens de soumettre les directions à l'obligation de mettre en œuvre ces pratiques, sont les diverses formes de diffusion de ces politiques. La baisse des revenus salariaux dans le PIB est celle des revenus les plus disponibles pour la consommation, qui, faute de moteur, devient faible. C'est l'essentiel de nos classes moyennes supérieures, qui, via les placements boursiers, a mis ses espoirs dans le gain en capital et non plus dans le résultat du travail. Nouvelle immoralité.
Quatrième élément. Les générations d'aujourd'hui deviennent âpres au gain. On a appris il y a deux ans comment les grandes banques ne peuvent actuellement éviter de surpayer leurs traders : ils s'en vont en Asie. Jérôme Kerviel a même démontré comment on pouvait être désintéressé pour soi-même en servant, jusque dans la démesure, un système fou d'accaparement. Les indignités cumulées d'un Antoine Zacharias [ancien PDG de Vinci qui a perçu 13 millions d'indemnités] ou d'un Noël Forgeard [ex-président d'EADS parti avec une prime de 8,5 millions d'euros], ou celles de l'UIMM sont presque peu de chose comparées à ce qui se passe ailleurs. Siemens, Volkswagen et la Bundespost sont confondues de corruption ou de fraude fiscale. Le nombre de sociétés en délicatesse avec la justice pour cause de trucages comptables, de délits d'initiés ou d'abus variés devient inquiétant. Nombre d'entre elles sont poussées à ces délits par leurs propres cadres.
Pour moi, la cause est entendue : le capitalisme sombre sous l'immoralité. Nous sommes en train de découvrir qu'il risque techniquement d'y succomber. Tel est le contexte de l'affaire de l'UIMM. Ne sourions pas de ce combat sans merci interne à une catégorie de gens à laquelle nous n'appartenons pas : les riches. Le problème est que leur voracité menace le système lui-même dans lequel nous vivons. Le combat de Mme Parisot nous concerne donc tous : il ne s'agit pas seulement de redonner sa dignité à un système qui en a bien besoin, mais surtout de lui permettre de revenir à un fonctionnement efficace et régulier. Nous avons choisi la libre entreprise. Elle exige de bons patrons, respectables et intègres. Sans éthique forte, il n'y a plus de capitalisme. Il va probablement devenir nécessaire que la règle publique y pourvoie."