mardi 30 décembre 2008

Conflit israélo-palestinien et rivalité mimétique

Le conflit israélo-palestinien est l'illustration dramatique de la justesse des vues de René GIRARD. Cet auteur, on le sait, voit dans la rivalité mimétique, celle qui surgit entre deux personnes ou deux peuples ou deux tribus très ressemblants, la naissance des religions sacrificielles et de leurs rites, l'origine des mythes, de l'état, de la loi, et la résolution de la violence par l'immolation consentie de tous d'une victime arbitraire et totalement innocente. Il appelle ce phénomène "mécanisme victimaire". Jésus est venu dénoncer ce mécanisme et les évangiles racontent sa passion du point de vue de l'innocent et non de celui de la foule consentante, unanime et aveugle. (On en a un exemple remarquable dans l'unanimité des juifs, qui pousse Pilate à relâcher Barrabbas, un criminel, et non point l'innocent ; après tout, le récit aurait pu être rédigé de leur point de vue à eux ; c'est l'ultime témoignage de ce lynchage que jusqu'ici les mythes cachaient ; mais il est raconté d'un point de vue historique et non mythique, et c'est ce qui en fait le prix. Depuis l'avènement de Jésus, il n'est plus possible d'obtenir le consensus de la foule pour le sacrifice d'un bouc émissaire, et la rupture du consensus est amorcé par les protestations de Nicodème au sanhédrin et le courage de Joseph d'Arimathie qui donne un tombeau neuf à Jésus.) Il en résulte que la violence circulaire se nourrit elle-même, sauf à ce que les parties acceptent de la faire taire et de pardonner.
Israël et Ismaël sont des frères ennemis ; leur race, leur langue respective, leur habitat antique sont très voisins. Ils convoitent la même terre, veulent la même capitale, pour les mêmes raisons qui est le triomphe de leurs idées. En somme ils désirent très exactement ce que l'autre désire. On pourra proposer à l'un ou l'autre peuple un pays de taille identique, avec des ressources identiques, un climat identique, aucun d'eux n'en voudra. Ce qu'il veut, c'est ce que l'autre veut aussi. Étrange désir que ce désir du désir de l'autre.
On s'étonne à tort, (et l'on fait des analyses erronées sur ce phénomène), de l'esprit d'entreprise des Israéliens et de la transformation spectaculaire de leur pays en les comparant à la paresse des peuples arabes. C'est absolument ne rien comprendre au ressort religieux de ces comportements. Marcel GAUCHET a très bien expliqué cela. La religion musulmane est une religion holistique qui n'a pas pu séparer le visible et l'invisible. En somme elle n'a pas reçu comme parole de vie ce que Dieu dit dans la Genèse et qui porte sur la mission donnée à l'homme de soumettre la création, de l'habiter, de la transformer. Pour un musulman, il est important que rien ne change afin de préserver ce que Dieu tout puissant a donné ; pour un juif (et un chrétien), la création est donnée à l'homme pour qu'il en utilise (raisonnablement) toutes les ressources et en perce totalement les mystères. Ces deux conceptions sont absolument opposées. Et c'est là une différence radicale qui exaspère encore plus, paradoxalement, les rages de la rivalité mimétique.
Il n'y a pas d'autre issue que la discussion et la paix. Tout le monde est perdant à ce jeu de bombes, de missiles, de rockets et d'attentats suicides. La vue des enfants blessés ou tués me bouleverse, mais aussi celle des habitants des villes du Sud d'Israël qui depuis sept ans ont reçu 12.000 rockets, et n'ont pu vivre dans la sécurité. Vite, la paix ! Et pour tous les fils d'Abraham, la prière pour la paix.

lundi 29 décembre 2008

A propos d'un drame

J'ai entendu à la télévision l'interview que Catherine LABORDE a faite du Pr Philippe JUVIN, chef du service des Urgences à l'hôpital BEAUJON. Je fais, bien entendu, la part de ce qui vient du professionnel de l'urgence et celle qui vient du militant politique, puisque je crois savoir que le Pr JUVIN est membre des instances de l'UMP. Cependant, il apparaît (et c'était bien mon avis) que le patient n'avait pas besoin de coronarographie et que ce n'est pas l'absence de cet examen en temps utile qui a provoqué son décès. Un peu de bon sens de la part des journalistes les aurait convaincus qu'un examen d'imagerie médicale n'est en rien un geste thérapeutique mais pré- diagnostique. Il apparaît ensuite que le patient a bien été admis à l'hôpital de LONGJUMEAU, et qu'il a fait l'objet des soins les plus attentifs de la part des équipes de cet hôpital. Dire le contraire est un mensonge. Le Pr JUVIN soulignait, encore une fois fort justement, que le patient avait été pris en charge par le SAMU qui est déjà un service d'urgence. Les médecins du SAMU ont eux aussi prodigué les soins les plus adaptés à ce patient qui, aux dires du Pr JUVIN, souffrait d'une très grave pathologie cardiaque. Secret professionnel oblige, nous n'en savons pas plus, et nul ne peut dire avec certitude si, pris en charge plus tôt par le service d'urgence d'un Hôpital Parisien, le patient aurait pu être sauvé. Enfin le Pr JUVIN a souligné que le désordre le plus absolu règne au sein des hôpitaux et a fortiori entre les hôpitaux, pour ce qui est de la fermeture de lits (à la discrétion du chef de service), et que la moindre des choses serait de mettre en place un coordinateur qui pourrait en temps réel connaître le nombre de lits disponibles dans les hôpitaux d'une région et les spécialités des services où ces lits sont disponibles. Il est trop facile de dire qu'il n'y a pas assez de moyens quand rien n'a été fait pour rationaliser l'usage des lits hospitaliers. Une fois ce travail accompli, il sera possible de voir à quel niveau exact il convient de porter la rallonge de postes de soignants, infirmières, médecins, chirurgiens, manifestement indispensables dans le contexte actuel. Ne pourrions-nous pas mettre tous les acteurs du système de santé autour d'une table pour les faire réfléchir à la nécessaire rationalisation de la gestion des hôpitaux, aux limites du système du budget global, à la responsabilité économique de tous les personnels hospitaliers.
Un homme de 56 ans est mort, et cette mort interpelle. En faire porter la responsabilité aux hommes politiques de la majorité est tout simplement honteux, improductif, et injuste. Tout comme il était injuste d'impliquer monsieur FABIUS ou madame DUFOIX dans l'affaire du sang contaminé. Dès que ces ministres ont été informés en détail du problème, ils ont pris les bonnes décisions. Monsieur GALLO porte peut-être la responsabilité de quelques morts pour avoir fait retarder (en raison de très gros enjeux économiques) la mise sur le marché du kit français de détection des anticorps anti-virus du SIDA, mais il n'a pas eu le prix Nobel, bien qu'il se soit targué d'avoir découvert un virus qu'il avait en réalité volé au Pr MONTAGNIER.

samedi 27 décembre 2008

Grandeur et servitude d'un métier

La grandeur du métier d'infirmière est à la mesure des responsabilités dont celle-ci est chargée. Un enfant est mort après avoir reçu une perfusion inadéquate. L'infirmière qui a pratiqué la pose reconnaît avoir fait une erreur : elle a injecté du chlorure de magnésium à la place de sérum glucosé. Plusieurs remarques factuelles : (a) en premier lieu, il semble que le flacon de chlorure de magnésium n'ait pas été rangé à sa place normale ; (b) le soluté perfusé ne présente normalement aucun danger, et il n'est pas certain mais seulement possible que la mort de l'enfant soit la conséquence de cette erreur ; (c) j'ai appris pendant mes études, et les infirmières l'apprennent tout comme je l'ai fait, qu'il faut lire deux fois l'étiquette d'un médicament avant de le délivrer ou de l'administrer, et il ne semble pas que cela ait été fait.
Deuxième série de remarques. (a) L'infirmière fait preuve d'une grande dignité ; elle accepte la responsabilité de son erreur ; (b) elle en est tellement choquée qu'elle a besoin d'un soutien psychologique.
Troisième série de remarques. Les urgentistes, les syndicats, les revendicateurs de tous poils accusent le manque de moyens alloués à l'hôpital, en cette terrible épreuve. L'un d'eux ne demande rien moins que la démission du ministre de la santé. Faut-il donc conclure qu'il trouve normale une erreur d'inattention ? Si au lieu d'administrer de l'oxygène à un patient, un urgentiste lui donnait du protoxyde d'azote, faudrait-il faire rejeter la responsabilité de l'erreur à madame BACHELOT ? On voit l'instrumentalisation du drame ; l'opposition va faire chorus. Il serait bon de lui rappeler qu'en promouvant la loi sur les 35 heures quand elle était au pouvoir, elle a contribué puissamment à désorganiser l'hôpital. Et qu'on ne vienne pas me dire le contraire. J'ai en la matière une expérience qui fait défaut au maire de Lille. Il est vraisemblable que le manque de personnel a rendu plus difficile la réanimation de ce petit garçon à Saint-Vincent de Paul. Il est sans doute nécessaire de recruter du personnel supplémentaire. Mais il serait bon aussi de mesurer le coût de ces recrutements et les répercussions qu'ils auraient sur les comptes de la sécurité sociale, sur les cotisations sociales, et sur les impôts. Comme toujours, les adeptes du "YAKA FAUTQUE" vont encenser les dépenses mais se garderont bien de contribuer aux recettes. Ce sont les autres qui doivent payer.
Alors petite question : pourquoi la gauche, quand elle était aux affaires, s'est-elle gardée de s'attaquer aux aspects les plus immoraux du capitalisme financier ? Elle a augmenté la CSG, et, tout bien réfléchi, on ne peut pas être contre cette mesure. Mais qu'a-t-elle fait pour encadrer les "produits dérivés" et les "produits structurés" ? A-t-elle imposé un délai minimum de détention des titres pour empêcher la spéculation du matin au soir ? A-t-elle modifié les règles absurdes des achats à terme qui permettent de se faire de l'argent personnel avec de l'argent emprunté, c'est-à-dire l'argent des autres ? Rien de tout cela. Elle s'est contentée d'augmenter les impôts qui frappent les classes moyennes et les cadres supérieurs, sans toucher le moins du monde aux plus criants dysfonctionnement des marchés en folie. Avec l'argent gagné sur la moralisation de la bourse, elle aurait pu changer les choses. Elle ne l'a pas fait. Alors, de grâce ! qu'elle ait la pudeur de se taire !

Un chef d'oeuvre de la musique baroque

Autant le confesser ici. J'ai une grande allergie - à quelques exceptions près - à toute musique née après 1750 (grosso modo) ; je déteste les épanchements lacrymeux des romantiques ; j'avoue toutefois une plus grande amitié pour la musique moderne, et parfois même contemporaine. Mais rien ne vaut les motets sublimes de CHARPENTIER, de DESMARETS ou de CAMPRA ; de VIVALDI ou de MARCELLO ; les concertos d'ALBINONI ; les mélodies de PURCELL ; les oratorios de HAENDEL. Je ne peux pas les citer tous. Mais je les aime tous, sans hiérarchie, sans comparaison. Ma dilection pour eux est universelle ; chacun, avec son génie particulier, célèbre la beauté.
Hier, j'ai ré-écouté un disque que j'avais délaissé depuis plusieurs années : Vespro per lo Stellario della Beata Vergine joués pour la première fois à PALERME en 1644. C'est une oeuvre gigantesque qui utilise 12 choeurs vocaux et instrumentaux disposés en divers points de la cathédrale ou de la basilique qui servent d'écrin à ces célestes chants.
A l'époque de Bonaventura RUBINO, le génial compositeur de ces Vêpres, PALERME organisait tous les ans le Stellario en l'honneur des 12 privilège accordés à Marie dans sa conception immaculée. Les masses instrumentales et vocales disposés dans le choeur, à la tribune, sur les bas côté, voire au beau milieu de la nef, se répondaient, et se répondent dans ces vêpres, avec une vivacité, une ferveur indicibles. La partie la plus touchante, que dis-je, la plus transperçante est le Lauda Ierusalem à 5 voix (deux sopranos, un alto, une basse, un ténor). Comment rendre l'impression d'exultation. Tour à tour, les voix reprennent en sostenuto ou en vocalise le verset Lauda Ierusalem tandis que les voix inoccupées à cette louange chantent les versets du psaume. L'effet est prodigieux. On imagine la foule des élus, des martyrs, des confesseurs qui, les palmes à la main, gravissent la montagne sainte. Et tout le peuple en fête qui acclame le Tout-Puissant. Que l'on soit ou non croyant, on ne peut être que saisi par cette insistance à la louange. Je ne pouvais pas ne pas vous livrer cette impression extraordinaire faite en moi par cette musique.
Le disque est édité par K617 (K617050 M7 876). On ne le trouvera plus que d'occasion. Mais on n'hésitera pas, surtout pas à se le procurer si d'aventure on le trouve dans le bac d'un disquaire.

vendredi 26 décembre 2008

Méditation versifiée sur la nuit de la nativité

Un correspondant m'invite à versifier la méditation sur la nuit de la nativité. Je m'y suis essayé, et livre à mes lecteurs ce pauvre essai.
Plus jamais les nuées aux bords de l'horizon,
N'essuieront leurs larmes. A l'Orient s'est levé
Une grande Lumière. Ce n'est plus la saison
Des prophètes. Un petit, un grain de sénevé
Le Fils, l'Enfant-Dieu, efface les étoiles
Qui cloutaient d'or le ciel, le ciel profond et noir.
La Terre dormait en paix. Puis brusquement le voile
Se déchire à leurs yeux et les bergers vont voir.
Habitués dès l'enfance à quémander l'aurore,
Ils sont saisis de crainte. Qu'est donc cette lumière
Au milieu de la nuit ? Le temps n'est pas encore
Où du haut de l'Hermon doit surgir l'aube altière.
Et que veulent dire ces bruits ? Ces éclats de trompette ?
Et cet hymne suave et ces chants de louange ?
"Honneur et gloire à Dieu ! Que vos coeurs soient en fête !"
Laissons là nos manteaux. C'est bien le choeur des anges
Qui descendu des cieux nous invite à courir
Adorer l'enfançon. Qu'importe la morsure
Du froid sur nos épaules. Il nous faut obéir
A l'Esprit qui nous pousse. Et cette laine dure
Dont sont faits les manteaux fait une vieille peau,
Un obstacle, une entrave. Dieu veut une tunique,
L'habit de noce enfin et non des oripeaux,
Un tissu de lin fin. Au sang du Fils unique
Il sera purifié, ô mes humbles bergers,
Depuis longtemps choisis ! Mes justes ! Mes enfants !
Accourez à la grotte ! Vos pas seront légers.
Ils y sont. Se prosternent. Jésus dort tout souriant
Marie les yeux clos rend grâce à son Seigneur,
Joseph les mains calées sur un bâton noueux
Veille sur le petit. Il sait qu'est venue l'heure
Où pour l'homme de paix sont entrouverts les cieux.
Pour que la métrique soit sauve, il faut respecter les diérèses suivantes : essu/i/ront ; le Fils, l'enfant Di/eu ; Marie, les y/eux.
Pardonnez, je vous en prie, ces vers de mirlitons. J'y ai mis tout mon coeur.

jeudi 25 décembre 2008

Méditation sur la nuit de la nativité

Les nuages n'essuieront plus jamais leurs larmes aux bords de l'horizon morne. Une lumière, à l'Orient s'est levée. Elle efface peu à peu les étoiles qui jusqu'alors cloutaient d'or le ciel profond et noir.
Il est accompli le temps des prophètes. Voici venu le règne du Fils. Un vent léger ! On n'entend plus que le silence et la terre qui dort en respirant paisiblement. Les bergers guettent le retour le l'aurore.
Tout d'un coup, l'éclat de puissantes trompettes qu'accompagnent des chants venus d'en-haut. Les anges ne peuvent tromper les humbles. Désormais, à quoi servent ces manteaux de laine rude qui protègent les bergers de la morsure du froid ? Pour aller plus vite vers Bethléem qui dort encore, l'ignorante, vite il faut se débarrasse de ces vieilles peaux. Aller là où l'Esprit entend guider ceux qui veulent l'écouter. Tout de même : Qui gardera les troupeaux ? Ne craignez rien ! Tout se fera selon la Parole. Et toi Bethléem de Juda, tu n'es pas le moindre des bourgs de Judée ! Il est venu le Prince de la Paix. Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! Toujours le chant des anges.
Les brebis se sont rassemblées autour de maigres feux où meurent quelques tisons ; elles escomptent le retour des pasteurs. Les choisis se sont mis en route. Résolument. Ils sont allés là où l'Esprit les a guidés. Auraient-ils déjà trempé leur tunique dans le sang de l'Agneau ? Ils l'ont trouvée, la grotte où repose l'Enfant-Dieu. Rien n'étonne ces cœurs justifiés. Ils se prosternent devant l'innocence et la sainteté. Marie a les yeux mis clos, et Joseph veille. L'enfant dort en souriant. Les temps sont accomplis. Aussi simplement que cela.
Qui saura ouvrir les yeux ? Qui ?

mercredi 24 décembre 2008

La meilleure défense, c'est l'attaque...

Si vous voulez bien lire derrière les lignes vous ne pouvez qu'être étonné. Vous attendiez, comme moi, que monsieur DRAY oppose un démenti catégorique aux allégations répandues par la presse, et qui prétendent lui attribuer des manoeuvres financières curieuses au détriment, notamment du syndicat FIDL. Pas du tout : monsieur DRAY fait savoir par son avocat qu'il dépose une plainte contre X pour "violation du secret de l'instruction". Quand de telles violations arrangeaient les affaires du PS, monsieur DRAY était moins pointilleux. Mais là, c'est une autre affaire.
Les questions sont simples : (a) monsieur DRAY a-t-il retiré oui ou non des sommes importantes des comptes de la FIDL et des Parrains de SOS Racisme, soit en argent liquide soit par virement à son compte personnel ? (b) monsieur DRAY peut-il expliquer, si c'est bien le cas, les raisons de ces mouvements de fonds ? Tout le reste est de la littérature.
Quant à la FIDL, elle proteste : "c'est une tentative de déstabilisation" prétendent ses responsables. De qui ? Pourquoi ? Ils ne le disent pas. Mais je ne les entends point contester la réalité des soustractions considérables opérées sur leur trésorerie, ni évoquer le nom du soustracteur. Peuvent-ils l'expliquer, preuves à l'appui ?
Si j'étais méchant, faisant état de l'amour immodéré de monsieur DRAY pour les montres, qui toutes ne sont pas en plastique, je dirais volontiers que dans cette affaire il est temps de mettre les pendules à l'heure. Si machination il y a, et ce n'est pas impossible, il faut en démasquer les auteurs et les punir. Si les retraits sont douteux ou frauduleux, ce que la justice dira, il sera bon que monsieur DRAY renonce à une carrière politique. Mais rien n'est moins sûr. Monsieur NUCCI a pu continuer une (discrète) carrière politique, se faire réélire député, après l'affaire du Carrefour du Développement. Le corps électoral ne s'est pas ému de ces façons de faire. Et les grilles du Jardin de l'Observatoire, si elles pouvaient parler, diraient tout ce qu'elles savent sur les fermes jarrets du défunt Président MITTERAND. On a conspué, vilipendé, traîné dans la boue monsieur JUPPE pour une affaire autrement plus bénigne d'appartement qui lui aurait été sous-loué, et qu'il n'a occupé que quelques mois, et a abandonné après avoir très largement compensé un moins perçu qui n'était rien moins que questionnable. Monsieur JUPPE est un homme d'état. Monsieur DRAY est loin d'en avoir l'envergure. Ne parlons pas de Ségolène ou de Martine. Ces gens aiment le pouvoir, non pas la vérité.

Le temps comme il va

La télévision est un excellent révélateur de l'esprit du temps. Hier soir, nous avons entendu au journal télévisé que monsieur Daniel GUICHARD, un chanteur, a protesté contre l'intervention de la gendarmerie aux portes de l'établissement fréquenté par sa fille ; un établissement du midi de la France : il s'agissait de contrôler que les collégiens ne transportaient pas de drogue dans leur cartable ou sur eux. Ils ont donc été alignés contre le mur ; on leur a demandé de déposer leurs affaires par terre, et des chiens spécialement dressés pour détecter la drogue ont été chargé de vérifier qu'elles n'en contenaient pas. Le proviseur était prévenu de l'opération ; celle-ci s'est déroulée selon les procédures en vigueur. Il n'y a pas eu de violences, d'injures ou de menaces (ce serait mal connaître la gendarmerie qui, en France, reste un bastion de la courtoisie militaire). Non ! Rien de tout cela ! Mais monsieur GUICHARD s'indigne. Comment, faire ça à ma fille ? En vérité, il n'utilise pas ces mots. Mais si sa fille n'avait pas été impliquée dans la vérification, il n'aurait sans doute pas réagi. Je n'ai pas gardé en tête les statistiques, mais je crois me souvenir qu'un lycéen sur deux, en classe de première, confesse avoir déjà goûté au moins une fois au cannabis. Pour des raisons que je n'ai pas à dévoiler ici, tenu que je suis par le secret professionnel, je puis vous confirmer que l'usage de la drogue, douce ou dure, est très répandu dans la jeunesse et qu'elle y fait des ravages. Monsieur GUICHARD le sait-il ? Peut-il comprendre que l'on cherche à protéger la jeunesse, quitte à faire peur à sa fille ? Il aurait dû, ce soir là, regarder, toujours au journal télévisé, le court reportage consacré aux îles Maldives. Dans ce pays à 100 % musulman, un enfant de moins de 15 ans sur 5 est déjà dépendant de l'héroïne. Il fallait voir ce jeune au visage émacié, mains tremblantes, yeux mangés par la fièvre, se préparer une dose devant la caméra (à mon avis indiscrète et inutilement voyeuse). La drogue vient d'Afghanistan, produites et exportées clandestinement par des filières dépendantes des taliban (pas de s à taliban qui est déjà un pluriel de taleb). Il fallait à monsieur GUICHARD du recul et de l'information pour adapter sa réaction à la réalité du monde. Il lui fallait dépasser l'horizon nombrilique de sa famille et considérer que le rôle du politique est de protéger la société de ce qui risque de la détruire. Le procédé de la gendarmerie est expéditif ? Comment faire autrement ? S'il a des idées, monsieur GUICHARD, qu'il les dise. Pour l'instant, c'est un contrôle qui révèle une certaine efficacité.

mardi 23 décembre 2008

De tout et de rien

Rien, dans l'actualité, n'incite à de longs développements. Je vais donc butiner ça et là des impressions, et des remarques.
L'un de mes lecteurs, fort courtoisement, me dit qu'il n'approuve pas ma position de refus du travail du dimanche. Je n'ai pas d'autres arguments à lui opposer que celui de la transmission immémoriale de la tradition : le dimanche est fait pour le repos. Je voudrais simplement rappeler ici les terribles paroles du prophète AMOS (8, vv 4-6) : "Ecoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre et voudriez faire disparaître les humbles du pays, vous qui dites : "Quand donc sera-t-elle passée, la nouvelle lune, que nous vendions notre blé, et le sabbat, que nous écoulions notre froment ? Nous diminuerons la mesure, nous augmenterons le sicle, nous fausserons les balances pour tromper ; nous achèterons le pauvre pour de l'argent et l'indigent pour une paire de sandales..."
Ah, je les devine, les agioteurs qui dans l'ombre ourdissent et trament leurs petites affaires, impatients de voir le sabbat s'achever ! S'ils pouvaient le supprimer même ! Mais ils le peuvent ! Et ils ne se privent pas de le crier, et d'insister pour pouvoir vendre leur froment et acheter le pauvre contre une paire de sandales. Je suis contre le travail du dimanche, parce que le dimanche n'est pas fait pour le négoce ou la consommation. J'admets volontiers que mon point de vue est "judéo-chrétien", comme me l'a dit il y a peu de temps, avec une certaine violence, l'un de mes contradicteurs. Ce dernier ne voit pas que c'est justement le judéo-christianisme qui lui permet d'avoir une parole libre et autonome. Je le renvoie au superbe livre de Marcel GAUCHET, Le désenchantement du monde dont je reparlerai un jour.
Autre chose. Vu aujourd'hui, Place Saint-Michel, une centaine de pauvres bougres, en majorité des africains, encadrés par quelques rares meneurs qui ne l'étaient pas : ils agitaient des drapeaux et réclamaient la régularisation des travailleurs sans-papiers. La loi prévoit que dans les métiers qui ont du mal à recruter, la chose est possible. Admettons. Mais, selon moi, une situation de non-droit ne peut créer de droit. Et les employeurs qui s'aventurent à embaucher des sans-papiers, des clandestins par conséquent, devraient être sévèrement punis. Comme devraient être reconduits dans leur pays les personnes dépourvus de titres de séjour. Ce n'est pas ainsi qu'il faut traiter le problème de la pauvreté dans le monde. Il faut réclamer de nos hommes politiques qu'ils cessent de soutenir des régimes corrompus, qui confisquent l'aide destinée à leur peuple, il faut accepter de payer les matières premières à un juste prix, et ne pas laisser leurs prix fluctuer au gré de la spéculation. (Ne pourrait-on imaginer de fixer des cours internationaux planchers et plafonds ?) Et puis nous devrions avoir la décence de ne pas étaler notre impudente richesse dans des pays où les enfants meurent de faim ou de maladie. Non à ces safaris, à ces clubs, à ces voyages organisés qui n'enrichissent que les agences et quelques intermédiaires locaux peu regardants sur les moyens. Il nous faut rentrer dans une certaine ascèse du regard et de la pratique, et ne pas faire le généreux sur le dos de la collectivité qui doit, par ses impôts, contribuer - ce qui est normal et humain - à soigner et à héberger ces miséreux en attendant de traiter leur cas.
Julien DRAY, c'est un fait avéré, a fait transiter sur son compte personnel des sommes considérables, puisées dans les réserves de l'UNL et de la FIDL, des syndicats lycéens qu'il a contribué à créer, et qui comptent dans leur soutien des personnalités que la pauvreté ne submerge pas. Nul n'est en mesure de dire si ces transferts de fonds sont délictueux. Attendons l'enquête. (Bornons-nous à constater que 320.000 euros font quand même beaucoup, et qu'on peut se demander comment des syndicats de lycéens peuvent traiter de telles sommes.) Les "amis" de monsieur DRAY, au PS, soutiennent assez mollement leur collègue. L'affaire tombe à pic aussi bien pour madame AUBRY que pour monsieur DARCOS. Is fecit cui prodest dit un adage latin. L'a fait celui à qui la chose profite. Je me demande si les deux personnalités sus-nommées n'ont pas une ligne téléphonique qui les relie directement. Car manifestement, ils sont les premiers bénéficiaires de ces révélations.

dimanche 21 décembre 2008

Aux lycéens de l'Institut saint Martin d'Angers

Vous étiez quelques uns faire le pied de grue devant la grille de votre lycée, l'Institution saint Martin d'Angers. Vous aviez amoncelé, devant l'entrée, des poubelles pour être bien sûr que personne n'aurait l'audace de transgresser l'interdiction par vous faite à tous ceux de vos vos condisciples que ne tentaient pas la grève.
Je me suis arrêté et j'ai discuté avec vous pour essayer de comprendre les motifs de votre irritation. "C'est à cause de la Réforme des secondes", disiez-vous. "Mais elle ne sera pas appliquée cette année" répondais-je. "Oui, mais on ne pourra pas proposer toutes les options dans tous les Lycées. C'est injuste. Et puis 'ils' suppriment des postes". J'ai eu beau expliquer que la démographie lycéenne était en baisse, que les pouvoirs publics avaient très largement augmenté les budgets de l'Education Nationale depuis 8 ans, que 32.000 enseignants étaient payés par le contribuable bien qu'ils n'aient aucun élève. Non. Ils répétaient avec entêtement, doucement : 'ils' suppriment des postes ; on ne peut pas bien enseigner dans une classe de 35 élèves, 'ils' ont supprimé les RASED, etc. Bref ces jeunes, au demeurant fort sympathiques, répétaient comme des perroquets, les arguments souvent mensongers, faux, ou tordus, que les syndicats faisaient diffuser par leurs membres les plus actifs et leurs affidés les plus revendicatifs, mais pas forcément les plus généreux.
Finalement, j'ai réussi à vous montrer, chers lycéens, que le malaise n'était pas d'ordre quantitatif ; aucun crédit, aucun moyen matériel, ne modifieront la lourdeur de la machine éducation nationale, héritée directement des vues napoléoniennes. C'est à une révolution du sens qu'il faut procéder. Je vois tout l'intérêt qu'il y aurait à promouvoir la pédagogie du projet personnel à partir de la seconde. Mais cela heurte le sens parfaitement abstrait et vide de contenu de "l'égalité". C'est sans doute ce que les autorités n'ont pas su expliquer mais qu'elles visaient à instaurer. Plus de choix dans l'établissement où vous désirez apprendre, ce qui, joint à la mutualisation des enseignants en disciplines rares, permettrait à chaque lycéen de choisir son Lycée en fonction de ses goûts et aptitudes, suppression des délégations syndicales qui exonèrent d'enseignement des professionnels de la contestation, ce qui pallierait les problèmes, parfois réels, engendrés par de trop hâtives ou trop arbitraires suppression de postes, évaluation périodique, au moyen de critères objectifs et prédéfinis d'un commun accord entre tous les partenaires du système éducatif, de la pertinence des mesures prises par les autorités, large autonomie accordée aux chefs d'établissement pour organiser les enseignements, droit d'initiative pédagogique laissé au corps enseignant de chaque établissement ou groupe d'établissements. Bref, il est terrible de voir tant de talents et de bonne volonté gâchés par les systèmes de pouvoir. Je vais même plus loin. On sait comment monsieur DRAY a infiltré, créé, inspiré le syndicat lycéen FIDL, avec pour seul motif de faire triompher ses idées, son système, son ego. Il continue à le faire et avec lui le parti socialiste, la gauche extrême, et tous ces courants de pensée contestataire qui n'ont aucune idée, aucune proposition et ne se trouvent à l'aise que dans la minutieuse organisation de la pagaille, comme l'a justement dénoncé le Président de la République. Qu'ils y prennent garde, ces apprentis sorciers : s'ils reviennent au pouvoir, il n'est pas sûr que les troupes qu'ils sont su mobiliser pour arriver à leur fin veuillent mettre un terme à la joyeuse activité d'emmerdeurs patentés. C'est pour l'instant un jeu ; ce pourrait bien devenir une vocation.

Euthanasie au Luxembourg : Vous n'avez pas le droit d'ignorer...

Je donne ici le texte d'un article de Nathalie LACUBE, publié récemment dans La Croix. Cette excellente journaliste analyse objectivement le texte que le Parlement du Grand-Duché devrait de nouveau examiner. Je donnerai quelques commentaires après.
La Chambre des députés vote aujourd’hui en deuxième lecture un texte de loi sur l’euthanasie très controversé et que le Grand-Duc refuse d’approuver, ce qui provoque un début de crise ins­titutionnelle.

Où en est la loi sur la fin de vie au Luxembourg ?
La Chambre des députés luxem­bourgeoise doit se prononcer aujourd’hui sur deux textes visant à légaliser l’euthanasie. Un projet de loi « relatif aux soins palliatifs, à la directive anticipée et à l’accom­pagnement en fin de vie » déposé en 2004 et une proposition de loi « sur l’euthanasie et l’assistance au suicide » déposée en 2001 par les dé­putés Lydie Err (socialiste) et Jean Huss (écologiste). Ces deux textes ont été conjointement adoptés en première lecture le 19 février 2008, à une courte majorité, de 30 voix pour et 26 contre. Un second vote des 60 députés luxembourgeois devait intervenir le 11 décembre pour que la loi soit définitivement adoptée. Le Grand-Duc Henri de Luxem­bourg a cependant fait savoir le 2 décembre qu’il refuserait de signer la loi pour des raisons de « conscience » . Le premier minis­tre Jean-Claude Juncker a alors annoncé un projet de révision de la Constitution restreignant les pou­voirs du monarque. « Je suis d’avis que si la Chambre des députés vote une loi, elle doit pouvoir entrer en vigueur », a-t-il lancé. Mais l’oppo­sition du souverain a relancé un vif débat dans une société toujours très attachée aux valeurs chrétiennes, mais également proche de pays qui ont légalisé l’euthanasie (Pays-Bas, Belgique) ou la tolèrent (Suisse).
Quels points posent problème ? Les opposants au projet luxem­bourgeois émettent de vives criti­ques sur le fait qu’il va très loin. Il exonère de faute et de responsa­bilité le médecin qui a pratiqué une euthanasie sur les personnes suivantes: les patients majeurs ou mineurs émancipés, capables et conscients au moment de leur demande ; les patients mineurs de 16 à 18 ans ayant demandé l’inter­ruption de leur vie et pouvant se prévaloir de l’autorisation des pa­rents ou de la personne jouissant de l’autorité parentale. Selon le rapport Leo­netti remis le 2 décem­bre au gouvernement français pour évaluer la loi sur la fin de vie, « on constate, comme le relève le Conseil d’État dans son avis du 7 octobre 2008, que le dispositif luxembourgeois, s’il était adopté définitivement en l’état, irait plus loin que la loi belge. Le champ d’application de la pro­position luxembourgeoise inclut en effet les personnes mineures et les personnes démentes. Alors que la loi belge limite la dépénalisation aux situations médicales sans issue, la loi luxembourgeoise l’élargit aux affections graves et incurables. Par ailleurs, si l’article 4 de la loi belge permet l’euthanasie d’un patient inconscient placé dans une situa­tion d’irréversibilité, la proposition luxembourgeoise autorise l’eutha­nasie de déments ne disposant que d’un certain déficit cognitif. Elle s’aligne en revanche sur la lé­gislation néerlandaise pour ne pas exiger que la demande d’euthanasie revête une forme écrite. » De nombreuses voix se sont élevées au Luxem­bourg contre ces dispo­sitions qui pourraient ouvrir la voie à des dé­rives. Le président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Rino Fisichella, a adressé une lettre aux députés du Grand-Duché leur rappelant que le législateur catholique a « l’obli­gation précise de s’opposer à toute loi qui soit un attentat à la vie hu­maine » . Et le cardinal Renato Raf­faele Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a déclaré qu’Henri de Luxembourg bénéficiait du« soutien » et de la « proximité » de « tous les chrétiens » .
« Le dispositif luxembourgeois, s’il était adopté en l’état,
irait plus loin que la loi belge. »
Que va-t-il se passer ? Le prochain test pour la loi se fera aujourd’hui devant la Cham­bre des députés : la courte majorité qui l’avait votée en première lecture confirmera-t-elle sa décision? Si la loi est adoptée en l’état aujourd’hui par les députés, ses opposants en­visagent une autre solution pour bloquer son application. Il s’agirait d’empêcher la révision constitution­nelle affaiblissant les pouvoirs du grand-duc. Une loi du 4 février 2005 prévoit que si cinq citoyens inscrits sur les listes électorales adressent au premier ministre une lettre de­mandant que la Constitution ne soit pas modifiée, il est dans l’obligation de faire ouvrir des registres de si­gnatures sur cette question dans les communes. Si la demande des cinq recueille 25 000 signatures de soutien, le projet de révision de la Constitution serait bloqué. Et la loi sur l’euthanasie ne pourrait être promulguée. Cette situation ouvrirait au Luxembourg une crise institutionnelle.
Commentaire personnel
Souvenez-vous qu'HITLER a fait euthanasier des milliers (on parle de 25.000 à 30.000 personnes) d'handicapés et parmi eux des déments. Y-a-t-il une véritable différence de nature entre le texte luxembourgeois et l'initiative du dictateur ? Peut-on accepter l'idée qu'un dément puisse librement décider de sa fin de vie ? "Mon chéri, tu vas bientôt voir le bon Dieu" pourra dire cette mère, les yeux noyés de larmes, et incapable de supporter la lourde charge qu'impose l'état de son enfant. Ou bien encore : "Mes pauvres enfants, je me rends bien compte que je suis pour vous un fardeau insupportable" à quoi les enfants pourront répondre : "Mais non papy ! On peut arranger ça." Et de se précipiter chez le pharmacien pour acheter le kit de fin de vie (j'ai entendu, et vu de mes yeux vu, un pharmacien belge commenter très savamment et complaisamment la nature des produits nécessaires pour endormir définitivement un patient qui dérange : un puissant tranquillisant, un curare paralysant, un chlorure de potassium injectable). Et l'on verra papy, de guerre lasse, signer le document (qui ne serait plus nécessaire au Luxembourg) permettant aux héritiers de rentrer et dans leurs fonds et dans leur héritage. Et les chercheurs se lasseront de passer des heures dans leurs laboratoires à chercher des solutions thérapeutiques à des maladies apparemment incurables. Ont-ils donc oublié le serment d'Hippocrate, les médecins ? Et les pharmaciens, le serment de Gallien ? La loi n'a pas le droit de faire d'eux des parjures.

jeudi 18 décembre 2008

Le cynisme de monsieur Madoff

Nous n'en finissons plus de découvrir ce à quoi peut conduire la cupidité humaine. Monsieur MADOFF, qui a occupé de très hautes fonctions au NASDAQ, a pu monter une fraude de 50 milliards d'euros sans que personne ne s'émeuve, ne s'aperçoive de quoi que ce soit ! Voilà un monsieur qui prétendait offrir à ses clients des intérêts mensuels de 1 %, qui attirait les prêteurs désireux d'arrondir leur magot, et qui payait ces intérêts-là avec l'argent déposé dans ses coffres par ses nouveaux clients dont le nombre allait en croissant, attirés qu'ils étaient par ces miraculeux intérêts. Des banques, des petits épargnants, des grandes institutions financières vont perdre des millions et des milliards avec cette carambouille. Nous espérons que monsieur MADOFF passera en prison une partie des jours qui lui restent à vivre, et qu'il répondra sur ses biens - qui ne doivent pas être négligeables - d'une partie des sommes perdues par sa fraude. On est effaré, on est stupéfié, on reste interdit devant le cynisme de cet homme. Il ne semble pas que le scandale l'ait affecté outre mesure. A ma connaissance, il n'est pas encore poursuivi par la justice des Etats-Unis. Nous espérons qu'il le sera. Il est impossible de demander des sacrifices au menu peuple que nous sommes quand de tels hommes peuvent se comporter ainsi. Il faut de toute urgence réguler les marchés financiers, et limiter les gains insensés réalisés par la spéculation financière. Nous avons besoin d'investissements pour produire mieux et moins chers des biens et des services utiles au plus grand nombre : rien de moins et rien de plus. Nous n'avons pas besoin de ces chevaliers de la finance qui n'ont qu'une idée en tête : nous plumer à leur seul profit.

mardi 16 décembre 2008

Non au travail du dimanche !

Nous devons tous réagir vigoureusement à une initiative absolument incompréhensible de notre Président. J'ai défendu, souvent, nombre de ses initiatives quand elles me paraissaient bonnes mais je garde le droit de critiquer celles qui sont néfastes. Le travail du dimanche est une fausse bonne idée. On voit bien que celle-ci est supposée permettre, moyennant un meilleur salaire, d'augmenter les revenus. Mais rabaisser l'homme à une machine à consommer est réducteur. Admettons que seuls les employés volontaires aillent travailler ce premier jour de la semaine (et non le dernier comme on le dit à tort). Ils y perdaient de la dignité, de la liberté, et des possibilités de grandir en se consacrant à leur famille, à leurs amis, à la culture, au sport, à des responsabilités associatives. Il est absolument indispensable que nous comprenions l'importance de la gratuité, de la relation, de la vie intérieure, de la vie de l'esprit.
Bien entendu, s'opposer au travail du dimanche ne résout pas la question dite "du pouvoir d'achat". Qui ne voit que cette question relève du même ordre de conception de l'homme que celle qui motive le travail dominical ? Une machine à consommer, à acheter, à s'amuser. Mais l'homme est aussi fait pour réfléchir et penser. Les changements économiques profonds qui s'annoncent, la concurrence et l'émergence des grands pays d'Asie ou d'Amérique latine, vont nous mettre au pied du mur. Depuis des années, et notamment depuis la sinistre farce des 35 heures qui a désorganisé la vie des entreprises, des hôpitaux, des administrations, le travail est perçu au mieux comme un moyen de gagner sa vie, au pire comme une malédiction. Alors qu'il est profondément inscrit dans le désir que tout être humain a de participer à la vie de la société, d'être reconnu dans ses compétences, de trouver du sens dans l'action quotidienne. Tout est faux dans ce que nous proposent les hommes politiques : ceux de gauche qui croient qu'il suffit de redistribuer pour assurer l'équité sociale sans voir qu'il est impossible de partager des richesses qui n'ont pas été produites, et ceux de la droite néo-libérale qui ne croient qu'au marché, aux échanges commerciaux, et renvoient à la seul sphère privée les aspirations les plus hautes de tout être humain. L'homme ne vit pas seulement que de pain.
Non au travail du dimanche, non au matérialisme simpliste, oui à une haute conception de ce qu'est l'être humain.

jeudi 11 décembre 2008

Relâche

Je m'absente quelques jours. Reprise des messages, mardi prochain.

mercredi 10 décembre 2008

Soutien au Grand-Duc Henri de Luxembourg

J'ai déjà eu l'occasion de dire combien le refus du Grand-Duc Henri de Luxembourg de signer la Loi sur l'euthanasie était courageuse. Avec un infini respect pour cet acte prophétique, j'ose écrire cette lettre ouverte, en espérant que mes (rares) lecteurs soutiendront cette initiative par leurs commentaires.
"Altesse Sérénissime,
En refusant de signer une Loi de mort qui autoriserait dans votre pays l'euthanasie, vous avez donné à l'Europe un signe fort, un signe prophétique. Nous voulons ici vous dire notre soutien total et notre admiration. Vous illustrez en actes ce que disaient les Apôtres : "il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes". Nous vous supplions de tenir bon, mais nous savons que vous le ferez. L'initiateur de cette lettre a travaillé pendant plus de trente ans à trouver des traitements pour des maladies réputées incurables. Il a eu le bonheur de trouver, il y a plus de dix ans, la cause d'une terrible maladie génétique. Et ses travaux ont été depuis confirmés par des équipes de recherche américaines. Ces résultats ouvrent la voie à des traitements originaux et simples. Si l'on n'avait laissé aux parents de ces pauvres nouveau-nés que la solution de laisser mourir leur petit, sans espoir aucun, nous n'aurions pas accompli notre devoir de chercheurs. En manifestant votre refus de signer, Altesse, vous donnez espoir à ces milliers de malades atteints de maladies gravissimes et qui se sentiraient abandonnés s'ils n'étaient défendus par ceux qui ont vocation à éclairer les peuples.
Que votre Altesse Sérénissime soit assurée de notre très profond respect pour sa personne et ses initiatives.
Philippe POINDRON.
Professeur honoraire à l'Université Louis Pasteur de Strasbourg."

Sanctionner ou punir

Un de mes lecteurs avoue sa perplexité : il ne voit pas la différence entre sanctionner et punir. La différence ne saute pas aux yeux en effet. Mais tous les dictionnaires de synonymes le disent ; des mots différents aux sens très proches ne recouvrent jamais exactement la même réalité. Je vais donc essayer de répondre à cet attentif et amical lecteur, en pointant ce qui me semble faire la différence entre les notions de sanction et de punition. J'ai consulté l'ouvrage de l'abbé GIRARD, Synonymes françois (Chez Pierre Beaume, Imprimeur-libraire, Bordeaux, 1902 - an XI). Il y a bien le verbe punir et à côté celui de châtier. Les définitions qu'il donne correspondent sensiblement pour le mot châtier au sens que nous donnons aujourd'hui au mot sanctionner et pour le mot punir à celui que nous lui donnons de nos jours. Je vais m'inspirer des remarques de cet auteur en y rajoutant des remarques de mon cru. Pour faire bref, je dirai que la punition relève de l'ordre légal, et la sanction de l'ordre moral. Une sanction doit être mise en relation avec la responsabilité de celui qui a commis une faute, elle doit conduire à réparer le tort qu'il aurait fait à autrui ou à lui-même, et elle n'a de portée que dans ce contexte là. Elle ne vise pas à humilier, mais à restaurer, à prévenir la rechute et à rendre meilleur. Une punition est une peine qui n'a pour fins aucun des objectifs que je viens d'énoncer. Elle ne fait pas appel à la conscience, mais à la loi, elle est automatique (ou presque), n'a aucun portée éducative. Comme le dit l'abbé GIRARD, c'est la conservation de la société qui est le motif essentiel de la punition des crimes, délits ou contraventions. Elle relève de la justice humaine et elle ne doit s'appliquer qu'à ceux qui tendent à la destruction de la société. Il est tout à fait évident que la punition, dont la visée est d'abord exemplaire, a sa place dans la régulation sociale. La question était de savoir s'il est possible de sanctionner des adolescents ou des pré-adolescents pour des crimes, plutôt que de les punir. Désespérer du petit d'homme en train de devenir ne me semble pas très juste ; ignorer par complaisance les malfaisances dont il s'est rendu coupable ne l'est pas non plus : il faut qu'il y ait réparation, jamais je ne le dirai assez. Et il faut que cette réparation ait un coût.
Dans le contexte de la "révolte" des belles consciences sur la possibilité d'emprisonner des enfants de 12 ans (contre 13 ans à l'heure actuelle), je rappellerai qu'il y a quelques jours, on a mis la main sur un adolescent de 15 ans qui venait de commettre un braquage ; un autre adolescent de 13 a également été arrêté, la même semaine, mais hélas, je n'ai pas retenu les motifs de cette arrestation. Il faut supposer que le ministère de la justice a en sa possession des statistiques qui pointent un phénomène inquiétant : la jeunesse sans cesse croissante des délinquants. La société a non seulement le droit mais le devoir de se protéger. Et la gauche caviar qui hante Saint-Germain des Près ou l'île Saint-Louis a belle posture de protester qui ne risque aucunement d'être importunée par les petits malfrats dans les beaux quartiers qu'elle habite.

mardi 9 décembre 2008

Des faits qui dérangent

Demain encore, grèves diverses dans diverses branches de l'éducation nationale : on est contre ceci, contre cela ; on réclame des postes, de l'argent, des moyens. Dans son numéro du 4 décembre 2008, Le Point vient opportunément rappeler quelques chiffres que les professionnels de la contestation semblent avoir oubliés. Par exemple, en francs constants, le coût d'un élève du primaire est passé de 2700 euros en 1980, à 4990 euros en 2007, celui d'un élève du secondaire, de 5400 euros à 8810 euros, et le reste à l'avenant. Des moyens, l'éducation nationale en a eu. Qu'en a-t-elle fait ? On réclame des postes ? Mais la France dispose d'un enseignant pour 12,2 élèves, taux meilleur que la moyenne de l'OCDE (1 enseigant pour 13 élèves), moins bon certes que l'Espagne ou l'Italie (10,6 élèves pour 1 enseignant), mais bien meilleur que le Royaume-Uni (14,1 élèves), que l'Allemagne (15,1) ou que les Pays-Bas (16,1). Bien entendu, il s'agit d'une moyenne et l'on peut faire dire beaucoup de choses à des statistiques. Cependant, ces moyennes sont calculées de la même manière dans tous les pays de référence. On pourrait donc attendre de ce taux d'encadrement, des résultats scolaires sinon époustouflants, du moins convenables. il n'en est rien. Les performances des élèves français (enquête internationale PISA) indique que le score moyen des petits Français est nettement inférieur à 500 (indices obtenus par les petits Allemands et les petits Anglais) et très nettement inférieur à celui des petits Finlandais (560). Ainsi, tout en dépensant beaucoup plus que la Finlande, la France obtient des résultats très inférieurs. Le même article nous apprend que le nombre de professeurs du primaire est resté quasiment constant entre 2001 et 2007 (environ 340.000) alors que le nombre d'élèves diminuait sensiblement, passant pendant cette période de 4.500.000 à 4.200.000. Il est exact que le nombre de professeurs dans les collèges et lycées à sensiblement diminué après avoir marqué un pic en 2002-2003. Il est passé de 380.000 à 370.000 alors que nombre d'élèves restait constant (5.750.000). Seuls 29 % des enseignants sont syndiqués, et 51 % des personnels enseignants de Collège désirent se reconvertir ou changer de métier. Tout cela m'incite à penser que le malaise (véritable) de l'éducation nationale n'est pas un malaise quantitatif, mais un malaise beaucoup plus profond : contestation de l'autorité des enseignants que ne protège plus le Ministère de Tutelle, salaires notoirement insuffisants, valse incessante des réformes, pondues par des fonctionnaires qui n'ont pas la moindre idée de ce qu'est la pédagogie, et surtout, dérive incroyable de l'esprit public, ridiculisation perpétuelle des repères qui structurent la société et les personnes, apologie médiatique de la déviation, négation absolue de la norme, notamment de la norme des comportements, idolâtrie de l'argent, du plaisir, de la facilité, mépris abyssal des vertus humanisantes du savoir et de l'effort. Une réflexion approfondie de syndicats vraiment responsables sur ces problèmes brûlants permettraient peut-être d'améliorer un peu le système. Hélas, ils font de la politique ; ils sont préoccupés uniquement de contrer toutes les initiatives d'un Gouvernement qu'ils exècrent (mais sont-ils capables d'en aimer vraiment un ?), et oublient complètement leur responsabilité historique. Pour mémoire, il convient de rappeler qu'il y a eu 33 grèves depuis l'an 2000 !

lundi 8 décembre 2008

L'esprit du temps

La chose prêterait à rire si elle ne traduisait une profonde corruption des esprits. Il s'agit de l'élection de miss France ; l'affaire est apparemment de mince importance. Et pourtant, lorsque madame de FONTENAY a remis à la nouvelle miss France son diadème et son titre, elle a été huée par le public. Est-ce son chapeau qui lui vaut cet outrage ? Vous n'y êtes pas. Madame de FONTENAY, qui avait déjà dû en rabattre avec Mademoiselle Valérie BEGUE, la miss France de l'année qui s'écoule, n'a pas voulu que celle-ci transmette ses pouvoirs à la nouvelle reine de beauté. Elle ne pardonne pas à mademoiselle BEGUE d'avoir enfreint le règlement du concours qui exige clairement et intelligiblement des candidates qu'elles doivent avoir eu une conduite irréprochable, entendez par là, ne pas avoir posée en petit appareil dans les magazines masculins, en un mot ne pas avoir marchandiser son corps. Or mademoiselle BEGUE ne satisfaisait pas à ces conditions, et la logique aurait voulu qu'elle ne fût point candidate. Elle l'a été, elle a gagné, elle a menti par omission. Cela devait être sanctionné et ne l'a été qu'à moitié. Chacun est libre de s'exhiber si cela lui convient et n'offense point sa pudeur. Mais nul n'a le droit de mentir sur un point essentiel de sa vie quand les conditions de l'action l'exigent.
Le public était acquis à mademoiselle BEGUE. Il ne comprend pas qu'une règle est structurante, quand bien même elle peut paraître rigide. C'est là un grand signe de décadence de la pensée, et de l'esprit public. Madame de FONTENAY a raison de tenir bon. Nous n'avons nulle envie de voir un jour la France faire représenter ses jolies femmes par une star du porno, pas plus que par une beauté que les voiles encombrent et qui les ôtent à la première occasion, sans doute peu gratuitement.

vendredi 5 décembre 2008

La valse est une danse légère

La valse, on le sait, est une danse qui se pratique avec légèreté. C'est sans doute pourquoi madame Ségolène ROYAL valse avec les milliards d'une manière apparemment étourdissante. Elle qualifie de "mesurettes" les 26 milliards que l'Etat va consacrer à l'économie pour éviter la récession ; mais elle trouve énorme le paquet fiscal qui prive les finances publiques de 16 milliards d'euros. Et elle prétend qu'en en faisant l'économie, on aurait pu donner à 20 millions de Français l'équivalent de 1.000 euros. C'est un raisonnement d'une rare stupidité et d'une démagogie insupportable. Pourquoi ? Parce que, et tout d'abord, 20 millions de bénéficiaires que multiplient 1.000 euros font 20 milliards d'euros. Et que madame ROYAL fait bon marché des 4 milliards qu'elle aurait soustraits à l'avidité des riches. Elle préconise donc la suppression du paquet fiscal. Ceci revient à dire que les classes moyennes devraient réintégrer les intérêts d'emprunts immobiliers dans leurs revenus - alors que le paquet les déclare déductibles pour les premières années de remboursement - et payer des droits de succession sur l'héritage familial. Le paquet fiscal en fait est consacré pour 70-80 % à ces opérations. Madame ROYAL ment effrontément et elle le sait.
Supposons toutefois que l'on distribue ces 1.000 euros à 20 millions de Français. Que vont-ils en faire en cette période de l'année ? Acheter des jouets (80 % d'entre eux sont produits en Chine), des vêtements (idem), des chaussures (idem), peut-être se payer un voyage à l'étranger. En somme ces 1.000 euros de pouvoir d'achat, distribué pour l'immédiat, auraient inéluctablement aggravé le déficit déjà très lourd de notre commerce extérieur. En réalité, le problème de notre pays est un problème d'offre : nous ne produisons pas assez de richesses pour satisfaire la demande potentielle du marché intérieur. Il convient de remédier à cela en favorisant les investissements dans les PME (et non pas dans les grandes entreprises du CAC40 qui ne créeront pas un seul emploi en raison de leur éparpillement planétaire). La vérité est que les socialistes n'ont jamais pu se défaire de la vieille idée que les "patrons", tous les "patrons" étaient des salauds et des exploiteurs, qu'ils étaient de mauvaise foi, et que de toute façon, ils étaient parfaitement immoraux. Je pense en réalité que les actuels responsables socialistes font à nos entrepreneurs un procès d'intention, et qu'ils projettent dans leurs analyses les attitudes mentales qui sont les leurs dans leur vie politique et publique. Je n'ose ajouter, "et peut-être personnelle". Ceci ne dispense pas les pouvoirs publics de remédier à certaines situations de pauvreté qui frappe aujourd'hui des salariés pourtant dotés d'un salaire dans le cadre d'un CDI. La valse, décidément, est une danse trop subtile pour madame ROYALE. Elle devrait s'essayer à la danse des canards.

jeudi 4 décembre 2008

L'idéologie, encore

A propos des peines de prison pour les enfants.
Il paraîtrait donc que madame DATI a fait une bourde en qualifiant de mesure de bon sens, la décision d'infliger de la prison à des enfants de 12 ans coupables de crime. Toute la gauche, toute la vertueuse magistrature, tous les "éducateurs", se lèvent et contre la mesure, et contre le propos. Eh bien, je dois dire ici que je partage pas leur indignation. Voici pourquoi. (a) Les dispositions datant de 1945 prévoient qu'il est possible d'emprisonner des adolescents à partir de 13 ans. Treize ans, c'est bien jeune, il n'y a guère de différence d'avec 12 et s'il y en a, il faudrait que les indignés les précisassent, ou alors qu'il s'insurgeassent - ce qu'ils n'ont jamais fait - contre la mesure applicable à ces jeunes âgés de 13 ans. (b) Cette mesure ne s'appliquera - j'emploie à dessein un futur, car j'espère que le Garde des Sceaux campera avec courage sur sa position - qu'à des préadolescents coupables de crimes, tels que les définit le code pénal. Si l'on admet que l'âge de raison est atteint à 7 ans, on peut conclure que - sauf aliénation mentale - le crime commis par un adolescent de 12 ans, l'est d'une manière qui interroge nécessairement sa conscience et sa responsabilité. Qu'il y ait des degrés dans la responsabilité, il faut bien l'admettre, et le juge est là justement pour les apprécier. Il faut accepter l'idée que des adolescents de 12 ans peuvent être des criminels endurcis et responsables. La mesure peut frapper entre 5 et 12 jeunes chaque année. Faut-il mobiliser la télévision, les médias, les syndicats, les belles consciences pour cela ? On voit bien pourquoi il en va ainsi : toujours le fameux rousseauisme et la croyance que la société est responsable des comportements humains déviants, puisqu'à l'état de nature, toujours selon Jean-Jacques, l'homme est bon. Mythe du bon sauvage pas mort. Voilà un fonctionnement mental parfaitement idéologique. (c) La protestation des éducateurs est cocasse, c'est le moins que l'on puisse dire. J'ai personnellement entendu des responsables de collège se plaindre de nombre d'entre eux qui refusent de collaborer avec l'institution scolaire comme avec la famille. Il me semble qu'il serait bon d'évaluer l'impact réelle de l'action de ces éducateurs. Je modulerais toutefois l'opinion des enseignants ; j'ai rencontré des éducateurs tout à fait compétents et collaboratifs. (d) Dans un billet ancien, j'avais indiqué que l'opposition concentrerait ses tirs sur madame DATI. C'était prophétique. Femme de caractère et de courage, elle ne peut qu'attirer les foudres de ces médiocres opposants qui ont dépensé ou fait dépenser des sommes considérables pour la prévention de la délinquance (ce qui est louable) mais n'ont jamais envisagé qu'il était nécessaire de sanctionner les coupables (j'ai bien dit sanctionner, et non punir).
Un souverain exemplaire.
Le Grand-Duc de LUXEMBOURG refuse de signer la Loi relative au droit à l'euthanasie. Or sa signature est nécessaire pour que la Loi, régulièrement votée, s'applique. C'est une prérogative constitutionnelle de ce souverain. Imitant le Roi des BELGES, BEAUDOUIN, qui préféra démissionner pour 24 heures pour ne pas avoir à signer la Loi autorisant l'avortement, le Grand-Duc donne l'exemple d'une conscience éclairée. Il place les droits de cette conscience au-dessus de la Loi de la démocratie. Il préfère la défense de la vie à la promotion des actions de mort. Qu'à cela ne tienne. Monsieur JUNCKER a déclaré qu'il allait faire procéder à une modification de la Constitution qui réduira les déjà minces pouvoirs du Grand-Duc. J'ai toujours dit dans mes billets précédents que l'application de la Loi, tant qu'elle ne blesse pas les consciences, s'impose à tous, citoyens, juges, hommes politiques. Or cette Loi blesse les consciences de ceux qui croient en la vie. Comment aurait-évolué la médecine, si les médecins ne s'étaient pas acharné contre les puissances destructrices de la maladie ? Il y a fort à parier que plein d'hommes de gauche vont condamner la position du Grand-Duc, un peu comme l'a fait monsieur JUNCKER. Ça leur va bien, eux qui déclarent ne pas pouvoir appliquer la Loi sur le Service Minimum. Celle-là, elle ne blesse aucune conscience ; elle dérange les plans des grévistes qui veulent enquiquiner un maximum de monde ; elle est l'occasion pour l'opposition d'exister un peu. Qu'ils se méfient, tous ces apprentis sorciers. S'ils reviennent au pouvoir, il ne faudra pas qu'ils s'étonnent de voir se lever un mouvement de désobéissance aux mesures qu'ils sont en train de concocter dans leurs petits cénacles.

dimanche 30 novembre 2008

Vittorio est sous le choc

Pauvre Vittorio. Pensez-donc. Lui, un ex-directeur de publication, être interpellé comme un malfaiteur, chez lui (joli appartement, porte blindée semble-t-il), par des policiers, être conduit chez le juge, menotté par derrière, puis par devant, avoir subi deux fouilles corporelles. C'est, selon France Info (qui toutefois met un point d'interrogation derrière la formule) un dérapage judiciaire.
Plusieurs remarques. Monsieur de FILIPIS s'en défend, mais il semble qu'il n'ait pas répondu aux diverses convocations du juge. Ensuite, bien qu'inhabituelle, la procédure est tout à fait légale. Troisièmement, il est accusé de diffamation publique pour avoir laissé passer sur le site du Journal Libération des propos que leur cible, monsieur NIEL, juge diffamatoires. Sur ce point, on peut légitimement se demander si monsieur de FILIPIS avait la possibilité matérielle de contrôler la totalité des échanges qui se font par le biais du site. Mais la Loi rend le responsable d'une publication toutes les opinions et déclarations faites dans celle-ci.
Là n'est pas le point essentiel. Ce qui me paraît incroyable, c'est la levée de boucliers que soulève cet incident dans le petit monde journalistique de la presse écrite comme parlée. Pourquoi faudrait-il qu'un directeur de publication échappe de par sa fonction aux procédures qui peuvent frapper n'importe quel citoyen ? Lui n'a pas les moyens de mobiliser la presse pour sa défense. A la vérité, ce qui est scandaleux, ce n'est pas le cas particulier de monsieur de FILIPIS, c'est que de telles manières de faire puissent exister dans un pays démocratique où les Droits de l'Homme sont mis à toutes les sauces. Mis à part les cas de justiciables dûment répertoriés comme potentiellement violents ou dangereux, il ne devrait pas être possible d'amener menotté devant un juge un citoyen, quel que soit le chef d'accusation susceptible d'être retenu contre lui. Décidément, nous avons encore des progrès à faire pour réformer la mentalité inquisitoriale de la justice, son côté implacable et mécanique, et son incapacité à s'interroger sur ses dysfonctionnements.

samedi 29 novembre 2008

Marcel Gauchet toujours

L'hebdomadaire Le Point publie une interview de Marcel Gauchet dans sa livraison du 27 novembre. L'éminent penseur vient de publier un livre intitulé "Les Conditions de l'éducation", chez Stock. On l'interroge sur ce qu'il a identifié dans ce livre comme un drame philosophique : la disparition de la joie d'apprendre. Et on lui demande entre autre : Comment l'expliquez-vous ?
Voici sa réponse :
C'est un des événements anthropologiques majeurs des dernières décennies. En premier lieu, il s'explique par le fait que nous avons cessé de croire au caractère humanisant du savoir. Depuis le XVe siècle, l'humanisme moderne est fondé sur l'idée que la dignité de l'homme s'établit au travers de la connaissance. Pour devenir un humain complet, accéder à la sagesse et à l'usage réglé de sa raison, il faut se cultiver, pas seulement par l'acquisition de connaissances, mais aussi par celle de la civilité. Les humanistes accordent une très grande importances aux manières, aux moeurs. Or nous devons constater la mort clinique de cette tradition occidentale, tombée sous les coups de l'individualisation, dans la nouvelle acception de ce terme : on est homme d'abord et en naissant l'humanité vous est donnée, elle n'est pas à conquérir. On naît individu - le savoir vous enrichit mais ne change rien à votre humanité. En clair, l'individualisation a frappé d'obsolescence l'humanisme moderne dans sa philosophie la plus fondamentale.
Il me paraît intéressant de souligner ce que GAUCHET dit de la civilité.
On demeure stupéfait, ainsi, qu'un tribunal puisse déclarer que l'utilisation d'une poupée vaudoue à l'image du Président de la République est attentatoire à la dignité de sa personne, ne pas en interdire la vente et demander que la mention "attentatoire etc..." figure sur la boîte proposée aux chalands. C'est un exercice d'une rare hypocrisie.
Le fabriquant se frotte les mains ; il a commandé une nouvelle fournée de figurines. Il va faire des sous, et les sorciers en herbes vont se passer les nerfs sur un ennemi imaginaire. Tout cela découle simplement de l'idéologie ambiante, largement imprégnée, mais pas seulement, de l'idéologie socialiste, de l'idéologie rousseauiste, une idéologie largement fondée sur le ressentiment du "petit" contre le "gros", tel que l'a fustigé NIETZSCHE. La perte de la civilité traduit le sentiment que marquer du respect à autrui, c'est se comporter comme un esclave vis-à-vis de son maître et lui être soumis.
Et c'est ainsi, encore, que la puissance publique a baissé les bras contre les taggeurs (dont l'activité a été déclaré jadis "artistique" par monsieur LANG), que le stade de France est plein quand il y a un concert de rock, que les bibliothèques érudites sont désertes, et que l'on réclame (souvent à juste titre) des postes d'enseignants pour juguler le désordre de classes déclarées surpeuplées, quand il y a 50 ans, un professeur de lycée enseignait sans difficulté à des classes de 40 élèves au moins.

mercredi 26 novembre 2008

Une question de fond

Je vous disais dans le dernier billet que je parlerais du livre sensationnel de Marcel GAUCHET, Le désenchantement du monde. Je n'ai pas la prétention de le résumer en cinq lignes. La pensée en est tellement dense, riche, subtile, qu'il faut ruminer chaque page, s'en laisser imprégner.
Quand même, je voudrais indiquer que, selon Marcel GAUCHET, la naissance de l'Etat (qu'il ne cherche pas à expliquer comme le ferait un René GIRARD) a introduit l'autre et l'altérité dans le monde visible, au coeur de la société. La hiérarchie, puis la domination, puis l'expansion conquérante ou désir conquête ont transformé le rapport de dépossession initial entre l'univers des vivants et son fondement posé comme extérieur à lui, en un rapport de dépossession autre, qui passe par la différenciation sociale. Expulsant ainsi le sacré originel, fondamentalement conservateur et reproducteur de l'identique, la création de l'Etat a rendu possible la transformation du monde, la création des religions (ça c'est moi qui l'ajoute ; c'est la conclusion logique, voir ci-après) mais aussi l'instauration de rapports sociaux qui permet à certains - les chefs, les rois, les empereurs, les présidents - de se poser comme dépositaires de la norme sacrée, et s'arroger le monopole du principe d'ordre collectif (cette expression est de l'auteur). Il n'en allait pas ainsi dans les sociétés primitives d'avant l'Etat. Nul ne pouvait se prévaloir d'un quelconque pouvoir ; il était tout donné d'en haut, de l'extérieur. L'égalité des membres du grouoe était absolue en face du fondateur. Le développement du système étatique à abouti à "la mort de Dieu", en tant qu'extérieur au monde des vivants-visibles, et la prise en compte exclusive du fait humain-social constituant.
Il m'apparaît intéressant de rappeler ici que Simone WEIL, dans La pesanteur et la grâce a fustigé le gros animal social. Avait-elle la préscience ou l'intuition des ravages que le système allait faire chez les hommes ? Et n'est-ce pas cette raison qui l'a poussé à épouser pendant près d'un an la condition ouvrière, groupe humain privé de tout pouvoir normatif sur la société ? Et n'est-ce pas encore cette intuition obscure qui en a fait une très grande mystique ?
Je trouve aussi qu'il y a une très grande complémentarité de la thèse de Marcel GAUCHET avec celle de rené GIRARD. Leur complémentarité permet du reste, selon moi, de trouver une issue au dilemne de nos civilisations occidentales contemporaines. En schématisant, on peut dire que René GIRARD dit de Jésus-Christ qu'il est venu détruire toutes les religions. En ce sens, le christianisme a contribué à démythifier la société. Il est venu remplacer les religions par une parole qui ne vient pas détruire le fait social, bien au contraire, mais, séparant le domaine de César de celui de Dieu, réaffirme le droit de tout être humain à placer l'obéissance à Dieu au-dessus de l'obéissance aux hommes, souligne la nécessité de tenir son prochain pour un égal de soi-même, et vient déposséder par conséquent le politique de son pouvoir d'établir une norme sacré. Le disciple est dans le monde ; il n'est pas du monde.
Voilà le résultat de mes premières réflexions.
Je termine en vous citant les premières lignes du livre de Marcel GAUCHET :
Existe-t-il quelque chose comme une fonction religieuse, subdivision de la fonction symbolique, organisant à côté de la parole et de l'outil, notre rapport à la réalité, et constituant le détour par l'invisible en pivot de l'action humaine. Y-t-il un lien consubstantiel entre dimension religieuse et fait social, l'altérité sacrale fournissant au groupe le moyen de se fonder, ou bien exprimant et instituant à la fois la supériorité d'essence de l'être collectif vis-à-vis des composantes individuelles ?

mardi 25 novembre 2008

Que dire ?

Le chômage menace, la crise financière n'en finit pas de faire des victimes, la crise économique est à nos portes, des familles entières de par le vaste monde se demandent si elles pourront encore se nourrir ou se chauffer ou se loger. Mais au PS, tout cela n'est que broutille. On se chipote, on s'insulte, on brandit du papier bleu, on anathématise, on assigne, on suspend les "travaux" (!!!) de la commission dite de récolement (qui est loin d'être de recollement). Tout cela est dérisoire, ridicule, malsain, et terrible pour la démocratie. Ce n'est que résultat d'une très longue histoire commencée avec un homme d'une remarquable rouerie, et qui a su fédérer des tendances politiques fondamentalement inconciliables en vue de prendre le pouvoir. Le mitterrandisme, c'est fini. Tant mieux. Il faudra à notre pays des décennies pour se remettre de cette politique tordue, inspirée par un homme ô combien talentueux en politique, mais qui, selon moi, ne fut pas un homme d'état.
Que faire, que dire, vers qui se tourner pour trouver de l'espoir ? J'ai en tête le verset du prophète Jérémie : "Malheur à l'homme qui met sa confiance en un homme". Et pourtant, il nous faut bien admettre la nécessité d'un État, d'un responsable du tout. Il me semble que nous sommes victimes de notre conception de l'histoire ; une conception dialectique qui ne peut imaginer l'avènement de l'harmonie - toujours provisoire - sans exiger le résolution nécessairement violente préalable du conflit entre la thèse et l'antithèse. Alors qu'il serait si simple d'examiner les propositions de la majorité, de proposer des amendements qui corrigent ce que l'on croit être des erreurs ou des voies en impasse. On peut critiquer monsieur SARKOZY pour les mesures plutôt "socialistes" qu'il a prises en vue de combattre la crise. Son attitude est tout simplement pragmatique. On voit la différence entre l'idéologie (on applique aux faits un système d'analyse et une grille de décisions préétablis) et la politique qui est un art tout d'exécution, de pratique et de courage.
L'esprit public français est formaté par l'exaltation de la Révolution. Il en résulte que nos jeunes élites politiques ne peuvent imaginer de progrès sans rupture dans les idées. Mais comme le peuple de France, peuple de paysans, vieux peuple de surcroît, malicieux et frondeur, ne peut supporter l'immémoriale contrainte d'un État impuissant, les mesures imaginées et prônées par nos diplômés de Sciences. Po. ou de l'ENA, sont tout simplement contournées aussitôt que pondues par leurs cervelles pleines d'imaginaires, car les Français sont conservateurs, et ils n'attendent des politiques que des mesures propres à conforter leur situation présente.
Voilà. J'aurai l'occasion de vous citer bientôt quelques passages du livre de Marcel GAUCHET, "Le désenchantement du monde". Difficile d'accès en raison de sa langue à la fois elliptique et hermétique, et de son style plein de phrases incises et d'appositions incidentes, ce livre doit être lu deux fois. Une première pour débrouiller le fil de la pensée et cerner les passages essentiels du raisonnement, une deuxième pour comprendre finement l'argumentation. Mais il explique lumineusement les raisons de l'évolution de la pensée politique depuis l'apparition de l'état dans la société des hommes.
C'est tout pour aujourd'hui.

samedi 22 novembre 2008

Ségolène Aubry ou Martine Royal ?

Le Parti Socialiste donne à ses adhérents et à l'opinion publique une pitoyable image de la politique. La lutte entre les deux personnalités qui aspirent à prendre la tête du PS est terrible. Elle a certes des fondements dans les rivalités d'ego. Mais résumer à ce phénomène la lutte actuelle est un peu court. Les divergences sont idéologiques, et chacun croit avoir une idée et des solutions pour reprendre le pouvoir. A la vérité, il n'y a pas d'autres issues pour le PS que de tirer les conséquences du déchirement. D'un côté les socio-démocrates, de l'autre les socio-marxistes. Si les responsables de ces courants tenaient compte de ces divergences idéologiques - je vous en parle depuis des mois - ils dissoudraient leur parti et créeraient, les uns, un Parti Social-Démocrate, les autres, un Parti Socialiste Populaire. Mais il y a fort à parier, hélas, que, passé ces moments fratricides, les pots cassés seront recollés. Il y a aura des baisers Lamourette, on confondra ces dames au point d'interchanger les prénoms. Et même, je parie qu'au moment des élections présidentielles, on nous parlera de Marlène et de Ségoltine.

jeudi 20 novembre 2008

Qu'est-ce que la démocratie ?

Il est tout de même curieux de constater que la définition la plus précise des caractères de la démocratie ait été donnée par LI SHENZI, un oriental.
Je vous ai parlé il y a quelques jours de ce penseur chinois, et vous ai donné l'opinion qu'il avait du socialisme. Mais dans l'article auquel je faisais alors référence, il y avait quantité de remarques, toutes plus judicieuses les unes que les autres, et en particulier une énumération exhaustive des caractéristiques d'une vraie démocratie. Je vous les énumère ici brièvement pour compléter ce que je disais hier sur l'attitude scandaleuse d'une partie des élus de gauche qui refusent d'appliquer les lois régulièrement votées par la majorité, en invoquant des motifs futiles qui ne sont que des prétextes.
(a) Un pouvoir démocratique, dit LI SHENZI, tire sa valeur de sa capacité à garantir les droits des individus, les droits de l'homme. Ces droits incluent tous ceux qui sont inscrits dans la Déclaration des Droits de l'homme de l'ONU (liberté d'expression, d'édition, liberté d'association, etc.).
Il est donc tout à fait acceptable que l'opposition critique les mesures de la majorité.
(b) Le principe qui consiste à appliquer les décisions de la majorité n'implique nullement la soumission du parti minoritaire au parti majoritaire. Un parti minoritaire se doit d'exécuter les décisions du gouvernement tout en gardant la liberté d'opinion qui lui est garantie par la constitution.
Il est inacceptable que l'opposition refuse d'appliquer les mesures prises par la majorité. Dans l'affaire du service d'accueil minimum, il n'y a qu'a regarder qui refuse d'appliquer la mesure : exclusivement des municipalités tenues par la gauche. Dans une ville comme Marseille, avec un maire de droite, le SMA est assuré dans les arrondissements tenus par la droite ; ceux qui le sont par la gauche ont des maires qui prétendent ne pas pouvoir assurer cet accueil. Cherchez l'erreur.
(c) Un gouvernement démocratique est forcément respectueux des lois. Rien ne peut surpasser la Constitution. La mission de l'ensemble des fonctionnaires politiques, qui sont de fait les moins nombreux, consistent à faire appliquer les mesures prises par le gouvernement.
Que signifient dans ces conditions les pétitions, remarques, gloses, critiques et manifestations de ces 534 magistrats qui exigent des excuses publiques de leur ministre ? Celui-ci ne s'est pas occupé de jugement. Il a simplement contrôlé, à NANCY, le fonctionnement d'un service qu'il a mission de diriger. Je ne sache pas que les syndicats de magistrats aient présenté des excuses aux accusés d'OUTREAU, ni que monsieur LESIGNE ait démissionné de ses fonctions après avoir laissé se dérouler une procédure manifestement biaisée dans cette affaire, ou que le Greffier et le Président du tribunal qui ont signé un arrêt aboutissant, par erreur matérielle, à libérer un suspect, sans doute coupable de viols répétés, aient manifesté le moindre regret. Il revient aux syndicats de discuter avec leur ministre. Ils sont là pour ça. Mais ce n'est pas le rôle des fonctionnaires détenteurs du pouvoir judiciaire quand ils agissent "intuitu personnae".
(d) La séparation des trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire est une nécessité absolue.
Il faut bien reconnaître ici la propension du pouvoir exécutif à se mêler du fonctionnement du pouvoir judiciaire, ceci sous tous les gouvernements. Mais je crois que c'est le propre de tout pouvoir que de vouloir agrandir encore son champ de compétences. On rappellera ici les écoutes téléphoniques, les Irlandais de Vincennes, l'affaire Clearstream et tant d'autres, où l'exécutif s'est mêlé de judiciaire...

mercredi 19 novembre 2008

A un proche

Un proche m'envoie un poème plein d'humour dans lequel il s'étonne de mon apparente volte-face d'opinion sur madame Ségolène ROYAL, et de mes piques dirigées exclusivement contre "la gauche".
Je tiens à mettre ici les choses au point. Je persiste à croire que madame ROYAL n'a pas les compétences politiques requises pour jouer un rôle de premier plan dans notre pays. Mais je suis bien obligé de constater que ses remarques d'hier ou d'avant-hier font appel à des valeurs qui me sont chères et que j'ai toujours défendues depuis l'ouverture de ce Blog : l'honneur et la fraternité. Je trouve parfaitement pertinent les critiques qu'elle porte sur le décalage entre la volonté politique affichée de ses compétiteurs : instaurer une société plus fraternelle, et leurs pratiques qui sont tout sauf fraternelles. Il y a là une contradiction difficilement dissimulable. Quant au ralliement de monsieur DELANOE à madame AUBRY, il s'est négocié selon toute vraisemblance contre le retrait de madame PENINOU, partisan de madame AUBRY, devant monsieur FERAUD, ami du maire de PARIS et candidat aux élections de secrétaire de la section socialiste parisienne, aux fins de remplacement de monsieur BLOCHE. Monsieur DELANOE semble avoir vu plus loin que le bout de son nez dans cette affaire où, de toute façon, il avait perdu la partie nationale.
Quant à ma critique concernant la non application des lois, revendiquée par des élus de gauche, elle ne porte pas sur le fait qu'ils sont à gauche - c'est un constat - mais sur le fait qu'il est difficile de revendiquer la démocratie quand on se refuse à l'appliquer. Les lois, votées par une majorité élue démocratiquement, s'imposent à tous dans l'espace public. J'ai déjà eu l'occasion de dire, et je le redis ici, que les consciences des citoyens sont infiniment plus violées par les lois sur l'avortement qu'elles ne le sont par celles qui instaurent le service minimum d'accueil. Ces lois, il est vrai, respecte la conscience des praticiens, et aucun d'entre eux n'est obligé de pratiquer des avortements s'il réprouve ces actes.
Il en ira de même, je l'espère, si par malheur la loi légifère sur le droit à mourir. (Petite remarque annexe : J'ai longuement fréquenté le milieu médical, et je puis vous dire que les médecins veulent la vie et non la mort, le soulagement et non la souffrance ; ils sont tout simplement d'accord pour ne pas pratiquer un acharnement thérapeutique qui ne prolongerait que de quelques heures les jours de leurs patients sans alléger leurs douleurs, et peu d'entre eux approuve la pratique de l'avortement, hormis cas d'inceste ou de viol, il faut le ici dire par honnêteté.)
A dire vrai, nous ne savons plus penser. Nous réagissons comme des automates à la moindre contrariété ou dissentiment politique. Nous ne sommes pas capables de faire le crédit de la bonne foi à nos contradicteurs ou à nos adversaires politiques. Au lieu d'argumenter en raison, on ostracise ; madame AUBRY a été remarquable dans cet exercice hier soir sur France 3. Si elle est élue premier secrétaire (on ne m'en voudra pas d'utiliser un masculin, signe de l'intensif dans la langue française), on risque d'entendre souvent des condamnations de Nicolas SARKOZY et un minimum de propositions ; elle a affirmé qu'il y en avait aux difficultés que traverse la France, mais elle s'est bien gardé de nous dire lesquelles : la semaine de 10 heures et la retraite à 35 ans peut-être ? Tout cela est assez peu responsable.
La solution n'est pas uniquement dans l'augmentation du pouvoir d'achat, même si ce point est sensible pour nombre de français et doit être traité par les pouvoirs publics, ni dans le renforcement des "luttes sociales" ; la solution est dans un changement de paradigme social. Il ne passe ni par l'individualisme forcené, ni par la collectivisation. Le désir de posséder, dans tous les cas reste le même. Car l'homme est ainsi fait. Il passe par une vigoureuse promotion de la fraternité, par le développement d'entreprises de plus petites dimensions, conduites par des entrepreneurs responsables, par une analyse socio-économique rigoureuse des dangers de l'industrialisation outrancière, par un réaménagement complet des modes de transport, d'alimentation, de production et d'utilisation d'énergie, par un regard plus fin porté sur la publicité et les petites manies journalistiques (les connotations des discours des journalistes de droite comme de gauche ne trompent pas un lecteur attentif). Bref par un retournement complet de l'anthropologie telle que l'envisage le monde politique et économique. Il y faudra des années, des décennies, des siècles peut-être, mais ce nécessaire changement est inscrit dans la nature même des méfaits de notre civilisation.

mardi 18 novembre 2008

Toujours des remarques diverses

A propos de l'honneur et de la fraternité.

J'ai écouté avec beaucoup d'attention les réponses que madame Ségolène ROYAL a donné aux questions que lui posait hier soir la présentatrice du journal télévisé de France 3. Je les ai trouvées très justes, et je dois dire que mon opinion sur cette personnalité s'en est trouvée modifiée. Qu'a-t-elle dit en vérité? Deux choses qui me paraissent évidentes. La première est que l'honneur consiste à tenir la parole que l'on a donnée. Madame ROYAL visait sans aucun doute monsieur DELANOE qui a eu beaucoup de mal à justifier (en bredouillant) sa volte-face. Avant-hier, il ne donnait pas de consigne de vote à ceux des militants qui soutenaient sa motion ; hier, il leur demandait de voter massivement pour madame AUBRY. Que s'est-t-il passé en 24 heures qui justifie sur le fond ce ralliement ? La seconde, et celle-là est imparable, est qu'un parti qui prétend vouloir instaurer la fraternité dans la société n'a aucune crédibilité quand ses chefs ne cessent de s'adonner entre eux au jeu des petits mots assassins et des coups de Jarnac plus tordus les uns que les autres. Contrairement aux journaux qui parlent de "guerre des ego" ou de "guerre des trois" entre mesdames AUBRY, ROYAL et monsieur HAMON, je pense que cet affrontement féroce tire son origine de causes plus profondes, qui tiennent aux conceptions que chacun d'eux de fait du socialisme. Madame AUBRY, sans le dire, croit à la lutte des classes, et elle l'a laissé entendre. Il faut soutenir les conflits sociaux, voire les alimenter, travailler avec les syndicats (dont la fonction principale, selon moi, est de souffler sur les braises du mal-être de leurs membres en feignant de croire qu'il n'a d'autres origines que l'injustice sociale, alors qu'il s'agit d'abord de la crise du sens qui ronge notre société matérialiste). Monsieur HAMON veut s'ancrer à gauche. Que veut dire ce slogan ? Quel contenu lui donner ? Lutte des classes, nationalisation, poursuite de la politique dite laïque, redistribution à tout va ? Collectivisation totale des pratiques sociales ? Voilà bien un mode de fonctionnement qui disqualifie ceux qui le mettent en oeuvre : des mots, des mots, des mots. Tout compte fait, madame ROYAL est d'une autre trempe morale que ses compétiteurs. Elle leur est très certainement supérieure. Je confesse que je me suis trompé sur elle. Je la préfère finalement aux deux autres
Service minimum, respect des lois, démocratie.
Le nouveau maire de TOULOUSE veut se donner une belle posture de résistant à la "politique de droite", en refusant de mettre en oeuvre ce que la Loi exige de lui : le service minimum d'accueil des enfants les jours de grève des enseignants. Le Tribunal administratif vient de lui enjoindre de l'appliquer. Et c'est tant mieux. En Charente, une quinzaine de maire ont envoyé une pétition pour expliquer que cette mesure était inapplicable et qu'ils n'obéiraient pas à la Loi. A COLOMIERS, un professeur des écoles déclare qu'il ne suivra pas les directives de monsieur DARCOS. Etc. Je note que dans tous les cas ces initiatives viennent de personnalités de "gauche". Elles jouent avec le feu. Quand les citoyens se mettent à juger les lois en fonction de leur humeur du jour ou de leur idéologie, il n'y a plus de démocratie. Il ne faudra pas s'étonner si - au cas pour l'instant improbable - la "gauche" revenant au pouvoir, une partie des citoyens (les minoritaires) se mettent à ergoter, à contester, à refuser d'appliquer les mesures votées par la majorité. Ceux qui réprouvent en conscience l'avortement auraient de plus sérieuses raisons de déduire de leur impôt une somme, fut-elle minime, représentant le coût de cette mesure pour la collectivité nationale ; ceux qui défendent la possibilité de toute personne de conduire sa vie professionnelle comme elle l'entend, en travaillant autant qu'elle veut, pourraient contester les mesures restrictives en cette matière, etc. A dire vrai, quand la Loi ne viole pas les consciences par la contrainte, elle doit être appliquée. Sinon, il n'y a pas de vivre ensemble possible. Apprentis sorciers, quand le comprendrez-vous ? Vous êtes en train de tuer la démocratie. Et le peuple est prêt, hélas, à subir votre dictature molle.

lundi 17 novembre 2008

Une opinion de spécialiste

LI SHENZI est considéré, aussi bien par ses pairs que par les chercheurs occidentaux en sciences sociales, comme un des grands penseurs de l'après-communisme. Né en 1923, il rejoint MAO dans les années 1940, joue le rôle de conseiller diplomatique de ZHOU ENLAI, puis il est disgracié en 1957, persécuté pendant la Révolution Culturelle, avant d'être réhabilité par une promotion à la fonction de Vice-recteur de l'Académie des Sciences Sociales de Chine vers le milieu des années 1980. Mais il démissionne de cette fonction après les événements de la place TIEN ANMEN. C'est donc un spécialiste du communisme ; il a connu de l'intérieur le mode de fonctionnement du Parti. Voici ce qu'il écrit dans une revue dissidente, Le Printemps de Pékin, dans un article intitulé : Objectif démocratie.
Bien que l'expérience socialiste en tant que système social se soit soldée par un échec historique, le socialisme appliqué à la formation d'États démocratiques ou à la définition du programme du parti au pouvoir a encore de beaux jours devant lui. Il s'agit là précisément du socialisme autocratique tel qu'il est appliqué par les partis de gauche au pouvoir dans les pays occidentaux.
Dans plusieurs billets déjà anciens, j'avais souligné que le socialisme est totalitaire par essence, dans sa volonté de nier la personne. Je ne connaissais par encore LI SHENZI (mort en 2003) qui sait de quoi il parle. Le totalitarisme socialiste est imputable à la volonté - parfaitement idéologique - explicitement proclamée de ses militants - de réformer par la seule Loi le fonctionnement social, sans évoquer le moins du monde le rôle du libre arbitre dans le choix de tel ou tel comportement des citoyens. En d'autres termes, il ignore la dimension morale des conduites humaines.
Je tiens ces renseignements d'un ouvrage collectif dirigé par Marie HOLZMAN et CHEN YAN, intitulé Écrits édifiants et curieux sur la Chine du XXIe siècle. C'est un recueil d'articles de chercheurs chinois (sauf un), publiés en chinois ou en anglais, parus en Chine ou dans d'autres pays, et traduits de ces langues. (Éditions de l'Aube, La Tour d'Aigues (84240), 2008. Achetez-le de toute urgence. Il est remarquable.

dimanche 16 novembre 2008

Dramatique ou ridicule ?

L'issue du 75e congrès du parti socialiste ne faisait aucun doute. Tout simplement parce que grâce au génie politicien de François MITTERRAND, le PS avait réussi à agglomérer en un parti unique, des individualités de talents divers mais de références idéologiques absolument opposées. J'ai déjà eu l'occasion de dire que les militants et hommes politiques socialistes appartiennent à deux familles de pensée : la première, qui a pour père fondateur et maître Jean JAURES, est celle d'une sociale-démocratie humaniste. Je n'hésite pas à dire, pour avoir lu quelques unes des contributions majeures de JAURES, qu'il s'agit là d'un vrai penseur, qui a de l'homme une idée assez juste, et qui propose des solutions concrètes et équitables aux problèmes sociaux. Je rappelle encore que JAURES fut professeur de philosophie morale à l'Université de Toulouse. Il n'a jamais opposé une "classe sociale" à une autre "classe sociale".

La deuxième tendance est celle d'un socialisme marxiste et matérialiste, qui croit à la lutte des "classes" et à l'instauration des "rapports de force" pour faire triompher ses idées ; ce socialisme-là, toutefois, se refuse à la violence.

A la première tendance s'identifient Ségolène ROYAL, Michel ROCARD, Manuel VALLS, entre autres personnalités. A la seconde Benoît HAMON, Jean-Luc MELANCHON (qui vient de quitter le PS), sans doute Martine AUBRY.

Il serait inutile et vain d'imputer à de seules rivalités personnelles les antagonismes qui se sont fait jour au Congrès de Reims. Les causes en sont bien plus profondes, et il faudra bien que le PS en tire les conséquences. Les oppositions tirent leur virulence de leurs profondes divergences idéologiques. Les uns veulent bien d'une alliance avec le MoDem (première tendance), les autres préfèrent Olivier BESANCENOT (la seconde).

Je n'ai rien d'autre à rajouter pour l'instant, sinon qu'une clarification des idées aiderait grandement à rendre crédible l'opposition socialiste. La situation du socialisme français n'est pas ridicule, elle est dramatique.

mercredi 12 novembre 2008

Les élites n'ont toujours pas compris

Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir disait déjà notre bon La Fontaine. Rien n'a changé depuis l'époque où le fabuliste, fin observateur de la vie sociale, mettait en vers son indignation cachée.
Le Président d'un directoire, un haut responsable par conséquent, peut si mal surveiller son entreprise qu'il lui ait fait faire 751 millions d'euros de perte, démissionner (c'est le moins qu'il ait pu faire) de son poste, et retrouver quelques temps après un poste analogue dans une filiale de l'affaire qu'il avait si mal gérée. Ainsi, monsieur Charles MILHAUD, est-il devenu Président du directoire d'Oceor, une filiale de la Caisse d'épargne pour l'outre mer et l'international. Je trouve cela scandaleux et indigne. Scandaleux de la part des responsables de cette Banque. Ils se protègent les uns les autres, et prouvent par cette nomination qu'ils entendent continuer à profiter, quelles que soient les circonstances, de leur fauteuil doré. Indigne de la part de monsieur MILHAUD qui n'aurait jamais dû accepter d'occuper ce poste. On imagine l'autorité qu'il pourra avoir dans ces conditions.
Il se peut que monsieur MILHAUD n'ait aucune responsabilité factuelle directe ou indirecte dans l'histoire des traders véreux de sa banque. Mais enfin il était responsable, et en ces périodes de crise, où toute spéculation était hautement risquée, il aurait dû redoubler de vigilance, renforcer les systèmes de contrôle, demander des rapports quotidiens sur l'évolution de la situation de son entreprise. J'ai lu quelque part que si la position risquée avait été dénouée le premier jour qui a suivi la découverte du trou, celui n'eût été "que" de 180 millions d'euros. Le déficit s'est creusé de jour en jour, faute d'avoir été pris en compte à temps.
Aucune conscience droite ne peut accepter une telle irresponsabilité, et son incompréhensible récompense. Combien de mises à pied, d'avertissements, de révocations pour des transgressions autrement plus bénignes, dans des usines ou des centres commerciaux ? Quand donc les élites comprendront-elles que leurs privilèges et leurs revenus ne se justifient que par l'assomption inconditionnelle de leur responsabilité ? Il ne faut pas s'étonner de voir grandir l'irritation, la révolte des "petits", devant de telles différences de traitement.
Il est loin le temps ou dans les geôles de la Convention, tel marquis, ou tel comte pouvait dire au moment de l'appel des condamnés à mort : "Souffrez, marquise, que pour une fois, je passe avant vous", et prendre une place qu'on ne lui réclamait pas. Ainsi en a-t-il été lors de l'appel de la dernière charrette de la Terreur. Cela s'appelle l'esprit aristocratique, et, voyez-vous, je le préfère à l'esprit petit-bourgeois qui se répand comme une peste dans la société contemporaine. Bon appétit tout de même, monsieur MILHAUD !

lundi 10 novembre 2008

Des vérités qui dérangent

Lu, ce week-end, dans la lettre de saint Jacques ceci qui me fait réfléchir :

Eh bien, maintenant ! vous qui dites : "Aujourd'hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons l'année, nous ferrons du commerce et nous gagnerons de l'argent !". Vous qui ne savez pas ce que vous deviendrez demain : vous êtes une vapeur qui paraît un instant, puis disparaît. [...] Eh bien maintenant les riches ! Pleurez, hurlez sur les malheurs qui vont vous arriver. Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont rongés par les vers. Votre or et votre argent sont rouillés, et leur rouille témoignera contre vous : elle dévorera vos chairs ; c'est un feu que vous avez thésaurisé dans les derniers jours ! Voyez : le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont fauché vos champs, crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du seigneur des Armées. Vous avez vécu sur la terre dans la mollesse et le luxe, vous vous êtes repus au jour du carnage. Vous avez condamné, vous avez tué le juste. Il ne vous résiste pas (Jc, 4, 13 - 5, 6).
Il se peut que ces paroles prophétiques déplaisent. Mais on ne peut pas annuler la Parole. Et on ne peut oublier que l'argent a été déclaré TROMPEUR par le Verbe de Dieu. Trompeur ! Vous avez bien entendu. Il est dit après qu'il faut se faire des amis avec cet argent trompeur. et ceci signifie qu'il convient de le partager, bien qu'il soit trompeur, avec des amis, plutôt que de le thésauriser.
En ces temps de crises financière, économique, morale, vraie crise de civilisation, il est indispensable de garder en mémoire ces terribles paroles, et de les mettre en pratique soi-même, sous peine d'être menteur si l'on se dit disciple de Jésus. Ceux qui ne le sont pas peuvent toujours les méditer, tenter d'en voir la justesse, et les appliquer de même.

jeudi 6 novembre 2008

Chronique du genre et de l'espèce, ou la louange de la philosophie spéculative

Si la pensée moderne avait la moindre connaissance de la philosophie spéculative, illustrée tout particulièrement par Thomas d'AQUIN au Moyen-Âge, les journalistes censés la représenter ne se seraient point lancés dans des dithyrambes sur l'élection de Barak OBAMA. La couleur de peau de monsieur OBAMA est à l'homme ce que l'espèce est au genre. Le Président élu appartient au genre humain, que je sache, et les Américains ne s'y sont pas trompés qui, en le portant triomphalement au pouvoir, ont reconnu en lui un homme remarquable, certainement hors du commun. Je ne prétends pas ici parler de ses idées politiques, mais simplement de son talent, de ses talents.
Nous végétons sur les décombres de la pensée des Lumières. Elle a mis le sujet au centre de tout, et de sujet, l'homme est devenu peu à peu un individu, un atome social. Le courant prétendument nommé néolibéral a surfé sur cette idée saugrenue. Conscient de cette imposture, le courant marxiste a privilégié la collectivité (et non point la communauté) en négligeant le sujet, et, bien entendu, l'individu. Nos socialistes français font le grand écart. Ils se réclament de VOLTAIRE (entre autre), et endossent l'héritage délétère de cette pensée qui hypertrophie le "Je", mais ils adoptent partiellement les solutions collectivistes de MARX. C'est le mariage de la carpe et du lapin. Et on le voit bien, quand on analyse d'un peu près les motions présentées aux suffrages des militants socialistes. Il n'y a rien de commun entre les propositions de monsieur DELANOE, qui se réclame plutôt de la social-démocratie humaniste de JAURES, et celles de monsieur Benoît HAMON, un homme qui invoque la bonne vieille idéologie des socialistes du XIXe siècle.
Et si l'on en revenait à la notion de genre et d'espèce, qui renvoie nécessairement au statut de sujet social qu'est l'homme, n'aurait-on pas fait un grand pas ? Celui que justement les Américains, plus mûrs et plus lucides que nous, n'ont pas hésité à faire. Le rôle du politique, je le recrie sur les toits, est de conduire les citoyens à la fin qui leur est due, et en tant que sujet capable de dire "Je", et en tant que membre de la communauté humaine (ce groupe qui - comme son nom l'indique, ce que ne fait pas le mot collectivité lequel renvoie à une collection - met dans un genre unique des sujets qui ont quelque chose en commun, et donc quelque chose à partager), capable de dire "Nous".
Non ! Il ne faut pas crier "Au secours VOLTAIRE, ils sont devenus fous !" Il faut mettre VOLTAIRE là où il doit être, au rayon des écrivains superbes, des esprits subtils et pleins d'humour, mais certainement pas à celui des penseurs politiques ou des philosophes.