mardi 31 juillet 2012

Commentaires sur la lettre à Manuel Valls

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Vous avez remarqué, du moins ceux qui ont lu ou parcouru la lettre qu'a envoyée madame ALAMACHERE à Manuel VALLS, que je me suis abstenu de la commenter. Pour toutes sortes de raisons d'ailleurs, que je vais m'efforcer de vous expliquer.
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Il y a des raisons de forme, tout d'abord. Certains passages de cette lettre me paraissent inutilement agressifs et, pour cette raison, perdent de leur force démonstrative. Mais c'est la règle du genre, et je confesse qu'il m'est arrivé, plus souvent qu'à mon tour, de tomber dans ce travers. Mais en rester à la forme, c'est ignorer le danger auquel nous expose une certaine expression de la pratique musulmane.
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Il y a des raison de fond, ensuite.
(a) Dans cette lettre, du reste assez bien informée, il est fait allusion au passé. L'allusion est souvent trop générale. Mais elle est juste. Rappelez-vous le procès en politiquement incorrect que l'on a fait à Sylvain GOUGENHEIM. Il avait eu le front de soutenir, preuves à l'appui, que les philosophes arabes médiévaux du Moyen-Orient n'avaient pas joué le rôle qu'on leur prête avec complaisance dans la redécouverte d'ARISTOTE, et que des monastères, comme celui du Mont Sain-Michel avait été des acteurs infiniment efficaces dans cette renaissance de la pensée grecque en Occident. J'ai du reste rédigé un billet sur ce sujet et je rappelais que plusieurs penseurs musulmans arabes ont eu pour maître des penseurs chrétiens arabes à qui revient justement la propagation des ouvrages d'ARISTOTE. Manuel VALLS se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'à la clavicule en reprenant à son compte un préjugé dépourvu des nuances factuelles indispensables à la compréhension du passé. Attribuer à la brillante civilisation musulmane de CORDOUE des mérites indus en donnant l'impression que la chrétienté de l'époque était ignare et arriérée est une imposture intellectuelle de première grandeur. Elle a commencé avec la haine du christianisme développée par tous les imbéciles (au sens de BERNANOS) qui ont présidé aux destinées de la France depuis le début du XXe siècle. Les imbéciles, hélas, sont féconds.

(b) Il est fait également allusion à des faits contemporains précis dont la signataire de la lettre et monsieur VALLS ont été les témoins directs, et que la presse bien-pensante de gauche n'a pas évoqués. Voilà qui me paraît beaucoup plus grave. Je regrette simplement que la signataire donne l'impression d'assimiler musulmans et arabes : tous les arabes, en effet, ne sont pas musulmans, et ils payent souvent de leur vie leur attachement à Jésus. J'en ai parlé. Tous les musulmans ne sont pas arabes. Et, à mon avis, leurs intégristes constituent un vivier au moins aussi dangereux que celui formé par les suppôts arabes d'AL-QAIDA.

(c) Et puis il y a, selon moi informulé, le douloureux constat que nous vivons dans une situation politique schizophrène quant aux rapports des religions et des pouvoirs publics, des rapports marqués du sceau assez fragile de la laïcité. Dans un autre billet, je tâcherai de vous démontrer que le projet de laïcité n'est que le symétrique optique du projet d'une imaginaire Cité de Dieu, pensée et voulue par des monarques plus soucieux de leur gloire que de celle de leur Créateur. Nous avons aujourd'hui les monarques que nous méritons.
Bref, la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte. Voilà qui est clair, en apparence. Il n'y a pas trente-six solutions pour donner de l'épaisseur à cette ambition. La première consiste à appliquer à la lettre le principe et à interdire à quelque ministre que ce soit de participer de près ou de loin à des manifestations religieuses. Neutralité stricte par conséquent. La seconde est une solution relativiste. Elle consiste à considérer que toutes les "religions" se valent, à tolérer leur expression dans l'espace public, à ne pas intervenir dans celle-ci (pas de lois, pas de décrets, pas de règlements, rien sur le foulard islamique, rien sur la burqua, rien sur les turbans sikhs, rien sur les croix portées par les jeunes dans les collèges et lycées, pas de législation sur les sectes, pas de MILIVUDE [je crois que c'est l'abréviation de cette mission interministérielle qui enquête sur les sectes], simplement une vigilance quant au respect de l'intégrité psychique et physique des adeptes et il y a des lois qui sanctionnent ces abus). La troisième, la seule qui me semble raisonnable, consiste à reconnaître que la France est un pays de tradition, de culture et de moeurs chrétiennes, de le reconnaître (Ah ! JOSPIN ET CHIRAC et leur refus d'inscrire les origines chrétiennes de l'Europe dans le Traité constitutionnel, alors que c'est une évidence historique ! Ils ont commis une erreur impardonnable) et d'en tirer les conséquences juridiques (pas de prénoms étrangers pour des jeunes nés en France de parents étrangers, pas de polygamie, pas de burqua ni de foulards, pour cette raison-là, pas d'excision, etc. ; seule cette reconnaissance donnerait un fondement juridique à de telles interdictions).
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Il me semble que CONFUCIUS a bien compris l'importance de la Tradition. Ne dit-il pas (Entretiens, Livre II, section 11 ; traduction du Pr Anne CHENG) : "[...] : le bon maître est celui qui, tout en répétant l'ancien, est capable d'y trouver du nouveau". Je reviendrai sur cette maxime dans un très prochain billet. Je suggère à messieurs les ministres de lire, relire, méditer ce sage dont ils ont beaucoup à apprendre.
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C'est tout pour aujourd'hui.

lundi 30 juillet 2012

Lettre à Manuel Valls

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Un très cher ami alsacien me transmet cette lettre ouverte écrite par madame ALAMACHERE à monsieur VALLS, personne que par ailleurs je ne connais pas. Je vous la transmets sans commentaires ni modifications. J'aurai l'occasion de donner un point de vue plus détaillé sur cette importante question.
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Lettre à Manuel Valls après l’inauguration de la mosquée de Cergy

Monsieur le Ministre de l’Intérieur
Ministre de l’Intérieur
Place Beauvau
75008 Paris

"Monsieur le Ministre,

J’ai pris connaissance de votre discours lors de l’inauguration de la mosquée de Cergy le 6 juillet dernier et j’en ai été profondément bouleversée et choquée. Vous donnez immédiatement le ton en évoquant un acte qui n’est pas anodin. En effet, qu’un représentant de la République en principe garant de la Loi de 1905 interdisant la  reconnaissance d’un culte inaugure un centre religieux ne peut en aucun cas être anodin. Par cette allégeance une idéologie religieuse vous commettez donc un acte hors-la-loi, bel exemple venant d’en haut ! Si nos dirigeants eux-mmes ne respectent pas les lois, comment demander au peuple de les respecter ?

L’allusion à la formation de NOS imams enfonce le clou. Depuis quand la France est  propriétaire des prêcheurs islamiques ? Vous évoquez ensuite un dessein collectif ayant impliqué dix associations représentatives de la diversité de Cergy. Qu’est-ce que la diversité M. Valls ? Ce sont des gens qui se distinguent de la population lambda, qui en refusent les codes, les règles, la culture, qui refusent de s’assimiler au peuple français comme vous-même vous êtes assimilé, et préfèrent s’en démarquer, s’en diversifier pour ne surtout pas vivre ensemble. En acceptant ce système de ségrégation diversitaire vous participez vous-même une étrange forme d’apartheid qui ne dit pas son nom, comme si ces personnes issues de la diversitén’étaient moralement pas assimilables par nature. Cette ségrégation condescendante flirte étrangement avec un racisme diffus présentécomme une bienveillante discrimination positive(sic) alors qu’il n’est que le reflet du mépris accordé àdes êtres jugés inférieurs.

Pourquoi ces personnes ont-elles besoin de se réunir en associations de la diversité si ce n’est pour s’opposer aux citoyens français ? La Nation une et indivisible est-elle censée reconnaître et aider ces associations séparatistes ? Tout cela semble bien loin d’un dessein collectif.

Je note au passage que vous n’évoquez pas une consultation des habitants de Cergy eux-mêmes mis certainement devant le fait accompli.

'L’islam d’aujourd’hui est l’héritier de celui qui, pendant plusieurs siècles, à Cordoue, fut un accélérateur de connaissances, de culture et d’acceptation mutuelle'. Vous plaisantez sans doute. L’islam s’est imposépartout par la force, par les razzias, par le sang, par les conversions forcées, par l’égorgement. L’esclavagisme arabo-musulman sur les blancs chrétiens a perduré durant plus de 1 000 ans. Plus de 1 000 ans Monsieur Valls… !! Vous rendez-vous compte ? Affirmer qu’il y a eu acceptation mutuelle et apport culturel est soit un pur mensonge, soit une grave ignorance de votre part.

C’est pourquoi affirmer que  l’Islam a toute sa place en France  relève de l’inconscience. Non Monsieur, l’Islam n’a certainement pas sa place en France puisqu’il est contraire à la laïcitéet à la démocratie. Hassan II n’a-t-il pas avoué que 'Un musulman ne peut pas être laïque' † ?

De même, Amil Imani, essayiste d’origine iranienne en dit ceci : 'La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple, tandis que l’islam, c’est le rêgne d’Allah, par Allah et ses émissaires, pour le plaisir d’Allah.. […] L’islam est une forme d’esclavage totalitaire globale. C’est l’inverse de la liberté. Son nom lui-même, islam, signifie soumission ou reddition. Fidèle à son nom, l’islam s’évertue à réduire le corps de l’humanitéen esclavage et à„ asservir son esprit, rien de moins. Cette reddition non négociable à l’islam exige que les individus et la société renoncent à„la plupart des libertés fondamentales auxquelles ils sont profondément attachés. […] La pratique de l’islam revient à perpétuer l’esclavage et à le pratiquer. L’esclavage asservit le corps, tandis que l’islam emprisonne l’esprit. Ces idées et ces pratiques sont odieuses et préjudiciables à la réalisation de nos plus hautes aspirations en tant qu’êtres humains. (Note : on aura compris que l'essayiste parle de son expérience et qu'il condamne sans appel les pratiques islamiques.)

Par conséquent, comment prétendre avoir avec ce dogme mortifère une quelconque culture commune ? Quelle méconnaissance inexcusable ! Que faites-vous des Mohammed Merah, des assassins de Ghofrane, de Sohane, des deux policières, des violeurs de la place Tahrir, des lapideurs, des polygames, des exciseuses, des vieillards qui épousent les petites filles, des femmes qu’on oblige àse cacher sous leur voile noir pour montrer leur infériorité, des meurtriers de crimes d’honneur ? Ce même honneur en ce vendredi de prières auquel vous faites allusion pour justifier votre présence Cergy. Oseriez-vous prétendre que cette multitude d’actes abominables et quotidiens n’ont rien à voir avec l’Islam ?

Quand on pense qu’en 35 ans le nombre de mosquées a augmenté de 1 500%… car on en  dénombrait 150 en 1976, 900 en 1985 et 1 555 en 2001. Et en août 2011 les mosquées étaient au nombre de… 2368. Une telle expansion d’un dogme sectaire si inamical, homophobe, antisémite, antidémocratique et sexiste est proprement effrayante.

Pour complaire à„votre public vous évoquez une islamophobie condamnable ainsi que la nécessaire protection des lieux de culte musulmans et juifs. Naturellement vous omettez de mentionner les lieux chrétiens, comme si ces profanations-là n’avaient pas lieu d’être relevées.

Alors sachez que les profanations des lieux chrétiens – tombes et ƒéglises – ont lieu… TOUS LES DEUX JOURS !!! Contre seulement 4 €à 5 par an pour les deux autres ! Que dites-vous de cela

Monsieur Valls ? Ainsi vous avez raison, tous les deux jours des individus portent une attaque délibérée contre la République et ses valeurs, vous ne croyez donc pas si bien dire. Vous faites juste une légère erreur d’appréciation quant aux profanateurs dont vous semblez sous-entendre qu’ils seraient peut-être chrétiens, bouddhistes ou athées puisque non musulmans ou non juifs.

Mauvaise pioche. Il s’agit majoritairement d’individus appliquant à la lettre les beaux commandements islamiques.Ce ne sont donc pas les vilaines phrases islamophobes qui visent les musulmans mais au contraire certains musulmans qui visent physiquement les mécréants dont certains ont payé de leur vie.

Votre discours tente de rappeler les devoirs de l’islam et la neutralitéde l’état vis-à-vis de la religion et de la laïcitéqui préserverait l’école mais qu’en est-il dans les faits quand les accommodements déraisonnables sont de plus en plus fréquents ? Et concernant l’obligation des agents publics de taire leurs croyances dans l’exercice de leur fonction, comment expliquez-vous que l’on tolère des salles de prières dans les facultés ? Des tapis de prières sur le lieu de travail y compris dans l’administration publique ? Que de plus en plus de chauffeurs de bus portent de d’étranges barbes salafistes ? Que le halal et le sans porc se soient imposés dans les écoles de la République ? Que des bureaux de poste affichent des panneaux d’information en arabe ? Que des lieux publics renoncent à la mixitépour accorder des horaires spéciaux aux femmes ? Et quels devoirs ont VOS imams quand leur dieu leur ont donné le droit de vie et de mort sur quiconque ne se soumet pas au dogme islamiste ?

… Les incroyants, qu’ils aient le livre ou qu’ils ajoutent des dieux, iront dans le feu de la géhenne et y seront pour toujours. Ce sont les pires des humains † (98:6). Une religion d’amour, de paix, de tolérance… ou comme vous le dites de tolérance, d’altérité et de solidarité. Permettez-moi un grand éclat de rire !!!

Je ris d’autant plus volontiers, Monsieur Valls, que j’étais assise en face de vous dans le préau de l’école oùs’était tenu il y a deux ans le fameux débat sur la burqa organisé par Ni Putes Ni Soumises oùvous étiez assis à côté de M. Brard. Nous savons tous les deux ce qui s’est passéce soir-là, les propos haineux et violents de ceux qui nous entouraient debout alors que nous étions assis pour mieux nous intimider, les insultes, les prêches, les menaces, la mauvaise foi, le refus de laisser parler Sihem Habchi, les coups et les bancs enfin qui ont volé, mettant fin à cette calamiteuse et édifiante soirée avec la nécessaire intervention de la police. Alors prétendre que vous croyez sincèrement aux bienfaits de l’islam et à„la bonhommie de ses fidèles… de grâce, pas moi

Monsieur Valls !

Je suis d’autant plus peinée et déçue par votre attitude depuis un certain temps qu’elle s’éloigne de l’homme respectueux de nos valeurs que vous sembliez être.Vous dites ensuite craindre l’insécurité des fidèles durant le mois du ramadan, redoutant sans doute des agressions islamophobes, pour ne pas dire racistes puisque c’est l’expression à la mode, et promettez de veiller à leur sécurité. Dois-je vous rappeler que ce sont généralement les musulmans qui ont coutume d’agresser les infidèles durant cette période et non le contraire ? C’est bien pour cela que dans certains pays musulmans comme l’Algérie ou le Maroc, les jeûneurs sont invités à  réfréner leur agressivité. Donc si vous devez prendre des mesures sécuritaires je vous suggèrerais de veiller plutôt à ce que les enfants musulmans ne tabassent pas leurs petits camarades mécréants au centre de loisirs, à ce que les animateurs de ces centres veillent à„se nourrir afin d’assurer en toute sécuritéà la prise en charge des enfants, de même pour les chauffeurs de bus cités plus haut avec lesquels il conviendrait d’éviter les risques d’accidents. J’en profite pour faire allusion à„ceux qui sous prétexte de jeûner en profitent pour travailler moins, obligeant leurs collègues non musulmans àtravailler  à leur place pour compenser, sans pour autant que leurs rétributions respectives n’en soient modifiées. Mais je présume que ceci ne vous concerne pas…

Pour ma part, en tant qu’agnostique mais ayant néanmoins droit à autant d’attention de votre part que les croyants (même si selon vous je serais moins élevée spirituellement…), j’apprécierais que vous veilliez autant sur ma sécurité que sur celle de vos nouveaux amis islamistes. Car moi aussi je suis française, républicaine et j’ai des droits.

Et pendant que j’y suis, je me permets une parenthèse pour vous faire savoir que mon supermarché est actuellement en plein ramadan et que par conséquent, en tant que non musulmane me nourrir commence à devenir sérieusement problématique. Donc si le gouvernement pouvait plancher sur l’ouverture de magasins spéciaux pour que les mécréants puissent continuer à s’alimenter sans avoir à payer un impôt à„VOTRE imam, vous seriez bien aimable.

Je terminerai par votre phrase la plus grave et la plus dangereuse pour notre démocratie, pour la liberté d’expression et pour le droit acquis de haute lutte de critiquer les religions, quelles qu’elles soient : Toute attaque contre une religion, contre un de ses fidèles ou un de ses lieux de culte est une attaque délibérée contre la République et ses valeurs. Vous venez par cette phrase malheureuse d’instaurer ni plus ni moins que le délit de blasphème, sapant encore un peu plus nos valeurs démocratiques et républicaines. Vous venez également d’avouer que la religion s’inscrirait dorénavant dans la République, contredisant votre remarque sur l’importance de préserver la laïcité tout en réduisant à  néant tout un pan de l’Histoire de France.

La France fut jadis la fille aînée de l’Eglise, grâce à vous et aux autres dhimmis dans votre genre elle est désormais devenue la putain de l’islam. Comme remerciement à un pays sans lequel vous ne seriez jamais devenu Ministre, on aurait pu espérer mieux. La France, Monsieur Valls, aurait  mérité un peu plus de gratitude de votre part.

J’espère que vous prendrez acte de mes remarques et y répondrez de la manière qui convient.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, mes républicaines salutations.

Caroline Alamachère"
 
(Fin de la lettre). Je répondrai dans un autre billet aux remarques de Caroline ALAMACHERE.

dimanche 29 juillet 2012

La faillite de la pensée, le triomphe de l'inculture

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STRASBOURG, début des années 2000. L'Institut pour la Promotion du Lien Social - j'en suis alors le Président - lance une grande enquête sur la prise en charge des collégiens en difficulté. L'un de nos enquêteurs reçoit la confidence d'un professeur d'histoire et géographie qui enseigne dans un Collège du quartier de HAUTEPIERRE : "Savez-vous, dit-il, ce qu'un jeune m'a dit alors que j'essayais de transmettre à mes élèves un petit savoir sur la géographie ? Le savez-vous ?  : 'Vous pouvez raconter tout ce que vous voulez, on s'en fout' (sic). Et je ne vous dis pas encore que sur une heure de cours, je passe une demi-heure à faire la police". Notre enquêteur ajoutait qu'il avait perçu une grande détresse psychique chez cet homme qui croyait à son métier et découvrait qu'on en rendait l'exercice impossible .
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Je me suis efforcer de comprendre les raisons d'un tel fossé entre l'ambition affichée par les Ministres successifs de l'Education soi-disant et prétendue nationale, depuis Jules FERRY, et la réalité du terrain. A l'époque, j'ai moi-même interrogé plus de 30 personnes (CPE, Principaux, Assistantes Sociales, Infirmières, Professeurs Principaux, Responsables de SEGPA, etc.) et il me semble avoir trouvé un début de réponse dans la philosophie politique et l'idéologie qui imprègnent notre mentalité collective. Et je me demande si la formulation la plus percutante de cette réponse n'est pas apportée par notre grande Simone WEIL. Je vous la livre, avec beaucoup d'émotion, car je porte à cette philosophe une très grande admiration et une immense affection ; j'ai moi-même été enseignant, et j'ai passionnément aimé ce "métier" :
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"On croit couramment qu’un petit paysan d’aujourd’hui, élève de l’école primaire, en sait plus que PYTHAGORE, parce qu’il répète docilement que la terre tourne autour du soleil. Mais en fait, il ne regarde plus les étoiles. Ce soleil dont on lui parle en classe n’a pour lui aucun rapport avec le soleil qu’il voit.

Ce qu’on appelle aujourd’hui “instruire les masses”, c’est prendre cette culture moderne, élaborée dans un milieu tellement fermé, tellement taré, tellement indifférent à la vérité, en ôter tout ce qu’elle peut encore contenir d’or pur, opération qu’on nomme vulgarisation, et enfourner le résidu tel quel dans la mémoire des malheureux qui désirent apprendre, comme on donne la béquée à des oiseaux. " (In L’enracinement, 1943.)
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Tout y est : la critique du relativisme, l'effacement de l'expérience et du réel, le culte de l'abstraction, l'idolâtrie du social et du collectif. Et nous continuons dans cette voie-là, parce que quelques énarques, quelques soi-disant spécialistes de la pédagogie, quelques imbéciles (au sens de BERNANOS) croient détenir LA VERITE dont par ailleurs ils ne cessent de contester l'existence...
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"Misère de l'homme sans Dieu", disait PASCAL. C'est bien vrai.

vendredi 27 juillet 2012

A bon entendeur...

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Il me semble vous avoir parlé déjà d'un ouvrage de Michel CROZIER, un sociologue très fin, intitulé L'acteur et le système. Je viens de retrouver dans mes cartons de livres, une autre de ses contributions à la compréhension des organisations humaines contemporaines, Le Phénomène bureaucratique. (Collection Points, N°26, Éditions du Seuil, Paris,  dépôt légal de cette réédition : 1971). J'ajoute que CROZIER ne peut être taxé de conservatisme, de capitaliste, d'ennemi de classe. Il a publié de nombreux travaux sur le Monde des employés de bureau, sur les Mouvements ouvriers et socialistes, chronologie et bibliographie (1750-1918) (aux Éditions ouvrières), sur les Usines et Syndicats d'Amériques. Petits fonctionnaires au travail (mêmes Éditions). CROZIER a de la sympathie pour les hommes dont il étudie les comportements sociaux ; mais c'est un chercheur et ce qui l'intéresse, se sont les faits avant les idées, les acteurs avant le système.
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Il y a bien longtemps que je n'ai lu Le phénomène bureaucratique, et je ne saurais donc point le résumer, seulement indiquer une idée directrice, celle de la coopération entre les hommes. Tout de même, en jetant un coup d'oeil sur l'introduction, je vois ceci qu'il me plaît de vous faire connaître :

"[...]. Autant était-il indispensable, en 1960, de refuser l'illusion humanitaire, libérale ou socialiste, selon laquelle le bien, le progrès pouvaient êtres des valeurs absolues qu'il suffisait de bien articuler et d'affirmer, autant me semble-t-il urgent désormais de démystifier le rêve révolutionnaire et la pratique gauchiste selon lesquelles l'enchaînement catastrophique des contradictions impose le retournement total. A dire vrai, je trouve quelque chose de commun dans ces deux attitudes pourtant si contradictoires : l'ignorance des contraintes, l'incapacité à comprendre la réalité des pesanteurs humaines et une vue terriblement simpliste du déterminisme."
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Quelques paragraphes plus loin, il poursuit :

"Nous rejetons trop facilement nos difficultés sur des épouvantails abstraits comme le progrès, la technique, la bureaucratie (je commenterai brièvement ceci à la fin). Ce ne sont pas des techniques ou des formes d'organisation qui sont coupables. Ce sont les hommes qui, CONSCIEMMENT OU INCONSCIEMMENT, participent à leur élaboration. Et c'est bien là notre raison d'espoir et la légitimation de tout combat pour le changement. Si ce sont les hommes qui sont coupables, alors ils peuvent apprendre à devenir différents, alors il vaut la peine de les convaincre. Peut-être même oserais-je ajouter l'iconoclaste pensée que les révoltes vertueuses, ces dénonciations passionnées et cette ferveur mystique dans lesquelles les jeunes générations SONT EN TRAIN DE S'ALIÉNER TEMPORAIREMENT, constituent actuellement le RISQUE LE PLUS GRAVE DE RÉGRESSION BUREAUCRATIQUE." (Les majuscules sont de votre serviteur.)
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Mon cher Gustave THIBON a fort bien analysé les aspects ambigus du progrès, souvent assimilé à la nouveauté et le côté JANUS bifrons de la technique (auxiliaire au service de la vie ou bien nouvelle idole). Mon cher LANZA, de son côté, a fui la ville car il ne voyait point comment échapper à l'aliénation que la complexité sociale, technique et organisationnelle des mégalopoles émergentes  faisait peser sur les personnes. Michel CROZIER, toujours dans l'introduction de son ouvrage souligne que la bureaucratie (qui, dit-il en note augmente en France) "constitue le legs paralysant d'un passé où prévalait une conception étroite et bornée des moyens de coopération entre les hommes". En fusionnant l'ANPE et les ASSEDIC, ou le TRESOR et le BUDGET, le Président SARKOZY avait voulu briser les citadelles bureaucratiques que constituaient ces institutions, et obliger leurs acteurs à travailler ensemble ; mais c'était en fait les obliger à quitter ce que CROZIER appelle "le climat de routine, de rigidité, de contrainte et d'irresponsabilité qui caractérise les organisations dont on se plaint" et qui, selon lui, définit la bureaucratie. L'intuition était judicieuse, mais il est clair que la restructuration de ces organisations ne s'était pas accompagnées des mesures qui auraient permis à leurs acteurs une meilleure compréhension de l'importance de la coopération au service de l'emploi ou de l'économie nationale. Tous avaient transformé leurs prés carrés en une fin en soi, sans voir qu'ils n'étaient qu'un moyen.
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Peut-être monsieur HOLLANDE pourrait-il lire ce livre au lieu de faire élaborer par l'Assemblée des Imbéciles un nombre croissant de lois contraignantes, de règlements de tous genres, de contrôles, de sanctions. Et que mon ami Yves ne vienne pas m'accuser de partialité. CROZIER condamne aussi bien l'illusion libérale que l'illusion socialiste, et bien entendu, il renvoie le mélanchonisme et ses variantes au paradis des Bisounours (enfin des Bisounours un peu particuliers).
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C'est tout pour aujourd'hui. C'est trop long, me dira Marcel, un autre ami lecteur. Tant pis.

jeudi 26 juillet 2012

On y est...

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On peut dire tout ce que l'on veut d'Alexis de TOCQUEVILLE, c'est pourtant l'un des esprits les plus pénétrants du XIXe siècle en matière de philosophie politique. Bien que d'esprit conservateur, issu d'un lignage aristocratique ancien, TOCQUEVILLE était un véritable démocrate et il s'opposa vigoureusement à la candidature de Louis-Napoléon BONAPARTE à la Présidence de la République et vota même (sans succès) sa déchéance quand il perçut les ambitions du Prince-Président.
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L'Herne publie dans la collection des Carnets la dernière partie de l'ouvrage qui value et vaut à TOCQUEVILLE d'être passé à une juste postérité, De la démocratie en Amérique. Et le titre que l'éditeur donne à ces chapitres est en lui-même très révélateur et malheureusement tout à fait justifié, puisqu'il a choisi d'en  résumer le contenu par un slogan badigeonné au vitriol : Le despotisme démocratique. Et bien que je dispose de l'édition entière de ce livre, il me plaît de souligner l'étrange et judicieuse initiative de l'Herne et de me référer seulement à ce petit opuscule, à ce fragment symbolique, à cette prophétie lumineuse.
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Souffrez que je vous cite ce passage qui résumera de manière éclatante ce que nous sommes en train de vivre avec l'assemblée des imbéciles (au sens de BERNANOS) qui prétend faire des lois justes et qui ne fait que semer la confusion, la révolte, le découragement et finalement la haine :

"Je pense donc, dit TOCQUEVILLE, que l'espèce l'oppression dont les peuples démocratiques sont menacés, ne ressemblera à rien de ce qui l'a précédée dans le monde ; nos contemporains ne sauraient en trouver l'image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l'idée que je m'en forme et la renferme ; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer.
"Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui se tournent sans repos sur eux-mêmes pour se préoccuper de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leurs âmes. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et, s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins QU'IL N'A PLUS DE PATRIE."
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Monsieur HOLLANDE a été élu avec les voix des français d'origine étrangère. Une enquête sur les votes de cette population indique que 97 % du million et quelques centaines de mille d'électeurs qui la constituent, ont voté pour lui, d'où les drapeaux étrangers, essentiellement étrangers, au rassemblement de la Bastille, le soir du 6 mai. Loin de moi l'idée de dénier à ces compatriotes de fraîche date leur qualité de Français. Je mets en revanche fortement en doute leur qualité de patriotes. Monsieur HOLLANDE et ses amis sont en train de vendre la France à l'étranger en flattant ses concitoyens d'origine étrangère pour s'assurer du pouvoir le plus longtemps possible. Je ne sais pas en quoi l'activité professionnelle de monsieur HOLLANDE a produit de la richesse pour notre pays, puisque son métier c'était de faire de la politique. Mais je sais que son activité politique va produire beaucoup de pauvreté, un flot de rancoeur, et un dégoût définitif pour les pratiques des politiciens. Si je pouvais modifier la Constitution, j'inscrirais dans l'article premier que nul ne peut être candidat à l'élection présidentielle s'il ne peut justifier d'une pratique professionnelle privée (j'insiste) d'au moins 5 ans. Ça ferait de la place pour les entrepreneurs, les actifs qui s'échinent à trouver des marchés, à innover, à investir... et finalement à payer des impôts dont une partie sert à payer ceux qui s'acharnent à les dépouiller.
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Voyez-vous, TOCQUEVILLE avait vu juste. Comme le disait Anne ROUMANOFF un jour avec un humour inimitable, si le Président MITTERRAND se retourne dans sa tombe chaque fois que ses affidés font une bêtises, il doit se transformer en ventilateur. Ce brassage d'air posthume n'est que la conséquence d'un dévoiement de la démocratie, d'une prise de pouvoir subreptice, insidieuse et vipérine par un système idéologique qui prive les hommes de la responsabilité de leur vie, et les maintient (comme du reste le dit TOCQUEVILLE) dans l'enfance, au lieu de les préparer à l'âge viril (toujours TOCQUEVILLE).
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Je suis disposé à débattre publiquement avec qui le veut bien sur ces sujets. Je ne doute pas de la bonne volonté de ces responsables politiques ; je conteste leur lucidité et leurs conceptions philosophiques et politiques.

lundi 23 juillet 2012

Petite glose sur les Conférences internationales

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Je dois m'absenter jusqu'à mercredi. Et, alors que le jour n'est pas encore levé, juste avant de prendre le train, je me demandais si j'allais, oui ou non, écrire si matutinalement un billet. Finalement, en rangeant (une fois de plus) des livres, je tombe sur un ouvrage magistral celui de Maurice ZUNDEL, intitulé Ton visage, ma lumière ; 90 sermons inédits. Et je me disais en le feuilletant : "C'est bien le diable, si je trouve pas dans cette mine de sagesse, d'humilité et de vérité, une pépite, une toute petite pépite à donner à mes lecteurs." Eh bien, figurez-vous, je l'ai trouvé : la voici.
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"Les conférences internationales n'aboutissent toujours qu'à des échecs puisqu'il n'y a en présence que des 'moi' passionnels, individuels ou collectifs, et qu'aucune explication n'est possible avec ces 'moi' passionnels. Il n'y a que la générosité infinie qui nous fasse décoller de ce 'moi propriétaire'. La liberté c'est le pouvoir de se donner. Si l'homme est don, il est libéré. Il s'agit de nous mettre en question nous-mêmes. C'est par cela que tout doit commencer. Toutes les morales, toutes les religions sont superflues, si nous ne commençons pas par nous mettre nous-mêmes en question."
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Comme on aimerait que les dirigeants, quels qu'ils soient, d'où qu'ils parlent, pratiquent ce très salutaire exercice : "Ai-je raison ? Sur quoi ai-fondé mon opinion ? Sur quelle expérience ? Sur quelles valeurs ?". Au point où j'en suis, je me demande s'il n'est pas préférable de subir le pouvoir, de le recevoir sur la tête comme un coup de massue, ainsi que le font les dauphins à la mort de leur père, plutôt que le chercher à tout prix, en quêtant les suffrages plutôt que de quêter le sens. (Celui qui  reçoit le pouvoir sans l'avoir voulu ni choisi se pose inévitablement - j'aime à le penser en tout cas - la question : Pourquoi moi ?) C'est bien entendu une question. Je n'ai pas de réponse. Mais peut-être y aura-t-il un lecteur inspiré qui commencera à en donner une ébauche.
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Nous avons dans cette réflexion de ZUNDEL bien des raisons d'expliquer les échecs de telle ou telle rencontre internationale (Conférence de RIO, Rencontres rugueuses  HOLLANDE-MERCKEL, Sommets européens, ONU et résolution avortée sur la Syrie à l'ONU, etc.). Plutôt que de cirer les bottes de ceux qui les nourrissent, les médias et leurs serviteurs feraient bien d'inciter les dirigeants à s'interroger sur eux-mêmes. Après tout, nombre de citoyens ordinaires le font. Apparemment les présidents normaux ne s'adonnent pas à ce genre d'exercice.

dimanche 22 juillet 2012

Quelquefois les poètes...

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Les poètes ne versent pas toujours "des torrents de larmes", comme le firent avec un talent remarquable nombre d'entre eux au XIXe siècle. Ils ne cherchent pas toujours l'ellipse, l'obscurité, l'originalité, l'incompréhensible, comme beaucoup d'entre eux le firent avec un non moins admirable talent au XXe siècle (Ah ! cet "aboli bibelot d'inanité sonore"...). Ils ne se corsètent point tous, comme tant de nos admirables poètes du XVIIe dans des règles métriques dont l'observation rigoureuse dut donner bien des migraines sans compter les insomnies à ceux qui s'efforçaient de les suivre ("Enfin Malherbe vint..."). Non ! Il y en a qui parlent directement, fortement, nettement. J'en ai trouvé un qui répond à ces caractéristiques. Et bien qu'il ne fût point seulement poète - il écrivit dans des genres très divers dont le roman ou la pièce de théâtre - mais aussi apologiste du christianisme, il  fit de très beaux vers. Il se convertit au catholicisme et ce détail, on va le voir, n'est pas anodin. Ce géant doté d'un embonpoint respectable pourfendit les imbéciles (au sens de BERNANOS) avec une alacrité digne des plus grands éloges et se servit de sa plume comme d'une épée à deux tranchants. Il s'agit de CHESTERTON. Voyons donc ce qu'il a à nous dire pour l'aujourd'hui de nos vies.
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"On parle souvent de l’audace de ces révoltés qui s’attaquent à telle tyrannie caduque ou à telle superstition surannée. En réalité, il ne faut aucun courage pour s’attaquer à des choses caduques et surannées… L’homme vraiment courageux est celui qui défie les tyrannies jeunes comme l’aurore, les superstitions fraîches comme les arbres en fleurs."
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J'ai l'impression que le reproche s'applique assez remarquablement à monsieur MELANCHON ; il pourfend les exploiteurs des prolétaires et les capitalistes avides du sang des pauvres. Mais s'il fut tout à fait justifié de dénoncer les injustices sociales au XIXe siècle, lesquelles furent commises essentiellement par une bourgeoisie née pendant la Révolution, souvent enrichie par l'achat à bas prix des biens prétendus "nationaux", il est parfaitement inepte de prétendre qu'il existe encore un tel prolétariat dans les pays développés. Les syndicats ont beaucoup défendu, protégé et amélioré le sort de leurs mandants du temps de ces exploitations. Encore a-t-il fallu attendre l'abrogation de la loi révolutionnaire LE CHAPELIER qui interdisait l'existence de ces regroupements de type syndical. Ce sont aujourd'hui les gestionnaire de la rancune et de l'envie. Pour être juste, je dois souligner qu'il existe chez nous une population qui pourrait répondre à la définition de prolétaire : elle est constituée souvent d'ouvriers et salariés africains qui remplissent des tâches jugées indignes par les Mimile et Dudule ; les susdits trépignent d'indignation en lisant Libération, ou de préférence le journal gratuit Métro tout en sirotant un café ou un blanc cassis, mais ne se bougent pas le derrière (et je suis poli) ne serait-ce que pour dire bonjour aux éboueurs ou leur donner des étrennes. Ajoutons également à ces réels prolétaires,  les clandestins dont les employeurs ne sont que mollement poursuivis et qui, selon moi, devraient voir leurs établissements définitivement fermés s'ils étaient effectivement contrôlés et leur infraction avérée. Je reviendrai dans un autre billet sur les choses surannées pourfendues avec une violence qui n'a d'égale que l'inutilité du combat. 
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Alors quelle serait donc la vraie Révolte, celle qui dénoncerait les tyrannies jeunes comme l'aurore ? Je les appelle de mes voeux les plus chers ces Révoltés contre le mensonge, contre le relativisme, contre la démagogie régnante qui consiste à ne jamais examiner les événements à fond, notamment les situations personnelles et les histoires scabreuses des profiteurs. "Levez-vous,  orages désirés..." pour reprendre l'expression de l'un de nos plus grands écrivains. Non, nous ne voulons pas du mariage des homosexuels, non nous ne voulons pas de la loi sur l'euthanasie active, (CHESTERTON combattit vigoureusement un amendement de Winston CHURCHILL qui visait à la stérilisation forcée des malades mentaux) ; non, nous ne voulons que l'on condamne sans appel les riches, quand soi-même on vit dans le luxe des ors républicains, des traitements indécents, des avantages indus, quand on se fait métier des condamnations péremptoires alors que soi-même on n'a JAMAIS travaillé et que l'on doit sa fortune aux "indemnités" généreuses versées aux élus par une République vache-à-lait. Monsieur SARKOZY, lui, avait un métier. Monsieur POMPIDOU en eut un. Ni monsieur GISCARD d'ESTAING, ni monsieur CHIRAC, (me semble-t-il) ni monsieur HOLLANDE (ça, j'en suis sûr) n'ont été confrontés par leurs activités professionnelles aux angoisses du bilan annuel ou aux trésoreries difficiles. Ils n'ont pas cessé de donner des leçons à ceux qui doivent y faire face. Qu'ils se taisent, une bonne fois pour toute. Ignorons ces messieurs. Obéissons à celles de leurs lois qui n'offensent pas notre conscience. Pour le reste, laissons-les se dépétrer dans leurs contradictions, leurs petits calculs, leurs combats des chefs.
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"Le monde s'est divisé entre Conservateurs et Progressistes. L'affaire des Progressistes est de continuer à commettre des erreurs. L'affaire des Conservateurs est d'éviter que les erreurs ne soient corrigées." Et c'est toujours CHESTERTON qui parle. 
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Comme c'est vrai ! Mon Dieu que c'est vrai ! Je reviendrai sur ce constat que je vous sers aujourd'hui en conclusion de mon billet quasi quotidien. Et ce sera demain. Il n'est pas innocent de rappeler que CHESTERTON a écrit un ouvrage remarquable L'homme éternel, et ce n'est pas pour rien, sans doute, que Françoise CHAUVIN à donné au recueil de conférences de Gustave THIBON le titre de Les hommes de l'éternel.
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CHESTERTON, cet homme "au talent colossal" est mort en 1936. Voici l'un de ses portraits.
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samedi 21 juillet 2012

L'art de lire

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Il me semble vous avoir déjà parlé de YI I, un coréen confucéen qui écrivit en chinois un ouvrage tout à fait remarquable, traduit récemment en français par Isabelle SANCHO, et publié dans la collection "Bibliothèque chinoise", Éditions Les Belles Lettres, Paris, 2011, sous le titre Principes essentiels pour éduquer les jeunes gens. La deuxième section du chapitre IV (intitulé 'L'étude des textes') devrait être lue et apprise par coeur par tous les collégiens rentrant en 6e. Jugez plutôt :
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"Pour lire, il faut s'asseoir correctement en tenant ses mains avec respect, faire face au livre avec recueillement, concentrer son esprit en exerçant toute sa détermination, affiner sa capacité de réflexion en s'imprégnant totalement du texte (s'imprégner du texte signifie que ce qui est lu doit être convenablement mûri et que la réflexion doit partir des profondeurs de l'esprit), puis il faut serrer au plus près la signification des termes employés. Pour chaque sentence, il faut cheminer pas à pas dans les traces des anciens.
Si l'esprit ne s'approprie pas ce que la bouche récite et que le corps ne le traduit pas en actes, le livre demeure un livre et je reste moi-même : quel est l'intérêt ?"
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Il me semble que la plus grande mutation intellectuelle et culturelle qui vient bouleverser la société contemporaine, est l'interruption progressive d'un contact direct, presque charnel, avec le livre et la chose écrite. Les israélites ne jetaient point les rouleaux usagés de la Bible ; il les enterraient dans des cimetières à parchemins, les geniza ; les Chinois eux-mêmes avaient un très grand respect pour les livres. Leurs empereurs employaient des lettrés pour établir le catalogue de leur bibliothèque. Certains de ces catalogues eux nous ont été conservés et nous pouvons ainsi connaître les titres de centaines et de milliers d'ouvrages anciens.
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Je suis absolument stupéfié de voir le nombre de voyageurs et de voyageuses qui, dans le métro, semblent perdus dans un nirvana musical, les yeux mi-clos, dodelinant de la tête, écoutant je ne sais quelle musique, le casque ou les écouteurs vissé(s) sur ou dans les oreilles. Je m'amuse à les compter. J'arrive toujours à une proportion de 10 % de passagers atteints de cette maladie qui les isole des autres et bien entendu de la lecture, car il est impossible de servir deux maîtres avec la même attention. Certes, il y a encore quelques bien portants qui sont plongés dans un livre. Mais ils ne sont pas nombreux. Et le métro, comme la vie, roule avec bruit, en cahotant, mécaniquement, trimbalant des anonymes à qui il arrive de manquer des correspondances, plongés qu'ils sont dans leurs rêveries musicales. Il n'y a aucune sève vitale apparente dans ces comportements. Ils se ressemblent. La mode exerce ses ravages pour le plus grand profit des FNAC, Virgin, Surcouf et Pixmania (enseignes tout à fait honorables et qui ne sont pas responsables du bon ou du mauvais usage de leurs produits). Le nombre de gens qui prendront le PIREE pour un homme et l'Edit de Nantes pour une vieille dame anglaise ne risque pas de diminuer.
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vendredi 20 juillet 2012

Hollande

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Je reçois d'une correspondante, amie et condisciple du Collège de France, ce message. Je vous le transmets, et j'y ajouterai quelques commentaires très courts, car il me semble qu'il y a dans ce texte des éléments intéressants et d'autres qui me semblent plus polémiques. J'ajoute que le titre de ce billet incite à réfléchir à notre Hollande à nous.
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"La Hollande  là où 6 % de la population est musulmane rejette dorénavant le multiculturalisme : Le gouvernement hollandais en a assez de se faire piétiner par les musulmans et abandonne son modèle de longue-date de multiculturalisme qui n'a fait qu'encourager les immigrants musulmans à se créer une société parallèle et nocive à l'intérieur du pays. Un nouveau bill présenté au Parlement hollandais par le Ministre de l'Intérieur Piet Hein Donner le 16 juin dernier se lit comme suit:
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'Le Gouvernement partage l'insatisfaction du peuple hollandais face au  modèle de société multiculturelle en Hollande et exprime son intention de centrer maintenant ses priorités vers les valeurs fondamentales du peuple hollandais. Dans le nouveau système d'intégration, les valeurs hollandaises vont jouer un rôle central et de ce fait le gouvernement n'adhère plus au modèle de société multiculturelle.'

 La lettre poursuit:

Une intégration encore plus rigoureuse est parfaitement justifiée du fait que c'est ce que demande le Gouvernement à tout son peuple .Cette orientation est absolument devenue nécessaire parce la société hollandaise est en train de se désagréger en terme d'identité et plus personne ne se sent chez-lui en Hollande. La nouvelle politique d'intégration sera beaucoup plus exigeante de la part des immigrants. Par exemple les immigrants devront obligatoirement apprendre le hollandais et le Gouvernement hollandais va prendre des mesures d'avantage coercitives à l'endroit des immigrants qui ignoreront les valeurs du pays et désobéiront aux lois hollandaises

Le Gouvernement hollandais va aussi cesser de donner des subsides spéciaux aux musulmans pour s'intégrer (alors qu'ils ne le font pas de toute façon ) car selon Donner il n'appartient pas au Gouvernement et aux fonds publics d'intégrer les immigrants.

Le bill prévoit aussi la création d'une législation interdisant les mariages forcés ainsi qu'une législation imposant des mesures sévères pour ces immigrants musulmans qui diminuent volontairement leur chances d'emploi simplement de par la manière qu'ils se vêtent. Plus spécifiquement le Gouvernement va interdire le port de vêtements couvrant tout le visage tel la burka et ce à compter de janvier 2013.

La Hollande s'est rendu compte, peut-être sur le tard, que son libéralisme multiculturel est en train de faire du pays un territoire de tribus du désert qui somme toute est en train de tuer la nation d'origine ainsi que son identité propre.
Le futur de l'Australie, du Royaume-Uni et du Canada peut très bien se lire dans ce texte.

Note aux lecteurs: Les immigrants musulmans quittent leur pays en raison de l'instabilité prévalant chez-eux et en raison de la nature même de leur culture et fondamentalisme moyenâgeux. Mais ils  reproduisent ces conditions néfastes dès qu'ils mettent pied dans leur pays d'accueil. (je conteste cette généralisation ; voir mon commentaire).

Des pays comme la Hollande, l'Australie, le Royaume-Uni et le Canada ont instauré un style de vie qui fonctionne très bien. Pourquoi donc faudrait-il favoriser un système invivable, impraticable ? Si les (j'aurais écrit ici : si des musulmans et non pas les) musulmans ne veulent pas accepter la culture, la langue et les valeurs du pays d'accueil ils n'ont qu'une chose à faire : rester là où ils sont et ne pas venir. Et surtout demeurer avec leur instabilité et mentalité dont personne en démocratie ne veut.

Ce qui précède donne une toute nouvelle signification au terme ''COURAGE HOLLANDAIS '' que n'ont pas encore exprimé les dirigeants de l'Australie (si, le Premier Ministre australien l'a fait), du Royaume-Uni et du Canada. Soyons courageux comme les Hollandais. UNE NATION DE MOUTONS ENGENDRE TOUJOURS UN GOUVERNEMENT DE LOUPS....QUI SE RETOURNE éventuellement CONTRE SON PEUPLE."

Fin du message.

Premier commentaire. (a) Il est normal d'exiger des immigrés la connaissance de la langue de leur pays d'accueil, et d'exiger d'eux aussi le respect absolu de ses lois, de ses coutumes et de ses codes sociaux. C'est pourquoi donner le droit de vote aux étrangers non communautaires dont certains ne parlent pas français et ne savent pas lire - je pense tout particulièrement à de nombreuses femmes écrasées par leur mari - est tout simplement une folie. Mais on  a le HOLLANDE que l'on mérite.
Second commentaire. (b) Réduire la question de l'intégration aux seuls musulmans, avec en arrière plan une stigmatisation de ceux qui viennent du Maghreb ou du Proche-Orient n'est pas juste. Tenez, une information que je tiens du journal électronique Actu-Chrétienne et qui ouvre des pistes intéressantes. L'un des fils des sept fondateurs du HAMAS palestiniens est devenu chrétien. J'ai perdu malheureusement le courriel ou les détails de cette conversion étaient livrés. Et je ne parle pas de ceux des jeunes d'origine maghrébine, devenus eux aussi chrétiens, dont la foi et l'engagement sont admirables. Ce n'est pas l'islam qu'il faut condamner ; c'est Jésus qu'il faut annoncer. Cela suppose du respect et de la bienveillance. Et un système étatique qui ne soit pas tout entier livré aux mains de certaines sociétés de pensée... Suivez mon regard.
Troisième commentaire. (c) Pas question de laisser se développer des fanatismes violents. Voir égorger un jeune tunisien devenu chrétien, comme je l'ai vu sur une vidéo, et quand je dis égorger, c'est décapiter un homme lié, à terre, en lui coupant le cou, lui vivant et palpitant, c'est insupportable et l'on combat ces fanatiques, y compris par les armes.

Encore une fois, pas de généralisation, pas d'angélisme, mais de la bienveillance, certes, et de la fermeté. C'est un discours que tout être doué de raison peut comprendre.

jeudi 19 juillet 2012

Brève du jour

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De NIETZSCHE, ce constat :

"Un homme a beau mentir avec la bouche : avec la gueule qu'il fait en même temps, il dit la vérité quand même"

Sans commentaire.

mercredi 18 juillet 2012

En faveur de Robert Ménard, deuxième billet de la journée

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Je reçois ce texte par courriel et vous le retransmet. Ceci étant, vous êtes invités, bien sûr, à lire le billet sur LANZA DEL VASTO, écrit aussi aujourd'hui. Comme la justice est en jeu, et qu'il ne s'agit que de défendre un personne injustement licenciée, je ne crois point que dans cette invitation à protester, il y ait de contradiction avec le billet consacré à LANZA. Personnellement, j'ai décidé de ne plus regarder les journaux télévisés, d'où qu'ils viennent. Mais je ne vois pas pourquoi les chaînes de télévision se priveraient des services d'un homme qui a fait ses preuves, en créant notamment les Reporters sans frontières.
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"Le journaliste Robert Ménard vient d’être licencié de la chaîne i>télé, vraisemblablement à la suite de pressions communautaires et de l’arrivée de la gauche au pouvoir.


Outre les écrits politiquement incorrects de Ménard et son ton décomplexé, il semble que l’émission « Ménard sans interdit », qui faisait le succès d’i>télé, ait été liquidée à la suite d’un entretien avec Louis-George Tin. Le 18 juin, le président du CRAN (Conseil représentatif des associations noires) s’y était en effet accroché avec le journaliste sur les questions de « diversité » à l'Assemblée nationale.

Durant la rencontre, le militant de la cause noire avait déclaré : « Je crois que le quota de Ménard est dépassé ». A-t-il été exaucé par la direction d'i>télé ? Fallait-il donner des gages à la gauche en évinçant une « grande gueule » politiquement incorrecte ?

Une chose est sûre, ces appels à la censure et à la répression lancés par des représentants communautaires démontrent que votre liberté d'expression est de plus en plus menacée en France. Des lobbys subventionnés par nos impôts et certains politiciens soutenus par les grands médias cherchent à imposer leurs idées en privant de parole ceux qui osent remettre en question les idées reçues et l'idéologie des élites mondialisées.

L’enjeu, c’est celui de la liberté de la presse face au « politiquement correct ». L'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique défend la première contre tous les conformismes.

Parce que nous sommes attachés aux libertés et que nous n'acceptons pas la censure directe ou indirecte des associations, partis politiques ou médias qui cherchent à nous faire taire, nous soutenons la liberté de la presse et Robert Ménard, fondateur de Reporters sans frontières, dont la direction d'i>télé a annoncé l’éviction pour la rentrée de septembre.

Il est encore temps d'agir. Nous demandons le respect de la liberté de parole, de critique et la réintégration de Robert Ménard à i>télé.
Signez et diffusez cette pétition par tous les moyens et faites respecter vos libertés face à un système qui cherche à museler les esprits libres !

POUR SIGNER LA PÉTITION :
Pétition initiée par l'Observatoire des Journalistes et de l'Information Médiatique (OJIM)
Contact : petition@ojim.fr - Claude Chollet, Président - www.ojim.fr

Retour à l'évidence, ou Lanza del Vasto à l'honneur

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Si vous saviez la joie que l'on à déballer de leurs cartons poussiéreux des livres qui y dormaient depuis 6 ans ! J'ai enfin pu trouver un lieu où il me sera loisible de ranger sur des étagères les milliers d'ouvrages que j'ai accumulés, parfois sans discernement, depuis des décennies, et qui sont les seuls biens, hélas, auxquels je suis attaché, trop attaché sans aucun doute.
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Figurez-vous que j'ai retrouvé dans l'un de ces cartons un petit opuscule publié en 1945 aux Éditions Denoël, intitulé Principes et préceptes du retour à l'évidence, que l'on doit à LANZA del VASTO. C'était un homme en tous points remarquable et qui s'efforçait d'unifier en lui l'être, la parole et le faire. Dire que j'ai compris tout ce mon cher LANZA, Prince di TRABIA (car il était effectivement Prince) veut exprimer dans cette langue elliptique, imagée, parfois hachée, qui lui est si personnelle, est présomptueux. Car il nous faut être passé par sa propre expérience du jeûne, de l'érémitisme, de la vie à la campagne, pour goûter la saveur et le sel de ses propos, lâchés en apparence à bâtons rompus, alors qu'ils obéissent à une logique de vie d'une rare cohérence.
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Tout de même voilà un ensemble d'aphorismes que je me plais à vous livrer :
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"Ne proteste pas contre ce que tu désapprouves.
Passe-t-en... [je commenterai plus bas].
Passe toi de toutes les organisations industrielles, commerciales, officielles.
Si tu désapprouve le mensonge, quitte la ville.
Si tu désapprouves la banalité, ne lis pas le journal.
Si tu désapprouves la laideur du siècle, jette loin de toi tout ce qui vient d'une usine.
Si tu désapprouves la boucherie, cesse de manger de la viande.
Si tu désapprouves le bordel, regarde toute femme comme ta mère.
Si tu désapprouves la guerre, ne serre jamais les poings.
Si tu désapprouves les contraintes de la misère, dépouille-toi librement.
Mais approuve pleinement ce qui te reste et l'apprécie."
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"L'argent, cela ne se mange ni se boit, ce n'est pas un objet utile à garder, ni bel à voir."
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"Injustice du don que l'amour seul pardonne."
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"N'oublie pas que la générosité est un privilège.
Ceux qui reçoivent de ta main le savent, n'en doute pas.
Si donc tu donnes sans pudeur, leur ingratitude ne sera que justice."
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 J'ai dit que je commenterai les deux premières phrases de ces citations :
Nous ne donnons du pouvoir à ceux qui nous gouvernent que pour autant que nous le leur reconnaissons. Le jeune Etienne de LA BOËTIE l'a bien vu dans son Discours de la servitude volontaire. Nous voilà gouvernés par des hommes, sans doute pleins de bonne volonté, mais à l'esprit faux, parvenus au pouvoir par des méthodes et pour des raisons qui, de mon point de vue, relèvent de tout ce qu'il y a de plus "bas" en l'homme : l'envie, le partage théorique entre les gentils (ceux qui votent socialiste) et les méchants (les autres), le matérialisme, la méconnaissance de la part spirituelle de l'homme qui fait qu'il est homme et non pas singe. Un bon conseil. Ne les désapprouvons pas ni ne les approuvons. Ignorons-les. Ne regardons pas la télévision, ce lieu irréel où l'on nous abreuve d'approximations. Ne lisons-pas les journaux, ou, si nous le faisons, que ce soit avec recul, esprit critique, et mémoire. Non, laissons ces puissants dans leur tour d'ivoire ; laissons-les là où ils sont. Acceptons de n'être pas de leur monde.
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Notez chers lecteurs la convergence des vues d'un THIBON, d'un LEGAUT, d'un LANZA. Tous ont été dans le monde ; aucun n'a été du monde. Voilà à quoi, si vous donnez suite au projet un peu fou de créer là où nous vivons ces petites cellules de vie animées par le seul désir de relation fraternelle, nous sommes appelés. Et n'oubliez jamais que l'Etat, en exerçant sans pudeur une générosité qu'il doit à l'argent des autres, ne récoltera ni gratitude, ni reconnaissance, mais simplement l'aigreur du "ce n'est pas assez" et la revendication permanente.
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mardi 17 juillet 2012

Il y exactement 218 ans


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Qu'avaient-elles donc fait ces femmes ?
Je vais vous le dire, et ce sera dans la continuité des sanglantes litanies que je vous livre depuis quelques jours sur les morts de la Révolution Française.
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Elles étaient carmélites ; leur couvent était sis à Compiègne. Elles priaient pour que cessent la Terreur. Les ordres religieux avaient été interdits et les fous furieux qui régnaient sur la France faisaient alors la chasse à toutes ces femmes qui avaient choisi de servir Dieu plutôt que les hommes. Déjà, le 26 juin 1794, quatre Filles de la Charité d'Arras avaient été décapitées ; 32 religieuses et 30 prêtres dans le seul mois de juillet avaient payé de leur vie la fidélité à leur engagement. Les carmélites de Compiègne sont arrêtées au mois de juin, emprisonnées dans un ancien couvent de la ville, transférées le 12 juillet 1794 à Paris, et guillotinées de 17 juillet. Elles viennent s'ajouter à la liste sanglante des religieuses et des prêtres que je viens d'évoquer.
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La plus jeune (29 ans), la première à avoir été tuée, s'agenouille devant sa Supérieure et lui demande la permission de mourir. Elle monte les degrés de l'échafaud en chant le Veni creator. Les autres soeurs chantent le Psaume 113, Laudate Dominum... La Supérieure est la dernière à être exécutée. Devant la grandeur et la dignité de ces femmes, la foule est saisie d'étonnement et se retire en silence du lieu du supplice. Elles avaient d'avance consenti à donner leur vie pour ramener la paix dans leur Patrie. Elles ont été béatifiées en 1906. L'Eglise catholique célèbre aujourd'hui même leur mémoire. Permettez-moi d'en faire autant, avec vous.
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Tout le monde aura reconnu dans cette histoire authentique la matière de l'admirable Dialogue des Carmélites de Georges BERNANOS. Je vous invite à relire ce chef-d'oeuvre.

Voici la liste des martyres ; vous remarquerez qu'aucune d'elle n'était d'origine aristocratique sauf Mère Henriette de Jésus et Soeur Julie-Louise de Jésus.

Sœur Constance de Jésus - Marie-Geneviève Meunier, 29 ans, novice

Sœur Saint Louis - Marie-Anne Brideau, 42 ans
Sœur Euphrasie de l’Immaculée Conception - Marie Claude Cyprienne Brard, 58 ans
Sœur Julie-Louise de Jésus - Rose Chrétien de Neuville, 53 ans
Sœur Sainte Marthe - Marie Dufour, 51 ans
Sœur de Jésus Crucifié - Marie-Anne Piedcourt, 78 ans
Sœur Marie du Saint Esprit - Angélique Roussel, 52 ans, sœur converse
Sœur Saint François-Xavier - Juliette Verolot, 33 ans, sœur converse
Sœur Thérèse de Saint Ignace - Marie Gabrielle Trézel, 51 ans
Sœur Charlotte de la Résurrection - Anne Marie Madeleine Françoise Thouret, 78 ans
Sœur Thérèse du Cœur de Marie - Marie-Anne Hanisset, 52 ans
Sœur Catherine - Catherine Soiron, 52 ans, tourière, n'était pas religieuse mais « femme gagée »
Sœur Thérèse - Thérèse Soiron, 49 ans, tourière, même statut que sa sœur Catherine
Mère Henriette de Jésus - Marie Françoise Gabrielle Colbert de Croissy, 49 ans
Sœur Marie-Henriette de la Providence - Marie-Anne Pelras, 30 ans
Mère Thérèse de St. Augustin - Marie-Madeleine-Claudine Lidoine, 41 ans
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Quand on lit le récit de ces massacres, on a envie de vomir et de dire NON à la République telle qu'on nous l'enseigne dans les Etablissements d'Enseignement dépendants du Ministère dit "de l'Education Nationale". Parents qui me lisez, lecteurs occasionnels, souvenez-vous de ces horreurs, "car le ventre est encore fécond d'où est sortie la bête immonde" disait un certain BRECHT dont je détourne allègrement les propos !

lundi 16 juillet 2012

Visionnaire

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Peu avant les événements de Mai 1968, un jeune écrivain répondant au nom de Jean-François REY, un visionnaire, décrivait en ces termes la société dans laquelle nous sommes en train d'achever d'étouffer (merci à mon cher Gustave THIBON, chez qui, encore une fois, j'ai trouvé ce diamant).
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"Quel carnaval, mes frères ! En moins de vingt ans, les idoles se sont effondrées une à une et généralement dans le sang. La puissance des ténèbres s'est installée, et si nous survivons, c'est bien par la force de l'habitude et la vitesse acquise. Il y encore des naïfs qui viennent nous parler de morale. Il faut être juste, ils sont de moins en moins nombreux, le public se fait rare. Il y a des mots que l'on a de la peine à prononcer sans rire - ou sans pleurer. Après vingt ans de désastre sanglant, il fallait nous distraire un peu des coups de pied au cul, des cadavres suppliciés, des atomes suspendus au-dessus de nos têtes. Alors, on a inventé les biens de consommation, les gadgets, les amuse-gueule, les drug-stores et les palladium, le jerk et les autoroutes, les filles à poil - à épingler, pas à toucher -, la télévision et le tiercé, l'optimisme à tout-va et la politique des revenus, la révolution immobile et les vacances presque à l'oeil, les croisières au pays des Baloubas, le whisky au petit-déjeuner, le LSD, l'érotisme sous cellophane, le streap-tease métaphysique, le curé en blue-jean, la bonne soeur en minijupe, le nouveau roman, le cinéma vérité, le transistor dans le soutien-gorge, le tigre dans la braguette, la civilisation atlantique, le style yé-yé, les casernes de Sarcelles, les maisons-clé-en-main, l'histoire en pilules, les conciles inconciliables, l'éducation sexuelle et les référendums. Une gigantesque mayonnaise, un puzzle indéchiffrable pour une intelligence moyenne, une mise en condition sans défaut, bref une aliénation probablement irréversible. Jusqu'au massacre final. Des foules idiotes roulent pare-chocs contre pare-chocs, sans savoir où elles vont, mais elles y vont, trimbalant leur fatigue et leurs complexes, en giflant de temps en temps leur progéniture abrutie. Allant du Nord au Sud et du Sud au Nord à la poursuite de quelque chose de vague, d'un très lointain souvenir, d'une très ancienne sensation, la sensation qu'autrefois, elles devaient avoir une conscience... La boucle est bouclée.
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Voilà de quoi, (depuis l'inénarrable Valéry GISCARD d'ESTAING qui pour se faire élire a su flatter ce que dénonce REY, suivi par un homme plus préoccupé de son nombril et du nom qu'il laisserait dans l'histoire que d'élever la condition de ses compatriotes au-dessus de la médiocrité des désirs et des appétits, suivi encore d'un Président que l'on a honni, dénigré, vilipendé mais qui -maladroitement sans doute - a cherché à rendre les Français responsables de leur vie, jusqu'à François HOLLANDE enfin, empêtré dans ses mensonges, ses intenables promesses et ses contradictions) est faite la politique. De cette société-là, de ces responsables politiques-là, de ces médias-là, de ces marchands-là, nombre de Français ne veulent plus. Ils ne savent pas très bien formuler ce qu'au fond d'eux-mêmes ils cherchent, et aucun de ceux qui causent dans les étranges lucarnes, dans les baveux payants ou gratuits, dans les spectacles complaisants, ne cherche à les aider : ils ont besoin de l'aliénation de leur clientèle pour assurer leur pitance, et ils le font avec une âpreté et une inconscience qui frise la folie suicidaire.
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Nombre de mes lecteurs et moi-même pensons que ces armes du pouvoir n'ont aucun impact profond sur leur semblable, en tout cas aucun autre impact que celui de les enfoncer dans leur solitude et dans leur aliénation. Il est possible de changer - petitement certes- ce qui relève de notre volonté, de notre sensibilité, de notre intelligence, dans l'ici et maintenant. Il suffit de le désirer et d'agir. La sortie du bourbier se fera par le haut, et non par le bas !
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dimanche 15 juillet 2012

Une méthode pour résister

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Des amis et des correspondants me demandent comment il convient de résister à ce climat de décadence qui plane sur l'ensemble des pays dits évolués ou civilisés, et plus particulièrement sur notre patrie dans son actuel contexte politique. En rejeter la cause exclusivement sur le socialisme et ses représentants est probablement injuste. L'un et les autres ne sont que les incarnations d'un mal profond qui nous ronge depuis que nous avons résolument rejeté "ces lois que les dieux ont gravé dans le coeurs des hommes" (SOPHOCLE).
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Je propose donc à ceux de mes lecteurs qui partagent ce désir, de devenir membres actifs de ce Blog et par conséquent de contribuer régulièrement par des billets (et non plus seulement par des commentaires) à une réflexion susceptible de changer, oh ! bien modestement, les choses. Je proposerai, dès leur réponse, une charte d'adhésion qui impliquera l'engagement de respecter certaines règles de courtoisie, de vérification des sources, et de respect de ses adversaires politiques le cas échéant.
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Et comme j'ai la conviction que l'entrée en résistance consiste en premier lieu à investir les lieux qui se prétendent culturels, je vous inviterai à signaler dans vos billets, comme moi je le ferai aussi, les lectures, les lieux, les rencontres où cet esprit de résistance pourra se développer, se propager et commencer à porter son fruit. C'est en continuant de lire les conférences de Gustave THIBON, que m'est venue cette idée. Oyez plutôt ce que dit ce penseur, sans doute l'un des plus incisifs de la fin du siècle dernier et des plus volontairement méconnus des cultureux contemporains, et pour cause :
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"Nous devons prendre conscience que tous, tels que nous sommes, nous avons une petite zone qui dépend de nous et où notre effort doit porter des fruits. Tous, nous pouvons, dans une plus ou moins large mesure, contribuer à recréer ces îlots de santé. Il ne nous appartient pas de forger la fédération européenne ou mondiale, mais nous pouvons commencer à nous fédérer par la base. Il est essentiel de recréer ces petits groupes humains de base sans lesquels les meilleures réformes politiques n'ont aucune efficacité. Si les cellules périphériques ne reprennent pas leur vitalité, l'Etat quelle que soit sa politique ne pourra rien faire. [...] Au fond, le rôle de l'Etat est à la fois très humble et très précieux : il consiste à ordonner, à harmoniser l'activité des cellules sociales de base qui, dans leur domaine propre, se suffisent déjà à elle-mêmes."
(In Gustave THIBON, Les hommes de l'Eternel, Conférence VI, parue aussi dans Économies  et Humanisme, Ecullly, 1944.)
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Et comme le mouvement se prouve en marchant, je vous invite dès à présent à acheter, de toute urgence, ce livre en tous points remarquables. Et puis, si ce Blog collectif prend jour, nous essaierons de voir comment ces petites cellules sociales, faites d'hommes interdépendants et non point ressemblants, pourraient à leur juste mesure, sans faire de bruit, sans claironner, transformer là où elles se sont constituées l'atmosphère toxique qui nous étouffe, celle d'un immeuble, celle d'un petit bout de quartier, d'une petite entreprise, d'un simple bureau même. Pas d'association, pas d'usine à gaz, pas d'encartement : une règle de vie et de comportement humaine, tout simplement, ouverte, saine et témoignante.
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samedi 14 juillet 2012

La vérité vous rendra libres

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Voilà pour moi un sujet d'étonnement qui dure depuis des années. Pourquoi les médias, pourquoi nombre d'associations, de partis politiques, de sociétés de pensée au rang desquels il faut placer certaines obédiences maçonniques, pourquoi le monde politique français - depuis des décennies, en fait depuis l'avènement de la République - combattent-ils si violemment le christianisme ? Ils le font d'une manière sournoise, détournée, mensongère, en s'attaquant, avec raison, non point au message lui-même, ni même à ceux, multitude immense, silencieuse, priante, qui sont de vrais disciples. Non, ils attaquent, avec raison d'ailleurs, mais sans contextualiser, sans relativiser, sans mettre en arrière-plan cette humble foule de fidèles, les dérives de ce qu'ils appellent "l'Église" : pédophilie, ostentation de certains prélats du Vatican, mouvements de fonds louches à l'Institut pour les oeuvres de religion, raideur inhumaine de certaines condamnations morales, théologiques et même politiques. Tout cela est vrai. Et toute conscience droite doit le reconnaître.
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Mais tous ces contempteurs que savent-ils de la souffrance qu'éprouvent les disciples de Jésus, les attachés du fond du coeur à cette Église du Christ (dont je souligne que, réalité invisible et mystique, elle a des frontières qui ne se confondent pas avec celles de l'Église catholique) ? Leur arrivent-ils seulement d'évoquer les dizaines de martyrs chrétiens qui sont tués (quelquefois dans des conditions épouvantables, tel ce jeune tunisien converti, à qui des fous ont coupé la tête, lui vivant), torturés, emprisonnés, TOUS LES JOURS ? Ils s'en foutent, s'en contre-foutent, s'en battent les fesses avec une patte de langouste, pour reprendre une expression qui dit bien ce qu'elle veut dire.
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Ne parlons pas de cet imbécile (au sens de BERNANOS) d'ONFRAY et de ses amis qui se font gloire de démolir le monothéisme, et semblent vouloir revenir à l'idolâtrie antique (cf. polémique du Point).
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Alors pourquoi ? Je crois en avoir découvert la raison profonde et l'explication m'est venue depuis que je me suis attaché à dénoncer les massacres commis par la Révolution française sur ses prétendus enfants ("Allons enfants de la patrie...). C'est que le disciple de Jésus ne craint pas ceux qui tuent les corps mais ne peuvent tuer l'âme (texte de l'Evangile de ce jour). Ils craignent bien davantage ceux qui peuvent tuer les deux. Et il leur paraît évident que toutes les forces de désagrégation morale, sociale ou politique contribuent à tuer l'âme. Il en résulte, et je l'affirme avec force, que le seul homme au monde qui soit LIBRE est celui qui fait passer la vérité avant son propre intérêt et ne craint ni la mort, ni les moqueries, ni les persécutions. Oui, chers lecteurs dont certains partagent cet attachement au Verbe de Dieu, seul le chrétien est libre, car "La vérité nous rend libres".
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Vérité ? Mais il n'y a pas de vérité diront les imbéciles (toujours au sens de BERNANOS), affirmant ainsi qu'il en est au moins une, l'absence de vérité, et détruisant par là-même la valeur de leur argumentation. Il n'y a pas de vérité diront les imbéciles, sauf qu'ils ne cessent de choisir telle ou telle solution politique ou économique, donnant ainsi la preuve qu'ils exercent un jugement et qu'il n'est pas de jugement possible sans évaluation de la vérité.
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La vérité nous rendra libres. Je vous dirai demain comment je vois la possibilité d'organiser une résistance contre les atteintes à la vérité, tout en restant dans la charité, car amour et vérité se rencontrent. D'ores et déjà, ne comptez pas sur moi pour diffuser les ragots qui circulent sur les réseaux sociaux contre François HOLLANDE ou les membres de son gouvernement. Je laisse à ces derniers triste privilège de les avoir colporter contre le Président SARKOZY que nous ne serons pas long à regretter.

vendredi 13 juillet 2012

La loi et la conscience ou la République totalitaire

Dans l'optique de mon précédent billet, je continue d'illustrer l'esprit qui anime nos actuels gouvernants.
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12 septembre 1793.
Un certain GALLET écrit une lettre au citoyen LAPLANCHE, dépêché à ORLEANS par la Convention Nationale pour y pratiquer l'épuration et notamment arrêter les prêtres non jureurs et tous les fidèles qui les servent. GALLET est sans doute un lâche, et il ne dénonce pas vraiment les demoiselles BARBERON dont il est le locataire et qui hébergent en secret le Père PLOQUIN, ainsi que le jeune BIMBENET de la ROCHE. Non ! Il demande simplement à la municipalité le droit de résilier son bail, arguant dans sa lettre que ses logeuses sont "soupçonnées de loger des gens suspects" et qu'il se pourrait que cette situation "compromît en cela [sa] responsabilité".
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La lettre à peine lue et reçue, on envoie (une heure plus tard !) le commissaire d'ORLEANS, un nommé DUTET, chez les demoiselles BARBERON. pour perquisitionner leur domicile. Passons sur les détails des vexations imposées à ces deux femmes. On ne trouve pas d'abord les suspects, bien cachés ; on se contente d'emprisonner les logeuses. Ne les voyant pas revenir, l'abbé PLOQUIN et le jeune BIMBENET de la ROCHE sortent de leur cachette. Hélas, "ils" veillaient . On met sur eux la main.
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Le 14 septembre, on interroge les suspects :
On questionne l'abbé PLOQUIN. A-t-il prêté le serment de la constitution civile du clergé ?
-J'ai refusé de le prêter, parce qu'il répugnait à ma conscience.
-N'avez-vous pas excité d'autres prêtres à le refuser ?
-Je n'ai jamais excité qui que ce soit à refuser ce serment, mais, lorsque j'étais consulté, je faisais part de mon opinion.

On lui reproche, sans fondements, ses écrits contre la constitution civile du clergé. Il proteste :

-Pour les opinions religieuses, nul ne peut être gêné.

On envoie les prisonniers à PARIS. C'est que le cas est grave, n'est-ce pas ? FOUQUIER-TINVILLE l'ignoble se chargera de le régler de la manière que l'on sait.
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Le 26 novembre 1793, on arrête un jésuite orléanais, le Père DERVILLE, place du Martroi. Il a été dénoncé par le citoyen DUHAMEL car il avait un air suspect (en effet, pour échapper à la police, le Père DERVILLE qui a poursuivi son ministère clandestins au milieu des plus grands dangers est déguisé en femme) mais sa voix n'a rien de féminin. C'est finalement le citoyen BONNEAU, un notaire devenu jacobin, qui interroge celle qui se présente comme madame Angélique. Le Père DERVILLE ne cache ni son nom, ni sa qualité, ni son âge et avoue sa fidélité à l'Eglise catholique. Les objets du culte qu'il porte sur lui achève de le désigner à la vindicte de ces fous.
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On l'interroge :
-Pourquoi as-tu désobéi à la loi qui défendait d'exercer les fonctions du culte, telles que confesser sans avoir prêté le serment ?
-Les lois doivent être subordonnées à la religion, et la religion catholique ayant Dieu pour auteur, ce n'est point à elle à ployer sous les lois, mais les lois à ployer sous elles.
-Mais il n'est question de faire ployer la religion sous les lois, mais de l'obéissance que tu dois aux lois.

Écoutez bien chers lecteurs la réponse admirable et juste de cet homme :

-Je ne veux pas me soumettre aux lois dans les points où elles contrarient la religion catholique.

Le Père fut décapité peu après sa condamnation.
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Les quatre premiers accusés étaient convaincus de conspiration contre la République et furent condamnés à mort à Paris, le 25 février 1794. BIMBENET de la ROCHE - qui avait reconnu avoir servi dans l'armée des Princes émigrés mais était revenu dans sa patrie - avait aux alentours de 23 ans. Tous les quatre furent guillotinés quelques heures après leur condamnation. BIMBENET de la ROCHE chantait le Laudate dominum en montant le degrés de l'échafaud  "et ce fut le couperet [qui] en tombant arrêta son chant". (Récit de Jacques HERISSAY dans son Hors-la-loi sous la terreur, Éditions de Fontenelle, Abbaye de Saint-Wandrille, 1946).

Pourquoi ce récit ? Deux raisons.

(a) La première est tirée des paroles de Jésus que l'Église propose aujourd'hui à la méditation de ses fidèles : "Vous serez traînés devant des gouverneurs et des rois à cause de moi ; il y aura là un témoignage pour eux eux et pour les païens. Quand on vous livrera, ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous" (Matthieu 10, 8-10). Les réponses des abbés PLOQUIN et DERVILLE sont admirables de sérénité, de justesse, de grandeur humaine et de courage. Elles concrétisent ces paroles de Jésus.

(b) La seconde est tout aussi actuelle. En proposant une loi autorisant le mariage homosexuel et l'adoption homoparentale, le gouvernement de monsieur AYRAULT se comporte, mutatis mutandis, comme les interrogateurs des abbés PLOQUIN ou DERVILLE. Ils entendent faire ployer les hommes sous le joug de lois dépourvus de tout fondement moral ou anthropologique (sans parler des fondements religieux). Notez que le Père DERVILLE ne méconnaît pas la nécessité d'obéir aux lois, tant que celles-ci ne violent pas sa conscience. Ce qui n'est point de l'incivisme.

Nous sommes très exactement dans ce cas de figure. Héritier de la Révolution, le Parti Socialiste n'a changé que les formes extérieures du totalitarisme ; il n'en a nullement gommé le fond. Désolé, monsieur AYRAULT, désolé, monsieur HOLLANDE, mais il y a de vos compatriotes qui préfèrent obéir à Dieu qu'aux hommes. Et nous attendons de nos évêques qu'ils le leur rappellent. Pour l'instant, leur silence est assourdissant.

jeudi 12 juillet 2012

Vous avez dit République fraternelle ?

Je vous en supplie, ayez la patience de lire jusqu'au bout
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Martin ALLEAUME, 17 ans, garçon coiffeur ;
Pierre BALIN, 18 ans, racheveur de boucles ;
Julie BOISSARD, 18 ans, journalière ;
Raymond BORIE, 19 ans, cordonnier ;
Marie-Nicole BOUCHARD, 18 ans, domestique ;
Armand BOURREE-CORBERON, 16 ans ;
François-Ursule BURKE, 17 ans, matelot ;
Charles-Alexis de CHARMES, 19 ans, ancien aide de camp de DAMPIERRE ;
André CHENIER, 31 ans, poète (je donne son nom par exception) ;
Joseph-Hippolyte CURTON,18 ans, domestique ;
Jean DELVAUX, 19 ans, brocanteur ;
Louis-François DESREAULX, 18 ans ;
Eleonore de FAUDOAS, 18 ans ;
Agathe GREAUDE, 19 ans, couturière ;
Hugues HOT, 17 ans, ex-jockey ;
Paul LAUNAY, 18 ans, volontaire ;
Jean-Baptiste LEGUAIN, 18 ans, étudiant ;
Adélaïde LIENARD, 17 ans ;
Fortuné-Charles-Louis-François de MAILLE, 17 ans, ex-noble ;
Louis MENOU, 19 ans, sous-lieutenant de carabiniers ;
Joseph MEYNARD-MELLET, 17 ans ;
Charles-Pierre NEVEUX, 17 ans, charron ;
Julie-Agathe de SAINT-PRIEST, 17 ans, mariée ;
Louis de SAINT-AMARANTHE, 17 ans ;
Joseph VERINE, 16 ans ;
Charles VOILLEMIER, 18 ans.
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Vous qui fûtes condamnés à mort et décapités avant que vous n'eussiez atteint vos 20 ans, vous qui n'étiez pas tous nobles, tant s'en faut à voir les métiers que vous exerciez, vous serez présents dans mon coeur et ma mémoire en ce 14 juillet où une foule amnésique et un gouvernement inculte célébreront la fête dite nationale, en oubliant que leur République, soi-disant et prétendue fraternelle, est née tout entière dans le sang. S'il avait fallu que j'ajoute à cette liste, les noms des condamnés de moins de 25 ans, rares et chers lecteurs, vous auriez abandonné la lecture de ce martyrologe en raison de sa longueur et de sa monotonie. Oui, la populace parisienne se délectait à la vue des exécutions de ces compatriotes, condamnés à mort entre 26 prairial et le 9 thermidor de l'an 2, par le tribunal révolutionnaire de la Commune de Paris, et exécutés place de la Barrière du Trône. En ces jours sanglants, 1306 français périrent : 1109 hommes, 197 femmes. Parmi les hommes, il y avait 579 gens du peuple, 178 hommes d'épée, 136 nobles de robe, 108 gens d'église et 108 ex-nobles. Il y avait chez les femmes, 123 femmes du peuple, 51 ex-nobles, et 23 religieuses.
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La République qui a honoré l'abbé GREGOIRE d'une place au Panthéon, n'a pas daigné offrir à ces martyrs une sépulture digne de ce nom. Ils ont eu pour lot une fosse commune. En fait, il y a en deux ; elles furent creusées dans le jardin de Picpus. Les descendants de ces martyrs réparèrent autant qu'ils le purent cet outrage.
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Vous remarquerez que j'ai adjoint à cette liste le nom d'André CHENIER, qui avait plus de 20 ans ; un très grand poète, sans aucun doute, mais qui a payé de sa vie son aveuglement sur la vraie nature de la Révolution. Elle a dévoré ses enfants, et son héritière, l'actuelle République, continue de le faire. On comprend pourquoi tant de jeunes Français quitte cette ingrate patrie pour chercher air et liberté sous des cieux moins oppressifs. Tant que nous ne reconnaîtrons pas collectivement ces horreurs et que nous n'en ferons pas repentance, il n'y a aucune chance pour que la France se trouve réconciliée avec elle-même.
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Vous allez me dire : mais les jeunes victimes de Picpus, c'est une anecdote. Une anecdote ? Vraiment ? Alors je vais encore vous rafraîchir la mémoire. Le 12 janvier 1794, on fusillait à AVRILLE (Maine-et-Loire), 105 personnes, dont 20 avaient moins de 30 ans ; aucun d'eux n'était noble ou prêtre. Le 15 janvier 1794, toujours à AVRILLE, on fusillait 300 personnes dont 12 avaient moins de 30 ans (le plus jeune, François GESSARD avait 19 ans). Le 18 janvier 1794, on continuait en fusillant 250 personnes dont 80 femmes ; 27 des suppliciés avaient moins de 30 ans. Les plus jeunes, Pierre CHARBONNIER, laboureur, et Marie RIPEAU, avaient respectivement 18 et 19 ans. Les lundi 20 janvier, mardi 21 janvier et mercredi 22 janvier 1794, on fusilla encore plus de 500 personnes. La plus meurtrière des journées fut celle du lundi : 108 hommes et 300 femmes laissèrent leur vie entre les mains de ces monstres. Pendant ces jours terribles ont  donné leur vie : René BILLON, 16 ans,  tisserand, Jacques BREHERET, 18 ans, menuisier, François BRICHET, 16 ans, Louis CHARRIER, 16 ans, garçon métayer, François COUDRET, 19 ans, voiturier, Emmanuel DELAUNAY, 19 ans, laboureur, Charles DUTERTRE, 17 ans, Louis GALARD, 18 ans, Louis GASCHER, 17 ans, vigneron, Claude GASTINEAU, 17 ans, François GIFFARD, 18 ans, tisserand, Pierre GIRAULT, 17 ans, tisserand, Pierre GODINEAU, 17 ans, métayer, Pierre GOISET, 18 ans, vigneron, Antoine GRELLIER, 19 ans, tisserand, Pierre HAMELIN, 18 ans, laboureur, Jacques JAMIN, 18 ans, serger, Pierre LAHAYE, 16 ans, journalier, Jean LOYTIERE, 17 ans, journalier, Jacques MAUNOIR, 18 ans, marchand, Jacques ONILLON, 18 ans, métayer, Nicolas POINTET, 18 ans laboureur, François POISSONNEAU, 18 ans, laboureur, François RUBION, 17 ans, voiturier, Perrine BROUARD, 18 ans, Anne EMERIAU, 19 ans, Marie POIDEVIN, 18 ans, René CESBRON, 17 ans, serger,  Pierre COICAULT, 17 ans, cordonnier, Henri COUDRAIN 16 ans, Etienne FRENOT, 17 ans, sabotier, Simon MARTIN, 17 ans, Louis PICHONNIERE, 16 ans (fusillé avec son frère âgé de 24 ans), Pierre POREAU, 17 ans, cordonnier, François QUETINEAU, 14 ans et demi, André BAUCHET, 16 ans, pêcheur, Jean DALIGON, 16 ans, laboureur, François LAMBERT, 18 ans, laboureur, Pierre MOREAU, 15 ans, tisserand,  Nicolas RIDEAU, 18 ans, journalier. La dernière fusillade eut lieu le mercredi 16 avril 1794. Elle fit 198 victimes. On n'en compte aucune de moins de 20 ans.

Quel est donc le crime de ces enfants ? De n'avoir point voulu renier leur foi ! On les a déclarés martyrs, et ce n'est que justice.
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Et qu'on ne vienne pas me casser les pieds en disant que ce sont là des choses passées, anciennes, vermoulues, que sais-je. Mais VOLTAIRE, DIDEROT, et tous ces soi-disant philosophes dont les systèmes ont amené la Révolution et ses horreurs, ne sont-ce pas aussi des vieilles lunes ? Pourquoi parlerait-on des uns et non des autres ? Qui se soucie des tisserands, des laboureurs, des cordonniers, des sergers, des domestiques ? Ces gens étaient de basse extraction, n'est-ce pas ? Allons, passons-les par profit et perte, semble dire l'opinion publique. Mais pas VOLTAIRE qui a droit à des Boulevards et des Lycées. Guy MOQUET a donné son nom à une station de métro (et ce n'est que justice, pour ce jeune admirable), pour avoir été exécuté par les Allemands alors  qu'il avait 17 ans. Mais ceux que je viens de citer, n'avaient-ils point aussi autour de 17 ans ?

Profit et perte ? Il n'en est pas question. Je resterai fidèle à ma méthode : des faits, rien que des faits, situés dans leur contexte (la Commune de Paris pour la première liste ; les Guerres de Vendée pour la seconde), et l'évocation des penseurs dont les idées ont conduit à ces crimes.

Oui, tandis que la foule parisienne acclamera les soldats qui défilent, peut-être aussi monsieur HOLLANDE, moi je penserai à vous, chers enfants trop tôt disparus par la folie des hommes, et je demanderai à Dieu, qu'en son Paradis, il vous comble de son amour et de sa présence