Nous étions au bord du gouffre ! Nous avons fait un grand pas en avant. Je m'étais promis de ne plus délivrer de billets. Mais les résultats des élections invitent à faire quelques réflexions.
Sur les sondages d'abord. Ils se sont une fois de plus trompés. Nous allions voir ce que nous allions voir. Jean-Luc MELENCHON en troisième position, Marine LE PEN reléguée dans les ténèbres extérieures de l'exécration populaire, François HOLLANDE triomphant, Le Président sortant désavoué massivement. Rien de tout cela, malgré les avis tonitruants des journalistes, dont ceux de France Info forment la cohorte la plus savoureusement indécrottables.
Sur France Info donc. Cette radio titre sur son site Web "Toute la gauche unie derrière François HOLLANDE". Il m'aurait semblé plus conforme à la réalité de dire : "Sans citer jamais son nom, Jean-Luc MELENCHON appelle à voter pour celui qu'il a qualifié il y a peu de 'capitaine de pédalo'... " Et la chaîne insiste de l'autre côté sur le nécessaire grand-écart que devrait accomplir Nicolas SARKOZY pour rassembler les électeurs qualifiés de droite. J'aurais compris que, dans la logique marxiste, (et comme me l'avait dit à propos d'un événement qui touchait la troupe scoute dont j'étais le responsable, il y a très très longtemps, la maire communiste de cette ville de grande banlieue Ouest se le ban de laquelle se déploie une importante gare de triage), monsieur MELENCHON fît voter pour monsieur SARKOZY, "afin d'accélérer la survenue de la Révolution prolétarienne" en suscitant un accroissement de tension entre les"classes", en exacerbant "la lutte des classes". Monsieur MELENCHON nous a amené au bord du Rubicon, mais c'était pour pécher à la ligne.
Les Français vont voter pour monsieur HOLLANDE, très vraisemblablement. Ils préfèrent le Carlton au Fouquet's. C'est leur droit, et c'est la grandeur de la démocratie que de pouvoir chasser du pouvoir un homme jugé incompétent et y mettre un autre dont les compétences demandent à être prouvées . Le problème c'est que l'on a jugé l'homme SARKOZY, non sa politique. Je ne tomberai donc pas dans le travers qui consiste à brocarder l'homme HOLLANDE pour lui soustraire des voix. Non. Il suffit de s'arrêter sur deux ou trois de ses propositions ou opinions : "Je n'accepte pas (sic) que le yuan (la monnaie chinoise) soit sous-évalué". Bon ! C'est vrai. Il n'accepte pas et moi non plus. Maintenant comment va-t-il s'y prendre pour faire plier la Chine, alors que le principal partenaire commercial de l'Empire du Milieu, les USA, s'y est cassé les dents ? C'est une "parole verbale", dénuée de toute portée. Un pays de 65 millions d'habitants contre un colosse d'1 millard 300 millions d'habitants !
Le principal ennemi de monsieur HOLLANDE, c'est la finance. Voilà une parole bien imprudente de la part d'un homme amené à diriger la France, un pays qui a besoin d'emprunter sur les marchés financiers internationaux pour payer ses fonctionnaires et les retraites. J'aurais compris qu'il désignât l'argent comme adversaire, mais la finance ! Croit-il, malgré ses dénégations londoniennes, que le monstre froid va rester sans réagir ? Et comment va-t-il s'y prendre pour faire plier la Grande-Bretagne dont 15 % du PIB est tiré de ses activités financières ? Sans compter les Etats-Unis. Certes, la finance et l'argent sont étroitement acoquinées, mais pourquoi monsieur HOLLANDE et ses amis politiques parlent-ils sans arrêt de pouvoir d'achat (pudique synonyme "d'argent à dépenser") ?
François HOLLANDE veut renégocier les traités européens. Honnêtement, il faut reconnaître qu'il n'a pas tout à fait tort. Mais nous ignorons dans quel sens il veut le faire. Et je lui souhaite bien du plaisir s'il s'avise de heurter de front les positions allemandes. Là encore, il me semble qu'il y a de la rodomontade.
Ne parlons pas du choix de mourir dans la dignité. C'est une proposition indigne. Et il n'y a même pas lieu, aujourd'hui, d'en parler, ni de parler de la libéralisation de la vente de cannabis. Combien faudra-t-il faire tuer de piétons par des chauffeurs sous son emprise avant de réaliser que c'est une erreur majeure. Mais la proposition attire des voix, et le pouvoir a des charmes qui font litière de la morale.
La vérité c'est que le système bipartisan, les haines qui se déchaînent à droite comme à gauche, alors qu'il faudrait une France rassemblée, les ignobles attaques de la presse qui ne pardonne pas au Président sortant de n'être pas du sérail, nous font courir à l'abîme. Oui ! Nous étions au bord du gouffre ! Nous avons fait un grand pas en avant.
Ne me demandez pas d'écrire régulièrement