jeudi 31 mars 2011

Enfin, j'ai trouvé l'article

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J'ai fini par trouver l'article cantonales-deni-de-democratie. Il m'est impossible de le commenter maintenant, car je dois m'absenter. Je le ferai ce soir. Et signale déjà que je m'absenterai du 1er avril au 7 avril.

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Tout de même, je dois dire que je trouve l'analyse fort juste.

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S'asseoir sur le couvercle de la marmite ?

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Faut-il s'asseoir sur le couvercle de la marmite ? Mettre la poussière sous le tapis ? pour reprendre une expression du Président de la République pour lequel mon estime croit à la mesure des attaques ignobles et basses dont ils est l'objet, depuis les caricatures de Charlie Hebdo, aux titres venimeux de Libération ou de Marianne. J'y ajouterai aussi les attaques du Front National. La haine des médias est telle que je me demande quelle en est la raison profonde. Je crois avoir trouvé un début de réponse : le Président SARKOZY est un empirique et non point un idéologue. Il a devant lui des gens qui passent leur temps à mettre en doute sa bonne foi, son courage, ou son intelligence. Ils n'ont pas la moindre solution à nos problèmes, ces gens-là ; ils n'ont que des idées, et, par violence intellectuelle, ils entendent nous les imposer. Je ne marche pas dans cette combine.

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Revenons au débat sur la laïcité. D'un côté, on voit les adversaires les plus acharnés des religions en général, et du catholicisme en particulier, [de ces grandes âmes qui s'indignent que l'on puisse fêter la saint Nicolas dans les Écoles Maternelles publiques du Nord, font enlever d'un tribunal (en Lorraine, pour autant qu'il m'en souvienne) un crucifix qui y figurait depuis des décennies, ont réussi à faire supprimer la mention "saint" des éphémérides du Journal Télévisé des chaînes publiques, se moquent à longueur d'antenne des prises de position d'un Benoit XVI sur le préservatif (je me suis expliqué longuement dans un billet sur la pertinence scientifique de ce propos, et j'ai donné la référence des publications de l'OMS sur l'absence de protection totale du dit ainsi que l'avis du responsable du programme de recherche sur le SIDA à l'Université de HARVARD, et je rappelle que j'enseignais la virologie ce qui me donne un petit avantage sur tous ces critiqueurs), ou vilipendent son discours de RATISBONE (j'y reviendrai, car vraiment, ça vaut le coup ; l'ignorance de ces censeurs est abyssale)], s'opposer formellement à une discussion sur ce sujet. De l'autre, on voit les responsables des six "grandes" religions mettre en doute l'opportunité du débat (ils ne semblent pas en nier la pertinence, mais s'interrogent sur le moment choisi, si j'ai bien compris). En somme on voit les adversaires acharnés des religions, et les responsables suprêmes des religions tomber d'accord. Curieux accord.

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Les adversaires des religions craignent que le débat mettent en lumière leur collusion POLITIQUE avec les fidèles du culte musulman. A cet égard madame AUBRY n'a pas de leçon à donner. Son époux - c'est bien entendu tout à fait son droit - défend certains extrémistes musulmans devant les tribunaux du Nord - et l'on peut légitimement se demander s'il n'influence pas les opinions de sa moitié. En vérité, les socialistes ont besoin des voix de nos compatriotes musulmans pour prendre le pouvoir. Ils les flattent, sans les aider vraiment ni leur donner une juste place dans l'espace public. Et c'est bien monsieur SARKOZY qui a créé le Conseil Représentatif des Musulmans de France, ce n'est pas monsieur JOSPIN ni madame AUBRY. Comment peut-on en toute probité l'accuser de vouloir brimer l'islam (i minuscule) ?

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Les responsables religieux ergotent sur l'opportunité du débat. Cette opinion frileuse me semble justifiée par le furieux désir de ne pas remettre en cause, non pas l'équilibre, mais les quelques avantages acquis par les différentes religions depuis les lois de 1905. Les musulmans s'insurgent ? Mais que craignent-ils ? Ils ne sont pas persécutés que je sache. Il leur est demandé de ne pas importer dans leur nouvelle patrie, les valeurs de l'Islam (I majuscule), c'est-à-dire un amalgame entre la religion et la politique. J'avance donc l'hypothèse qu'ils veulent pouvoir continuer de prier dans les rues, illégalement, de recevoir de l'argent de l'étranger pour construire leurs mosquées, d'entretenir des imams extrémistes, arabophones, ne parlant pas français, venus de divers pays musulmans connus pour leur rigorisme et leur mélange des genres. Je suis désolé, mais personnellement je n'accepte pas.

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Les socialistes s'assoient sur le couvercle de la marmite : elle leur explosera au visage. Les responsables religieux mettent la poussière sous le tapis. La vérité ni la charité ne sortent grandies de leur initiative.

Un article introuvable

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Un fidèle lecteur me demande mon avis sur un article publié par contrepoint.org, un site internet entretenu par le parti communiste de PLAISIR (pour autant que j'ai pu m'en rendre compte). Je n'ai pas trouvé cet article. Mais si vous voulez voir l'étalage de l'idéologie la plus pure, jointe à la démagogie la plus extrême, vous pouvez toujours allez vous amuser et naviguer sur ce site. Les "nantis" n'ont qu'à bien se tenir. Le jour où ces fanatiques viendraient à venir au pouvoir, ce qu'à Dieu ne plaise, je ne donnerais pas cher de leur peau ; quant à leurs biens, il n'est même pas nécessaire d'en parler ; ils se seraient évaporer comme beurre en broche, à la manière des biens nationaux qui ont fait la fortune des bourgeois libertins à la Révolution, et qui ont fait le lit du capitalisme le plus inhumain. La jalousie, l'envie, le ressentiment, la médiocrité ! Vraiment ça donne envie de donner raison à ce fou de NIETZSCHE.

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mercredi 30 mars 2011

Un grand résistant parle de la patrie

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Nul ne contestera le titre de grand résistant au Colonel REMY, nom de guerre de Gilbert RENAULT, celui que le numéro deux anglais de l'Intelligence Service, Sir Claude DENSEY qualifiera "du plus extraordinaire agent secret que j'ai jamais rencontré au cours de ma longue carrière". Le Colonel REMY est mort en 1984 à GUINGAMP.

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Il s'était attiré l'inimitié du Général de GAULLE : il lui ne pardonnera jamais, en effet, d'avoir voulu réhabiliter les millions de Français qui avaient suivi de bonne foi le Maréchal PÉTAIN. Je persiste à croire que ces derniers étaient dans la plus grande erreur et que le premier avait fait preuve d'une vertu assez rare de nos jours : celle de rassembleur, d'homme de pardon, d'homme de dialogue.

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REMY avait écrit un livre Le catéchisme de la Patrie. REMY était maurrassien. On voit qu'il était possible à un monarchiste d'être aussi un homme lucide sur le nazisme et la collaboration, et sur les désastreuses conséquences du vychisme. Il est donc intéressant, selon moi, d'écouter ce que grand patriote dit et que, du reste, sans le savoir, je n'ai jamais cessé de proclamer dans mes billets :

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"Il est difficile de déterminer avec exactitude le moment où le mot nationalisme prit naissance, mais on ne peut douter qu'il ne soit d'inspiration révolutionnaire. Avec le temps, il prendra force d'usage, pendant que s'effacera le faux principe dont il est issu. Le jour viendra on l'on aura tendance à le confondre avec le patriotisme, et l'on verra Charles MAURRAS l'utiliser dans ce sens, prenant toutefois le soin de lui accoler un qualificatif." [i.e. nationalisme intégral ; note de votre serviteur.]

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Catherine RENAULT-REMY, la fille du Colonel, écrira dans l'avant-propos d'un autre livre de son père - il venait de mourir - : "REMY ne fut jamais un homme de parti, il haïssait les politicards. Ni les uns ni les autres ne peuvent se vanter d'avoir récupéré cet homme d'une indépendance totale et farouche."

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Et si l'amour de sa patrie était justement de n'être d'aucun parti, autre que celui de la France, dans ce qu'elle a de meilleur ? Encore faut-il savoir ce qu'est ce meilleur. Ce n'est pas VOLTAIRE, ce n'est pas CONDORCET, ce n'est pas la Révolution, c'est le peuple français dans son obstination à cultiver la terre, à honorer ses morts, à aimer son art et ses lettres, à aimer la juste mesure, à se défier des ruptures et des soi-disant innovations (je ne dis pas "prétendues", car j'évoque ici ce que ce que ces innovations disent sur elles-mêmes ; le rôle de la publicité est de transformer "soi-disant" en "prétendu" puis en "nouveautés" et "progrès" incontournables).

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A ce point, qu'on me permette de rappeler encore un propos d'Henri HUDE, décidément philosophe politique de première grandeur, méconnu, car loin du jeu médiatique, de Gallimard, de la Revue de Philosophie et que sais-je encore, qui font les délices des salons parisiens. Or donc HUDE dit ceci :

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"Il est [...] certain que le patriotisme aura toujours du mal à se passer d'ennemi, c'est-à-dire à ne pas devenir chauvin.

On pourrait en conclure à la justification de l'internationalisme, si ce qui vient d'être dit ne s'appliquait pas aussi à ce dernier. L'internationalisme a besoin d'une patrie : ce sera le groupe, le clan ou le parti internationalistes. Il lui faut un ennemi, ce seront les patries. Le parti fonctionne donc comme une patrie fermée, à ceci près que le groupe de référence n'est pas une patrie réelle et historique [mots en gras de votre serviteur], mais se définit alors par une appartenance philosophico-politique. Le discours pacifiste et internationaliste est alors l'équivalent fonctionnel d'un appel aux armes. Bref, l'internationaliste est aussi chauvin que n'importe quel cocardier, il a seulement en plus quelque chose de théocratique et son agressivité ressemble à du fanatisme."

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Il me semble que l'on ne saurait mieux dire et que cette analyse s'applique très exactement à la situation politique française. Serions-nous donc condamnés à choisir entre chauvinisme faussement patriotique et fanatisme politique positivement violent ?

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Il me semble qu'il y a en ce moment un très grand espace ouvert à ceux qui veulent bien porter intérêt à leur malheureux pays ; il y a des solutions respectueuses à la fois de la nécessaire générosité des pays riches vis-à-vis des pays pauvres et de l'absolue nécessité de préserver le meilleur de l'héritage que notre longue histoire nous a légué.

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C'est tout pour aujourd'hui.

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mardi 29 mars 2011

Démocratie tordue ?

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Après les élections cantonales, les commentaires, tous plus brillants les uns que les autres, des hommes politiques comme des journalistes, me semblent bien refléter la maladie dont souffrent les démocraties modernes en général, et la démocratie française en particulier. Je les qualifierai de démocraties tordues.

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Si j'ai tardé à vous donner mon avis, c'est que j'ai réalisé hier ceci que je tiens à vous dire : pendant longtemps, les jeunes démocraties ont suscité l'émergence de partis politiques qui s'accordaient sur l'existence de problèmes précis, leur donnaient un nom, mais divergeaient sur les solutions à apporter. Il faut dire que ces solutions, bien souvent reflétaient l'idéologie de ceux qui les proposaient, mais enfin il y avait accord sur les problèmes. Et la politique revenait à un débat non point d'idées mais de solutions. Le réel précédait le système.

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Aujourd'hui, le poids de l'idéologie est devenu tellement lourd que les divergences ne portent même plus sur les problèmes, mais sur l'idéologie elle-même. En d'autres termes, au lieu de regarder bien en face le réel, les idéologies le configurent à leur système, et leurs sectateurs regardent dans leur cerveau au lieu de regarder autour d'eux (comme le disait JOUBERT que j'ai déjà cité dans un très ancien billet). Et si elles procèdent ainsi, ce n'est pas pour le bien du peuple, mais en vue de prendre le pouvoir. Rappelez-vous : l'idéologie est le système de valeurs dont les hommes se servent pour prendre le pouvoir et s'y maintenir.

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Voici des problèmes qui sont niés par les uns, mis en évidence par les autres.

Le plus emblématique est celui qui porte sur la laïcité. Curieusement, ceux qui devraient défendre cette notion pour l'avoir introduit de force dans les années 1900, sont précisément ceux qui en réfutent l'intérêt. Il y a pourtant une réalité : la loi interdit l'expression d'un culte quel qu'il soit dans l'espace public ; dans de nombreux endroits, cet espace est privatisé à des fins religieuses (rues barrées, foule en prière sur la chaussée et les trottoirs) tous les vendredis ; il y a en France une importante minorité musulmane ; la constitution affirme la liberté de religion. Voilà des éléments factuels, objectifs. Objectif aussi, même s'il est infondé - ce que je crois à titre personnel - le sentiment d'hostilité vis-à-vis de l'islam (je parle de la religion, non pas de la civilisation et des voies politiques qu'il a marqué, et que l'on appelle Islam, avec un I majuscule).

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Un autre problème est celui de la difficulté croissante que nombre de Français modestes ont à se loger (loyers exorbitants, augmentation du prix de l'énergie [celle du gaz, en particulier, dont on note que le service a été partiellement privatisé par la fusion avec SUEZ, mais aussi de l'essence ou du gaz-oil, de l'électricité], augmentation du prix des produits alimentaires), à élever leur famille, à prendre des vacances ou à choisir de sains loisirs. Tout cela est une réalité dont l'existence ne dépend pas de ce qu'en pensent les grossiums de la banque, de la finance internationale, des fonds de pensions (qu'ils soient souverains ou privés), grossiums qui ne semblent guère intéréssés par cette pauvreté dans un pays riche.

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Un autre problème est celui de la faillite de l'éducation : illettrisme, nombre croissant de jeunes qui sortent du système scolaire à 16 ans, sans aucun diplôme, aucune formation, échec total de la formation civique. Voilà qui est est d'une aveuglante clarté. Est-ce vraiment par le seul biais des moyens (crédits ou postes - encore que sur ce point, il faudrait sans doute revoir un peu la copie) que l'on va régler une faillite qui est d'ordre qualitative ?

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Un autre problème est celui de la perte de compétitivité des entreprises françaises. D'où vient-elle ? Il serait intéressant de voir si ce sont les 35 heures, les valeurs collectives, le poids des charges sociales, la crise économique qui sont responsables de la dégringolade.

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Un autre problème est celui de la patrie et du sentiment patriotique. Il existe incontestablement, et il ne sert à rien de dire, comme l'inénarrable monsieur PORTELLI, que la seule identité qui vaille est celle de l'homme, quand une grande partie de la philosophie moderne nous raconte que l'homme n'est qu'un animal supérieur. Il se trouve que cette question intéresse, et a intéressé des hommes de tous horizons, de BARRES à JAURES, de MAURRAS à CLEMENCEAU. Voilà un problème intéressant et qui mérite d'être abordé, quitte à déclarer obsolète la notion de patrie.

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Je note que toutes les fois que le Président de la République a essayé de faire dialoguer les Français sur ces problèmes, il s'est trouvé quantité d'imbéciles (au sens de BERNANOS) pour en nier l'existence ou l'intérêt ou pour accuser le Président de manoeuvres (la chose est possible, mais elle n'efface pas l'utilité de la discussion). Nous sommes passés à côté de grandes réflexions, de grandes propositions, susceptibles de recueillir un assez large assentiment, par la faute de ces imbéciles, et croyez bien que je ne range pas dans cette catégorie seulement des hommes politiques de l'opposition, mais aussi des hommes politiques de la majorité. Pitoyable spectacle, pendant que les pays émergents, humiliés longtemps par notre arrogance, relèvent la tête, nous tailleront bientôt des croupières, avant de devenir nos maîtres. Nous l'aurons bien mérité. Après tout, ne discutait-on pas à BYZANCE du sexe des anges alors que les TURCS s'apprêtaient à en briser les portes ?

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dimanche 27 mars 2011

Raison et compassion

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Comment ne pas voir le coeur serré devant ces images ? Des corps calcinés gisent à côté de chars éventrés, tandis que des combattants en guenilles font le V de la victoire. Certes, ces cadavres sont ceux de mercenaires, ou d'hommes loyaux à leur chef tribal, mais ce sont d'abord des hommes. Et l'on demeure saisi de compassion devant le sort qui leur a été fait.

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Je ne puis passer sous silence ce que mon cher, mon prophétique BERNANOS disait dans son ouvrage majeur La France contre les robots.


"Le premier venu, aujourd'hui, du haut des airs, peut liquider en vingt minutes des milliers de petits enfants avec le maximum de confort, et il n'éprouve de nausées qu'en cas de mauvais temps, s'il est, par malheur, sujet au mal d'avion... Oh ! chère lectrice, inutile de vous agiter ! sans doute votre mari ou votre amant - l'homme de votre vie - appartient-il à ce corps de bombardiers, en porte le martial uniforme. Je devine qu'il a toujours pour vous, même dans les moments de plus grande intimité, les égards et les délicatesses d'un être d'élite, et vous n'admettez pas que je le compare à un lansquenet allemand du XVIe siècle, à quelque égorgeur qui vous aurait certainement, le cas échéant, violée au premier coin d'une rue en flammes, sur le trottoir, sans même prendre le temps de s'essuyer les mains. Mais voulez-vous que je vous dise ? Ce qui me fait précisément désespérer de l'avenir, c'est que l'écartèlement, l'écorchement, la dilacération de plusieurs milliers d'innocents soit une besogne dont un gentleman peut venir à bout sans salir ses manchettes, ni même son imagination. [...] Comprenez-vous maintenant, imbéciles ? Comprenez-vous que ce n'est pas le massacre de millier d'innocents qui nous invite à désespérer de l'avenir, mais c'est que de telles horreurs invitent à désespérer de vous, mais c'est que de telles abominations ne posent déjà même plus de cas de conscience individuel."

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Certes, les mercenaires du colonel KADHAFI et ses troupes loyalistes ont très exactement illustré ce que dénonce BERNANOS. Mais il faut prendre garde, dans notre intervention en Libye, à ne pas franchir les frontières qui donnent sur le pays de l'horreur. Benoît XVI, fort justement, demande avec insistance que les armes se taisent là-bas, des deux côtés. Il ne faudrait pas transformer en vengeance aveugle contre un fou sanguinaire ce qui n'était au départ qu'une opération de protection de civils sans défense.

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Oui, j'ai le coeur serré quand je vois ces cadavres gésir sur le bord des pistes libyennes. Des hommes en fuite et en déroute, ou au comble de l'excitation ont été massacrés du haut des airs. Ce n'était pas des saints, sans doute ; mais ils étaient des hommes. Et s'il fallait intervenir, il faut aussi exiger de la retenue et le respect de ceux qui défendent passionnellement et aveuglément un tyran de la pire espèce, en essayant de leur ouvrir les yeux.

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Bien entendu, tout cela est effroyablement compliqué ; de multiples intérêts économiques, géostratégiques, politiques, s'intriquent qui expliquent, ergotent, justifient. Concentrons-nous sur l'essentiel : tout faire pour que les Libyens puissent déterminer leur avenir, quel qu'il soit, et sans que nous nous mêlions de ces choix-là.

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vendredi 25 mars 2011

Interruption momentanée

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Je m'absente deux jours. Reprise demain soir ou dimanche matin.
Bonne journée
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jeudi 24 mars 2011

La passion de comprendre

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Monsieur PORTELLI, toujours lui, a énoncé les valeurs qui selon lui devaient être défendues absolument. Il vous souvient qu'ils les appelaient "nos" valeurs sans préciser qui en étaient les possesseurs ou promoteurs. L'une d'elle, et je l'avais indiqué dans le billet consacré au magistrat, m'a paru essentielle : la passion de comprendre. Et puisqu'il insinue, sans le dire, que c'est l'islam qui est visé par ceux qu'il exècre, j'ai voulu en savoir plus sur cette religion.
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Déjà j'avais lu le livre de Hans KÜNG, Van ESS, STIETENCRON et BECHERT intitulé Le Christianisme et les religion du monde : islam, hindouisme, bouddhisme (Editions du Seuil, Paris, 1986), mais il y a bien longtemps ; et ce livre est aujourd'hui enfoui dans l'un des nombreux cartons où dorment les ouvrages que je n'ai pu loger chez moi faute de place. Il a été écrit dans une période un peu particulière de l'après-concile, en un moment où la douce euphorie qui planait sur les relations islamo-chrétiennes allait en s'atténuant. Il est passionnant, mais sa méthode est tout sauf historico-critique. Les auteurs s'efforcent de dégager dans les doctrines des trois religions qu'ils étudient, les points positifs, les pierres d'attente pour une rencontre unifiante en Jésus-Christ de tous les fidèles sincères des trois religions. La méthode est comparatiste et ne porte pas spécifiquement sur l'islam. Il en ressort qu'il y a dans des religions, des éléments effectivement dignes d'intérêt et de respect de la part des chrétiens en raison de leur haute valeur spirituelle.
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Mais j'ai voulu en savoir plus, et surtout avoir un point de vue contemporain sur le sujet. Il faut croire que la Providence me couvre de sa bienveillance. J'ai trouvé un livre - en tout point remarquable et que je recommande à ceux que dévore la passion de comprendre -, intitulé Comprendre l'islam, risque ou défi ? (Editions des Béatitudes, sans mention de lieu, 2010). L'auteur en est le Père Pierre-Marie SOUBEYRAND. Ce prêtre est membre de la Communauté des Béatitudes. Il est père blanc et a exercé son ministère dans le Maghreb, au Proche-Orient et en Afrique de l'Ouest, pendant 40 ans. Il a d'abord passé deux années à l'Institut Pontifical d'Etudes Arabes et Islamiques de Rome. Il s'agit là d'un des Instituts les plus pointus en ces matières ; il s'y développe des recherches internationalement connues. Bien entendu, le Père SOUBEYRAND parle couramment l'arabe. Il a sur Hans KÜNG et ses collaborateurs le double avantage de parler la langue dans laquelle le Coran est écrit, et d'avoir vécu pendant 40 ans avec des musulmans. Je doute qu'il en aille de même pour monsieur PORTELLI.
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Le but du Père SOUBEYRAND est d'établir les fondements d'un dialogue vrai avec les savants musulmans, versés dans le Coran et la théologie de l'islam. Il n'est nullement polémique, bien au contraire. Il fait dans ses premiers chapitres (j'en suis là, et donc ma contribution est partielle), un travail qu'aucun érudit musulman ou presque n'a jamais fait, celui d'établir ou de rétablir la vérité historique sur les premiers moments de l'islam. Et par ailleurs, il s'appuie sur les documents conciliaires, et notamment sur la Déclaration Nostra Aetate relative aux religions non chrétiennes. En somme, une démarche scientifique : un savant arabophone, un chrétien bienveillant s'efforce de jeter sur l'islam un regard de vérité et d'amour, susceptible de faire naître un climat propice à un vrai dialogue.
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Voici ce que dit le Père SOUBEYRAND dans son avant-propos :
"Pour l'heure [l'après-concile immédiat veut dire le Père], le dialogue était ce voile pudique jeté sur toute différence. Il semblait devoir à la fois sauvegarder un mystère encore caché, sous peine de perdre raison et retenue, et à la fois maintenir une apparente cohérence des aspirations religieuses convoquées dans un même combat pour le maintien de la vertu de religion dans un monde sécularisé. Le dialogue, dans bien des cas, devenait un alibi pour réconcilier l'inconciliable, supporter l'insupportable, et surtout donner l'illusion d'une humanité réconciliée, en donnant raison à l'Uma d'Allah."
Après avoir évoqué la manipulation politico-médiadique organisée par KADHAFI à TRIPOLI en 1976 (rencontre islamo-chrétienne, dont le Vatican a été obligé dénoncer le communiqué final, après avoir envoyé là-bas le Cardinal PIGNEDOLI), ainsi que d'autres tentatives tout aussi illusoires, le Père SOUBEYRAND évoque la tendance relativiste, droit-de-l'hommiste, fade, sans ambition évangélisatrice, de ces années-là ("Le monde musulman était une fatalité, dit-il, que nous devions accepter comme tel, en étant réduits à l'impuissance, tout en essayant de garder des liens d'amitiés et une convivialité 'au coeur des masses'. [...] Le rêve sera de courte durée.").
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Enfin, dans l'Introduction à son ouvrage, l'auteur commence ainsi : "Pour l'Islam [majuscule, car signifiant une civilisation et une politique ; c'est votre serviteur qui souligne. On utilise une minuscule quand on parle de la religion], les dimensions politiques et religieuses restent intimement liées, ce qui, pour la pensée judéo-chrétienne et occidentale, prête à confusion et complique les relations. L'Islam fait régulièrement la une des médias, l'attention des politiques d'intégration, des enjeux juridiques, de compréhension et de dialogue social et religieux. Personnes n'ignore ces difficultés, mais peu de personnes parviennent à envisager des solutions, tant, aujourd'hui, le phénomène semble dépasser, non seulement l'individu dans sa vie quotidienne, mais les structures sociales politiques, voire étatiques et continentales."
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Voilà un point de vue qui me semble constatif, dépourvu de tout jugement de valeur, un point de vue respectueux de ce que l'autre dit de lui-même. C'est tout de même plus précis, mieux situé (le Père dit bien d'où il parle, prêtre, chrétien, occidental), plus près du réel que les assènements de monsieur PORTELLI. C'est un point de vue qui ne cache pas les difficultés d'un dialogue authentique. Je reviendrai dans un prochain billet sur l'apport inestimable du Père SOUBEYRAND en matière d'histoire proto-islamique, domaine que les imams et théologiens musulmans n'ont jamais su, voulu, ou pu envisager (sauf quelques rares chercheurs égyptiens, pour autant que je m'en souvienne). Il suffit de retenir que monsieur PORTELLI, sous couvert de respecter la différence, ne fait que l'abolir, en niant ces réalités.
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On me pardonnera la longueur et la sécheresse de ce billet. Mais il est important d'être en vérité en cette matière, puisque, paraît-il, un débat doit s'ouvrir sur ce sujet en France.

mercredi 23 mars 2011

Les pompiers pyromanes

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Ils poussent des cris d'orfraies. Ils "front-republicanisent". Ils s'échinent à éteindre un feu qu'ils ont contribué à allumer par leur aveuglement, leur démagogie et leur soif du pouvoir. Voilà un jugement à l'emporte pièce sur messieurs les hommes politiques, de l'opposition comme de la majorité. Ils n'ont pas voulu écouter la plainte du peuple. Ils ont ce qu'ils méritent. Je vais essayer d'expliquer pourquoi.
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Le Front National a fort habilement joué sur les sentiments d'attachement à leur patrie qu'éprouvent encore nombre de Français. Je ne dis pas qu'il a raison. Je dis qu'il a simplement observé les réactions du peuple. Quand le fisc vous inflige 10 % de majoration parce que vous n'avez pas payé vos impôts à temps, mais que des policiers se font agresser dans les quartiers abandonnés aux bandes mafieuses de trafiquants de drogue, sans réaction réelle des pouvoirs publics, vous vous interrogez sur les deux poids deux mesures, car faute d'informations, vous avez tendance à généraliser et à mettre ces débordements au compte de tous les immigrés. La généralisation est la caractéristique même de l'idéologie ; elle n'a aucun souci de l'homme concret ; ce qui l'intéresse, ce sont les idées qui s'assemblent dans le cerveau de ses élucubrateur.
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Je croise très souvent une femme qui porte le foulard. Elle est originaire d'un pays du Maghreb. Elle s'occupe des enfants d'une famille de notre immeuble. Je la vois promener les petits, l'un dans sa poussette, l'autre lui donnant la main. Image de la patience, du sourire. Nous nous saluons avec respect quand nous nous croisons. Elle dit merci quand on lui tient la porte pour qu'elle puisse sortir sans encombre avec les enfants. Et elle a eu ce mot admirable, alors que je lui disais admirer son sourire et sa gentillesse avec les petits qu'elle a en charge : "monsieur, quand on n'aime pas les enfants, on ne s'occupe pas". Elle ne renie rien de ses origines, ce qui paraît normal, mais elle respecte les modes de vie, les usages et les formes de politesse sociale de son pays d'accueil. Cette personne est intégrée. Aucun problème. J'ai pour elle un très grand respect, et de l'amitié. Et je n'admets pas qu'on la méprise ou qu'on l'ignore. Là-dessus, je suis INTRANSIGEANT.
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Quand des bandes ethniques (elles se définissent elles-mêmes ainsi) terrorisent les voyageurs d'un train de banlieue, dévastent une gare parisienne, trafiquent aux su et au vu de tous, de la drogue ou des téléphones portables volés à l'arraché ou sous la menace, par exemple, quand la presse parle pudiquement de bandes de "jeunes des banlieues" dont on connaît parfaitement la constitution, la violence, les propos haineux tenus contre leur propre patrie, le Français de base, celui qui essaye de respecter la loi, est scandalisé de voir que les hommes politiques donnent l'impression de prendre systématiquement le parti des dites bandes, en stigmatisant la chasse au faciès ou la haine de l'étranger. Le Français de base voit dans leurs propos la haine qu'ils ont pour leurs compatriotes. Quand le voyageur du métro constate, comme je puis le faire, que l'immense majorité des fraudeurs sont des jeunes gens d'origine étrangère, et qu'il paye, lui, sa carte Navigo, il est écoeuré de voir qu'il n'y a jamais aucune sanction, aucun contrôle. Les seuls contrôles qu'il connaît et qui ne sont pas tendres, sont les contrôles fiscaux, les contrôles de la répression des fraudes, les contrôles de vitesse, les contrôles d'identité (qui, il faut le reconnaître frappent trop souvent les jeunes gens d'origine étrangère, africaine ou maghrébine), les contrôle du travail, les contrôle de sécurité sociale, sans compter tous ceux que j'oublie. Ce qu'il n'admet pas, le Français de base, c'est qu'au pays qui se prétend le pays de l'égalité, il y ait deux poids et deux mesures devant la loi.
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On voit bien pourquoi les hommes politiques en place anathématisent les électeurs du FN. Ce qui les intéresse, c'est le pouvoir. Le PS, idéologiquement dominant dans les milieux de la culture et de l'enseignement, espère ainsi récolter les fruits de son entreprise de diabolisation. La majorité, prisonnière de cette idéologie, n'ose reprendre à son compte le désir légitime de bien des Français de se réapproprier leur bien : la France. Instrumentalisant ce désir légitime, le FN propose de sortir de l'euro et de l'Europe, ce qui est tout de même un peu court, et s'est déclaré contre l'intervention de l'ONU en Libye, ce qui est inadmissible.
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En vérité, aucun de ces partis, aucun de leurs responsables n'a compris que la France a besoin d'être rassemblée, et non point déchirée, que ce qui l'a faite participe à la fois de la générosité et de la fierté d'être français. Tous ces gens qui se déchirent pour le pouvoir sont des pompiers pyromanes.
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Pour être bien clair, je résume : (a) nous crevons de la généralisation ; (b) il y a des ghettos ethniques qui doivent être démantelés ; (c) nous avons à faire un grand effort d'acculturation des étrangers régulièrement présents sur notre sol ; (d) nous n'avons pas de devoirs particuliers vis-à-vis des clandestins qui veulent profiter de la vache à lait, mais nous avons de très grands vis-à-vis de leur pays d'origine ; il faut les aider, les débarrasser de leurs dictateurs, tyrans, ou présidents corrompus, payer leurs matières premières à leur juste prix, et ne pas leur imposer nos modes de pensée, de vie, et de consommation : voilà ce qui semble respecter la différence.
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C'est tout pour aujourd'hui.

mardi 22 mars 2011

Réponse à une objection

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Je discutais hier avec un ami qui me disait désapprouver une partie du billet que j'ai consacré à monsieur PORTELLI et à son intervention (sur le Blog du Nouvel Observateur, semble-t-il) , mais approuvait celle que je consacrais aux réflexions de ce magistrat sur l'ignorance, la bêtise et l'intolérance qu'il prête à ceux qui votent pour le FN, parti qu'il exècre. Je vais donc répondre à cet ami.
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Je vais reprendre une à une les valeurs que monsieur PORTELLI appelle "les nôtres". Il utilise un possessif. Il faut donc bien que ce possessif désigne un groupe de possesseurs, ou un possesseur. Il me paraît légitime de se demander qui est ce groupe : l'humanité entière ? le France ? le PS ? des sociétés de pensée occultes quoique puissantes ? Il est malhonnête intellectuellement de laisser planer un doute sur la nature de ce, de ceux, de celle(s), qui revendiquent ces valeurs. Et c'est une critique de fond. Car ceux qui ne les posséderaient pas seraient soit hors de l'humain, soit hors de la France, soit - et c'est déjà plus évident - hors du PS et encore plus hors de ces sociétés de pensée. Cette façon de dire "nos" est un mode d'expulsion d'une partie de la communauté "nationale". Identiquement, rejeter tous les étrangers est aussi un mode d'expulsion, inadmissible encore que placé sur un autre niveau d'argumentation, puisqu'il s'agit d'expulser hors du territoire national.
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Reprenons les valeurs avancées comme "nôtres" par monsieur PORTELLI :

Nécessité de l'accueil de l'étranger. Deux mots méritent d'être explicités. Nécessité, accueil. En quoi est-il nécessaire d'accueillir les étrangers ? Quelle est cette étrange nécessité politique (je dis bien politique, et non point morale ou théologique, où la nécessité est évidemment d'un autre ordre) puisque c'est sur ce terrain que se place monsieur PORTELLI. Il se peut que ce soit vrai, il se peut aussi que ce soit faux. En tout cas cela mérite une explication et non un assènement. Dans la nécessité, j'ai tendance à voir, moi, une nécessité économique, de celle qui permet à nombre de concitoyens de ne pas avoir à évacuer les ordures, de ne pas devoir suer sang et eau dans les cuisines des restaurants, ou être exploités sans vergogne par des marchands de sommeil ou par des marchands de confection qui parquent leurs ouvrier comme du bétail dans les sous-sol de quartiers de Paris connus de tous.

Ensuite le mot accueil. Il me semble qu'on ne peut pas accueillir chez soi quelqu'un qui impose sa présence. Voilà la grande duperie, la grande escroquerie intellectuelle. Quand ce digne magistrat utilise ce terme, il ne comprend pas que nombre de ses concitoyens ne sont pas en mesure d'accueillir, car ils n'ont rien demandé, et qu'ils ne peuvent que subir une présence.

Cette première valeur est une accumulation creuse, purement idéologique, sans aucune prise sur le réel que monsieur PORTELLI, peut-être ne supporterait pas s'il y était confronté.
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Devoir de solidarité dit monsieur PORTELLI. On sait ce que signifie dans la bouche des idéologues le mots de solidarité : impôts, prestations sociales distribuées larga manu par une administration inhumaine, créée pour la circonstance et grande pourvoyeuse de fonctionnaires. La solidarité, c'est la générosité manifestée avec l'argent des autres. Elle est fondée sur l'idée absurde que les citoyens ont une attitude morale, quand l'état assume avec l'argent d'une partie d'entre eux des fonctions que la charité active, mais onéreuse pour la vie personnelle, pourrait peut-être remplir. En somme, cette solidarité revient à exonérer de toute obligation morale les personnes. Or sans la conscience personnelle et intime qu'il y a des situations faites aux hommes qui sont inhumaines, il ne se fera rien de durable dans le développement des peuples.
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L'amour de la différence. Quelle étrange contradiction entre la revendication de l'identité humaine et l'amour de la différence ! Comment ne pas être d'accord avec l'affirmation qu'il n'y a pas de relation possible sans altérité, et donc sans différence ? Mais là encore monsieur PORTELLI veut concilier l'inconciliable. L'amour de la différence, le respect de l'autre, la rencontre de l'altérité suppose la réciprocité. Et quand l'autre impose par la violence ou par la ruse, ses comportements, ses "valeurs", ses critiques, dans l'irrespect plus total de celui qui les accueille, comment ne pas imaginer que supporter la différence à sens unique est en fait insupportable ? C'est cela que le peuple, méprisé par monsieur PORTELLI, ressent. Le peuple jugé par lui bête, ignorant, intolérant, il a été éduqué, enseigné, formé, formaté par des générations d'enseignants de l'École Publique. Celle-ci n'a cessé de revendiquer "ses" valeurs. Il faut croire qu'elles ont du mal à passer dans les jeunes gens dont elle a eu la responsabilité.
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Je reviendrai dans un autre billet sur les autres valeurs revendiquées comme "nos" valeurs par monsieur PORTELLI. Je vous les énonce : la volonté de partage (là je suis déjà en un meilleur accord), la passion de comprendre (là aussi je suis d'accord ; mais il faut comprendre tout le monde), l'absolu de la tolérance (ça me rappelle le "pas de liberté pour les ennemis de la Liberté" des Révolutionnaires de 1791 ou le "il est interdit d'interdire" des manifestants de mai 1968), la sauvegarde scrupuleuse des libertés (dont la première, me semble-t-il est de pouvoir se déplacer en sécurité, sans crainte pour sa vie ou ses biens, dans le métro, le train ou la rue), le respect scrupuleux des droits fondamentaux pour tous (dont celui d'avoir une patrie me semble être un élément tout à fait déterminant).
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Pour dire le vrai, monsieur PORTELLI a sécularisé platement les exigences de Jésus. Il leur a ôté toute valeur de vie, pour les réduire à des slogans creux, vagues, déconnectés de toute réalité concrète. C'est le regard, le nôtre comme le sien, qu'il faut changer. Quand les politiques et les responsables de tous ordres injurient ceux qui ne pensent pas comme eux, ils ne donnent pas le bon exemple et il y a peu de chances que l'on voit l'état de notre pays comme celui du monde se modifier en profondeur.
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C'est tout pour aujourd'hui.

lundi 21 mars 2011

L'esprit du mal

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Ce n'est pas pour rien que le Malin est appelé l'accusateur des frères, l'esprit de confusion, l'esprit de division (diabolos). Nous le voyons quotidiennement à l'oeuvre cet Ange des Ténèbres travesti en Ange et Porteur de lumière (Lucifer).
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L'accusateur des frères est à l'oeuvre quand il met dans la bouche de l'homme des paroles de condamnation, d'expulsion, d'exclusion. Et afin d'être très clair, je dirai que c'est un comportement partagé par tous les hommes ; les uns accusent leurs concitoyens d'être racistes ou xénophobes alors que c'est la manifestation d'une souffrance sociale et personnelle dont il serait utile de trouver les motifs ; les autres condamnent les opinions idéalistes ou utopiques ou généreuses sans se soucier de qui elles défendent la cause ; d'autres ostracisent les riches ; d'autres les chômeurs. Notre vie politique est un immense tribunal où l'on ne cesse de s'accuser mutuellement des pires déviations, au nom d'une morale dépourvue de tout fondement. L'Accusateur est à l'oeuvre en effet.
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L'esprit de confusion est à l'oeuvre quand il met dans la bouche d'une actrice, invitée par Michel DRUCKER à son émission "Vivement dimanche prochain", une parole terrible : "Moi je ne suis pas pour la charité; je ne sais pas ce que c'est ; je suis pour la solidarité" [Ariane ASCARI - orthographe du nom non garantie ; citation de mémoire]. Mais il n'y a rien de commun entre la vertu théologale de charité, "qui supporte tout, est patiente, ne se gonfle pas d'orgueil, etc.", et la solidarité qui consiste à prendre aux uns, de gré ou de force, pour donner aux autres. Comme j'aurais préféré qu'Ariane utilisât le beau mot de partage. C'est un exemple pris sur le vif du quotidien. Il m'a frappé. Mais on pourrait les multiplier.
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L'Ange des Ténèbres est à l'oeuvre quand il fait appeler "Bien" ce qui est "Mal", convainc l'opinion qu'il est juste de voir une mère, madame HUMBERT, supprimer son fils, au motif qu'il est infirme et paralysé pour le restant de ses jours et qu'il aurait demandé à mourir, qu'elle ne trouve rien à dire quand les médias parlent de l'avortement comme d'un moyen normal de contraception et de confort, ne proteste pas contre l'instrumentalisation de la procréation médicalement assistée et s'amuse ou s'émerveille du bébé médicament. Toutes ces questions mériteraient un discernement, une délicatesse de jugement, une absence de condamnation des personnes certes - et il faut bien l'affirmer - mais un jugement négatif sur l'acte. L'Ange des Ténèbres nous fait appeler Lumière ce qui est Ténèbres. Il parle de Liberté alors qu'Il ne cesse de nous réduire en esclavage. "Vous serez comme des dieux" avait-il dit à Eve et Adam. On voit le résultat.
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Depuis deux siècles, la France s'enfonce dans le matérialisme le plus grossier, l'esprit de jouissance le plus vulgaire. Les responsables politiques ont utilisé la laïcité - très judicieuse notion, je l'affirme très haut - comme un moyen de destruction du catholicisme. Dieu et son Fils ont déserté l'esprit de notre Patrie ; elle n'entend plus la voix de l'Esprit Saint. Je maintiens que la séparation des domaines politiques et religieux aurait pu être une bonne chose pour la survie de l'Eglise qui est en France. Mais l'usage fanatique et revanchard qui a été fait de cette séparation a conduit notre peuple à une véritable dégringolade morale, spirituelle et culturelle. Arriverons-nous à nous remettre de cette catastrophe ?
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dimanche 20 mars 2011

Quand un magistrat dérape

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Monsieur Serge PORTELLI est magistrat. Il vice-préside le Tribunal de Grande Instance de Paris, et préside la douzième chambre. On pourrait donc imaginer qu'il observe une certaine discrétion dans l'expression de ses opinions politiques. Nul ne lui conteste le droit d'en avoir et même de dire qu'il en a. Là où les choses ne vont plus, c'est quand il critique violemment un pouvoir qui ne lui convient pas, en de termes dont je vous laisse juge :

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"Comment distinguer les propos d'un ministre de l'Intérieur de ceux d'un dirigeant du Front National et inversement ?" dit notre homme. "[...] Même s'il subsiste quelques divergences, l'essentiel est partagé. Leur ennemi commun est le même : l'Etranger. Toutes les peurs, toutes les angoisses - et elles ne sont pas moins nombreuses en 2011 qu'à n'importe quel autre siècle - se coagulent et se focalisent sur la cible la plus facile : l'autre, par sa nationalité, par la couleur de sa peau, ou par sa religion.
Misant sur la facilité, l'ignorance, l'intolérance et la bêtise, ce pouvoir essaie de nous entraîner dans un repli suicidaire sur une illusoire identité nationale, quand la seule identité réelle est l'identité humaine.
L'urgence n'est plus seulement de réagir, mais d'agir. De proclamer haut et fort les valeurs qui sont les nôtres : la nécessité de l'accueil des étrangers, le devoir de solidarité, l'amour de la différence, la volonté de partage, la passion de comprendre, l'absolu de la tolérance, la sauvegarde scrupuleuse des libertés, le respect intransigeant des droits fondamentaux pour tous."
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Comment ne pas réagir à ce texte qui finalement n'est qu'un tissu de bêtises et de contradictions. Comment dire que l'identité nationale est illusoire pour affirmer deux phrases plus loin qu'il faut proclamer les "valeurs qui sont les nôtres" : les valeurs de qui ? les valeurs de quoi ? de la France ? Mais alors elle a une identité ! De certains courants de pensée occultes qui veulent nous imposer et nous imposent avec un certain succès des modes de pensée, des lois, des opinions qui vont à l'encontre de notre héritage ? Voilà une piste intéressante à suivre.
Comment proclamer qu'il convient de respecter l'autre dans sa différence (et je suis absolument d'accord avec cette obligation) quand on impute à la bêtise, à l'ignorance, l'intolérance le fait qu'un grand nombre de nos concitoyens ne pensent pas comme monsieur PORTELLI. S'il mettait en oeuvre les valeurs qu'il prétend être "les nôtres", il commencerait par se demander pourquoi une partie du peuple français rechigne à se voir imposer des comportements, des idées, des pratiques qu'il ne comprend pas, et dont il souffre.
Si monsieur PORTELLI était cultivé, il saurait qu'il y a une grande différence entre le fait d'appartenir au genre humain (ce que Paul RICOEUR appelait la mêmeté) et le fait d'appartenir à un groupe humain particulier (ce que le même philosophe appelait l'ipséité). Mais monsieur PORTELLI est inculte, intolérant, incohérent. Le premier des respects consiste à dialoguer avec ceux qui ne pensent pas comme nous. Je connais d'avance la réponse de ce monsieur : la position de l'extrême droite est immorale. Soit. Et celle de l'extrême gauche qui a soutenu STALINE, MAO, CHE GUEVARA (il fumait le cigare en souriant pendant que l'on fusillait sous ses yeux des opposants), elle était morale peut-être ?
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La vérité, la charité, la tolérance ne se divisent pas. J'ai toujours prêché le respect de l'autre et l'accueil de l'étranger, mais pas à n'importe quel prix. Et il me semble qu'en ce domaine la réciprocité des intentions et des regards est indispensable au maintien de la paix civile.
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Adieu monsieur PORTELLI. Vous avez un bel avenir comme "garde des sots", soit dit sans méchanceté, mais avec un brin d'ironie.

vendredi 18 mars 2011

Déjà au XVIIIe siècle

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Déjà, au XVIIe et XVIIIe siècles, des voyageurs européens, et des missionnaires, racontent les tremblements qui ravageaient le JAPON. Dans son Histoire de l'établissement, des progrès et de la décadence du christianisme au Japon, paru en 1829, à PARIS, le père de CHARLEVOIE décrit ainsi le tremblement de terre qui ravagea OSAKA (Tome II, Livre VII, pages 81 à 83, passim), en une période que je n'ai pu retrouver dans ce livre, que je possède, mais qui doit se situer au XVIIe siècle car on y mentionne la présence du père VALEGNAN(O) :
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"Le trentième d'août sur les huit heures du soir, il y eut à OZAKA (sic) un tremblement de terre qui causa de furieux ravages ; il recommença le quatrième de septembre et redoubla d'une si étrange manière, qu'encore qu'il n'eût duré que demi-heure (sic), on ne voyait dans toute la ville que ruine de temples, de maisons et de palais, et que plus de six cents personnes furent écrasées.
[...]
Le lendemain, à onze heures de nuit, le ciel étant fort serein, il survint un troisième tremblement, dont les deux premiers n'avaient été que comme de légers préludes. [...] A SACAI et à FACATA, la mer franchit les bornes, renversa et entraîna avec elle tout ce qu'elle rencontra : et ce qui fut remarqué avec étonnement, aucun chrétien ne souffrit la moindre perte parmi tant de désastres. Leurs maisons ayant été conservées au milieu de quantité d'autres, que l'agitation de la terre, ou la violence des eaux avaient renversées."
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Ce texte présente un double intérêt : il décrit assez bien la survenue des répliques et celle d'un raz-de-marée, et il signale - je ne sais sur les fondements de quels documents ou témoignages - que les maisons des chrétiens avaient été épargnées. Il y avait alors beaucoup de chrétiens au Japon. Ils furent pourchassés, martyrisés, tués, contraints à l'exil pour certains, et la chrétienté japonaise fut réduite à quelques disciples fervents et courageux.
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Pensons à ce malheureux pays et voyons comment il nous est possible très concrètement d'aider des japonais (et non pas "les", formule creuse et dépourvue de sens) à surmonter cette catastrophe. Ce peut être en paraînant un orphelin de là-bas, ou en soutenant un lycéen, un écolier, un collégien d'origine japonaise et qui vit en France. Le Japon est suffisamment développé pour n'avoir pas besoin d'aide matérielle, autre que très technique et hors de nos modestes moyens d'action. A cet égard, je trouve très belle l'intitiative des lycéens chrétiens de secondes, premières et terminales des Lycées La Fontaine et Claude Bernard : ils invitent ce soir à une veillée de recueillement et de prières, sans considérer leur religion, tous leurs camarades d'origine japonaise. Certes, c'est peu, mais c'est à la mesure de ce qu'ils peuvent faire.
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Délire

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Monsieur ATTALI déclare ceci qui mérite d'être diffusé et connu : "A quoi sert-il de parler des 'racines' d'un pays comme le fait le Président de la République et toute la droite, sinon à donner implicitement ou explicitement à ceux qui s'y rattachent, un droit de propriété sur le pays, ou au moins une priorité sur les autres ? (...) C'est une dérisoire manigance pour minimiser le formidable héritage des Lumières, qui commencent d'ailleurs en France au 12ème siècle, avec l'arrivée par des traducteurs juifs, de textes musulmans, porteurs de la pensée grecque. C'est de tout cela qu'il faut être fier. C'est cela qui fait la grandeur de la France."
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Questions :
(a) Les pieds-noirs chassés d'Algérie avaient-ils ou non un droit de propriété sur le pays au même titre que monsieur ATTALI semble le conférer à tous ceux qui, venus de pays étrangers, lointains ou proches, sont installés chez nous ?
(b) Cette proposition ne reviendrait-elle pas à justifier l'affirmation selon laquelle la terre appartient à celui qui l'occupe, que ce soit pacifiquement ou par la force, et par conséquent à donner des fondements idéologiques au colonialisme ? Que diraient les Algériens si les pieds-noirs émigraient en masse en Algérie ?
(c) Monsieur ATTALI connaît-il vraiment l'histoire de la pensée médiévale dans les pays du Moyen et du Proche Orient ? Sait-il que de très nombreux philosophes arabes étaient chrétiens et qu'ils ont été les maîtres de philosophes musulmans ?
(d) Connaît-il les travaux de Sylvain GUGGENHEIM qui prouve l'existence d'une tradition monastique dans la transmission des principaux ouvrages de philosophes grecs ? GUGGENHEIM a été persécuté pour l'avoir dit, écrit et publié. (Les relations entre les Carolingiens et les Empereurs byzantins étaient étroites et souvent s'accompagnaient d'alliance matrimoniale.)
(e) Monsieur ATTALI qui vante l'héritage des Lumières (lesquelles du reste ? L'Aufklärung, l'Enlightment ou les Lumières à la Voltaire ?) en perçoit-il l'arrogance et les désastreuses conséquences pour l'histoire du monde ? Penser l'Universel ne lui paraît-il pas être une revendication un peu exagérée au regard de ce que d'autres cultures ont pensé du monde ?
(f) Monsieur ATTALI dénie-t-il aux Français du passé la moindre responsabilité dans ce qui fait le reste de grandeur de notre Patrie ?
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Monsieur ATTALI délire. Monsieur ATTALI prend ses utopies et son penser faux pour des prophéties. Si ! Les Français ont des droits de propriété sur leur sol. Ils ne les dénient pas à ceux qui venus les y rejoindre ; ils acceptent l'héritage, lourd ou brillant, du passé de la Patrie. Une telle certitude a poussé des centaines de milliers de jeunes Français à se battre pied à pied dans les tranchés lors de la première guerre mondiale. C'était une guerre stupide et fratricide, au regard de nos actuelles connaissances, mais ce ne l'était pas à l'époque. Une telle certitude a lancé dans la résistance bien des Français encore, dans les années 1940. Ils ne l'eussent pas fait sans le sentiment qu'ils avaient à défendre un héritage, pas seulement géographique ou économique, mais culturel et moral, contre la barbarie et la folie d'HITLER.
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Monsieur ATTALI, que je croyais plus intelligent et plus au fait de la sensibilité du peuple français, a commis une mauvaise action ; il l'a fait sciemment afin de précipiter dans les bras des "extrêmes" tous les naïfs, tous ceux qui croient encore à la Patrie. Monsieur ATTALI, lui, n'y croit pas. C'est un mondialiste, un apatride en puissance. Il m'a déçu, car j'appréciais certains aspects de ses analyses.
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jeudi 17 mars 2011

Un paysan du Danube s'interroge

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Le séisme et le raz-de-marée qui ont secoué le Japon, les bouillonnements politiques qui agitent nombre de pays arabes interrogent le paysan du Danube, celui qui n'a que son bon sens et sa naïveté pour tout bagage. Il se dit que l'on aurait tort de ne pas lier les deux événements.
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Les écologistes s'appuient sur les explosions de deux réacteurs de la centrale de FUKUSHIMA pour exiger que la France, deuxième pays au monde, après les Etats-Unis, pour le nombre de centrales nucléaires, "sorte du nucléaire". Ils ne disent pas comment il faudrait stocker la matière fissile actuellement logée dans le coeur des réacteurs, et évoquent assez vaguement le développement d'énergie de substitution, dont l'énergie éolienne. Or c'est cela qu'il faut envisager avant de se précipiter.
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La paysan du Danube réfléchit (un peu) : entre le risque peu probable mais terrible que représente l'emballement d'un réacteur et son explosion, et le risque beaucoup moins probable, mais tout aussi dangereux, de marées noires consécutives au naufrage de pétroliers (Exon Valdez, Amocco Cadiz, Torrey Canyon, pour ne citer que les plus célèbres), que faut-il choisir ? Et s'il est souhaitable et bénéfique de "sortir du nucléaire", ne faudrait-il pas exiger que l'on sorte aussi du pétrole ? Voilà qui semblerait logique, et cohérent avec la doctrine écologique. En tout cas, pas une goutte de pétrole de KHADAFI dans nos citernes.
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Supposons donc que l'on sorte et de l'énergie nucléaire et de l'énergie pétrolière. Il nous reste le charbon (mais les mines britanniques et françaises sont fermées depuis longtemps, et les mines de lignite de l'ex-Europe de l'Est sont en cours de fermeture ; je ne parle pas du charbon importé de Chine ou d'Afrique du Sud ou d'ailleurs, dont le transport par bateau consommerait des quantités pharamineuses de fuel et donc de pétrole). Bon ! Remettons-nous au charbon. Rouvrons nos mines et brûlons hardiment ce qui reste de ce combustible fossile. Mais là, je dis halte ! Et le gaz carbonique, hein ? Que dites-vous du gaz carbonique ? Impossible. La voie du charbon est une voie en impasse ; c'est une voie fumeuse. Qu'on me pardonne cette pauvre plaisanterie.
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Il y a le vent. Mais les éoliennes consomment beaucoup de béton et de fer pour leur construction, leur rendement est très faible, et il en faudrait un nombre considérable pour avoir une production inférieure de plus de dix fois à celle que nous assurent les centrales nucléaires. En outre elles sont bruyantes et affreuses, et dénaturent le paysage. Il s'agit là d'une pollution sonore et visuelle permanente. Les protestations des riverains français, et pas seulement des marins-pêcheurs, de la mer du Nord contre la construction d'un parc marin d'éoliennes en disent long sur l'acceptabilité sociale de ce moyen s'il venait à être répandu.
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Il y a l'hydraulique. La France a construit tous les barrages qu'il lui était possible. Mais ces barrages font peser un risque considérable, quoique peu probable, sur les habitants des villages, bourgs et villes sis en leur aval. L'accident du barrage de MALPASSET, près de FREJUS vient nous le rappeler fort à propos. Et je ne voudrais pas habiter sur les rives du Fleuve Bleu, en aval du barrage des Trois Gorges. Il y a la micro-hydraulique. Là c'est déjà plus sérieux. Il serait possible d'équiper les nombreux cours d'eau qui parcourent la France avec des mini-turbines. Mais cette micro-production échapperait au contrôle d'EDF dont ni les syndicats ni les dirigeants de l'entreprise ne veulent. Et la micro-hydraulique dans le désert de GOBI, du SAHARA ou du TAKLA-MAKAN ne semble pas être une voie très sérieuse...
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Il y a l'énergie solaire. Mais produire des panneaux solaires exigent aussi beaucoup d'énergie et de matières premières. Et de l'ensoleillement qui n'est pas toujours et partout assuré. Je n'aurais pas l'inélégance de citer les provinces qui en France sont légèrement pluvieuses, non plus que les pays d'Europe que le soleil ne brûle point. Cette énergie serait très envisageable en Arabie saoudite. Mais que ferait-elle de son pétrole, si elle promeut l'énergie solaire ?
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Il y a bien sûr la trotinette et la bicyclette (je ne parle pas de voitures, motocyclettes, scooters, etc.) qui ne font appel qu'à l'énergie humaine. On a pu voir très récemment à la télévision cette prodigieuse invention qui permet de recharger son portable tout en pédalant. On peut multiplier l'usage des tandems pour augmenter la production. Le paysan du Danube dérive et galège. En vérité, il voit que le problème est d'une effroyable complexité et que ce que l'humanité appelle progrès est étroitement associé à sa folie des grandeurs et à sa démesure, cette hubris dont les Grecs ont si bien parlé, sans vraiment nous dire d'ailleurs comment la combattre. La solution réside probablement par l'adoption simultanée de ces divers modes de production d'énergie.
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Voilà pour aujourd'hui.
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mercredi 16 mars 2011

Honte à nous !

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Les 29 et 30 septembre 1938, HITLER, MUSSOLINI, CHAMBERLAIN et DALADIER signaient les accords de MÜNICH qui contraignaient la TCHECOSLOVAQUIE à rétrocéder à l'ALLEMAGNE les territoires dits des SUDÈTES, attribués pourtant par les Traités de VERSAILLES et de SAINT-GERMAIN à la toute nouvelle (et très artificielle, il faut le reconnaître) nation. La FRANCE et l'ANGLETERRE lui avaient donné l'assurance qu'elles garantiraient ses frontières. Sous la menace d'un Reich qui n'était pas encore surarmé, les nations tutélaires de l'Europe abandonnaient leur enfant. Le même jour, Winston CHURCHILL déclaraient "Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre". Hormis Parti Communiste, un député de droite et un socialiste, la totalité de la représentation nationale approuva avec enthousiasme (et un "lâche soulagement" [Léon BLUM ?]) cet abandon qui devaient avoir de terribles conséquences.
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Nous hébergions à NEAUPHLE-LE CHÂTEAU, l'imam KHOMEINY, un fou de la plus belle eau, un fanatique comme on n'en fait plus. Nous avons trouvé bon de le renvoyer en IRAN où, il est vrai, la Révolution avait commencé, alors qu'il aurait fallu tout simplement le faire taire, en l'assignant à résidence et en l'isolant. Moyennant quoi, nous avons un autre illuminé à la tête de l'IRAN, et un illuminé qui menace la paix et l'équilibre du Proche et du Moyen Orient. Nous payons très cher aujourd'hui le lâche abandon du Shah d'IRAN, qui fut pourtant un fidèle ami de la FRANCE.
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Un autre fou écrase son peuple sous les bombes. Que fait le G8 ? Il pérore. Il tergiverse. Alors qu'il aurait suffi de déclarer une zone d'exclusion aérienne pour stopper son avance. Nous ne pouvons accepter cela. On a bêtement rigolé quand le Président de la République a pris l'initiative de rompre avec KADHAFI. Il n'a pas été suivi notamment par la très pétocharde Angela MERKEL. Tout cela est minable. Et si nous avons encore un peu d'honneur, nous ne pouvons accepter d'être les complices d'un crime contre l'humanité.
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Concrètement :
Vous pouvez et devez signer la pétition exigeant l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Voici l'adresse : http://avaaz.org/fr/lybia_no_fly_zone_fr/?slideshow (_ comme il suit, entre les mots lybia _ no_fly_zone_fr.
Vous pouvez et devez contacter le responsable politique de votre choix (monsieur HOLLANDE pour le PS ; monsieur JUPPE pour l'UMP) soit par mail soit par courrier pour exiger cette mesure.
Vous pouvez et vous devez écrire à votre député.
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Souvenez-vous : quand monsieur DALADIER descendit d'avion à son retour de MÜNICH, il croyait être hué par la foule ; elle l'acclama au contraire. La petite histoire prétend que devant cet inattendu spectacle, il dit à un de ses collaborateurs : "Ah les cons ! S'ils savaient".
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Oh ! certes, du pétrole émanent les effluves de l'argent, et bien des cupides craignent pour leur cher or ! Mais si nous ne faisons rien, alors nous aurons choisi le déshonneur et la honte, nous aurons les réfugiés, et nous n'aurons pas ce pétrole idolâtré qui jusqu'ici accouchaient de dollars tachés de sang.
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Honte à nous ! Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.
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mardi 15 mars 2011

Avant que vous n'alliez dormir

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François CHENG, de l'Académie Française, vient de publier un livre remarquable. Il y commente des calligraphies superbes dont il est l'auteur et il y ajoute quelques citations de poètes chinois anciens, qui me paraissent confondantes de profondeur et de beauté. Je vais vous en livrer quelques unes. Elles berceront votre nuit, rempliront vos yeux d'étoiles, et - en ces moments où l'on aurait toutes sortes de raison de désespérer le l'homme - elles vous rendront un peu d'espoir.
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Du grand poète (et peintre) WANG WEI :
"Sur le tard, je n'aime que la quiétude.
Loin de mon esprit la vanité des choses.
Dénué de ressources, il me reste la joie
De hanter encore ma forêt ancienne."
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De AI TS'ING :
"Pour avoir trop aimé cette terre,
J'ai souvent les yeux emplis de larmes."
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De CHUANGTSEU :
"Tout le monde connaît
l'utilité
de ce qui est utile ;
Personne ne connaît celle
de ce qui est inutile."
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De CHUANGTSEU toujours :
"Il n'y a pas de plus grande tristesse,
que la mort du coeur."
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Ah, comme je voudrais que vous comprissiez la force de caractère, la justesse du ton, la beauté des sentiments de cet homme qui "sans diplômes valables, sans métier" était en perdition quand il arriva en France. "Métaphysiquement, je traversais une période d'interrogation intense. Arraché à un milieu familier, affrontant l'inconnu, j'ai dû réapprendre à vivre. Petit à petit, immergé dans cette terre d'accueil et initié à cette nouvelle langue [François CHENG parle ici du français], j'ai réussi à me réenraciner dans l'être. J'ai éprouvé maintes fois l'ivresse de renommer les choses à neuf, comme au matin du monde. Habité aujourd'hui PAR UN SENTIMENT DE RECONNAISSANCE [majuscules de votre serviteur], je fais mienne cette phrase de KEATS qui assurait que "la terre est une vallée où pousse les âmes."
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Cher monsieur, vous pratiquez une langue superbe. Vous n'avez jamais renié vos origines et pourtant vous êtes le plus français des français qui se puissent imaginer. Nous sommes honorés de vous compter au nombre de nos compatriotes, vous qui venez de cet Orient lointain et fascinant. Votre culture, vos talents, vos écrits rehaussent l'éclat de nos lettres. Merci, du fond du coeur, merci.
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Un curieux article

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J'avoue que j'ai beaucoup de mal à comprendre ce que madame Caroline FOUREST veut dire dans son articulet intitulé Un débat sur l'Islam saturé, publié par Le Monde daté du 12 mars, à la rubrique nommée (heureusement) Controverse et (insidieusement, comme toujours dans ce journal) Décryptage. Vous conviendrez avec moi, je suppose, que le poulet dont je vais parler peut être mis au compte soit de la controverse soit du décryptage, et que ce mélange des genre est tout simplement une escroquerie intellectuelle. Je prends donc le billet de cette dame pour ce qu'il est vraiment, un billet de controverse, et non de décryptage.
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Que dit donc madame FOUREST, essayiste et journaliste, rédactrice en chef de la revue ProChoix, auteur (et non auteure comme l'écrit ridiculement Le Monde, décidément à la pointe du massacre de la langue française) de La Tentation obscurantiste et de La Dernière Utopie. Oui que dit-elle qui justifie une forte montée de moutarde dans les appendices nasaux des lecteurs sourcilleux de justice ?
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Après avoir salué la laïcité, comme il se doit, et conformément aux idées reçues, mais après avoir aussi noté avec justesse que ce principe a permis de régler quelques contentieux, madame FOUREST déclare dans une belle envolée, tenez-vous bien :
"On nous reparle de vouloir couper l'Islam de "ses influences étrangères" en interdisant les financements étrangers, les prêches en arabe, et en formant les imams. Au nom de quel principe ? Et les autres religions ? Allons-nous interdire au Vatican (état étranger) de financer des églises traditionalistes qui prient en latin ? Mettre sous tutelle les temples évangéliques financés par les Etats-Unis dont les pasteurs chantent en anglais ? Sanctionner les prêtres dont le catéchisme bafoue les lois de la République sur le PACS ?"
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Un peu plus loin, elle en rajoute une couche :
"Il existe deux sujets, majeurs, à débattre si on veut vraiment parler de laïcité. Tracer une ligne de conduite pour que les élus locaux cessent de contenter toutes les demandes religieuses [note personnelle : c'est le maire de LILLE qui va être contente, non ?] au détriment de la loi et de l'intérêt général [note personnelle : qui semble furieusement se confondre avec l'intérêt idéologique et philosophique de madame FOUREST]. Une consigne de chaque parti suffit. Puis se pencher sur l'école. Plus exactement sur l'explosion [note personnelle : la menace nucléaire qui pèse sur le malheureux JAPON lui donne des idées ?] d'écoles privées à tendance intégriste, principalement catholique, qui défont la citoyenneté [laquelle, note personnelle, ne saurait s'épanouir que dans l'athéisme, le relativisme moral, le n'importe quoi, pourvu qu'il s'inscrive dans des valeurs de gauche. Le nain sectaire (i.e. monsieur André LAIGNEL) n'est pas mort].
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Je vais commenter.
Il est bien connu que l'introduction de prières en latin, dans un pays qui a chassé cette langue en quasi totalité de son cursus des études secondaires, constitue un danger mortel. Le nombre d'êtres humains qui parlent couramment cette langue (ils doivent bien au moins 2.543 et même 2.544) est considérable. Il faut arrêter tout ça. De plus le financement des églises intégristes grâce à un trafic d'eau bénite, venue tout droit de la fontaine de TREVI est intolérable. Plus sérieusement, sur quoi, sur quelle information madame FOUREST s'appuie-t-elle pour avancer une telle bêtise ? Plus sérieusement encore, madame FOUREST entend bien soustraire les enfants à l'influence éducatrice des parents. Et je ne vois pas pourquoi on qualifierait d'intégristes des écoles catholiques qui expliqueraient à leurs élèves ce qu'est un avortement, ce que signifie la sexualité pour l'homme, ce qu'est la courtoisie, la bonne éducation, l'amour de la famille, les valeurs de fidélité. Pour ce qui est de l'anglais, j'avoue que chanter en anglais dans un temple évangélique ressemble en effet à des prêches en langue arabe. Tout le monde chante en anglais et en arabe, non ? J'aimerais aussi que madame FOUREST m'expliquât en quoi c'est bafouer les règles de la République que d'émettre une opinion négative sur le PACS ? Se gêne-t-elle pour critiquer, elle, des lois votées par la représentation nationale ?
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Au fait, madame FOUREST, êtes-vous vraiment rédactrice en chef du journal ProChoix. A vous entendre, à vous lire, il semble bien que le choix par vous proposé est le suivant : voulez-vous suivre mes conseils, ou préférez-vous qu'on vous les impose ?
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Sur l'Islam, ma position est très claire : dans un pays qui a établi en principe constitutionnel la liberté de culte, il est normal que les musulmans puissent pratiquer le leur ; il est non moins normal qu'ils obéissent aux règles qui régissent l'usage de l'espace public : pas de prières dans les rues, sauf en des occasions exceptionnelles et après accord des autorités locales ou préfectorales, comme dans le cas des processions. Enfin il n'y a aucune raison de financer leurs édifices cultuels, si les églises chrétiennes ne le sont pas. Quand des catholiques veulent construire une église, ils se la financent ; et pas sur les deniers du Vatican.
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Merci madame FOUREST. Votre prose démontre et démasque très exactement vos intentions. Mais souvenez-vous : ANTIGONE a combattu les ukases iniques de CREON. Elle a peut-être perdu la vie, mais elle a pu enterrer son frère contre l'avis du tyran. Continuez ainsi, et vous achèverez de dégoûter vos concitoyens de votre pathos radical-cassoulet.
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C'est tout pour le moment.

lundi 14 mars 2011

Et si Pascal avait raison ?

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Notre grand Blaise PASCAL a produit un écrit peu connu et qui ne semble pas figurer dans ses Pensées. Il est intitulé Comparaison des anciens chrétiens avec ceux d'aujourd'hui. Selon moi, ce texte n'a pas pris une ride. Et comme nous avons quitté une société de chrétienté et un christianisme sociologique, comme il n'y a plus de lutte entre la laïcité et l'Église institution, celle-ci ayant rendu les armes devant celle-là et que nous avons quitté (heureusement) le temps du christianisme idéologique, il est bon de revenir aux premières heures de l'aube, celles qui vit naître de nombreux disciples.
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"On ne voyait, à la naissance de l'église, dit PASCAL, que des chrétiens parfaitement instruits dans tous les points nécessaires au salut : au lieu que l'on voit aujourd'hui une ignorance si grossière, qu'elle fait gémir tous ceux qui ont des sentiments de tendresse pour l'église. On n'entrait alors dans l'église qu'après de grands travaux et de longs désirs : on s'y trouve maintenant sans aucune peine, sans soin et sans travail. On n'y était admis qu'après un examen très exact ; on y est reçu maintenant avant qu'on soit en état d'être examiné. On n'y était reçu qu'après avoir abjuré sa vie passée, qu'après avoir renoncé au monde, et à la chair et au diable : on y entre maintenant avant qu'on soit en état de faire aucune de ces choses. [...]"
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Sans doute y a-t-il à redire sur quelques points de ce constat. PASCAL était austère. Il était janséniste. Mais tout de même, il me semble que nous en sommes revenus à ces temps d'idolâtrie et de décadence, aussi bien dans les moeurs que dans la culture, pour ne rien dire de la politique, et qu'il revient aux disciples de Jésus de suivre vraiment ce qu'enseignait leur Maîtrre. Car si le sel s'affadit, avec quoi salera-t-on ?
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La première des obligations consiste à mettre en accord ses actes avec ses paroles ; la seconde, à dénoncer les attaques sournoises, ridicules, sordides, ou inconséquentes dont l'Église fait l'objet. Dans le second billet de ce jour, je vais vous donner un bel exemple d'esprit faux, dont les propos ont été hébergés récemment par le journal Le Monde et qui sont proprement intolérables pour tout estrpit droit.
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dimanche 13 mars 2011

Le réel, le possible et le souhaitable

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Les lecteurs qui me font l'honneur de consulter régulièrement ce Blog sont en droit de se demander si ma pensée est cohérente. Je voudrais donner ici quelques précisions sur la manière dont je m'efforce de présenter mon opinion. Il y a en effet un élément dont je n'ai jamais fait état ici et qui est celui de la nature du sujet qui est en débat. Il y a, selon moi, trois manières d'aborder un problème de nature politique (ou autre, d'ailleurs) : sous l'angle du réel, sous celui du possible, sous celui du souhaitable. Aussi curieux qu'il puisse paraître, c'est en lisant un passage d'Isaïe que j'ai pris conscience clairement de ce qui m'apparaît maintenant comme une évidence. J'y reviendrai.
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Le réel, souvent je l'ai dit, est ce qui nous résiste. Dans l'état actuel de l'opinion, il apparaît qu'une partie des Français s'opposent avec virulence à l'immigration en général, et aux immigrants musulmans en particulier. Par ailleurs, il est certain que les finances de notre pays ne sont pas très brillantes. Enfin, il est non moins certain qu'un nombre croissant de nos compatriotes a de plus en plus de mal à vivre décemment. Autre réalité absolument incontournable, la montée en puissance de grands pays, comme l'Inde, la Chine ou le Brésil, met a mal les positions commerciales, industrielles et financières des pays occidentaux, Europe en tête (à l'exception de l'Allemagne) et Etats-Unis ensuite. Enfin la mondialisation du commerce et des échanges d'information, les développements techniques tendent à uniformiser les désirs, les modes de vie, les aspirations, la culture et même les langues : l'anglais ayant tendance à supplanter, non seulement dans les échanges internationaux, mais au sein même des nations, la langue nationale (ah! les "buzz", le "shopping", le "George, we recycle", le "sponsor", le "surbooké", etc. sur nos écrans d'ordinateur ou de télévision, dans nos journaux, dans nos conversations). C'est ainsi. Il ne sert à rien de se lamenter. Dès lors deux questions : (a) Faut-il s'accomoder de cette uniformisation des modes de vie, des rivalités mimétiques violentes qui naissent entre des groupes humains que ne distinguent plus le mode de vie, la culture, la langue ? (b) Si l'on ne s'en n'accommode pas, que faut-il faire ?
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Voilà la question du possible qui est soulevée et qui inspire très diversement les hommes politiques. La grande difficulté vient de ce que les solutions proposées par les uns ou les autres ne sont tirées que de l'idéologie, d'un système de pensée tout fait, et qui est censé être absolu, y compris dans ses développement et contradictions, puisqu'il s'inscrit dans une philosophie très particulière, celle de la thèse, de l'antithèse et de la synthèse. Il n'y a plus de repères stables ; toutes les options s'ouvrent à nos fantaisies, et d'autant plus facilement qu'elles n'auront de sanctions qu'après un long délai de mise en oeuvre. Même sur ce point, du reste, la dialectique de papa HEGEL et de papa MARX continue de faire merveille : dans ses deux versions, spiritualiste ou matérialiste, elle a D'AVANCE réponse à tout. Une nouvelle antithèse, suivi d'une nouvelle synthèse aura raison des catastrophes sociales ou politiques qu'entraîne son triomphe dans l'esprit des hommes. C'est ce qu'on appelle le sens de l'histoire, laquelle souvent s'écrit avec le sang des pauvres et avec celui des innocents.
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Quel est donc ce souhaitable ? Comment l'imaginer, lui qui seul peut sauver l'humanité du terrible destin qui l'attend si elle persiste dans ses erreurs. C'est alors qu'intervient ISAÏE. Que dit-il ?
"Oui, mais le jour où vous jeûnez, vous savez bien trouver votre intérêt, et vous traitez durement ceux qui peinent pour vous. Votre jeûne se passe en disputes et querelles, en coups de poings sauvages. Ce n'est pas en jeûnant comme vous le faites aujourd'hui que vous ferez entendre là-haut votre voix. [...] Quel est donc le jeune qui plaît [dit Dieu] ? N'est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser TOUS LES JOUGS ? N'est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ?
Alors ta lumière jaillira comme l'aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t'accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra : si tu cries, il dira : "Me voici".
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Le grand tort des hommes politiques français, des principes politiques français, de l'enseignement français, est d'avoir confondu le christianisme avec une idéologie, et de s'être heurté à lui en le mettant sur le même plan que cette plaie de la pensée. Or le christianisme n'est pas une idéologie. Le disciples de Jésus a fait une rencontre, la rencontre d'un homme dont les paroles et les actes prouvent qu'il ne pouvait pas être autre chose que ce qu'il disait être : le Fils de Dieu. Dès lors, pour un disciple, le possible et le souhaitable se confondent dans le respect du réel. Il est toujours possible, en effet, de pratiquer un véritable jeûne - et ce n'est pas celui que l'on croit. Il nous est toujours possible de manifester du respect à l'étranger, de l'éduquer, de l'évangéliser, de l'aimer, de l'aider, chacun pour ce qui nous concerne, en écoutant la voix de notre conscience, sans pathos ni sensiblerie, en tenant compte des lois quand elles ne heurtent pas cette intime et fragile petite voix. Concrètement, j'y reviendrai, il y a des solutions à tous les problèmes qui se posent à nous, les petits, les quotidiens, comme les grands, les mondiaux. Elles supposent un changement de regard sur l'autre (sur les "riches" comme sur les "plus démunis", expressions toutes faites et pour moi insupportables ; sur les français "de souche", comme sur les "immigrés", expressions toutes faites et semblablement inacceptables dans leur généralisation abusive), et certainement une conversion du coeur. Car la charité supporte tout, mais elle peut tout.
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vendredi 11 mars 2011

Incohérence de la pensée

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Madame AUBRY a reproché à Michèle ALLIOT-MARIE de n'avoir pas compris l'aspiration du peuple tunisien à la démocratie, et son désir de secouer la pesante tutelle d'un tyran. Et sur ce point, il faut lui donner raison. Fort bien. Il me semble logique par conséquent de considérer que madame AUBRY confère le caractère démocratique au nouveau régime en train de se mettre en place au pays des Carthaginois. Fort bien encore.
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Il se trouve que des milliers de Tunisiens fuient ce paradis démocratique nouvellement apparu pour tenter de gagner la France, en qui ils voient leur seul salut. Madame BRUNEL, utilisant l'expression maladroite de "remettre dans les [ou "dans des", qui ne dit pas la même chose que "dans les"] bateaux ceux de ces clandestins qui viendraient à aborder les côtes de notre pays suscite un tollé général de la classe politique. Quoi ! Comment ? Est-ce possible ? Une honte. Effets de manche, mouvements mussoliniens du menton, et tutti quanti.
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Je reprends donc ma méthode des questions.
(a) La Tunisie actuelle est-elle oui ou non démocratique ?
(b) Pourquoi tant de Tunisiens fuient-ils leur pays ?
(c) Avons-nous les moyens de les accueillir décemment et si oui, comment et à quel prix ?
(d) Est-il possible tout à la fois de vouloir recruter des fonctionnaires, augmenter le pouvoir d'achat, accueillir des immigrés clandestins, en faisant payer les riches et seulement les riches ? Ne faudrait-il pas mettre à contribution d'autres citoyens pour appliquer cette politique, et qui ?
(e) Serait-il possible de demander leur avis aux Français (indépendamment de leur couleur de peau ; un compatriote est un compatriote ; il n'y a aucune concession à faire là-dessus).
(f) Est-il possible de reconnaître l'autre en son identité profonde quand on ne sait pas soi-même qui l'on est ?
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Questions subsidiaires.
(a) Pourquoi monsieur Laurent HENART, numéro 2 du Parti Radical, s'est-il félicité publiquement de la reculade du Gouvernement sur la déchéance de la nationalité, et l'attribue-t-il à l'influence du Centre ?
(b) Serait-il judicieux, puisque cette mesure, probablement anticonstitutionnelle, n'a point passé la rampe du Législateur, de lui substituer la déchéance des droits civiques ?
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La véritable faiblesse de l'opposition est sa pensée : creuse, contradictoire, incohérente, elle est ballottée au gré des influences diverses qui l'agitent. Je conçois parfaitement que l'on pratique une politique d'accueil des clandestins. Mais alors il faut dire comment on va s'y prendre et ne pas mentir aux Français sur les sacrifices qui leur seraient demandés au cas où elle développerait. Il faudrait d'autres références et un autre Credo pour qu'elle fût un succès. Sinon, mensonge, duperie, tromperie.
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jeudi 10 mars 2011

Grands caractères

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Joseph de MAISTRE a magistralement traduit l'ouvrage de PLUTARQUE intitulé Sur les délais de la Justice divine. Je jetais un coup d'oeil négligent sur cette traduction, cherchant de quoi vous parler aujourd'hui. J'aurais eu beaucoup à dire sur l'actualité, mais la passion n'est jamais bonne conseillère. Il est préférable d'attendre un peu avant de donner un avis qui, prononcé dans la chaleur de l'événement, ne peut être pondéré, juste et sage. Je cherchais donc, disais-je, et je trouve ceci qui me paraît très juste :
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"Les grands caractères ne sauraient produire rien de médiocre ; et comme l'énergie qui est en eux ne peut demeurer oiseuse, toujours ils sont en branle comme des vaisseaux battus par les flots et par la tempête, jusqu'à ce qu'enfin ils soient parvenus à des habitudes fixes. Or, comme il peut arriver qu'un homme sans expérience dans l'agriculture, méprise une terre qu'il verra couverte de broussailles, de plantes sauvages, d'eaux extravasées, de fange et de reptiles ; tandis que le connaisseur tirera de ces signes mêmes et d'autres semblables, des preuves de l'excellence de cette terre ; de même les grands caractères sont sujets dans leurs commencemens (sic), à pousser des fruits mauvais et désordonnés ; et nous qui ne pouvons supporter ce que ces fruits ont d'épineux et d'offensants, nous imaginons qu'il n'y a rien de plus pressé que de réprimer par le fer cette fausse végétation ; mais celui qui en sait plus que nous, voyant déjà ce qu'il y a dans ces esprits de bons et de généreux, attend l'époque de la raison et de la vertu, où ces tempéramens (resic) robustes seront en état de produire des fruits dignes d'eux."
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Il me semble que cette analyse s'applique assez bien à un Président honni, moqué, vilipendé, souvent maladroit, parfois dans l'erreur, et que la versatile opinion publique, manipulée par les médias en quête de "polémiques", de "scoops", de révélations "fracassantes", désire vouer au gémonies. Comme PLUTARQUE le fait dire à BIAS (à travers un discours rapporté par THUCYDIDE) à propos d'un méchant homme, j'ose dire à tous ces médiocres qui prennent leurs discours pour le réel, leurs passions pour du désintéressement, leurs insultes pour des prophéties : Je ne crains pas que vous échappiez à la peine ; je crains seulement de pas vivre assez pour en être le témoin.
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mercredi 9 mars 2011

A messieurs les indignés

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Ils sont vos enfants naturels, ces électeurs que vous traînez dans la boue. Depuis plus de deux siècles, les penseurs qui vous soutiennent et une partie de vos responsables n'ont cessé de pratiquer en paroles et en actes une politique violemment antichrétienne. Et cela continue. Il y deux ou trois ans, des enseignants de l'école publique de la région du Nord ont protesté car on fêtait la saint Nicolas avec les enfants des écoles maternelles. Votre fanatisme est tel que vous avez fait supprimer des éphémérides de la télévision publique la mention saint qui précède le prénom que l'on célèbre. Un présentatrice décontractée vous dira, sourire guimauveux aux lèvres, que "demain on fête les Félicités". Vous ignorez ou voulez que le peuple ignore qui était cette jeune femme martyrisée avec sa coreligionnaire Perpétue, par exemple, tout comme ces hommes et ces femmes donnés aux malades, aux pauvres, à tous les laissés pour compte, aux orphelins.
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Depuis plus de trente ans, vous ne cessez de prôner des valeurs matérialistes, pouvoir d'achat, confort, loisirs, plaisirs. Et votre idéologie s'est répandue dans les médias avec une vitesse confondante. Vous ne parlez que de droit, jamais de devoirs. Vous faites parler ceux à qui vous vous adressez à la première personne du singulier : J'ai droit à... Vous avez critiqué l'éventualité d'un retour au cours de morale à l'école primaire. Vous avez supprimé l'obligation de porter un prénom tiré du martyrologe au point que l'on peut s'appeler Prune, Cerise, Frigidaire, Mahmadou ou Mohammed. Or le prénom est un élément fondamental de l'identification de la personne, dans une culture donnée. Vous ne connaissez que les individus, pas les personnes. Vous parlez de solidarité, jamais de générosité, et bien entendu de charité, cette vertu théologale qui plonge ses racines dans l'amour que le Créateur a pour ses créatures.
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Vous avez contribué en grande partie à effacer de l'esprit de nos concitoyens la conscience morale, de celle qui nous fait discerner et peser nos choix avant que les actualiser. Vous êtes une église, avec des croyances, mais vous êtes une église sans foi. Et s'il faut parfaitement admettre que le poids de l'Eglise catholique institution dans la vie politique et personnelle était devenu intolérable, en France, à un moment donné de l'histoire des hommes, à ce moment crucial où le choix de la charité et du don aurait contribué au véritable progrès humain, vous avez choisi la haine et la violence, le mépris et l'insulte, la destruction et la dérision. Et vous n'avez cessé d'intervenir dans la vie personnelle de vos concitoyens. Les électeurs que vous méprisez sont vos enfants naturels. Vous n'avez que ce que vous méritez. Vous êtes des fauteurs de guerre civile, car vous prétendez imposer au peuple ce que vous jugez bon pour lui, mais vous vous gardez bien de lui demander s'il est d'accord. Et ce que vous voulez imposer n'est jamais clairement exprimé.
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Si vraiment vous croyez à ce que vous dites, annoncez dans votre programme politique que vous augmenterez les impôts pour transformer les banlieues dites sensibles (suppression des ghettos "ethniques", destruction des barres d'immeubles inhumaines, création de commerces de proximité et de services, parcours scolaires adaptés, poste de police, équipements collectifs), que vous mettrez sur pied des programmes obligatoires d'alphabétisation pour les immigrés clandestins, que vous leur procurerez un toit et un travail décent. Mais de grâce, ne versez pas des larmes de crocodiles devant les misères du monde. Il y a longtemps que vous avez anesthésié le sens de la compassion et du partage dans le peuple. Il est votre enfant. Et vous le rejetez. Savez-vous qu'il existe des tests de recherche en paternité ?
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mardi 8 mars 2011

L'europe et l'Asie pour le millième billet

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C'est aujourd'hui le millième billet de ce Blog. Je voudrais combiner aujourd'hui les deux centres d'intérêt autour desquels j'ai tourné depuis mon premier billet : la politique, non point dans ses aspects politiciens, mais comme l'art de gouverner les peuples et les hommes en leur rendant ce qui leur est dû parce qu'ils sont des hommes ; et la Chine, ma deuxième passion.
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Gilbert Keith CHESTERTON, homme de lettre et journaliste anglais, a publié dans le journal londonien Illustrated London News, quarante-deux propos, au cours de l'année 1927. Ces propos ont été rassemblés en un ouvrage qui, dans sa traduction française, porte un titre très évocateur : A bâtons rompus. Il parle de toutes sortes de choses avec profondeur et en même temps légèreté, comme vous pourrez le constater dans ce qui suit (il suffit de se rappeler que nous sommes dans le premier tiers de XXe siècle quand ces lignes ont été écrites ; elles sont extraites du quatrième article intitulé A propos de l'Europe et de l'Asie).
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"Pour ce qui est de l'opinion exprimée par un capitaliste de tout premier plan selon laquelle tout eût été bien en Chine si nous avions retiré les missionnaires et sans doute laissé seulement les marchands, je dirai personnellement (pour corriger légèrement le propos) que tout eût été bien si nous avions retiré les marchands et laissé les missionnaires. Mais sous réserve de cette différence, je serais tout à fait prêt à accepter en bloc le fond et la forme de sa phrase.
[...] Si notre civilisation a quoi que ce soit à donner aux autres population de la planète, ce doit sûrement être de leur apporter des idées d'homme et pas seulement de leur vendre des pantalons, des chaussures et des chapeaux melons. [...] Notre tournure d'esprit concernant l'expansion des méthodes européennes en Asie a toujours été d'une inconséquence des plus confuses et immorales. Nous avons insisté pour qu'ils aient des machines et nous nous sommes opposés à ce qu'ils aient des mitrailleuses ; nous leur avons souvent permis d'entrer dans nos académies et interdit de prendre place à leurs propres assemblées nationales ; nous nous sommes moqués d'eux parce qu'ils portaient leur propre costume, puis moqués d'eux parce qu'ils portaient le nôtre. [...] La question chinoise est vraiment sérieuse et il est temps que le Chinois nous apparaissent sérieusement pour ce qu'il est en soi et non pour ce qu'il nous apparaît à nous, [je veux dire] l'incarnation de quelque chose d'extravagant et d'extrême, aux extrémités de la terre."
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Et un peu plus loin, ceci :
"Bref, l'Européen prend un air supérieur, mais pas dans le domaine où il est vraiment supérieur. A cet égard, il y a une ironie très étrange et une contradiction, voire même un renversement de situation. Non seulement l'Asie a emprunté tout ce que l'Europe a de mauvais, mais l'Europe elle aussi a très largement puisé dans tout ce que l'Asie a de mauvais. [...] Nous n'avons pas réussi à faire que le lointain Asiatique se sente chrétien, mais nous avons réussi à lui donner l'allure d'un malotru [CHESTERTON fait ici allusion à la laideur et la vulgarité des vêtements des Occidentaux]. Ceci me paraît l'une des plus étranges et des plus sinistres de toutes les contradictions historiques, lorsque nous considérons ce que la chrétienté avait à donner et ce qu'elle a donné."
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Tout le développement qui suit est d'une profondeur incroyable. Je n'ai pas pour le moment le loisir de le détailler. Je dirai simplement que pour CHESTERTON, le meilleur de l'Europe ("l'esprit de libre arbitre, d'engagement personnel chevaleresque et charitable, ce vent frais d'espoir", "les idées courageuses et vivifiantes, de celles qui rendent possible la vie en commun, la chrétienté en a infiniment plus que n'importe quelle culture") nous n'avons pas su, ou surtout pas voulu le transmettre. Révolution Française oblige, rationalisme des Lumières et sociétés de pensée qui le soutenaient, de même. Et c'est ainsi que HEGEL s'est payé le luxe ridicule de refuser à CONFUCIUS le statut de philosophe que les Jésuites européens lui avaient pourtant accordé vers la fin du XVIIe siècle, en publiant leur Confucius sinarum philosophus. Chercher l'erreur ; considérez les résultats ; regardez qui a honoré et compris l'esprit de la Chine, et qui a rêvé de "pendre le dernier prêtre avec les tripes du dernier roi". Oui, cherchez l'erreur. Soyez honnête, et dites si nous avons gagné à mettre MARX et LENINE au coeur de cet immense pays, au lieu et place de JESUS.
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