jeudi 27 janvier 2011

De la servitude volontaire

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Qui n'a jamais entendu parler du Discours de [sur] la servitude volontaire écrit par Étienne de la BOETIE - le très cher ami de MONTAIGNE - quand il avait 16 ans ? Les Editions Arléa en ont publié une énième version, annotée et présentée en français moderne par Claude PINGANAUD. La présentation à elle seule est déjà remarquable. PINGANAUD, fort justement, me semble-t-il, y dit ceci qui devrait être médité par tous les peuples que démange le prurit de la Révolution :
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"Dans la Servitude volontaire, La Boétie établit que c'est le consentement des asservis et non la puissance du tyran qui fonde la tyrannie. C'est l'acquiescement des peuples à leur sujétion, qui découle de leur envie, de leur égoïsme, de leur convoitise, qui permet à un seul, relayé par un réseau ténu, mais fortement hiérarchisé et solidaire, d'asseoir son pouvoir avec l'assentiment de tous."
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Il apparaît donc, selon cette analyse, que la tyrannie dure tant que chacun y trouve son compte à l'échelle individuelle. Et il est vrai que les contestataires de l'ordre tyrannique, (SOLJENYTSINE, SAKHAROV, LIU XIAOBO le Prix Nobel chinois emprisonné, pour ne pas parler des chouans qui l'étaient aussi à leur manière), n'ont pas vu d'abord leur confort, leur petite personne, mais la justice et la vérité. Il est assez évident que la TUNISIE et maintenant l'EGYPTE ont vu et voient naître et se développer la contestation, parce que la vie a augmenté, le chômage se développe, en même temps que la corruption et la confiscation des richesses nationales par un petit groupe s'appuyant sur un réseau ténu. Pour aimer la liberté, il ne faut pas l'aimer d'abord pour soi, mais pour tous. L'autre, encore une fois l'autre, est au coeur de la justice, de la liberté et de la vérité. Et si la réponse à ces questions relève de la conscience personnelle, il est non moins évident que l'on ne sauve pas tout seul !
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Je m'absente pour une très grosse semaine, et reprendrai mes billets le lundi 7 février. Vous avez donc le temps de réagir, de proposer, de contester ou d'approuver.

mercredi 26 janvier 2011

Un point de vue chinois sur la morale

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Comme je vous l'ai déjà dit, je lis en ce moment avec un extrême intérêt un livre majeur, écrit par un philosophes chinois contemporain, FENG YOULAN. J'en ai déjà parlé, mais je dois dire que j'ai rarement lu un livre aussi clair, aussi subtil en même temps que simple, aussi convaincant que le Nouveau traité sur l'homme (traduit du chinois par le père Michel MASSON, sj. Institut Ricci et les Editions du Cerf, Paris, 2006). Je reviendrai en son temps sur le point de vue si original de FENG YOULAN.
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Pour l'instant, je me bornerai à vous livrer cette réflexion qui réduit à néant les thèses d'une curieuse école de pensée faisant de l'homme un animal comme un autre, tenants dont l'influence ne cesse de grandir. Or donc, FENG YOULAN dit ceci :
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"A ceci [sous-entendu, aux objections que je viens de rappeler et qui insistent sur l'animalité radicale de l'homme] nous répondons que nous pensons possible de rendre compte de la différence entre l'homme et la bête à partir de la conduite morale de l'homme. Mais, à strictement parler, toute conduite morale digne de ce nom doit être en même temps une conduite accompagnée de compréhension consciente. Sinon cette conduite aura beau se conformer aux normes morales, ELLE NE SERA PAS A STRICTEMENT PARLER UNE CONDUITE MORALE". (C'est votre serviteur qui majusculise).
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Cette assertion me semble déterminante, et elle suffit à établir définitivement la différence entre l'éthique, cette science qui définit, extérieurement à la conscience, les comportements qualifiés de normaux à une période donnée de l'histoire, des comportements socialement acceptables, et la morale, science du discernement du bien et du mal par une conscience éclairée. Il en résulte qu'il est toujours possible de définir des comportements conformes à l'éthique prescriptive, mais qu'il est très difficile de porter un jugement sur la responsabilité morale de celui qui a commis un acte trangressant ces normes. En corollaire, il est parfaitement possible de déclarer acceptables des actes qui heurtent profondément de nombreuses consciences. La proposition de loi sur l'aide active à la mort est justement une de ces propositions qui, si elle était votée, rendrait peut-être légal cet acte, mais ne le laverait pas de son immoralité fondamentale.
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Autre conséquence : une conscience éclairée, est une conscience qui fait place à l'autre, accepte d'être regardé par lui, le regarde, et se demande s'il lui ferait ce qu'il n'accepterait pas que l'autre lui fasse. De quoi donner du grain à moudre aux délocaliseurs qui ruinent des familles entières, aux syndicalistes entêtés qui ruinent des pans entiers de l'économie (près de 1000 entreprises en faillite à MARSEILLE après la grève des dockers et des salariés des raffineries), aux grands patrons qui ruinent leur entreprise par leur folie des grandeurs (monsieur MESSIER par exemple), aux journalistes qui colportent des ragots sans preuves, ou des analyses connotées de jugement, d'animadversion, voire de haine, et ruinent des réputations. Qu'est-ce qu'une conscience éclairée ? La question mérite d'être approfondie, et je le ferai à partir de ce que disaient André COMTE-SPONVILLE, Henri HUDE et FENG YOULAN, représentants respectifs d'une morale sans fondement, appuyée sur la recherche seule de la vérité, d'une morale fondée sur la Parole de Dieu (d'un dieu), et d'une morale pragmatiste (au sens philosophique : il n'y a pas de connaissance qui ne passent d'abord par l'expérience).
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C'est tout pour aujourd'hui.

mardi 25 janvier 2011

Esprit critique et paranoïa

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Il y a bien longtemps que je vous ai parlé d'Henri HUDE. Il est très certainement un spécialiste éminent de philosophie politique. Mais il ne fait pas partie du cercle des médiatisés, des show-bizzés, et des agitateurs culturels. Il enseigne à Saint-Cyr Coëtquidan, pensez-donc. Il est tout juste bon pour les militaires, lesquels sont tout juste bons à se faire tuer pour la patrie ; il ne vaut pas tripette pour les Journaux télévisés. Je recommande toutefois, et absolument, la lecture de son ouvrage "Ethique et politique", publié aux Editions Universitaires. J'en extrais fort à propos ce qui suit, pour renvoyer les auteurs de la proposition de loi sur l'euthanasie, dans les cordes très élastiques de leur conscience.
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"Ceux qui mettent tous leurs soins à ne jamais être trompés sont ceux qui se trompent le plus ordinairement. Une conception paranoïaque de l'esprit critique est un préjugé d'autant plus grave qu'il a l'apparence de n'en être pas un. C'est lui qui explique notre tendance au scepticisme moral.
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Face aux soupçons et au cynisme, il faut tout d'abord rappeler que l'existence morale est un fait ; que l'existence religieuse est un autre fait ; que ces faits son irréductibles ; et que cela se constate.
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Chacun admettra que l'homme est un être capable de connaître. Il désire savoir. Or connaître, c'est connaître vraiment ; connaître vraiment c'est connaître une vérité. Il s'ensuit que la vérité fait l'objet d'un désir spécifique, inséparable de l'être le plus essentiel de l'animal raisonnable que nous sommes.
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[...] Il n'y a de vie morale stable et durable que dans la mouvance d'une existence religieuse, ou sous le contrôle d'une raison qui cherche la vérité, ou tout au moins dans la liaison au simple bon sens pragmatique d'un homme qui veut vivre et non pas mourir... [...] Le bon sens pragmatique adhère implicitement qu'il vaut mieux être que ne pas être, c'est à dire que l'être est bon, et s'il voulait justifier à fond ce principe, il serait conduit à admettre qu'il suppose en fait que l'Absolu est bon. Lui aussi est donc religieux à sa façon."
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ATTENDEZ LA SUITE CHERS LECTEURS :
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"C'est pourquoi, en définitive, la morale laïque n'existe guère, si elle a jamais existé : elle n'a duré que le temps nécessaire à la dilapidation d'un capital moral accumulé par des siècles de vie religieuse. Ce qui seul peut exister, c'est une morale qui descend de la relation à l'Absolu, ou à défaut [NOTEZ LA PRUDENCE QUI OUVRE LA PORTE A DES PENSEURS COMME COMTE-SPONVILLE et sa Morale sans fondements] une morale qui accompagne et exprime la recherche sincère de la vérité, ou enfin une morale pragmatique où s'exprime la sagesse des nations qui ne veulent pas mourir." [CE QUI LAISSE, NOTEZ-LE ENCORE, UNE PLACE A DES PENSEURS CHINOIS COMME FENG YOULAN OU HU SHI, SANS PARLER DE CONFUCIUS.]
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J'ai vu hier une courte séquence au Journal télévisé, prise dans un service de soins palliatifs. On y voyait un homme, atteint d'un cancer, qui ne pouvait parler que dans un souffle à peine audible, et qui disait être un combattant et vouloir lutter jusqu'au bout, tout comme un autre patient, paralysé par une sclérose en plaque gravissime, pouvant à peine parler lui aussi et qui exprimait dans sa détresse physique un amour puissant de la vie. Et puis j'ai entendu le pathos embrouillé de monsieur Jean-Luc ROMERO, ventant les mérites de cette proposition de loi scélérate sur l'aide active à la mort ; et je voyais se profiler dans la porte entrebâillée des chambres de mourants l'ombre d'avides héritiers susurrant à leur aïeul : "Hein, papy, que ça te dirait d'aller voir le Bon Dieu ?".
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Conscience élastique, esprit hypercritique ? Esprits faux, esprits dangereux ! Se méfier d'eux si l'on tient à sa peau.

lundi 24 janvier 2011

A propos de la Tunisie

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Du même ami alsacien, qui est un fidèle lecteur de ces billets, cette appréciation que porte un universitaire, spécialiste des affaires africaines et enseignant à l'Université de Lyon ainsi qu'à l'Institut des Hautes Études de Défense Nationale et au Collège Interarmé de Défense (ancienne École de Guerre), Bernard LUGAN.
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"Les graves événements de Tunisie m'inspirent les réflexions suivantes :
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1) Certes le Président BEN ALI n'était pas l'illustration de la démocratie telle que la connaissent une trentaine de pays sur les 192 représentés à l'ONU, certes, encore, de fortes disparités sociales existaient en Tunisie, mais en vingt ans, il avait réussi à transformer un État du tiers monde en un pays moderne attirant capitaux et industries, en un pôle de stabilité et de tolérance dans un univers souvent chaotique. Des centaines de milliers de touristes venaient rechercher en Tunisie un exotisme tempéré par une grande modernité, des milliers de patients s'y faisaient opérer à des coûts inférieurs et pour une même qualité de soins qu'en Europe, la jeunesse était scolarisée à 100 %, les femmes étaient libres et les filles ne portaient pas le voile.
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2) Aujourd'hui tout cela est détruit. Le capital image que la Tunisie avait eu tant de mal à constituer est parti en fumée, les touristes attendent d'être évacués et le pays a sombré dans le chaos. Les journalistes français, encore émoustillés à la seule évocation de la "Révolution des jasmins", cachent aux robots qui les lisent ou qui les écoutent que le pays est en quasi guerre civile, que les pillages y sont systématiques, que des voyous défoncent les portes des maisons pour piller et violer, que les honnêtes citoyens vivent dans la terreur et qu'ils doivent se former en milices pour défendre leurs biens et assurer la sécurité de leurs familles. Les mêmes nous disent que le danger islamiste n'existe pas. De fait, les seuls leaders politiques qui s'expriment dans les médias français semblent être les responsables du Parti Communiste Tunisien. Nous voilà donc rassurés.
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3) La cécité du monde journalistique français laisse pantois. Comment peuvent-ils oublier, ces perroquets incultes, ces lecteurs de prompteurs formatés, que les mêmes trémolos de joie indécente furent poussés par leurs aînés lors du départ du Shah [d']Iran, et quand ils annonçaient alors sérieusement que la relève démocratique allait contenir les mollahs ?
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4) Le prochain pays qui basculera sera l'Egypte, et les conséquences seront alors incalculables. Le scénario est connu d'avance tant il est immuable : un président vieillissant, des émeutes populaires inévitables en raison de l'augmentation du prix des denrées alimentaires et de la suicidaire démographie, une forte réaction policière montée en épingle par les éternels donneurs de leçons et enfin le harcèlement du pouvoir par une campagne de la presse occidentale dirigée contre la famille Moubarak accusée d'enrichissement. Et la route sera ouverte pour une république islamique de plus, tout cela au nom de l'impératif démocratique.
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Ces tragiques événements m'inspirent enfin un mépris renouvelé pour la "classe politique" française. Ceux qui il y a encore quelques semaines regardaient le Président Ben Ali avec "les yeux de Chimène", sont en effet les premiers à l'accabler aujourd'hui. Nos dignitaires en sont venus jusqu'à expulser de France les dignitaires de l'ancien régime tunisien, qu'ils recevaient hier en leur déroulant le tapis rouge. La France a une nouvelle fois montré qu'elle ne soutient ses "amis" que quand ils sont forts. L'on peut être certain que la leçon sera retenue, tant au Maghreb qu'au sud du Sahara... A l'occasion de ces événements, nous avons appris que 600.000 tunisiens vivaient en France, certains médias avançant même le chiffre de 1 million. Pour mémoire, en 1955, avant la fin du protectorat français sur la Tunisie, 250.000 Européens, essentiellement Français et Italiens y étaient installés, ce qui était considéré comme insupportable par les anti-colonialistes."
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Bernard LUGAN,
16 janvier 2011.
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A ce billet, deux remarques. (a) Vous noterez qu'il ressemble étrangement à celui que j'avais écrit il y a quelques jours. Bernard LUGAN est un spécialiste du Maghreb (il est né à MEKNES), et il a de par ses fonctions, des informations de première main. Je parlais d'intuition, lui parle en connaissance de cause.
(b) Le Président BEN ALI a été contraint de quitter la TUNISIE sous la pression du Président OBAMA qui a téléphoné au chef d'Etat-major de l'armée tunisienne et à un ministre ; il a obtenu que cet officier général refuse de tirer sur la foule (ce qui est tout à fait louable). Pensez-vous que ce soit sans contrepartie ? Comment peut-on se réjouir de voir que les États Unis entendent prendre pied en Méditerranée occidentale, au détriment des intérêts français ? Nous avons vu ce qu'a donné leur intervention au Vietnam. Ils en ont été chassés honteusement, mais ont repris pied dans un pays unifié par la France, et dont quasiment plus aucun habitant ne parle français. C'est que l'anglo-américain a la délicieuse odeur du dollar.

dimanche 23 janvier 2011

Curieux visage de la presse

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Un ami alsacien m'envoie copie d'un message que le général ROUDEILLAC voulait faire passer sur le Blog du Figaro. Je vous le livre et je m'abstiendrai de tout commentaire après que j'aurai mentionné le refus exprimé par le modérateur du Blog de publier ces remarques pour le motif suivant : "Rejet au nom de la charte éthique du journal".
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Message du général ROUDEILLAC (2e section) au Blog du Figaro, au nom de
"L'Amicale nationale du 22e BCA et des troupes de montagne"
Deux Français se font tuer au Niger, un sous-officier française se fait tuer en Afghanistan.
Que font les médias ?
Face à ces trois destins cruels, ils relèguent au second plan de leurs préoccupations la mort en service du militaire français, pour commenter à souhait la fin tragique de deux hommes qui avaient fait le choix de se rendre au Niger, pour des raisons qui leur étaient propres.
Et en cela réside la différence avec le 53e militaire tué au combat. Ce militaire s'était rendu en Afghanistan sur ordre de la France, ou plu exactement sur ordre des représentants politiques des Français.
Cette obéissance aux décisions de la Nation mériterait de ne pas passer au second plan. Ce sous-officier tué au combat mérite donc notre compassion. La France doit se sentir responsable de ce qui lui est arrivé. Les médias feraient bien de souligner la grandeur du sacrifice consenti et du métier des armes, la noblesse de l'obéissance aux décisions de la démocratie, le respect que se doit d'avoir la Nation à l'égard de ses armées et de ses enfants qui acceptent de servir, sans compter.
Mais le plus insupportable demeure l'indifférence voire le mépris de certains faiseurs d'opinions, convaincus de détenir la vérité."
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Et le général ROUDEILLAC, n'ayant pu faire connaître cette opinion, jugée non conforme à l'éthique par le Figaro, demande qu'on la porte à la connaissance du plus grand nombre par les moyens les plus adaptés. Il ajoute en commentaire à cette demande : "Malheur à celui qui montre du doigt la partialité des médias".
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Je déplore la réaction du modérateur du Figaro. Mais elle ne m'étonne guère... Et dire que ce Journal a pour devise : "sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur". En tout cas, je remplis vis-à-vis de nos compatriotes militaires un devoir de respect, et me fais une obligation de porter cet incident à la connaissance de mes lecteurs.

samedi 22 janvier 2011

Pensées du matin

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Je ne crois pas au hasard. Ne l'ai-je pas écrit ici à de nombreuses reprises ? Un ami très cher, ô combien, vient de m'offrir un ouvrage remarquablement écrit, et que l'on doit à Pierre ZAOUI. La traversée des catastrophes. Philosophie pour le meilleur et pour le pire. Collection "l'Ordre philosophique". Éditions du Seuil, Paris, 2010. On comprendra sans doute pourquoi je n'adhère pas aux analyses de ce philosophe mais considère qu'elles poussent tout honnête homme à un retour sur lui-même et à la prise de décision radicale, quand on aura pris connaissance du titre que l'auteur donne à l'Introduction de sa réflexion : Vivre au dehors. Idées pour la constitution d'une éthique athée.
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Or juste avant ce chapitre, et pour lui donner l'éclairage général qui convient à son propos, Pierre ZAOUI donne quelques citations, dont celle-ci de F. SCHELLING :
"Qu'il est délicieux le ton des récits qui proviennent du monde à son premier matin, lorsque tout en cette heure sacrée, est encore rassemblée à la maison du père, jusqu'à ce que les fils s'en aillent vaquer à leurs occupations respectives, et qu'enfin des tribus et des peuples commence à s'élever la rumeur !"
Je ne sais comment interpréter cette réflexion-là. De quel père s'agit-il ? De quels fils ? Il se peut que l'image soit celle de l'humanité en train de se dégager des "liens" qui le tiennent au sacré, représenté par la figure paternelle, et que la rumeur des tribus et des peuples soit celle des nations en furie, enfin libérées, qui se combattent, et croient qu'en ce combat elles trouvent la la puissance.
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Or voici ce que je trouve, en ouvrant comme je le fais si fréquemment le livre que les MARITAIN ont consacré aux pages choisies de Léon BLOY, et qui vient en écho murmuré donner réponse à SCHELLING et à ZAOUI :
"La sainteté est un retour certain à l'intégrité primordiale qui a précédé la Chute, mais avec la colossale beauté complémentaire qu'y adjoignit la Douleur."
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SCHELLING est dans le symbole, BLOY dans la réalité de la mystique. Et c'est pourquoi il dit encore :
"Il n'y a de vrai que ce qui est Absolu."
et que le livre de MARITAIN se termine par cette ultime citation du polémiste que j'admire tant :
"Je meurs du besoin de la Justice."
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Je souhaite que ces pensées, trouvées dans le silence recueilli de ce nouveau matin retentissent en vos coeurs et vous fassent aimer l'Innocence de l'Enfant, la Vérité et la Justice.
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Ravages

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Monsieur Pierre BERGE, poursuivi par l'Association Française contre les Myopathies pour les propos diffamatoires qu'il a tenus contre elle, peut être content. En l'accusant de parasiter la générosité des Français, il a réussi à faire en sorte que les dons envoyés au Téléthon aient chuté pour la deuxième année consécutive. Mais il y a plus grave encore, et mon propos est aujourd'hui de vous inviter à protester contre ce qui se trame dans les coulisses de France Télévisions. La convention qui lie l'AFM et l'organisme public doit être renouvelée avant le 31 janvier, et il semble que les responsables traînent les pieds pour reconduire le Téléthon.
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Si vous pensez que le Téléthon est une occasion unique de fédérer dans un même élan de solidarité, de fraternité et de compassion des milliers de Français, jeunes et vieux, citadins ou villageois, riches et pauvres, alors signez la pétition que lance l'AFM à l'adresse suivante :
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Monsieur BERGE a commis une mauvaise action et un acte inqualifiable, et il sera sanctionné par les tribunaux pour avoir accusé l'AFM de la manière que vous connaissez. Au lieu de soutenir avec ses millions la candidature de madame ROYAL aux élections présidentielle, et puisqu'il se réclame d'un parti qui ne cesse de mettre en avant la "solidarité", il aurait mieux fait, par exemple, de soutenir TOUTES (et non pas une) les associations qui accueillent les séropositifs, et d'abonder par ses dons ceux que tant de Français anonymes font à l'AFM. Mais ce n'est pas la solidarité qui l'intéresse, c'est l'argent, le vôtre et le mien, l'argent de la compassion dont il voudrait détourner les flots pour les faire couler dans les caisses du SIDACTION. Il devrait savoir que l'AFM, sans faire de bruit, finance des programmes de recherche sur le SIDA. Qu'il crève de jalousie de ne pouvoir être le maître dispensateur de la manne est une chose, qu'on le suive en est une autre. Signez la pétition, je vous en prie. Vous le savez, le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas bien. Hélas son vacarme risque de produire les effets qu'il en attendait : du mal.
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mercredi 19 janvier 2011

Le domino

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Tout le monde connaît le jeu fascinant qui consiste à aligner, posés sur la petite tranche, un grand nombre de dominos et à provoquer l'écroulement de toute une longue file en faisant tomber le premier de la série sur le second dont la chute se répercute sur le troisième et ainsi du reste.
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Les événements de TUNISIE sont d'une extrême gravité. On feint de découvrir que monsieur BEN ALI, ancien membre de l'internationale socialiste, longtemps classé à gauche, n'était qu'un affreux dictateur. C'est vrai, sans aucun doute ; sa famille a vécu sur le dos du pays ; les siens ont accumulé des fortunes considérables au prix d'une corruption inimaginable. Tout cela est avéré. Il n'empêche. Qui, de nos hommes politiques, nous a déconseillé de passer des vacances dans l'un des luxueux hôtels de DJERBA ? Qui nous nous a mis en garde contre ce régime despotique ? Pas grand monde, pas même monsieur BARTOLONE, membre éminent du PS, né au pays des Carthaginois, ni feu Philippe SEGUIN, lui aussi natif de ce pays.
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Tout de même, il convient de rappeler que le taux de scolarisation en TUNISIE est l'un des plus élevé d'Afrique du Nord, que l'Université de MONASTIR recrute ses professeurs selon le mode en vigueur dans notre pays et que son enseignement y est très honorable, que l'un des spécialistes mondiaux des maladies neuromusculaires et musculaires héréditaires travaille en TUNISIE. J'ai accueilli dans notre laboratoire une étudiante tunisienne très bien formée, et nous avons publié, avec son patron tunisien, des résultats fort intéressants sur la culture de certains virus, réputés incultivables, dans des cellules musculaires embryonnaires. La TUNISIE est tout sauf un pays arriéré. Et c'est sans doute cette excellente scolarisation jointe à un sous-emploi chronique des jeunes diplômés qui a été l'un des moteurs d'une juste révolte.
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Personne ne semble avoir relevé que le leader des islamistes tunisiens, Rached GHANNOUCHI, fut longtemps en exil à LONDRES (ville où la propagande islamiste est une des plus virulentes au monde), que ce leader a vécu dans une ambiance de haine contre les infidèles, sans doute au contact de la diaspora pakistanaise, afghane, proche-orientale extrémiste, et qu'il projette de rentrer dans son pays, même si son parti (le parti Ennahdha) reste interdit et que lui-même n'a pas intégré le gouvernement. Compte tenu des tensions apparues après la constitution d'un gouvernement d'Union Nationale qui ne semble pas avoir l'assentiment du peuple tunisien, compte tenu des moyens que le mouvement wahabbite saoudien tient à sa disposition pour répandre la plus sectaire des idéologies prétendues musulmanes, il y a fort à parier qu'un mouvement de réaction religieuse va se développer là-bas, d'autant plus facilement que se déverseront sur le pays les flots d'argent venus d'Arabie saoudite.
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C'est alors qu'il faut craindre la contagion de l'islamisme en Algérie. Il ne faut pas oublier que la rébellion islamiste et son cortège d'horreurs et d'assassinats ont fait son apparition après la suspension d'un processus électoral démocratique qui avait fait du parti islamiste le parti majoritaire. Les responsables politiques et militaires sont corrompus, et l'on a du mal à comprendre comment le premier exportateur de gaz naturel du monde voit son peuple réduit au chômage, sa jeunesse privée d'espoir, et la misère se répandre comme une lèpre.
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Si cela devait arriver, il faut craindre qu'à son tour le Maroc ne soit entraîné dans la tourmente pour des raisons analogues : concussion, corruption, inégalités sociales intolérables, confiscation des richesses nationales par un petit nombre de grossiums.
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Craignons alors pour notre pays ; nous avons colonisé l'Afrique du Nord et la présence de la France, quoi qu'en dise les nombreux imbéciles qui regardent dans leur cerveau plutôt que dans la réalité, est regrettée. Oh, certes, il n'entre pas que de la nostalgie dans ce regret. Mais les jours ordinaires étaient meilleurs et nous risquons de voir affluer des milliers d'exilés qui ne voudront pas supporter la tutelle des imams et des fanatiques et se souviendront que notre patrie ne fut pas qu'oppressive.
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mardi 18 janvier 2011

Le temps des vautours

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Ils avaient 25 ans. Ils ont perdu la vie après que des fous, commandités par des barbares, les eurent kidnappés. L'un d'eux allait se marier avec une jeune fille d'origine nigérienne ; l'autre était venu partager avec son ami d'enfance la joie de ses noces. On les a porté en terre, hier, au cours d'une cérémonie poignante. Leurs parents n'ont pas souhaité prendre la parole ; ils ont voulu que la messe de leurs obsèques restent intime.
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Nous pensons à leurs parents, à la jeune fiancée, avec émotion. Nous partageons leur douleur. Et s'ils nous arrivent d'éprouver de l'indignation à quoi se mêle un désir coléreux de vengeance, nous nous trouvons réconfortés par le courage avec lequel les proches de ces jeunes gens font face à l'épreuve. Nous comprenons l'émotion de leurs amis.
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Pourquoi faut-il qu'un "journal" comme Vingt Minutes, publie un "article" (?) titré : L'hommage avant la polémique ? en insistant lourdement sur l'ombre qui, d'après le folliculaire anonyme qui l'a rédigé, entourerait les circonstances de la mort de nos deux compatriotes ? On peut comprendre que les amis de Vincent et d'Antoine, submergés par l'émotion, écrasés par l'horreur de l'événement, demandent dans une lettre ouverte la démission d'Alain JUPPE. On comprend mal que des médias (Vingt Minutes, Le Monde, France Info, site MSN hotmail, etc.) entretiennent la suspicion et donnent à entendre que les forces spéciales françaises sont responsables de la mort de nos jeunes. Qu'en savent-ils ? Ils y étaient ? Est-ce tout ce qu'ils ont à dire aux soldats qui ont risqué leur vie pour sauver nos deux otages ? Avez-vous entendu la moindre condamnation énergique prononcée par ces censeurs contre les ravisseurs qui sont les premiers et seuls responsables de cette tragédie ? Avez-vous constaté le lancement d'une campagne d'opinion dont nos journaux sont si friands, une campagne qui exigerait de notre gouvernement des mesures fortes, sans doute militaires, pour réduire à néant ces bandes d'illuminés ? Je les trouve ignobles, ces plumitifs qui, le cul sur leur chaise, se permettent de distiller ce qu'ils appellent des "informations".
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Le temps du silence, le temps du recueillement, le temps de la compassion ! Un temps long, très long. Pas le temps des vautours. De la pudeur ! De la pudeur s'il vous plait.

dimanche 16 janvier 2011

La puce est sourde

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Une charmante histoire que se racontent entre eux les polytechniciens permettra de comprendre la persistance de l'aveuglement, pour ne pas dire de la bêtise, des fonctionnaires de BRUXELLES qui ont conçu, édité et diffusé le calendrier scandaleux.
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Or donc, un polytechnicien, passionné par les sciences naturelles, tout spécialement par les insectes, et chez ces insectes, par les puces, élève chez lui, dans un vivarium tout à fait adapté, des puces du rat (Ceratophyllus fasciatus), des puces du chien (Xenopsylla cheopis) et des puces de l'homme (Pulex irritans). Le système d'audition de ces petites bêtes le fascine. Et il se penche avec minutie sur cette importante question. Il prend quelques spécimens de chacune de ces espèces. Puis, après avoir procédé à une anesthésie locale, - il a le coeur sensible -, arrache une première patte à une première patiente, et lui ordonne de sauter : "saute" lui dit-il à trois reprises. Rien n'y fait. Il l'ampute d'une deuxième patte, recommence et ainsi du reste jusqu'à disparition totale de ces organes de l'ambulation. Il réitère l'expérience sur d'autres spécimens des autres espèces. Après avoir noté avec soin les résultats de ces essais, il en fait l'analyse statistique, et conclut : ces expériences indiquent clairement que la puce est sourde.
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Je reviens à notre calendrier. Les responsables de l'édition reconnaissent qu'ils ont fait une erreur, une bourde, une boulette, et jurent (sur leurs grands dieux ?) qu'ils ne la commettront plus. Mais, comme le polytechnicien, ils ne comprennent rien, car ce sont des gens très intelligents. Le prochain calendrier, c'est promis, ne fera plus scandale, disent-ils, car - tenez-vous bien - il ne comportera aucune mention d'aucune fête religieuse. Et voilà la conclusion que des imbéciles heureux peuvent tirer de nos protestations. Nous exigeons, nous, que ce calendrier mentionne les fêtes chrétiennes, et éventuellement, mais non obligatoirement, les fêtes d'autres religions. S'ils persistent dans leur décision, nous exigeons qu'ils soient démis de leur fonction. Ils ne sont pas dignes de les remplir. Et si rien n'est fait, alors nous nous demanderons ce que nous faisons dans ce vaisseau fantôme qu'est devenue l'Europe dont l'incertain gouvernail n'est même pas tenu en main par monsieur BARROSO.
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samedi 15 janvier 2011

A monsieur le Président de la République

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Monsieur le Président,

Au nom de très nombreux concitoyens, nous vous demandons d'émettre auprès de monsieur Manuel BARROSO la plus énergique protestation contre la distribution aux collégiens et lycéens d'un calendrier qui se prétend aux couleurs de l'Europe, mais omet de mentionner les fêtes chrétiennes alors qu'il présente en détail les fêtes musulmanes, juives, hindoues et sikhes. Ce calendrier a coûté fort cher aux contribuables européens qui n'ont pas été consultés sur sa conception et sa réalisation. Nous pensons que cette omission est volontaire, et par conséquent intolérable.
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Nous ne voulons pas de cette Europe-là, monsieur le Président. Nous voulons une Europe respectueuse des traditions et des valeurs que lui ont transmises l'histoire des nations qui la composent. Nous ne désirons en aucune façon imposer celles-ci aux peuples étrangers dont certains dirigeants politiques, pourtant, ne se font pas faute de nous donner des leçons. Mais nous entendons bien y être fidèles, tout simplement pour subsister. Nous ne voulons pas nous renier nous-mêmes.
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Si l'Europe continuait sur cette lancée, il y a fort à craindre que les citoyens européens la rejettent et que ce qui fut une belle idée ne devienne un repoussoir. Nous pensons que des forces puissantes sont hostiles à la constitution d'une réalité politique forte, et qu'elles contribuent par leurs spéculations, leurs décisions stratégiques, et leurs pressions sur la Commission Européenne, à défaire ce que des hommes généreux et prophétiques avaient commencé de construire. Il est temps de mettre fin à cette dérive, et de faire savoir aux autorités bruxelloises qu'elles doivent agir sur un autre mode, avec moins d'arrogance, plus de respect des peuples européens et plus de réalisme.
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Nous vous demandons, monsieur le Président, de faire entendre, très haut et très fort, la voix de la France ; elle n'est pas celle des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne, ou des Banques anglo-saxonnes. C'est une voix qui depuis longtemps retentit et n'a pas attendu ces messieurs de Bruxelles pour annoncer aux nations de bonnes nouvelles. Je ne préciserai pas davantage. Mais l'allusion me semble assez claire.
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Soyez assuré, monsieur le Président, de notre très profond respect.
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PS : chers lecteurs, si vous pensez que ce message est juste, je vous demande de le manifester par un bref commentaire d'accord. Je sais que ce Blog est lu.
Un très proche me transmet l'adresse de deux sites fort bien faits et qui traitent de cette question.

vendredi 14 janvier 2011

Aimer cette Europe-là ?

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Un ami de Poitiers m'envoie copie d'une information proprement incroyable. Je n'ai pas pu vérifier son authenticité, mais il semble bien, hélas, qu'elle soit vraie. L'information s'accompagne d'une lettre de protestation envoyée par madame Christine BOUTIN à monsieur Manuel BARROSO, Président de la Commission Européenne, et de l'adresse d'un site où il est possible de signer une pétition pour signifier notre indignation au Grand Machin de Bruxelles. Vous noterez que ce billet se situe dans le prolongement de mon billet d'hier d'hier sur la mondialisation, alors même que j'ignorais encore l'affaire du calendrier.
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En bref, voici de quoi il s'agit : la Commission Européenne vient de faire éditer et de diffuser plus de trois millions de calendriers aux couleurs de l'Europe. Ils sont destinés aux élèves de l'enseignement secondaire des pays de l'Union. Jusque-là, fort bien. Il n'y a rien à dire. On consulte donc l'ouvrage et l'on voit que figurent aux dates idoines les fêtes juives, musulmanes, sikhes et hindoues. De fêtes chrétiennes, pas la moindre mention, pas même celle de Noël au 25 décembre. Rien de Noël donc, ni de la Toussaint, de l'Ascension, du lundi de Pâques, du lundi de Pentecôte ou du 15 août que nombre d'Européens en général, et les Français en particulier, sont bienheureux d'accueillir comme des jours de repos. Ils ne savent pas toujours pourquoi, mais ils n'oublient pas que ces jours-là sont chômés.
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Que monsieur BARROSO ait laissé passé de telles omissions est inacceptable. L'Europe, certes, compte nombre de citoyens de confession musulmane ou juive. Je doute fort que les communautés sikhes et hindoues aient une taille telle qu'elle justifie la mention de leurs fêtes dans un calendrier destiné à des Européens. La mondialisation n'a rien à craindre des sikhs et des hindouistes européens ; il serait malséant de se faire traiter d'antisémitisme en ignorant Hanouka, Yom Kippour ou Sukkot. On peut voir dans l'omission des fêtes chrétiennes la volonté délibérée de reléguer le christianisme aux vieilles lunes de l'Europe, dans le droit fil des refus de messieurs CHIRAC et JOSPIN. Les chrétiens sont tout juste bon à se faire massacrer sans que cela soulève la moindre réaction de l'Union Européenne. "Comme un agneau qui n'ouvre pas la bouche...". Isaïe a déjà dit cela.
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Nous n'aimons pas cette Commission-là, nous ne voulons pas de cette Europe-là, Europe marchande, anglo-saxonne dans ses défauts, mais hélas pas dans ses qualités, agnostique, malade de pseudo-transparence, de concurrence à outrance. C'est clair. Un nombre croissant de Français se demandent ce que notre patrie fait dans cette galère, cette pétaudière plumitive, monoculturelle, soumise aux mauvais vents des lobbies. Non ! Pas de ça.
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Si vous trouvez, comme moi, que ce calendrier est une offense gratuite à notre identité d'Européen, vous pouvez signer la pétition de protestation sur le site http://www.europadiary.fr. Quant à monsieur BARROSO, il ne peut pas se cacher derrière l'ignorance. Une telle initiative n'a pu être prise sans son accord. Qu'il n'ait pas contrôlé lui-même le contenu de ce calendrier est tout à fait compréhensible. Mais enfin il a des collaborateurs. Le grave est qu'ils ne soient aperçu de rien, ou qu'ils aient fermé les yeux, ou qu'ils aient donné des instructions de censure. "Vilain oiseau que celui qui salit son nid".
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jeudi 13 janvier 2011

Mondialisation et foi

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En 2004, le cardinal LUSTIGER invitait quatre cardinaux étrangers francophones et un métropolite orthodoxe résidant en France, à donner chacun une conférence de carême en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le thème général de ces conférences tournait autour de la question : "Qui nous fera voir le bonheur ?". Il revenait au Métropolite Emmanuel ADAMAKIS, évêque des orthodoxes pour la France, exarque du Patriarche Oecuménique, de commenter la béatitude : "Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise". Le texte de la conférence de ce prélat est d'une haute tenue. Dans la section appelée La globalisation et la parole de la religion, Mgr ADAMAKIS indique que certains promoteurs de la globalisation (autre mot pour désigner la mondialisation) appartiennent aux courants extrêmes de la tradition réformée et cherchent à niveler les objectifs économiques du monde occidental ; pour arriver à cette fin, ils ont besoin d'affaiblir progressivement les traditions religieuses et nationales. Il en est d'autres qui, à l'inverse, dans une perspective internationaliste de l'organisation de la société, sont hostiles ou défavorables au rôle que la nation ou la religion peut jouer dans la vie des peuples. Dans les deux cas, le bonheur mis en perspective par les architectes de la mondialisation est purement matériel. Voilà pour le contexte de la citation que je vais maintenant vous livrer :
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"[...] le scepticisme des religions face au défi de la globalisation est compréhensible ou, du moins, justifié. En effet, l'analyse du phénomène indique que la globalisation a pour dessein d'affaiblir non seulement l'antagonisme religieux, mais aussi les relations spirituelles des religions avec les nations au cours de l'histoire. Aussi, indépendamment de leur disposition positive à l'idée de globalisation, les religions ne peuvent ignorer les visées éventuelles de cette proposition. Dès lors, elles observent une attitude critique et exigent d'avoir une réponse claire à des questions cruciales.
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Premièrement, si la globalisation vise à soumettre les traditions nationales, religieuses et culturelles à un système politique, économique, culturel et social qui serait univalent et monotone - exprimant l'idéologie des Etats-Unis d'Amérique ou du monde occidental au sens large - et dont le principal objectif est d'imposer des intérêts ou des valeurs économiques aux valeurs religieuses, spirituelles ou sociales constituant le patrimoine culturel des peuples, alors cette proposition ne peut pas être acceptée par les religions et se heurtera à une forte réaction au sein de la société.
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Deuxièmement, si la globalisation cherche à mettre en relief l'unité du genre humain et de l'écosystème dans leur interdépendance naturelle, avec comme objectif principal de faire progresser le dialogue constructif entre les religions et les cultures en vue de protéger plus efficacement la paix, la justice sociale et les droits de l'homme dans les relations entre les hommes et les peuples [...], alors cette proposition sera amplement acceptée par les religions et sera systématiquement soutenue dans les sociétés aujourd'hui hésitantes."
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Nous voyons bien que les objectifs les plus clairs de la mondialisation, ceux que nous percevons dans notre vie quotidienne, par les effets qu'elle entraîne, sont purement économiques ; ils ressortent d'une tradition ultralibérale qui estime que la regulation des échanges doit être confiée à la main invisible du marché, si chère à Adam SMITH. Pour voiler la nudité indécente de la parèdre de MAMON, ils ont recours au voile léger des Droits de l'homme, des ONG, des cache-misères et des cataplasmes du préchi-précha inventés par la Communauté internationale et les organismes. Je pense à l'UNICEF et à ses mâles ambassadeurs, à ses jolies ambassadrices, à l'OMS et ses coûteuses campagnes d'informations contre des épidémies fantasmées. Il serait injuste de nier l'utilité de ces institutions. Mais je crains fort qu'elles ne servent d'alibi aux banquiers, au FMI, à l'OMC, à la Banque Mondiale, qui ne voient pas plus loin que le bout du dollar, et pèsent leur action avec des poids d'or.
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Messieurs CHIRAC et JOSPIN, en refusant que l'on inscrive dans le Traité constitutionnel, concocté sous la houlette marmitonneuse de monsieur GISCARD d'ESTAING, les origines chrétiennes de l'Europe, l'un pour des raisons électorales, l'autre pour des raisons idéologiques où rentrent sans doute une bonne part d'hostilité au christianisme, messieurs CHIRAC et JOSPIN, dis-je, ont été de bons promoteurs de cette mondialisation qui nous ruine, exacerbe les sentiments anti-occidentaux de nombre de peuples africains ou asiatiques et tout spécialement des pays de confession majoritairement musulmane. Ils n'ont pas servi les intérêts de leur patrie.
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mercredi 12 janvier 2011

Qu'est-ce que le courage ?

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Je viens de recevoir à titre promotionnel un exemplaire du magazine Les cahiers de Croire consacré au courage. Numéro en tout point exceptionnel que celui-ci (N°273, janvier-février 2011). Il publie, entre autre, une interview de Cynthia FLEURY, dont j'ai parlé à plusieurs reprises dans mes billets. Cynthia FLEURY est professeur de philosophie à l'American University of Paris, à l'IEP et à l'École polytechnique.
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Question : En quoi consiste le vrai courage ?
Réponse : Le courageux ne se met pas en scène. D'autres pourront, plus tard, en faire un héros, mais ce n'est pas sa préoccupation première. Ce qui compte, ce sont ses actes. S'il résiste, c'est pour construire, c'est toujours un signe vers l'avenir. Enfin, s'il est seul - car le courageux sait que ce qu'il a à faire, il ne peut le déléguer à autrui -, il le fait toujours en lien avec les autres. Le "sérieux" du courageux, c'est un rapport au temps, et non au dogme, c'est faire ici et maintenant ce qu'on a à faire. Faire preuve de courage, c'est chercher à être l'agent de sa propre vie. Après, le courage peut revêtir des formes différentes selon les circonstances : ici ce sera résister et rompre, là ce sera endurer et tenir. Les moines de TIBHIRINE sont des figVérifier l'orthographeures de conviction, donc de courage. Mais le courage n'est pas l'apanage de l'extraordinaire. Le courage, c'est aussi ce qui vous fait devenir courageux, le petit acte quotidien qui alimente l'estime de soi et lutte contre le déclin collectif."
Et plus loin, Cynthia FLEURY dira ceci qui est essentiel : "Ce qui compte dans le courage, ce n'est pas le résultat, mais l'acte lui-même". Et encore : "La finalité utilitariste n'a de cesse d'instrumentaliser les individus".
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Je dois dire que cette définition et ses commentaires me semblent être d'une extrême pertinence. Elle rejoint ce que Simone WEIL disait de la pensée et dont j'ai déjà parlé. Il ne me reste plus qu'à mettre en oeuvre une vertu si bien définie et cernée.
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A demain.

mardi 11 janvier 2011

Leçons

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La discussion que nous avons eue avec mon ami à propos de GBAGBO et OUATTARA est riche de leçons. J'en vois au moins deux et même trois.
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La première est qu'il faut toujours remettre une information, même factuelle, dans son contexte. J'aurais donc dû prévenir mes lecteurs que la note publiée par l'Observatoire du Parlement devait être replacée dans la perspective et les buts que semble s'assigner cette publication : diffuser des informations ou rapporter des propos que la presse et les hommes politiques taisent. Dans le cas qui nous occupe, j'ai volontairement omis de donner le titre de l'articulet consacré à madame OUATTARA, ainsi que des données relatives à sa vie privée qui sont parfaitement inintéressantes et n'ajoutent rien à la compréhension des événements. Ces omissions, dans mon esprit, suffisait à restituer l'objectivité totale de ce billet. Si je les faites, c'est parce qu'elles étaient purement interprétatives ou volontairement nuisibles à la personne de cette femme influente, ce qui n'était pas mon propos.
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La deuxième leçon est évidente : même factuelle, une information doit être vérifiée. Tout ce que dit l'Observatoire du Parlement est juste. Mais l'esprit critique doit toujours se poser la question de l'intention du journaliste. Il ne suffisait donc pas de se demander pourquoi la communauté internationale soutient monsieur OUATTARA, et laisser entendre que c'était par intérêt ; il fallait aussi regarder du côté des résultats officiels (publiés par la Commission indépendante ET par le Conseil Constitutionnel ivoirien ; bien entendu, ils ne concordent pas mais donnent une idée approchante de la réalité.) et constater que le choix international est justifié, même s'il sert les intérêts des puissances occidentales. En outre des observateurs de l'ONU confirme la bonne tenue d'ensemble du scrutin. Et des journalistes enquêtant sur place, dont ceux de La Croix, ont pu eux aussi le faire. On apprend ainsi que monsieur GBAGBO, à qui des prédicateurs évangéliques avaient prédit la victoire, s'est décidé à organiser ces élections, sûr d'avance du résultat.
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La troisième et dernière leçon est qu'il faut être clair et éviter les insinuations par des silences indus. J'aurais dû préciser que monsieur GBAGBO est très certainement un tyran et un trafiquant, et ne pas me borner à affirmer qu'il n'était pas légitimement élu, pas plus que monsieur OUATTARA. Ce dernier l'est, même s'il est avéré qu'il y a eu des fraudes en sa faveur dans le Nord du pays, fraudes qui ont entraîné l'invalidation abusive de 700.000 suffrages.
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Bref, un peu plus de prudence aurait permis d'éviter des malentendus.
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lundi 10 janvier 2011

A propos de la Côte d'Ivoire, réaction d'un ami

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J'ai reçu d'un ami très cher un courriel, en réaction au billet intitulé "Cherchez la femme". Il n'a pas souhaité utiliser la voie du commentaire. Ses remarques me paraissent très importantes, dans la mesure où elles complètent le panorama de la situation actuelle de la Côte d'Ivoire. Je m'abstiendrai aussi de faire quelques remarques sur cette lettre et demanderai seulement à mes lecteurs de se reporter au billet d'hier pour voir si celles de mon ami sont justifiées ou non. Je les reçois avec le plus d'humilité possible.
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"Mon cher Philippe,
[...]
Il se fait que je connais - oh ! pas très bien - ... d'une part le pays (j'y suis resté 5/6 ans), et d'autre part GBAGBO et OUATTARA. Ton affirmation que ces deux personnages ne sont pas dans la misère est vraie. La différence est que je ne pense pas que OUATTARA ait puisé dans les fonds du pays, alors que pour GBAGBO, il est certain que c'est le contraire.
Tu parles de la deuxième épouse de OUATTARA. Je ne connais pas tous les détails, mais il me semble que son argent vienne, quand même, d'une provenance normale due à son travail. Tu ne parles pas de l'épouse de GBAGBO : Simone. C'est un vrai ATTILA. Elle a fait exécuter d'innombrables personnes. L'on affirme même que c'est elle qui a donné l'ordre de tuer le journaliste français (dont je ne me rappelle plus le nom), qui enquêtait sur les trafics, de cacao notamment. Or le cacao sort par le port de SAN PEDRO en très grande majorité qui est globalement l'endroit ethnique des GBAGBO. Cette femme est catastrophique pour le pays ; souvent c'est elle qui manipule son mari... et qui a comme copain (alors que veut dire copain ?) le civil autoproclamé "général des jeunes" Gilbert EBOUE (je ne suis pas sûr du nom) qui est celui qui a pris la France comme ennemi personnel et qui serait même devenu ministre dans le dernier gouvernement GBAGBO.
La presse bien pensante, je ne sais pas ce que tu veux dire, n'a peut-être pas publié cela (je ne lis pas tous les journaux), mais j'ai déjà lu l'une ou l'autre information dans les DNA [Les Dernières Nouvelles d'Alsace] (plutôt de gauche) et surtout dans La Croix (plutôt chrétien) qui confirment tous les deux la bonne élection d'OUATTARA alors que GBAGBO, qui n'a jamais pensé qu'il pourrait perdre ces élections, s'accroche au pouvoir. Il n'en a rien à faire du peuple qui continue à crever à cause des ses dirigeants (la Côte d'Ivoire n'étant pas seule dans ce cas).
Tu vois, mon cher Philippe, tu prends les informations à la lettre que tu ne vérifies pas, et que tu affirmes sentencieusement être la vérité. C'est peut-être TA vérité, mais ce n'est pas la vérité."
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PS ajouté ce soir : j'ai reçu diverses informations qui donnent à penser que monsieur OUATTARA a été effectivement régulièrement élu. Je m'en voudrais d'avoir pu donner l'impression que je soutenais l'élection d'un dictateur, Laurent GBAGBO, membre de l'international socialiste, soutenu, entre autre, par messieurs EMMANUELLI et DUMAs (ce dernier à titre d'avocat).

dimanche 9 janvier 2011

Cherchez la femme

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L'une de mes cousines, jeune et ravissante personne, m'a envoyé l'adresse de la lettre électronique hebdomadaire "L'observatoire du Parlement" '(http://www.observatoire-parlement.org) et la dernière livraison de ce journal. Tout à fait édifiant. Par exemple ces informations sur la Côte d'Ivoire
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"La communauté internationale" a reconnu monsieur Alassane OUATTARA comme Président légitime de la Côte d'Ivoire. L'unanimité est touchante, et l'on se plaît à penser qu'elle résulte d'un contrôle rigoureux des bulletins et d'une enquête serrée dans les bureaux de vote du pays. Mais il ne semble pas que cette évanescente communauté ait envoyé des représentants qualifiés pour procéder à une vérification qui permettrait de croire à sa bonne foi, et l'on est amené à s'interroger sur les raisons qui la font choisir celui-ci comme Président plutôt que celui-là.
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L'Observatoire du Parlement donne des informations fort utiles sur les possibles raisons de la dilection toute particulière des puissants de ce monde pour monsieur OUATTARA. Il convient de chercher la femme pour jeter quelque lueur de compréhension sur cet obscur imbroglio. Madame Dominique OUATTARA est née NOVION, il y a 56 ans. Après un premier mariage, semble-t-il malheureux, elle prend la direction de la société chargée de gérer les biens immobiliers de monsieur HOUPHOUET-BOIGNY et de monsieur BONGO. Présidente d'honneur de la chambre syndicale des syndicats immobiliers de Côte-d'Ivoire, pays où elle vit désormais, elle rencontre le jeune et brillant Premier Ministre du Président HOUPHOUET-BOIGNY. Nicolas SARKOZY les marie à NEUILLY en 1990. Le couple a deux enfants. Madame OUATTARA gère l'Institut Jacques DESSANGE à NEW YORK, puis acquiert les franchises Jacques DESSANGE pour les ETATS-UNIS. Le groupe prend une dimension internationale. Madame OUATTARA fait partie du club très fermé des 40 femmes les plus influentes du monde. On la dit très proche des milieux israéliens. Quant à son mari, c'est un haut fonctionnaire, très brillant, du FMI. Madame OUATTARA a créé une association d'aide aux enfants africains Children of Africa dont la marraine est la Princesse Ira de FURSTENBERG. Madame Simone GBAGBO est l'élue d'un quartier populaire et s'intéresse surtout à l'action politique. Il semblerait que tant les GBAGBO que les OUATTARA ne soient pas vraiment dans la misère.
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Ces informations n'ont pas été diffusées par la presse bien pensante. Il fallait bien tout de même les faires connaître. Chacun de nous en tirera les conclusions qui lui conviennent. Je me suis borné à rappeler des faits. Mais selon moi, aucun des deux n'est légitimement élu.

samedi 8 janvier 2011

Evolution selon Darwin, (2)

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Hier soir, j'essayais d'expliquer le plus clairement possible pourquoi la THÉORIE darwinienne de l'évolution ne me semble pas rendre compte de la réalité, pourquoi aussi, ne pouvant être et pour cause, soumise à l'épreuve de l'expérience scientifique elle n'a pas la valeur d'un fait. Avant d'aller plus loin, il convient de noter un point très important : Annie, la fille de DARWIN, meurt en 1849. Le savant est anéanti par cette disparition et il perd toute foi en un Dieu bienveillant. Il convient de noter ce fait qui - je pense que nul n'en disconviendra - peut orienter la pensée d'un chercheur.

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DARWIN, certes, dira quelque part que le 'Nègre et l'Européen sont très proches', mais il dit aussi : "Lorsque deux races d'hommes se rencontrent, elles agissent exactement comme deux espèces animales, [...], elles se battent, se mangent l'une l'autre, se transmettent des maladies, etc., puis vient le combat plus fatal, c'est-à-dire qui aura l'organisation ou l'instinct (l'intellect chez l'homme) le plus adapté pour gagner le combat".
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Revenons plus généralement à l'atmosphère qui baignait le milieu scientifique tout au long du XIXe S. Il était scientiste, avait établi une stricte barrière entre ce qu'il appelait la 'religion' d'un côté et et la science de l'autre, avait remisé la théologie au placard des inutiles connaissances, et propulsé la philosophie à la place que cette dernière occupait avant l'émergence de l'esprit des Lumières. Pour dire le vrai, cet esprit était résolument antireligieux, et même antichrétien. Il est donc intéressant de chercher ce que les savants de ce siècle pensaient à propos des races humaines.
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L'anthropologue LETOURNEAU, paix à ses cendres, traitaient les aborigènes d'Australie "d'asticots humains", reprenant à son compte une idée lancée en 1832 par un certain Antoine DUGES qui n'hésitait pas à dire que l'état social des 'sauvages' peut être considéré comme la pierre de touche de leur nature physiologique" (c'est moi qui souligne), et il ajoutait "La civilisation fait un tout d'une masse d'individus différents, et elle concourt à augmenter les commodités, les jouissances de chacun d'eux par le partage des capacités et des occupations. Une peuplade de sauvages est, au contraire, réduite à la vie la plus simple et la plus grossière. Dans la première de ces sociétés, nous avons l'image de l'économie animale chez les êtres les plus élevés dans l'échelle, un mammifère par exemple. Quant à la deuxième, c'est la vie du ténia, aussi morcelé que l'animal lui-même, et aussi peu complexe que l'est l'organisation de chacun de ses segments, aussi peu variée que la forme de ses anneaux". On voit comment en utilisant la métaphore de l'animal (mammifère et ténia), on glisse à un jugement d'origine biologique sur l'organisation sociale des communautés humaines. En 1868, DALLY distinguait les sociétés évoluées des sociétés dites sauvages qu'il considérait comme "impropres à toute évolution ultérieure". BROCA, en 1860 parlait du "caractère d'infériorité" des Peaux-Rouges, des Océaniens, des Australiens, qui "n'ont pu supporter le contact de la civilisation" et font partie des peuplades qui ne pouvant s'astreindre au travail "s'éteignent le plus rapidement". Abel HOVELACQUE, athée notoire, parlent des "races non élevées" dans la série évolutive humaine, des races qui conservent des "traits de comportement propres aux degrés inférieurs de l'échelle des êtres". Et DARWIN, au retour de son voyage autour du monde sur le Beagle dira, à propos des indigènes de la Terre de Feu : "Quand on voit ces hommes, c'est à peine si l'on peut croire que ce soient des créatures humaines, des habitants du même monde que le nôtre".
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Ces citations, que j'extrais d'un article de Claude BLANCKAERT, (La science de l'homme entre humanité et inhumanité, Editions Autrement, Série Science et société, Des sciences contre l'homme, Volume I, Paris, 1993) montrent à l'évidence que l'introduction de l'idée d'évolution et son application au monde des hommes aboutit à cette hiérarchisation des races, au colonialisme, postérieurement du reste à l'esclavagisme dont les armateurs nantais avaient réclamé le maintien au Gouvernement Révolutionnaire. Je vous renvoie au discours de Jules FERRY sur le devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures ; j'ai fait un billet là-dessus, et je rappelle qu'il fut le Président de la société coloniale, laquelle comptait parmi ses membres une écrasante majorité de radicaux et de députés dits " de gauche". Tout cela peut se vérifier et je vous donnerai les chiffres et les dates plus précises quand j'aurai récupéré dans mon fatras de livres le petit volume qui traite de cette question.
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C'est l'honneur des siècles passés que d'avoir eu une autre idée de l'homme. Quand les Portugais décrivent le Royaume du Congo, ils parlent de son Roi et des Seigneurs qui le servent ; ils ne voient guère de différence d'avec leur référence politique et sociale quotidienne ; MONTAIGNE parle de ce que l'on appelait les "Sauvages" avec une force, une pertinence et une ironie acérée, et souligne l'arrogance qu'il y a de les sous-estimer. Faut-il rappeler la controverse de VALADOLID et le plaidoyer victorieux de BATHOLOMAE de LAS CASES contre les vues ignobles de SEPULVEDA qui déniait aux indigènes des Caraïbes et de l'Amérique du Sud la possession d'une âme ? Je veux dire par là, non pas que la conscience des hommes de ce temps eut plus éclairée, mais qu'ils ne tenaient pas pour un fait acquis ce que trois siècles plus tard on présenterait comme une vérité scientifique ancrée dans la théorie de l'évolution.
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Il y aurait beaucoup à dire encore. Je terminerai par une question : d'où nous vient que ces opinions racistes heurtent notre conscience ? Qui nous dit, comme une vérité absolue et certaine, que les hommes ont une seule et unique nature ? Et pourquoi a-t-il fallu attendre les travaux de l'anthropologie contemporaine pour "consacrer l'humanité du sauvage et sa nature d'animal politique" ?
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J'ai ma réponse personnelle. A vous de trouver la vôtre.

vendredi 7 janvier 2011

Evolution selon Darwin, (1)

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Un (ou une) de mes lecteurs (lectrices) m'a demandé mon avis sur l'évolution ET sur DARWIN. Il faut d'entrée de jeu dire que ce sont là deux problèmes presque entièrement différents. Je vais essayer de clarifier la question.
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Au XIXe S., des savants, français notamment, comme CUVIER (qui toutefois niait le transformisme) ou BOUCHER de PERTHES font une constatation curieuse. Les couches géologiques les plus anciennes sont aussi celles qui contiennent les fossiles les plus primitifs. Les couches les plus récentes, au contraire, renferment des fossiles plus complexes, notamment dans leur organisation. Et il semble que le degré de complexification augmente d'autant plus que les couches sont plus jeunes. Une interprétation de ces observations consiste à dire qu'avec le temps, les formes de vie sont devenues de plus en plus complexes, qu'elles ont évolué. C'est une interprétation. Ce n'est pas encore une théorie.
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Vient DARWIN et son fameux livre de l'origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle etc. DARWIN explique l'évolution - bien que la génétique ne soit point encore née - en faisant remarquer que les petites différences que l'on observe au sein d'une espèce, d'un individu à l'autre (couleur des yeux, taille, couleur de la peau, cheveux frisés, crépus, plats, etc.), peuvent conférer aux individus qui les expriment des adaptations plus ou moins grandes à l'environnement, et que la meilleure adaptation confère au porteur du caractère un "avantage sélectif". Donc, dit-il, l'évolution est due à la sélection naturelle, et ne doit rien à un quelconque projet, quelle qu'en soit l'origine, qui guiderait la vie vers une fin. Tout est hasard. La formulation moderne de la théorie darwinienne est celle de la mutation-sélection. Lors de la formation des cellules reproductrices (gamètes), il apparaît des mutations. Certaines sont létales et conduisent à la mort ou au handicap ("maladies génétiques"), d'autres sont neutres, d'autres enfin confèrent un avantage sélectif. L'individu porteur de cette mutation favorable la transmet à sa descendance qui peu à peu occupe toute la niche vitale de l'espèce.
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L'élaboration de la doctrine de DARWIN conduit à la formation d'une théorie. Une théorie est un système explicatif qui rend compte, sans contradictions ni obscurité, de la totalité d'un ensemble de faits. Une théorie est donc une pure construction de l'esprit. Pour la valider, il faut le secours de l'expérience. Il est clair que nous ne pouvons conduire des expériences qui dureraient des millions d'années pour valider la théorie de DARWIN. Elle échappe à la vérification expérimentale. Sur le plan intellectuel, il est très important d'accepter ce statut précaire et non absolument scientifique d'une théorie.
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Cependant , en utilisant des êtres vivants à temps de génération court, comme les bactéries (il faut 20 minutes aux plus banales d'entre elles pour se multiplier), il est possible de mimer expérimentalement ce que l'on peut appeler une microévolution. Une bactérie initialement incapable d'assimiler, disons le lactose, pourra, placée dans des milieux sélectifs adaptés et par le jeu des mutations aléatoires, donner naissance à une descendance capable d'assimiler ce sucre : c'est le phénomène "d'invention génique". La microévolution est donc sinon absolument prouvée, du moins plus que très fortement probable.
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Mais le problème auquel nous sommes confrontés est le suivant : à partir de la soupe primitive dans laquelle apparaîtraient quelques molécules "organiques" comme des acides aminés, peut-on concevoir qu'apparaisse la vie par complexification progressive ? D'abord il faut noter que ces molécules, même si elles s'organisent, ne peuvent pas "muter" puisqu'elles sont dépourvues d'informations génétiques. Elles peuvent s'autoassembler, en fonction de leurs propriétés physiques (thermodynamiques) propres. Il faudrait donc supposer des milliards d'essais et d'erreurs, parfaitement aléatoires, pour qu'apparaisse une molécule de plus grande complexité et mieux adaptée à l'environnement : on est encore loin des formes de vie élémentaires. Disons donc très nettement que DARWIN à la sauce moderne n'explique rien des premières étapes de l'apparition de la vie que sa théorie serait censée expliquer.
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La théorie darwinienne se heurte selon moi (d'après aussi les objections de Michael DENTON) à trois obstacles majeurs : (a) il n'y a aucune forme de transition - quoiqu'en disent les tenants du darwinisme fort - entre les différents plans d'organisation d'un phylum à l'autre, par exemple des Invertébrés aux Vertébrés. Tout se passe comme si un plan d'organisation donné, mettons celui des Crustacés, est un plan d'ensemble qui contient sa justification dans sa totalité. Si macroévolution il y a, il faut expliquer cela ; or l'un des dogmes du darwinisme est que la nature n'a pas fait de sauts (natura non fecit saltum) ; (b) on pourrait s'attendre qu'une molécule aussi importante que l'hémoglobine chez les Vertébrés, par exemple, voit son degré de mutations augmenter avec l'âge géologique qui les sépare de leur ancêtre ; il n'en est rien ; il n'y a pas de rapport entre le temps géologique et les différences de structure primaire d'une protéine donnée ; pour illustrer par un exemple imaginé ce que veut dire ce constat, on dira qu'une hémoglobine d'oiseau présente un pourcentage de différence d'avec une hémoglobine de poisson primitif, du même ordre de grandeur que l'hémoglobine d'un grand singe. Or celui-ci est censé avoir fait son apparition très longtemps après les oiseaux. (c) A supposer qu'il apparaisse une mutation favorable par seconde, il ne s'est pas écoulé assez de temps depuis le big-bang (14 à 15 milliards) pour expliquer l'évolution en termes de mutations et sélection.
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Je résume : il semble avéré qu'il y a eu évolution. Mais scientifiquement, il est impossible d'affirmer qu'elle est due au seul jeu des mutation et de la sélection naturelle. Cette explication est scientifiquement fausse, et elle a conduit à des aberrations dont je reparlerai dans mon prochain billet.
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Illumination

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Au risque de vous lasser ou de vous irriter, voici encore un petit texte chinois que cite le très grand philosophe FENG YOULAN, mort à la fin des années 1990, dans son Nouveau traité sur l'homme.
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YANG JIAN (1141 - 1225) demande à son Maître, LU XIANGSHAN (1139 - 1193) : "Comment est l'esprit originaire ?" La Maître répond : "Un esprit qui compatit est le germe du sens de l'humain ; un esprit qui éprouve la honte est le germe du sens du juste ; un esprit empreint de modestie et le gravité est le germe du sens du rituel [entendez ici, des règles de courtoisie et du savoir-vivre ensemble], un esprit qui distingue le vrai du faux est le germe du discernement. Voilà l'esprit originaire." YANG JIAN alors demande : "Depuis mon enfance je sais cela, mais finalement comment est l'esprit originaire ?"Plusieurs fois il répète sa question, mais LU XIANGSHAN ne modifie jamais sa réponse et YANG JIAN aussi ne comprend toujours pas. A cette époque, YANG était administrateur civil de FUYUANG [ndt : dans le ZHEJIANG, au S-O de HANGZHOU] et il se trouva qu'une affaire de vente d'éventails fut jugée au tribunal. YANG JIAN trancha le vrai du faux et régla l'affaire. Il reposa alors la question à LU XIANGSHAN qui répondit : "Je viens d'apprendre que dans le règlement de ce procès, vous saviez reconnaître le vrai pour vrai et le faux pour faux. Cela, c'est respecter l'esprit originaire". YANG JIAN s'éveilla. Subitement, il réalisa que cet esprit n'a ni commencement ni fin ; subitement, il réalisa qu'il n'y a rien que cet esprit ne perçoive. [...] Tout cela, [un esprit qui compatit etc.] YANG JIAN le savait, mais tant que ces mots n'avaient pas été corroborés par l'expérience, ils ne constituaient pour lui qu'une connaissance purement verbale."
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Et FENG YOULAN de commenter que cette prise de conscience, c'est l'illumination. Si je vous livre ce texte, c'est dans un but bien précis. Nos hommes politiques brassent des mots ; ce sont des rhéteurs à qui il manque l'expérience, et donc l'illumination. Il manque à madame AUBRY d'avoir été chef d'entreprise, dans le contexte économique international actuel, pour comprendre combien ses mesures sur les 35 heures sont purement idéelles-idéales-idéologiques ; il manque à monsieur SARKOZY d'avoir connu des fins de mois difficiles pour comprendre la détresse de nombre de chefs de familles modestes ; il manque aux grévistes des transports de passer des heures dans des embouteillages pour comprendre l'énervement des voyageurs bloqués. Aucun d'eux n'ayant l'expérience de ces réalités ne peut en saisir le contenu de l'intérieur. Il n'en connaît que les mots qui servent à la nommer.
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Je reste sans illusion. Nous ne pouvons pas faire l'expérience personnelle de toutes les situations, et vivre d'illuminations successives qui conduisent à la connaissance parfaite. Mais il m'apparaît que se nourrir de la connaissance illuminée qu'a l'autre, de situations que nous ne vivons pas, peut nous aider à cheminer vers cette connaissance ; plutôt que de fulminer, d'anathématiser, de critiquer, essayer d'écouter, dialoguer, conclure en conscience. Dans cette démarche, rien n'oblige à une décision ou une vision uniforme ou consensuelle. Mais c'en est au moins les prémisses, si l'accord de tous ou du plus nombre est recherché. Je ne dis pas que cela n'est pas fait, mais seulement que cela est fait "sans illumination".
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Et qu'on ne vienne pas me dire que les chinois n'ont pas de philosophie ni de philosophes. Le livre de FENG YOULAN est d'une clarté stupéfiante et ne sacrifie rien de la tradition intellectuelle chinois ; il l'explicite, la clarifie, l'expose avec méthode. C'est un homme de premier plan.
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jeudi 6 janvier 2011

Les dupes de satan

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De mon cher Léon BLOY, ces mots brûlants que je trouve d'une très grande actualité.
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"Toutes les dupes de Satan sont immédiatement vouées à la sottise. Le philosophe BLANC de SAINT-BONNET a écrit un livre malheureusement insuffisant, intitulé avec une sorte de génie : De l'affaiblissement de la raison. Tout chrétien capable de profondeur conviendra qu'il est impossible, en effet, de perdre la Foi sans perdre, jusqu'à un certain point, la Raison qui est la faculté par laquelle on connaît Dieu. Un homme opposant la Raison à la Foi est aussi stupide qu'un cavalier qui ne donnerait pas à manger à son cheval. Or vous savez que c'est le niveau actuel, non seulement des mécréants, mais de la plupart des catholiques. Je vous serais reconnaissant de me dire comment je pourrais m'y prendre pour ne pas mépriser ça."
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J'ai l'intime conviction que c'est le mésusage ou l'inusage de la Raison qui nous a conduit, en France, au bord du vertigineux abîme de la pensée politique, artistique ou culturelle que les médias, en fidèles photographes de la société, nous montrent en boucle. Il y a pire danger que de danser sur volcan ; il y a celui de danser au bord du précipice, de s'y pencher pour en contempler le fond, et, cédant au vertige, d'y tomber, et de mourir étouffé par la boue qui en fait le fond. Les uns veulent promouvoir le concept des mères porteuses, les autres tripotent des ovules humains qu'ils fécondent par des spermatozoïdes d'animaux, les troisièmes offrent un pantalon et une chemise gratuite (ou l'équivalent féminin) aux deux-cents premiers clients qui se présenteront en sous-vêtements à l'ouverture des soldes (c'est en Espagne il est vrai, mais ça marche paraît-il), quelques uns vantent les délices de l'adultère ou des aventures échangistes (cf. le magazine Marie-Claire), des patrons font faire du saut à l'élastique à leurs cadres pour leur forger un "mental de gagnant et de risqueur", des films flattent les plus bas instincts de violence ou de sexe à tout va. Rien de tout cela n'est raisonnable, humanisant, bienfaisant pour la société ou, plus modestement, pour un groupe humain plus restreint. On n'en finirait pas de dresser la liste des incongruités, provocations, insanités, qui toutes, notez-le, s'inscrivent dans le double contexte de la prétendue innovation et de la mentalité marchande, le premier étant nécessaire à la survie du second.
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Et puis, ô miracle, des jeunes de plus en plus nombreux, déjouent les pièges de Satan, et, sans pour autant être croyants, s'intéressent à leur prochain plus qu'à leur nombril, à la beauté plus qu'à l'art scatologique, à la pensée plutôt qu'aux systèmes, à la beauté plutôt qu'au clinquant. Il y en a même, figurez-vous, qui vont à la messe tous les jours, et passent leur temps de loisir au service des pauvres. Satan a la peau dure, certes. Mais il a déjà perdu.
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Petite et courte réflexion avant un grand billet sur l'évolution et DARWIN.
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L'ivresse des oies

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Un emploi du temps surchargé et des perturbations dans ma messagerie se sont ligués contre moi. Je n'ai pu vous raconter hier cette délicieuse histoire.
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Cette vieille dame - elle a 86 ans - est d'une vivacité, d'une jeunesse d'esprit qui forcent mon admiration. Elle a occupé des fonctions importantes dans la presse, et son frère, aujourd'hui disparu, fut un très grand microbiologiste. Elle me raconte - tandis que je lui donne le bras pour l'accompagner chez son boulanger - des souvenirs de sa grand-mère, des souvenirs qui s'enfoncent loin dans le XIXe siècle, et en particulier me décrit la scène hilarante que voici.
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Sa grand-mère n'hébergeait dans sa basse cours, pour d'obscures raisons (!), que des volailles au plumage blanc : des poules et des oies, notamment. Vers la fin septembre venait le temps des vendanges auxquelles les oies allaient participer à leur manière. D'abord, à peine le ban en avait-il été affiché que, de tous les environs des coteaux d'Aix, on se précipitait chez les vignerons en recherche de main-d'oeuvre, autant pour arrondir ses maigres revenus, que pour vivre les joyeux moments des repas de vendanges, les veillées du soir, souvent arrosées de quelques bouteilles choisies, pour partager rires et potins. Tôt le matin, tandis que le soleil se levait à peine, étirant ses bras au dessus des rares couvertures de brume, on allait dans les vignes, ciseaux à la main, panier de bois au bras ou hotte sur le dos, tandis qu'au bout des rangées, se trouvait un chariot dans lequel d'un coup de rein on versait le contenu de sa hotte ou l'on passait son panier à un gai luron chargé de cette besogne. Des plaisanteries fusaient de ci, de là, et l'on supputait le menu qui viendrait à midi interrompre le cours des activités. Le soleil, paternellement, répandait à flot son or sur les coteaux. Venait le triste jour, jour triste en tous, où, hormis d'involontaires oublis, on constatait que la messe était dite, qu'il n'y avait plus rien à récolter, qu'aucun pampre n'ornait plus les ceps.
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C'est alors que les oies rentraient en scène. On les chargeait à la ferme dans une carriole qui ne servait qu'à ce transport annuel, une carriole spéciale paraît-il dont les caractéristiques ne m'ont pas été décrites. On montait par un sentier pierreux, des pierres tranchantes, sonnantes, déboulantes, jusqu'au bord des vignes et on y lâchait les volatiles. Battements d'aile, mouvement de course et bousculade, jusqu'à ce que chacune des oies, ayant trouvé son coin, commence à grappiller les raisins qui auraient échappé à la vigilance des vendangeurs, avalaient gloutonnement les grains écrasés par des pieds peu scrupuleux, des pieds d'hommes manifestement - une femme aurait pris soin - et cette seconde vendange durait tout le temps qu'il fallait pour les oies manifestassent par leur comportement qu'elles étaient ivres. Elles se dandinaient de droite et de gauche et l'on n'avait aucune difficulté à les saisir, à les fourrer dans la carriole spéciale et à les rapatrier dans leur patrie de basse cours où dans un incroyable vacarme d'abord, puis dans des manifestations peu à peu moins agressives pour l'oreille, elles sombreraient le soir venu dans un sommeil d'oie heureuse.
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Histoire charmante. Les oies ont-elles encore le droit de s'enivrer dans les coteaux d'Aix ?
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mardi 4 janvier 2011

Une parole qui remue

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Comment ne pas être remué, bouleversé de fond en comble par ce constat que Romain ALLAIN-DUPRE fait, lors d'une interview, à la journaliste qui l'interroge :
"Le pauvre n'est pas tant celui qui n'a pas, que celui qui se trouve à la porte de lui-même".
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Romain sait de quoi il parle. Brillant étudiant, analyste financier dans une multinationale américaine, il est saisi par le souci des pauvres, après sa conversion. Et il crée les Semeurs d'espérance. Il passe quatre soirées par semaine, avec les jeunes gens et jeunes filles de ce mouvement, pour aller à la rencontre des SDF, à celle des pauvres parmi les pauvres. Je ne sais pas si Romain est marié. Il a 37 ans.
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Le pauvre est à la porte de lui-même. Comme c'est vrai ! Voilà qui invite à voir nombre de nos prochains comme des pauvres en puissance, des pauvres accomplis, voire des pauvres absolus. Ah ! On peut toujours réclamer du pouvoir d'achat, du confort, du luxe, des commodités, on reste pauvre tant que l'on est à la porte de soi-même. "Alors rentrant en lui-même, il se dit : 'tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance ; je vais retourner chez mon père et lui dirai : père, j'ai péché contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils'. Mais du plus loin qu'il l'aperçut, son père se précipita et se jetta à son cou, le couvrant de baisers". Et si quitter le statut de pauvre, consistait à retourner vers son père, c'est-à-dire à la source, et reconnaître sa dépendance ?
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Si vous saviez la colère qui me prend quand je les entends pérorer du haut de leurs tribunes, qu'elle soit de la majorité ou de l'opposition, déclamer et gloser sur les pauvres, ignorants de leur propre état de pauvreté, absolument absents de leur vie intérieure. Si vous saviez la honte que je ressens en ne faisant pas ce que pourtant ma conscience me montre si clairement.
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Ils peuvent se moquer des cathos, des culs bénis, des culs coincés et des grenouilles de bénitiers, tous ces gens qui prétendent penser pour nous. Je ne les vois pas beaucoup à l'oeuvre PERSONNELLEMENT dans les lieux dont ils dénoncent (avec justesse) l'existence, le délabrement et l'inhumanité. C'est qu'ils sont encore à la porte d'eux-mêmes, et que leur pauvreté, pour être invisible, n'en est pas moins poignante. Au terme de mon billet de ce jour, ayant progressé dans ma pensée, finalement je crois que c'est la compassion pour eux qui l'emporte, et pour ce qui me concerne, un appel pressant.
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"Nul n'est trop pauvre pour ne rien avoir à donner ; nul n'est trop riche pour ne rien avoir à recevoir" (Jean-Paul II).
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Renseignements sur les semeurs d'espérance : www.semeurs.org
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lundi 3 janvier 2011

Wer reitet so spät...

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Je le croise presque tous les jours. Il est assis au bas des marches de l'escalier qui, à la station Michel-Ange Molitor donne sur le quai du métro de la ligne 10. Il tient son fils, un enfant de sept ou huit ans sur son coeur. Et j'ai la faiblesse d'avouer qu'il brise le mien. Il ne fait que murmurer, tout bas, des mots peu compréhensibles et l'on devine qu'il demande de l'aide. Il vient de Roumanie. Son visage exprime une tristesse infinie. A le voir ainsi presque tous les jours, j'ai fini par nouer des liens subtils, discrets et profonds avec lui. Nous nous saluons. Il m'arrive de donner quelques pièces, de parler, de dire un mot à l'enfant qui me sourit. Ah ! ce visage d'enfant !
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Je ne sais pas pourquoi, mais chaque fois que je voyais cet homme, je pensais à ce poème dont je ne connais plus que les premiers vers ; je l'avais appris lorsque je faisais de l'allemand : Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent ? C'est le père et son enfant. Il le serre en sûreté contre lui, il lui tient chaud... Wer reitet so spät durch Nacht und Wind. Es ist der Vater mit seinem Kind... Merveilleuse et sublime poésie.
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Etait-il possible que Noël se passât et que l'enfant n'en connaisse que l'odeur du métro et la chaleur rassurante de la poitrine paternelle ?
Non, l'enfant n'a pas connu que cela. Avez-vous vu déjà ce qu'est un sourire d'enfant émerveillé ?
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PS : j'ai écrit ce petit billet à l'intention d'un ami. Il se reconnaîtra et y verra la conjonction de son regard et du mien.

Comptabilité sécuritaire

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Au nom de la transparence, madame AUBRY demande que le ministre de l'intérieur publie les statistiques des voitures brûlées dans la nuit de la saint Sylvestre. Au nom du 'bon sens' le ministre de l'intérieur dit que la diffusion immédiate de ces chiffres donnerait aux incendiaires l'impression que leur activité annuelle est un défi ; un défi qu'ils se portent à eux-mêmes et à l'autorité ; un défi qu'il s'agit de relever en dépassant les performances de l'année précédente.
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J'applique ma méthode en posant des questions :
Quelle est l'intention de madame AUBRY quand elle demande la publication de ces chiffres ?
Leur diffusion est-elle vraiment une information qui est due aux citoyens ?
Leur diffusion ne risque-t-elle pas d'accroître, au cas où "les chiffres ne seraient pas bons", le sentiment d'insécurité que la première secrétaire du PS ne cesse de dénoncer comme infondé ?
Peut-on considérer qu'il y a entre les forces de l'ordre et les incendiaires comme une sorte de jeu ?
Madame AUBRY a-t-elle émis un jugement sévère sur ces actes délictueux ou les considère-t-elle comme normaux, les faisant passer ainsi par pertes et profits ?
Madame AUBRY a-t-elle exprimé sa compassion, sa sympathie, sa "solidarité" avec les victimes de ces déprédations ?
Est-il possible de faire la part des incendies de voitures de tiers et de voitures d'incendiaires désireux de se débarrasser de leur encombrant véhicule ?
Monsieur HORTEFEUX a-t-il raison de ne pas diffuser immédiatement ces chiffres pour ne pas entretenir dans l'esprit des incendiaires un motif de fierté, celui "d'avoir fait mieux que l'an dernier" ? Est-il de bonne foi ? Cherche-t-il à cacher quelque chose ?
Madame AUBRY a-t-elle proposé une solution plus efficace pour empêcher ces débordements ?
Peut-on concevoir qu'il est normal de les associer à une fête qui devrait être seulement d'allégresse ?
Les partis politiques pourraient-ils donc se pencher ensemble sur les origines de cette violence et tenter d'y remédier par des mesures consensuelles ?
N'est-il pas dérisoire de soulever une polémique sur le traitement de ces dérives par l'exécutif alors qu'il y a des centaines de SdF qui crèvent de misère, de faim, de froid et de solitude ?
Ah ! A propos, combien de voitures ont-elles été brûlées dans la banlieue de LILLE. Madame AUBRY le sait-elle ? Si oui, pourquoi ne les publie-t-elle pas ?
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Lamentable, oblique, tortueux ! Rien de tout cela n'honore la République.
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Regardez le deuxième billet de ce jour, je vous prie.

samedi 1 janvier 2011

Voeux

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En ce premier janvier de l'année nouvelle, tandis que le soir est tombé sur PARIS après que le soleil nous a fait faux bond d'une manière abusive et honteuse, je désire présenter à mes lecteurs des voeux en accord avec mon humeur du moment.
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Voyez-vous, je vous souhaite une année de paix et de sérénité, une année où, capables de rentrer en vous-même quand vous vous sentez agressés, humiliés ou moqués, vous saurez pardonner à ceux qui s'opposent injustement à vous, de front ou de côté. Et je nous invite à penser à toutes ces victimes innocentes dont le sang éclabousse le parvis des églises ou des mosquées, et à lutter de toutes nos forces pour qu'un ordre juste puisse - soyons modestes - commencer à germer dans la tête des responsables politiques du monde entier.
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Je pense à ces enfants de Bagdad, à leurs mamans, et aux prêtres que des fanatiques ont délibérément tués dans la cathédrale, aux coptes d'Alexandrie, victimes eux aussi d'un attentat islamiste, aux chrétiens du Nigéria que des fous ont massacrés au motif qu'ils étaient chrétiens. Je pense à Mohamed-Joseph de Bagdad, né dans une famille musulmane chiite et qui à la suite d'une rencontre décisive est devenu chrétien. Il vit aujourd'hui en Occident, pour protéger sa vie, et il dit : "Et si j'ai perdu richesse, pouvoir, famille et ami, j'ai tout gagné puisque j'ai trouvé Jésus-Christ". Je pense aux chrétiens évangéliques de Kabylie, persécutés pour leur foi, aux chrétiens du Maroc que leur conversion met au ban de la société et menace de mort. Aux chrétiens du Yémen, pays où la conversion est passible de mort. Aux chrétiens du Pakistan et de Chine, eux aussi persécutés et tués, à ceux de l'Inde que des hindouistes fanatiques poursuivent de leur haine. Mais le Roi Hérode n'est pas tout à fait mort ; son ombre rode autour de ceux qui n'hésitent pas, en Irak, à tuer à coup de bombe, des fidèles chiites, dont de nombreux enfants, ou au Pakistan où de semblables crimes sont perpétrés toutes les semaines, autour de "kamikazes". Il n'y a pas que les chrétiens qui sont victimes de ces horreurs. On pourrait allonger la liste en y incluant les victimes des attentats politiques ou économiques.
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Nous appelons la miséricorde divine non seulement sur les victimes innocentes ; nous faisions cette semaine mémoire des enfants âgés de moins de deux ans, que le sanguinaire Hérode a fait tuer, croyant que se trouverait parmi eux celui que les mages avaient appelé "le Roi des Juifs". Mais nous appelons aussi cette miséricorde sur les bourreaux. (Il y une prière juive qui s'adresse à Dieu ainsi , en son tout début : "Dieu, toi qui arme le bras des bourreaux...") Et nous prions pour qu'ils reviennent en eux-mêmes et renoncent à leur folie.
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Ah, oui, paix et miséricorde sur le monde ; que la lumière naisse au fond des âmes enténébrées par le péché, les nôtres y compris ; prière pour ces enfants, dont un prophète avait dit : "Un cri s'élève dans Rama, des pleurs et une longue plainte : c'est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu'on la console, car ils ne sont plus"(Jérémie). Tenons ferme dans la certitude que "c'est fait" (je veux parler du triomphe du Christ sur la mort et le péché), comme le dit le Livre de l'Apocalypse.
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J'espère ne pas vous avoir importuné. Mais je ne peux pas me taire.
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PS : consulter le message du pasteur Saïd, musulman convert au christianisme sur le site : http://www.christianophobie.fr/videos/le-saisissant-temoignage-du-pasteur-sa, qu'un ami de Strasbourg m'a envoyé.