vendredi 31 décembre 2010

Opaque transparence

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Les sociétés développées sont atteintes d'une nouvelle maladie, celle de la transparence à tout prix, la diaphanose en quelque sorte, à quoi est attaché un symptôme inquiétant, celui de la traçabilité.
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La chose a commencé avec l'exacerbation de cette manie de tout noter, tout maîtriser, tout dominer, dans l'industrie pharmaceutique. On a vu apparaître des balances automatiques qui, à chaque pesée de réactifs, délivrent un ticket imprimé portant la date et le poids mesuré, ticket que les chercheurs ou les manipulateurs doivent coller dans leur cahier. Parallèlement, les compagnies pharmaceutiques ont rédigé des Procédures Opératoires Standard dans les quelles sont décrites avec le moindre détail les étapes d'une opération précise. Des contrôleurs de qualité vont, Procédures en main, vérifier qu'il y a bien une éprouvette en verre de 50 ml à côté de tel appareil, destinée à mesurer tel liquide. Elle ne doit pas être en polypropylène et faire 100 ml. Ce serait une entorse insupportable à la traçabilité.
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Insensiblement, cette manie du contrôle à tout prix s'est étendu au domaine agro-alimentaire. On croyait que c'était un progrès. Erreur. Car si tout est traçable, mais que rien n'est nuisible, alors tout est permis dans cette limite d'innocuité. Des pommes de 15 cm de diamètre, insipides mais tracées, des oranges calibrées et traitées au fongicide, toujours dans la plus grande traçabilité, par exemple, ont remplacé les pommes d'antan, parfois tavelées, aux formes irrégulières, produites dans des vergers artisanaux, ou les oranges fleurant bon la méditerranée. Goûteuses, mystérieuses, irrégulières, fantaisistes mêmes, mes pommes de jadis ont sombré dans la grande réglementation européenne. Les oranges n'ont de méditerranéennes que le nom, voire même l'origine. Mais elles sont mécaniques (!). Les haricots verts, standardisés au millimètre près, viennent du Kénya où leur culture ruine les paysans qui ne peuvent plus faire de cultures vivrières classiques s'ils veulent vivre.
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Et puis la diaphanose et la traçabilitose ont contaminé le monde de la presse, et valent à messieurs ASSANGE (et son Wikileaks) et PLESNEL (et son Médiapart), au nom du droit à l'information, une renommée sulfureuse. Le premier se donne la liberté de diffuser des informations susceptibles de mettre en péril la vie de nombreux êtres humains, le second de dire n'importe quoi, ou plus exactement de sélectionner dans les boueuses informations qu'on lui transmet confidentiellement, celles qui peuvent nuire au maximum à ses adversaires idéologiques, devenus de vrais ennemis. Mais au nom du droit à l'information, ils se refusent, et ils nous refusent, celui de savoir le nom de leurs peu délicats informateurs. C'est que la transparence a ses limites quand il s'agit de faire de l'argent. Il faut en effet bien comprendre que c'est l'effraction des secrets qui permet à ces messieurs de vivre. Il y a bien peu de responsabilité dans tout cela, et beaucoup de venin. Un exemple ? Une dépêche d'un ambassadeur américain diffusé par Wikileaks, et repris par la presse française, informe son gouvernement que monsieur BONGO aurait détourné des millions d'euros (ce n'est pas un scoop) et qu'il aurait arrosé les partis politiques français. Pourquoi les médias se croient-ils obligés de citer messieurs CHIRAC et SARKOZY et de taire les noms des politiciens de gauche qui auraient été gratifiés eux aussi de cette manne africaine ? (Notez que le PS comme l'UMP démentent...).
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Voyez-vous, cette volonté de tout savoir, de tout dire, de tout expliquer, relève d'abord d'un volonté de puissance jamais satisfaite. Ensuite, elle fait litière du mystère qui entoure toutes les décisions qu'un être humain est amené à prendre. Et enfin elle est illusoire, car elle ne saura jamais tout. De plus, surtout dans la transparence que promeut une certaine presse, il y a un dessein de malveillance et de manipulation qui m'est insupportable. Et la transparence de ses responsables me paraît bien opaque.
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Ceci étant dit, il n'est pas question de laisser les responsables politiques faire n'importe quoi, sans contrôle ni contre-pouvoir. Mais ce n'est pas à la presse de diffuser des prétendues 'informations', qu'elle a soigneusement sélectionnées, c'est au citoyen qu'il revient de réfléchir et de choisir en conscience l'interprétation de ce qu'il voit et entend, et c'est à lui qu'il revient de réclamer des explications, d'exiger un contrôle démocratique des décisions de l'exécutif par le corps législatif. Il me semble que c'est le B.A. BA de la démocratie.
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jeudi 30 décembre 2010

Les raisins verts

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Les régimes totalitaires sont des grands consommateurs de responsabilité collective. Les régimes autoritaires aussi. Il n'y a pas si longtemps en France, les nazis fusillaient X otages pour un soldat ou un officier allemand tué par des résistants. Ils ne se souciaient pas de savoir si la responsabilité des condamnés était engagée. Il fallait punir et faire un exemple. Et du temps des légistes, en Chine, il était courant que la faute réelle ou supposée, soit punie de la mort du coupable et de la totalité des membres de sa famille. Le mouvement des FALUNGONG, en Chine contemporaine a vu ses membres persécutés sur le même mode de la responsabilité collective.
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La responsabilité ne peut être que personnelle, car les consciences sont les consciences de personnes singulières et non pas la conscience abstraite de groupes ou de sociétés divers. Il faut tenir bon sur ce point. C'est un acquis moral de première importance. Nous le devons au prophète Ezéchiel : "Qu'avez-vous à répéter ce proverbe au pays d'Israël ? 'Les pères ont mangé des raisins verts, les dents des fils ont été agacées' ? Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, vous n'aurez plus à répéter ce proverbe en Israël. [...] Celui qui a péché, c'est lui qui mourra." [Ezéchiel 18, 2 à 4.]
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Pourquoi vient-il nous tanner avec ça, celui-là ? devez-vous penser. Je vais vous le dire. J'en ai par-dessus la tête d'entendre ici et là les donneurs de leçons nous plonger dans la culpabilité pour des actes que nous n'avons pas commis. Une chose est de reconnaître la responsabilité des institutions ou des régimes dans des atrocités ou des injustices parfaitement avérées, commises jadis, une autre est de vouloir nous en rendre coupables aujourd'hui. Avons-nous quelque responsabilité dans les excès du colonialisme, développé, il faut le rappeler, par Jules FERRY ? Devons-nous accepter d'être insultés par des peuples devenus indépendants (fort heureusement), maîtres (souvent mauvais) de leur destin, dans les malheurs dont ils prétendent être accablés ? Est-ce notre faute personnelle, si monsieur GBAGBO s'accroche au pouvoir au risque d'une guerre civile, un pouvoir que lui revendique monsieur OUATTARA dont les urnes ne sont pas remplies de bulletins aussi purs que des gouvernements divers veulent bien l'affirmer. Et la rafle du Vel-d'hiv, certes une tache indélébile dans l'histoire de notre patrie, y avons-nous pris part ? Que la République reconnaisse la responsabilité de l'Etat français dans ce drame est juste. Qu'on veuille nous en faire payer aujourd'hui le prix, individuellement, en infusant en chacun de nous une mauvaise conscience est inacceptable. Pareillement, les Allemands contemporains ne sont pas complices des atrocités des nazis, et les Algériens ne sont pas tous des terroristes et des criminels.
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J'entends bien, car il faut être intellectuellement probe jusqu'au bout, que ces dérives colonialistes ou racistes ont eu des conséquences politiques. J'ai suffisamment parlé de la Révolution et de ses méfaits pour nier ce qui relève du bon sens. Mais il y a avec la Révolution une différence d'avec ce que je viens de dire. Cet héritage, au lieu de le trier, de faire la part de ce qui est un progrès indubitable et de ce que sont des horreurs en tous genres, nous le revendiquons dans sa totalité, dans un flou et un mensonge insupportables, porteurs de bien des difficultés contemporaines de notre patrie.
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Je lutterai jusqu'à mon dernier souffle pour défendre la cause de la conscience morale, condamner les propos généralisateurs qui clouent au pilori tout un groupe humain, un peuple, au motif qu'il y a en son sein des individus peu recommandables. Est-il possible de demander aux promoteurs de la lutte des classes de mettre en oeuvre ce principe de bon sens, et de ne pas traiter de salauds tous les patrons, les riches, les chefs, au motif que certains d'entre eux se comportent comme des voyous ? Ce serait bien. Ce serait le début de possibles discussions, de dialogues fructueux. Et peut-on demander aux membres des différents corps de métier, de corps de fonctionnaires (enseignants, magistrats, employés des postes, des chemin de fer) de ne pas réagir en termes corporatistes, mais de penser AUX AUTRES avant de parler ?
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mardi 28 décembre 2010

Morale et et transcendance ; une réponse à Jade

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Je prie mes lecteurs habituels de bien vouloir pardonner la longueur inhabituelle de ce billet. Mais le propos est d'importance et je vais le développer en trois parties, indissolublement liées.
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(a) Éclaircissement à l'intention de Jade.
Il faut d'abord que j'éclaircisse le billet intitulé "L'autre", que Jade a fort justement trouvé obscur. Pour le comprendre, il faut le replacer dans un contexte historique, celui de l'importation en Europe des idées et des oeuvres attribuées à CONFUCIUS, et de leur traitement, d'abord par les jésuites, puis par les philosophes des Lumières, puis, en réaction paradoxale par ceux que le Pr Anne CHENG appelle les "philosophes professionnels" (HEGEL en particulier). Je vais faire le plus bref possible. Les idées et les oeuvres de CONFUCIUS ont été importées en Europe par les jésuites. Un immense travail d'étude et de traduction avait commencé avec Matteo RICCI qui voyait en CONFUCIUS un sage, un rationnel, un homme droit dont le message non seulement ne s'opposait pas à celui de Jésus, mais l'appelait. Du reste, tout un courant de pensée, celui des jésuites dits "figuristes" se plaisait à retrouver dans les oeuvres de Maître KONG les traces d'une révélation originelle. En 1687, le Roi Soleil aide à la publication d'une traduction latine de plusieurs classiques confucéens. L'ouvrage, magnifiquement illustré, et publié sous la direction du père COUPLET, est intitulé "Confucius sinarum philosophus". VOLTAIRE, avec l'esprit qu'on lui connaît, et la haine viscérale qu'il porte à l'Infâme, le sentiment profondément antichrétien qui l'anime, voit en CONFUCIUS un autre lui-même : un agnostique, un homme tolérant, un rationnel qui se passe fort bien de Dieu. Il utilise en quelque sorte la sécularisation relative des pensées de CONFUCIUS par les jésuites, pour la subvertir au profit de sa cause. Retenons cependant que ces philosophes pensent qu'ils ont identifié un ensemble de valeurs qui vaut pour toute l'humanité, un ensemble de valeurs qui en quelque sorte la surplombe. Il ne sont pas conscients du caractère contingent et historiquement situé de leur réflexion. J'admets que leurs réactions contre un clergé qui entend diriger dans les moindres détails la vie des hommes a un fondement, celui des droits inaliénables de la conscience.
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Vient alors l'éclosion de la grande école philosophique allemande, dont HEGEL est le plus éminent représentant. Dans son Histoire de la philosophie (en réalité un ensemble de notes prises et publiées par ses étudiants et auditeurs), HEGEL n'hésite pas à dire qu'il aurait mieux valu pour la réputation de CONFUCIUS que ses oeuvres ne fussent jamais traduites en allemand ! Elles manquent de réflexivité et de systématicité, dit-il. Pour qui a lu un peu les oeuvres de Maître KONG, une telle opinion est d'une rare arrogance.
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C'est alors qu'intervient, en Chine, la révolution moderniste du 4 mai 1919. Beaucoup d'intellectuels chinois pensent que les humiliations et les défaites de la Chine ont pour raison son refus de la modernité à l'occidentale. Nombre d'étudiants sont alors envoyé aux Etats Unis pour y faire des études, dont le fameux HU SHI qui suivra les leçons du philosophe pragmatiste DEWEY. Il est assez difficile d'expliquer en quelques mots ce qu'est le pragmatisme ; HU SHI le dira (avec Joël THORAVAL) de la manière suivante : "c'est le fait de cesser de traiter l'expérience dans une perspective exclusivement épistémologique et de considérer à l'inverse le moment de la connaissance comme une simple étape dans l'interaction plus vaste entre 'l'intelligence créatrice', qui est aussi collective, et son environnement humain et non humain". Voilà ce qu'est 'l'ethnocentrisme bénin' dont je faisais état dans ce billet obscur : accepter de relativiser son point de vue sur la connaissance, au lieu de l'absolutiser au nom de réflexions philosophiques abstraites prétendant fonder la validité d'un savoir et comprendre que l'approche que l'on a du réel dépend de la vision du monde que lègue à chaque être humain la culture que lui a léguée sa patrie.
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(b) Une morale est nécessaire ; a-t-elle un fondement ?
Dans ce livre essentiel qu'est l'ouvrage de Jean STAUNE, La vie a-t-elle un sens ?, il y a une courte analyse d'une réflexion d'André COMTE-SPONVILLE développe dans son livre Morale sans fondements. COMTE-SPONVILLE y démontre, de manière convaincante dit STAUNE, que nous ne pouvons fonder nos valeurs et notre morale ni sur l'homme (affirmation des humanistes matérialistes) car il est capable du pire, ni sur la nature (affirmation des écologistes) car elle n'est ni morale ni immorale, mais tout simplement amorale [il y aurait là des choses à nuancer selon moi], ni sur l'histoire (affirmation ô combien sanglante des marxistes) car elle n'a pas de sens précis, ni sur la science (affirmation des scientistes) car, comme la nature, elle ne se préoccupe pas de moralité. Et COMTE-SPONVILLE de conclure que seule une transcendance peut servir de fondement. Seule la transcendance a valeur universelle. Si elle n'existe pas, là est le point crucial qui sépare le croyant de l'agnostique, il nous faut respecter une "morale sans fondements". Un homme comme notre philosophe en est certes capable, et par là il se rapproche sans doute des stoïciens. Mais la société ?
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(c) Il n'y a pas de morale possible sans transcendance.
Je disais dans mon billet L'autre, l'impuissance de la seule raison humaine à trouver la vérité. Elle est nécessaire pour y accéder, à l'évidence, mais il y faut autre chose. Et à mon avis, c'est parce que les hommes en général, et les responsables des communautés humaines en particulier, ont perçu cette exigence qu'ils ont senti la nécessité d'inventer une parole divine, extrinsèque à la société. Elle dicte de l'extérieur de la conscience les comportements humains et permet d'introduire l'harmonie sociale, ou une certaine harmonie sociale. La loi est venue suppléer progressivement au manque d'adhésion des sociétés développées à un tel schéma de contrainte. Il revient donc à toute conscience droite de chercher s'il existe une parole divine qui rend libre. Je crois avoir dit déjà que Jésus est cette parole. J'y reviendrai.
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J'espère ne pas vous avoir lassés par ce billet un peu long, sans doute encore très elliptique, qui ramasse des années de réflexions, des réflexions que je continue de mener chaque jour.
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vendredi 24 décembre 2010

L'autre

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Dans un livre intitulé La pensée en Chine aujourd'hui, dirigé par le Pr Anne CHENG, - son cours du Collège de France est un régal d'érudition et de clarté teintée de malice - Joël THORAVAL consacre un très long article à des philosophes chinois contemporains (Chap. IV. La tentation pragmatiste dans la Chine contemporaine). Dans le très contradictoire sillage des philosophes des Lumières, qui célébraient CONFUCIUS avec éclat, saluant en lui un sage rationaliste et quasi agnostique, HEGEL, lui, prétend qu'on ne pense pas en Chine, et que cet immense pays, à l'existence plurimillénaire, n'a point connu la philosophie (puisque la philosophie, dit-il, trouve son origine chez les Grecs ; le crypto-nazi Martin HEIDEGGER dit à peu près la même chose).
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THORAVAL montre comment des penseurs chinois, comme HU SHI, formés à l'école pragmatiste de John DEWEY (Columbia University) qui fut leur directeur de thèse et maître, ont jeté un pont culturel entre les deux rives du Pacifique, rejetant (provisoirement, on l'espère) l'Europe aux marges de la philosophie contemporaine. Et il dit ceci :
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"En second lieu, contre ce qui est perçu [sous-entendu par les penseurs américains et les chinois] comme un faux universalismes des Lumières européennes, pragmatisme et confucianisme revendiquent leur enracinement dans une expérience historique et culturelle spécifique (c'est moi qui souligne). Ils récusent la possibilité d'un point de vue supra-historique, d'une attitude de surplomb qui permettrait de disposer d'un critère d'évaluation universel et éternel, à même de fonder une théorie définitive de ce qui est vrai ou de ce qui est juste pour tout homme. Une conception "fondationnaliste" (sic) des droits de l'homme (fondée sur l'idée dogmatique d'une raison universelle) leur paraît l'expression d'un provincialisme et d'un impérialisme européen qui ne reconnaît pas sa contingence."
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En somme, et en accord avec des philosophes américains qu'il cite, THORAVAL reprend l'idée d'un "ethnocentrisme bénin" qui pourrait dit-il "caractériser également un pragmatisme et un confucianisme modernes".
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Cette conclusion me paraît de la plus extrême importance. Elle souligne l'absolue impuissance de la raison humaine à fonder des valeurs universelles. Je vous dirai dans un prochain billet comment un philosophe français contemporains, des plus honnêtes qui soient intellectuellement, arrive à une conclusion analogue, et en tire, bien qu'il soit agnostique, des conséquences tout à fait remarquables.
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jeudi 23 décembre 2010

France Info, toujours

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Madame Cécile QUEGUINER, journaliste à France-Info, vient de publier un article sur le site internet de cette radio d'état, intitulé : L'avocat historique de Servier, père du Médiator ? Nicolas Sarkozy. Elle reprend dans cet article des informations que le journal Libération a livrées à ses lecteurs aujourd'hui même, et elle fait état des méthodes de management et de marketing qualifiées de 'redoutables'. Les employés de l'un des derniers grands laboratoires pharmaceutiques français seraient triés sur le volet, et l'on écarterait du recrutement les gauchistes, les syndiqués, les contestataires. Monsieur SARKOZY a été l'avocat des SERVIER. Il était avocat d'affaire. "Il s'est empressé", dit-elle, de donner à monsieur SERVIER la Grand-Croix de la Légion d'honneur dès qu'il a été élu Président de la République. Madame QUEGUINER mélange très subtilement les informations diffusées par son confrère Libération, et ses propres analyses qui sont repérables par des marques dites de "connotation". "Empressé" en est une. La journaliste aurait pu écrire par exemple "Après qu'il a été élu Président de la République, monsieur SARKOZY a décerné la Grand-Croix de la Légion d'Honneur à monsieur SERVIER dont il avait défendu les intérêts, depuis longtemps, quand il était encore avocat d'affaire". Je pense que tous mes lecteurs verront la différence de ton entre ma phrase et les insinuations de madame QUEGUINER.
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Malheureusement pour elle (vous allez voir pourquoi), il se trouve (a) que l'un de mes étudiants a été recruté par SERVIER et (b) que je suis allé à cinq reprises à ORLEANS et à GIDY, sur des sites dépendants des laboratoires SERVIER, pour y donner des cours au personnel, dans le cadre de la formation permanente et (c) que je suis par conséquent mieux placé qu'elle pour livrer un témoignage vécu. De plus, il se trouve que je suis pharmacien, et que, bien que je n'aie jamais exercé ce métier, mes études m'ont initié aux arcanes incroyablement compliquées des autorisations de mise sur le marché d'un médicament.
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Quand les laboratoire SERVIER désirent recruter un collaborateur (en tout cas dans mon expérience personnelle), ils font appel à un cabinet qui vient s'informer des qualités et habilités du candidat auprès des personnes avec qui il a déjà travaillé (après qu'il a déposé sa candidature auprès de la Direction des Ressources Humaines et que celle-ci l'a retenue au vu du curriculum vitae). J'ai été la deuxième personne contactée par ce cabinet pour donner mon avis sur cet élève. Aucune question n'a été posée sur les opinions politiques ou croyances. Toutes portaient sur les qualités de conception, d'analyse, de synthèse, d'exécution, d'initiative. Personnellement, je n'avais jamais vu une étude de recrutement aussi poussée et aussi déontologique. L'interrogateur n'a pu s'empêcher de me dire "ce que vous me dites confirme ce qu'un autre par ailleurs m'a dit de L... G..."
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Parlons maintenant des méthodes de management. Le site de GIDY est exceptionnellement beau et bien conçu. Les bâtiments sont dispersés dans la verdure, et d'une architecture soignée. Le site d'ORLEANS, quoique urbain, est lui aussi fort bien aménagé. Chacun des cinq stages que j'ai animés était suivi par une douzaine de personnes. J'ai donc rencontré 60 employés. Il se trouve que nous prenions nos repas de midi ensemble, et parfois, avec quelques uns, le soir aussi. Nous avions deux pauses dans la journée. Jamais, je dis bien jamais, je n'ai entendu la moindre remarque, la moindre critique sur la manière dont le personnel était dirigé ou traité. Et pourtant les occasions ne manquaient pas de s'épancher. Ce qui dominait dans les propos tenus était l'admiration que les employés portaient à leur patron.
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Alors appliquons ma méthode.
(a) Madame QUEGUINER a-t-elle des informations qui indiquent une collusion avérée entre monsieur SARKOZY et monsieur SERVIER dans l'affaire du Médiator ?
(b) Quel but madame QUEGUINER vise-t-elle en connotant son discours de manière telle qu'on peut sous-entendre une quelconque malhonnêteté de monsieur SARKOZY ?
(c) Pourquoi monsieur SARKOZY demande-t-il la lumière sur l'affaire du Médiator s'il a quelque chose à se reprocher ?
(d) Madame QUEGUINER connaît-elle la réglementation de l'AMM en matière d'étude de toxicité aiguë et chronique d'une nouvelle molécule ?
(e) Madame QUEGUINER peut-elle expliquer les raisons pour lesquelles elle s'offusque que les Laboratoires SERVIER aient fait des bénéfices énormes avec une molécule (l'isoméride) qui s'est révélée, à l'usage, dangereuse pour la santé ? Entend-elle insinuer que les responsables savaient et qu'ils ont laissé faire pour des raisons financières ?
(f) Madame QUEGUINER sait-elle qu'un avertissement portant sur le Médiator avait été envoyé aux autorités de santé en 1998, sous le Gouvernement de monsieur JOSPIN et qu'il ne semble pas avoir été suivi d'effet ?
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Voilà les questions que soulèvent ces accusations déguisées. Tiens, encore deux questions. Madame QUEGUINER aimerait-elle avoir comme consoeur ou confrère un journaliste qui défend des idées opposées aux siennes, quelqu'un idiotement qualifié "de droite" voire "d'extrême-droite" ? Si sa réponse est non, trouve-t-elle normal de condamner un chef d'entreprise qui hésite à recruter des 'fouteurs de merde' ? (On me pardonnera l'expression, mais je ne sais pas comment dire autrement).
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Bref, du politiquement correct. Madame QUEGUINER a un très bel avenir devant elle. Pendant ce temps, les Laboratoires SERVIER, (un fleuron de l'industrie pharmaceutique française, à qui l'on doit le SARPAGAN ou l'HYDROSARPAN qui furent de véritables révolutions thérapeutiques en leur temps,) perdent de la valeur et ils en perdront jusqu'au jour où un prédateur étranger viendra s'emparer de la dépouille de cette grande entreprise française que des compatriotes auront tuée.
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PS : ceci ne préjuge pas de l'idée que j'ai de la toxicité du Médiator. Elle est possible, sinon probable. Mais il faudra beaucoup d'efforts pour en être sûr.
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mercredi 22 décembre 2010

Laïcité

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Le Pr Abdennour BIDAR enseigne la philosophie à SOPHIA-ANTIPOLIS. Il a fait paraître dans la livraison du journal Le Monde datée du 21 décembre 2010, un article fort intéressant et qui stimule le réflexion. Il le consacre à la nécessité qu'il y a de mettre en oeuvre dans notre pays une pédagogie de la laïcité, arguant à juste titre que la "République ne saurait se contenter d'imposer la neutralité par la seule loi". Probablement d'origine musulmane, le Pr BIDAR constate qu'une "minorité active [de musulmans]" considère que "cette laïcité n'est qu'une idéologie concurrente de la leur, et contre laquelle, à ce titre, il leur paraît légitime de faire valoir leur droit à la différence". C'est fort bien poser le problème.
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Il ajoute quelques paragraphes plus avant : "Se souvenir de ce qu'on appelle aussi 'être laïque' est l'occasion de rappeler qu'avant d'être un principe politique, la laïcité est une 'position de conscience' : est laïque la conscience critique capable de prendre la distance du doute et de la remise en question vis-à-vis de toutes les convictions, vérités, visions du monde, qui la sollicitent".
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Fidèle à la nouvelle règle de conduite que je me suis fixée, et dans la mesure où la question des revendications islamistes (je n'ai pas dit musulmanes) de visibilité dans l'espace public met la laïcité au premier plan des questions politiques, je vais NOUS poser quelques questions à propos de ce texte :
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(a) Une conscience critique peut-elle arriver à conclure, par le seul fait de son libre jeu, que telle vision lui paraît juste et telle autre fausse ? Et si oui selon quels critères ?
(b) Une conscience, telle que la définit ce texte, doit elle être nécessairement sceptique (révoquer en doute a priori toute vision affirmée du monde, toute conviction, toutes vérités qui la sollicitent) pour mériter le qualificatif de critique et laïque ?
(c) Si la réponse est : oui elle doit l'être, une conscience critique peut-elle accepter l'idée même que des hommes et des femmes tiennent pour vérité telle ou telle croyance qu'elle-même révoque en doute avant même d'en avoir examiné les fondements au motif que ce sont des affirmations, des convictions, des visions du monde personnelle, ou propres à des communautés humaines plus ou moins grandes ?
(d) Une conscience critique peut-elle admettre que l'espace public, laïc par définition, est imprégné dans sa structure même, par l'histoire, la culture, la géographie, et qu'une pure indifférence vis-à-vis de ces déterminations est purement abstraite et impossible ?
(e) Une conscience critique peut-elle admettre que l'on doit obéir en tout à sa propre conscience ?
(f) Peut-elle surplomber toutes les consciences individuelles ?
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Le Pr BIDAR fort justement fait une différence entre le principe politique de laïcité, et le principe éthique de laïcité. En somme, et là je me vois dans l'obligation de commenter, la neutralité reconnue de l'espace public reviendrait à renoncer personnellement, au nom du bien commun, à y imposer des comportements, des paroles, des gestes manifestant explicitement une appartenance religieuse ; mais dans ce cas pourquoi tolérer des comportements non religieux mais de nature idéologique, et relevant eux aussi de croyances ?
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Ces questions sont fort complexes, et je n'ai pas de réponses à ce dilemme vieux comme ANTIGONE et CREON. J'ai tout de même un élément à apporter : une conscience est toujours la conscience d'une personne. Car la société non plus que les groupes humains ne pensent pas. Cela a été très bien dit par Simone WEIL. En somme une conscience critique est une abstraction dépourvue de tout caractère concret.
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J'attends vos réponses.

mardi 21 décembre 2010

Nouvelle méthode

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Je m'abstiendrai désormais - sauf exception dûment motivée - de donner une opinion tranchée sur les événements ou les opinions qui agitent le monde politique national ou international. Je me contenterai d'exposer les faits tels que les médias nous les font connaître, puis, l'ayant fait, je poserai une série de questions (celles que j'aurais posées avant de rédiger les billets à l'ancienne formule. Il reviendra à chaque lecteur de donner sa propre réponse et de se faire ainsi son opinion. Mais je préviens d'avance ceux que décevrait cette position : il y a des questions dérangeantes, et les miennes le seront.
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Mais je m'arrangerai pour alterner ces interrogations sur des événements de l'actualité avec des réflexions sur la culture ou l'histoire, telles que je le fais au cours de mes lectures. J'espère ainsi éviter tous ces jugements à l'emporte-pièce qui ne font guère avancer les débats.
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Demain, le billet sera consacré à un (ou peut-être deux) articles publiés dans le Monde daté de ce jour, consacrés à la laïcité.
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A demain.
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dimanche 19 décembre 2010

Une lumière dans les ténèbres

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A côté des ignobles, des crapules, des lâches, des violents, il existe des êtres lumineux qui sont l'honneur de l'humanité, donnent des raisons de vivre et d'espérer, et changent le regard. Christian de CHERGE était de ceux-là. J'ose affirmer que la Providence vient de mettre sous mes yeux un écrit du prieur de TIBHIRINE, qui est à la fois une réponse à POTOMAC, et l'expression précise de ce qu'obscurément je pense, sans avoir la force ou l'intelligence de le dire.
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"Ma vie n'a pas plus de prix qu'une autre. Elle n'en a pas moins non plus.
En tout cas, elle n'a pas l'innocence de l'enfance.
J'ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde et même de celui-là qui me frapperait aveuglément.
Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre.
C'est trop cher payer ce qu'on appellera peut-être la grâce du martyre que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'islam.
Je sais le mépris dont a pu entourer les Algériens pris globalement.
Je sais aussi les caricatures de l'Islam qu'encourage un certain islamisme.
Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes."
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Il s'agit, on l'aura compris du testament du prieur, par lui rédigé en la ville d'Alger, entre le 1er décembre 1993 et le 1er janver 1994. Un billet de ce Blog a déjà évoqué les paroles de feu de ce moine. Mais l'extraordinaire, c'est que ce texte m'ait été mis sous les yeux au moment même où je doutais de l'utilité de mon entreprise.
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Comment ne pas rapprocher ce testament de la Parole du prophète Isaïe. Oui, comment ne pas y voir une actualisation, une concrétisation de la promesse qu'il a faite aux hommes en annonçant qu'il leur viendrait un Sauveur dont l'un des noms serait "Le Prince de la Paix".
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"Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur les habitants du sombre pays, une lumière a resplendi. [...]. Oui un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l'insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : 'Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix'. [...]. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l'amour invincible du Seigneur de l'univers'." (Isaïe 9, 1 à 6 passim).
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mercredi 15 décembre 2010

Silence

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Je suis très affecté par les remarques et le retrait de POTOMAC. Il me pousse à réfléchir sur la forme nouvelle qu'il faut donner à ces billets pour qu'ils ne paraissent pas offensants, péremptoires, ou suffisants. Tout cela est loin de mes désirs et ceux qui me connaissent peuvent confirmer ce point. Je vais donc rester silencieux pendant quelques jours avant de reprendre autrement. Si cette nouvelle tentative n'aboutit pas, je mettrai un terme à l'aventure.
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mardi 14 décembre 2010

Je proteste

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Je dois élever les plus vives protestations contre les propos tenus par POTOMAC dans son commentaire de mon dernier billet. Et je me demande si la question QUE JE NOUS POSAIS, je dis bien NOUS, à moi-même comme à mes compatriotes, ne s'adresse pas particulièrement à lui. Je vais donc résumer de nouveau ma position de façon à me faire comprendre clairement.
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J'invite d'abord mes lecteurs habituels ou occasionnels à lire ou relire les billets que j'ai consacrés à la question de l'islam de façon qu'ils puissent vérifier la cohérence de mes positions.
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(a) Il est tout à fait normal qu'un croyant ait le droit de vivre sa foi partout dans le monde et tout spécialement au pays autoproclamé "des droits de l'homme". Et je ne suis pas choqué de croiser de nombreux musulmans pieux dans la rue ou dans ma vie quotidienne. Il y a dans l'islam des idées très belles, notamment sur la transcendance de Dieu. Et je me sens plus proche d'un croyant musulman que d'un athée libertin.
(b) Nous sommes dans un pays qui - n'en déplaise à certains courants de pensée que la prudence m'interdit de nommer - dans un pays de tradition chrétienne. Cette tradition a modelé le paysage de nos villes, de nos campagnes, de notre littérature, de nos arts, de nos modes de vie. Ce n'est que la tradition, certes, mais elle est multiséculaire et l'on n'efface pas d'un coup de torchon ce qui fait que notre patrie est ce qu'elle est. La grande finance internationale le désire pour imposer au monde entier ses produits et ses services. Nous devons résister à cette tentative totalitaire.
(c) La France a établi des principes politiques fondés sur des préceptes chrétiens ; certes, ils ont été sécularisés, mais ils tirent bien leur origine des commandements de Jésus. Il en est un particulièrement important que l'on appelle la règle d'or. L'Évangile est le seul texte au monde qui la formule de manière positive (à l'exception peut-être de CONFUCIUS dans ses Entretiens) : Fais à autrui ce que tu voudrais qu'il te fasse. Il se peut que POTOMAC soit choqué que je réclame de l'Arabie, de l'Irak, de l'Algérie ou d'autres pays à majorité musulmane les droits que ma patrie accorde à leurs ressortissants. Mais ce me semble être juste. J'ajoute que je n'attends pas que la réciprocité soit mise en oeuvre pour faire à autrui ce que je voudrais qu'il me fasse. Dans ces domaines l'exemplarité est essentielle.
(d) C'est la dissymétrie du traitement médiatique des questions relevant de l'islam ou de des chrétiens qui me choquent, pour ne pas dire plus, et c'est contre ces vues biaisées que je m'insurge.
(e) Nous ne pouvons pas accepter que se développent sur notre propre sol des communautés, pour l'instant minoritaires, qui entendent nous imposer leurs lois (car il s'agit bien de cela) et ne rien devoir en retour aux lois de leur nouvelle patrie.
(f) Fort justement, les Algériens ont obtenu leur indépendance, et tant d'autres pays de tradition musulmane, que la France a jadis colonisés. Ils se sentaient minorisés, réduits à l'état de sujet sans droits politiques. Ils ont expulsé de la manière que l'on sait nombre de Français qui n'étaient pour rien dans le traitement que des gouvernements en majorité de gauche avait imposé à leur patrie naissante ; ils en ont même tués, torturés, massacrés. On a un peu tendance à l'oublier. La colonisation pratiquée par Jules FERRY et ses partisans (et, pour l'Algérie, par d'autres avant lui) a été une colossale erreur. Il n'y a aucune raison que nous nous laissions, nous, coloniser. Il n'en est même pas question.
(g) Il n'en demeure pas moins qu'une importante population musulmane vit en France. C'est un fait. Il n'est pas question de l'expulser ou de la maltraiter. Il faut mettre en oeuvre tous les moyens pour enseigner, loger, donner des emplois à ses membres devenus ou nés français. Cela suppose un fort investissement dans l'apprentissage de la langue française, une dispersion des habitats qui aujourd'hui forment des ghettos, une lutte sans pitié contre ceux de ses membres qui se livrent à toutes sortes de trafic, et un immense effort d'évangélisation active et de prières pour les amener à la Lumière qu'est Jésus. Bref, un changement de REGARD.
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Je vous mets au défi, cher POTOMAC, de trouver dans mes billets une autre pensée. Elle n'est ni de gauche ni de droite (concept d'un creux incroyable qui permet d'éviter l'effort de réflexion suscité par le réel) ; elle est de bon sens. Je conclus. Si vous ne partagez pas ces vues, ce que je peux concevoir, dites-moi comment vous allez traiter un problème qui irrite un nombre croissant de Français, mais ne m'accusez pas d'extrémisme. Ça, je ne peux pas le tolérer.

lundi 13 décembre 2010

Serions-nous aveugles ?

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Scène édifiante vue dans les pages régionales de France 3, avant-hier soir. Nous sommes à CLERMONT-FERRAND. Le journaliste nous explique gravement que le Gouvernement algérien a mis gracieusement à la disposition d'une association culturelle, sans doute algérienne (mais ce point ne me semble pas avoir été précisé) les locaux désaffectés de son consulat, pour qu'elle puisse dispenser des cours d'arabes aux jeunes français (d'origine algérienne, arabe ou musulmane ? Le point n'a pas été davantage précisé). Les cours sont dispensés à une cinquantaine de garçonnets par une femme portant le foulard, qualifié d'islamique.
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Ainsi, ce que le Gouvernement algérien sait faire pour des enfants qui ne sont pas algériens, mais seulement d'origine algérienne (ou peut-être musulmane), leur apprendre la langue de leurs aïeux, nous ne sommes pas capables de le faire pour eux dans la langue de leur pays d'adoption ou d'accueil. Cette initiative a pour résultat d'augmenter la présence et la visibilité d'une communauté arabophone en France auprès d'enfants qui souvent maîtrisent mal le français, de ce fait sont en échec scolaire, en ressentent de la frustration, ce qui accroît leur sentiment d'appartenance à une communauté irréductiblement différente mais plus accueillante.
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Vous allez me rétorquer que l'Alliance française, les Instituts Goethe, les Instituts Confucius apprennent, qui la langue française, qui l'allemand, qui le chinois. Mais il y a une grande différence. C'est que ces instituts dispensent des cours à des élèves ou des auditeurs qui ne sont pas (ou pas tous) d'origine française, allemande ou chinoise et ne se réclament pas d'une religion particulière, et qu'ils se proposent simplement de diffuser leur culture respective. C'est une nuance de taille, me semble-t-il.
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De droite à gauche, on dénonce avec violence les propos de Marine LE PEN sur l'espèce d'occupation que représente la prière de fidèles musulmans dans la rue. On doit dénoncer en effet ces propos. Mais la dénonciation devrait se réclamer d'un peu plus de cohérence. Les chrétiens doivent demander une autorisation préfectorale pour organiser une procession dans la rue. Elle leur est rarement refusée, mais il faut la solliciter, ceci par respect de la neutralité religieuse propre à l'espace public. Bien entendu, dans les deux cas, ces manifestations sont pacifiques. Mais si dans un cas, il n'y a pas mouvement (prière dans la rue) et dans l'autre il y en a (procession), on ne voit guère de différences de fond. Dans les deux situations, c'est le manque d'espace dans les lieux de culte qui oblige à en sortir.
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On a raison de dénoncer les propos de Marine LE PEN, je le répète. Mais il faut être cohérent. Nous n'avons pas entendu le son de voix de l'opposition quand madame Viviane REDING a comparé l'expulsion des Rroms - illégalement installés en des lieux publics ou privés - à celle de la déportation de nos compatriotes de confession juive pendant la guerre. Propos offensants, issus d'un cerveau dont le volume est proche de celui du cerveau d'une linotte. Il faut quand même rappeler que chaque expulsé a reçu quelque 300 euros à titre de bourse destinée à favoriser sa réinsertion en Bulgarie ou surtout en Roumanie, et que nous ne devons pas nourrir trop d'illusions à l'encontre des membres de cette communauté : ils reviendront. Je crois bien qu'aucun déporté passé dans les chambres à gaz n'est revenu de son supplice.
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La vérité, l'humaine vérité, c'est que tout croyant a le droit de vivre sa foi partout où il réside, en Europe, mais aussi en Algérie (où les chrétiens sont persécutés), en Irak (où l'on tue et massacre prêtres et fidèles chrétiens), en Arabie saoudite (où il est interdit de dire une messe, fût-ce dans un appartement privé), et que tout responsable politique doit faire appliquer la loi quand elle n'offense pas les droits de la conscience. Occuper sans titre un terrain n'est pas légal, point. Demeurer sans titre de séjour n'est pas légal. Si les Français n'approuvent pas ces lois, qu'ils le disent et votent pour les hommes politiques affichant clairement leur désir de les abolir. Tout le reste est de la littérature, ou du sentimentalisme mystico-gélatineux dépourvu de tout effet pratique.
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samedi 11 décembre 2010

"Tu ne feras pas de faux témoignages"

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Sept policiers ont été condamnés à des peines de prison ferme pour faux témoignage. Ils ont mensongèrement accusé un suspect d'avoir renversé un policier pendant une course-poursuite, alors que celui-ci l'avait été par des collègues. Révoltés par ce jugement qu'ils estiment injuste, quelques centaines de policiers se sont rassemblés devant le tribunal de BOBIGNY, pour manifester leur colère. Le responsable d'un syndicat de policiers déclare : "Ce tribunal est connu pour receler les pires idéologues de la culture de l'excuse quand il s'agit de remettre dehors à tour de bras, les trafiquants de stupéfiants, les braqueurs, auteurs de tentatives d'homicide..." Un autre leader syndical déclare que cette décision est "un acte politique et syndical", faisant allusion au Syndicat de la Magistrature, censé être fort bien implanté dans le corps des magistrats de BOBIGNY.
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Qu'il y ait à BOBIGNY beaucoup de magistrats membres du Syndicat de la Magistrature, connu pour ses opinions de gauche, c'est possible.
Que le tribunal de BOBIGNY soit connu pour sa mansuétude à l'égard de nombre de délinquants, reconnus tels, c'est un fait avéré.
Qu'il ait eu tort de condamner des policiers qui ont menti, ça, je ne le crois pas. Les policiers sont assermentés. Ils ont juré de dire ce qu'ils ont constaté. S'ils mentent quand il s'agit d'un suspect, qui croira qu'ils ne le font pas vis-à-vis d'un innocent ? Ce qui est choquant dans le comportement des magistrats de BOBIGNY n'est pas la condamnation (sévère) de policiers menteurs, c'est l'absence de sanction, ou la légèreté des condamnations portées sur les actes délictueux ou criminels commis par des voyous. En somme, c'est leur comportement idéologique des deux poids-deux mesures.
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Mais faut-il rappeler l'un des commandements du Décalogue ?
"Tu ne feras pas de faux témoignage". C'est un ordre absolu. Il ne peut être transgressé. Tout ce que l'on peut souhaiter de ces magistrats, c'est qu'ils aient le même oeil quand il s'agit de juger des voleurs ou des criminels. Car dans ce même Décalogue, il y des commandements qui défendent de voler (et même de convoiter) le bien d'autrui, ou de tuer.
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La manière dont le PS, madame AUBRY en tête, défend ses champions en poste à BOBIGNY, est fausse, dépourvue de toute hauteur de vue, parfaitement politique. C'est de bonne guerre quand le pouvoir est au bout du fusil des critiques. Mais la raison de la justesse de ce jugement n'est ni politique, ni idéologique, elle est tout simplement morale.
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vendredi 10 décembre 2010

La pluie et le beau temps

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François FILLON a sans doute été très maladroit en incriminant les prévisions hasardeuses de Météo France dans la pagaille qui a régné ces jours derniers en région parisienne (et sans doute ailleurs, mais cela n'intéresse pas les médias qui, siégeant à PARIS surtout, pratiquent l'auto-ombiloscopie, activité qui consiste pour l'essentiel à se contempler le nombril avec amour et attendrissement), après les abondantes chutes de neige. Mais la campagne de critiques qui submerge notre premier ministre est d'un ridicule achevé.
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Madame DUFLOT, l'égérie des écologistes, annonce depuis des mois, avec une certitude qui confine à la croyance, que le climat se réchauffe, mais elle n'en dit pas moins ce matin, à la radio, que la météo n'est pas une science exacte. Il est vraisemblable que les basses températures activent les centres cérébraux du bon sens. Car si la météo ne peut prévoir sur 24 heures, combien plus ne le peut-elle pas sur vingt ans. Peut-être pourrait-elle commenter ce point ?
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Accuser l'incurie des pouvoirs publics, le manque de moyens, les responsables politiques en charge du pays, de tous les inconvénients entraînés par ces chutes de neige me semble être d'une rare bêtise. C'est pourquoi il paraît que madame ROYAL "s'est lancée dans la bagarre" (dixit le site MSN ou France-Info, je ne sais plus). Prendre les citoyens pour des imbéciles afin de recueillir leur suffrage porte un nom : démagogie. Mais la candidate malheureuse n'en est pas à son coup d'essai. Je n'en disconviens pas : rester bloquer toute une nuit dans sa voiture, parce que les routes sont impraticables, est fort pénible. Je comprends que les victimes en soient énervées. Mais trouver un coupable dans les ministres est d'une rare injustice, à moins d'admettre qu'ils sont tout puissants et qu'ils font, littéralement, la pluie et le beau temps. Si les automobilistes, au lieu d'abandonner leur voiture en plein milieu de la chaussée, désespérés d'une longue immobilité, avait attendu quelque peu, il leur aurait été possible de la garer leur voiture, avec le concours des gendarmes et des policiers, sur le bord de la route. Mais en ces matières, l'incivisme prend le pas sur le souci des autres. Nombre d'embouteillages n'ont pas d'autres origines que cette obstruction égoïste.
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Il est une autre leçon à tirer de ces météores inattendus : notre société a atteint un tel degré de complexité, que le moindre grain de sable suffit à en bloquer les délicats mécanismes. On devrait plutôt s'étonner de constater que malgré cette complexité, ça marche plutôt bien en temps ordinaire. Mais non ; le gouvernement doit faire la pluie et le beau temps. C'est ce que disent les médias, l'opposition, et le citoyen ordinaire harassé par des conditions de transport difficiles. Et cela soulève bien des questions sur la façon dont nous prenons chacun notre vie en charge plutôt que la remettre entre les mains d'une idole inhumaine qui a pour nom État.
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Et la grande erreur de monsieur FILLON est de donner à nous faire croire que s'il avait été prévenu convenablement, il aurait pu éviter tous ces désagréments. Non, c'est faux, et de plus c'est faire croire que l'idole peut tout.
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Censure au Journal Vingt minutes

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Depuis plus de 150 ans, les Lyonnais ont coutume d'allumer des bougies qu'ils placent sur leurs balcons ou derrière leurs fenêtres, au soir du 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception. La tradition est d'origine religieuse par conséquent, et elle a pour but de célébrer Marie, la mère de Jésus, dont les catholiques croient qu'elle est née sans être marquée du péché originel, par anticipation du salut apporté aux hommes par le sang de son Fils. L'origine de cette fête des lumières est parfaitement repérable historiquement. Que la sécularisation galopante de la Fille aînée de l'Église ait pu faire perdre aux habitants de Lyon le sens profond de cette fête est une chose ; qu'elle ait un caractère religieux en est une autre, avérée par l'usage quasi séculaire.
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Philippe BARBARIN, le cardinal de Lyon, (sportif et intellectuel de haut niveau, incidemment), désirait faire paraître dans l'édition lyonnaise du journal gratuit Vingt minutes, quatre page de publicité destinée à rappeler le sens de cette manifestation. Il avait recueilli les fonds nécessaisres pour en régler la dépense. Patatrac ! Le journal refuse de faire paraître cette publicité. Pourtant, le texte en avait été déposé dans les locaux du journal le 4 décembre. Le mardi 7 décembre dans la soirée, le diocèse de Lyon se voyait notifier par le journal un refus de le faire paraître. Il semblerait que ce fût la présence d'un "Je vous salue Marie" dans le corps de la publicité qui ait choqué les délicates oreilles laïques des rédacteurs, plumitifs et autres polygraphes de ce journal, qui annonce du reste qu'il n'est pas tenu de justifier son refus.
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Pendant ce temps, on projette sur la façade de l'hôtel de ville, des images grimaçantes représentant je ne sais quoi (ça ressemble à Baphomet), on sécularise ; on vend des crêpes, des sandwiches, des bibelots, place Bellecour. Et la belle fête instaurée le 8 décembre 1852 pour célébrer l'installation de la statue de Marie au sommet de Notre-Dame de Fourvière, est en train de devenir un Capharnaüm, un grand bordel de bouffe et d'ivresse, un culte rendu à Mammon, tandis que sur la Croix, Jésus perd son sang goutte à goutte pour le salut de tous, y compris des journalistes renégats.
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Mais de grâce, que les journalistes en général, et ceux de Vingt Minutes en particulier cessent de crier à la censure toutes les fois que des responsables, soucieux de bien commun, désirent empêcher la publication d'informations sensibles. On censure Jésus mais on encense ASSANGE dont les scandaleuses révélations mettent en péril la vie des militaires envoyés en AFGHANISTAN et celles des civils qui, partout dans le monde travaillent dans des lieux dits "sensibles", les désignant à la haine des activistes islamistes. Décidément, vienne le Royaume du Prince de la Paix. Il me faudrait la plume enflammée de mon cher Léon BLOY pour dire merde à tous ces imbéciles (au sens de BERNANOS) qui se croient courageux, mais ne sont que des toutous à la remorque du politiquement correct.
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mercredi 8 décembre 2010

Education nationale : le naufrage

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Quand, il y a trois jours, je vous faisais part du jugement de Léon BLOY sur le Bien et Mieux, en terminant mon billet par un constat désabusé sur le peu d'exigences que nous imposons à nos jeunes dans les écoles, collèges, lycées et universités, je ne pensais pas que les événements viendraient illustrer mes propos d'une manière si éclatante.
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Le programme international pour le suivi des acquis des élèves [PISA] vient de faire paraître les résultats de son étude. Elle porte sur l'évaluation des connaissances d'adolescents de 15 ans dans les 34 pays de l'OCDE et les 31 pays ou économies partenaires. On note ces jeunes sur leur compréhension de l'écrit, des mathématiques et des sciences. La France n'arrive qu'en 22e position, très loin derrière les pays de l'Asie du Sud-Est (Chine, Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong, lesquels sont devant la Finlande, premier pays européen).
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Voici les commentaires du ministre ; il y a de quoi se taper le derrière par terre.
"Nous sommes dans la moyenne, nos résultats sont stables et comparables à ceux des grands pays développés comme les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, et le Danemark". Notant toutefois que le nombre d'élèves en difficulté est passé de 15 % en l'an 2000 à 20 % aujourd'hui, le ministre confesse : "C'est un point d'alerte pour nous". Ah ! Quelle belle phrase ! Quelle superbe litote ! Un point d'alerte ? Vous vous rendez compte ? Dans le pays développé qui dépense le plus au monde pour son enseignement, il y a 20 % des jeunes de 15 ans qui sont en difficulté, un élève sur 5, et c'est ce jugement dormitif, lénitif et tiède que le ministre porte sur ce désastre ?
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Comment en sommes-nous arrivés là ? A mon avis, pour plusieurs raisons. (a) La première est l'invasion des pratiques éprouvées par des Cosinus prétentieux qui prétendent mettre en système les méthodes et les contenus éducatifs. On ne dira jamais assez le mal que les spécialistes en "Science de l'éducation" ont fait à l'éducation ; comme si l'on pouvait mettre en équation ce qui relève de la relation interpersonnelle entre un enseignant bienveillant, maître de ses savoirs, exigeant et ferme et ses élèves. (b) La seconde relève d'une fausse idée de l'égalité. Tout le monde pareil. C'est idiot. Un garçon de 15 ans qui fait 1,75 m de taille n'aura jamais les mêmes aptitudes pour le basket qu'un garçon du même âge qui fait 1,95 m. Un rêveur et un actif n'ont pas les mêmes centres d'intérêt ni les mêmes méthodes d'apprentissage. La véritable égalité consiste à donner les mêmes moyens et chances à ceux qui ont les mêmes aptitudes. (c) La troisième raison tient à une conception erronée de l'enseignement : qu'on le veuille ou non, la relation enseignant-enseigné est dissymétrique. L'un sait (ou est censé savoir), l'autre non. La fonction de l'enseignant est de transmettre des savoirs constitués, non pas de permettre à l'enseigné de construire lui-même son savoir. Il faut être fou pour croire à la pertinence d'une telle utopie. (d) La dernière raison tient à l'absence totale de sanctions (au nom de l'égalité, toujours) que ce soit par des mentions (depuis les félicitations jusqu'au blâme) ou des punitions (de la consigne aux devoirs supplémentaires). Le rapport PISA indique que le niveau de discipline dans les établissements français est un des plus bas de l'échantillon étudié. Et il est avéré que ce sont "les pédagogies les plus coercitives qui fournissent les meilleurs résultats" (dixit Jean-Paul BRIGHELLI, enseignant et essayiste).
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Bien entendu, dans la même ligne que BOURDIEU et PASSERON, Philippe MEIRIEU, "spécialiste de l'éducation" implique, de la manière la plus idéologique qui soit "le fantasme de faire des économies sur l'éducation", et dément catégoriquement que le niveau baisse. Il affirme que "le système français est une machine à fabriquer des inégalités" mais que "les écarts se creusent entre ceux qui ont accès aux bonnes études et ceux qui sont condamnés à la ghettoïsation". Tiens, tiens ! Mais Philippe MEIRIEU ne fut-il pas un ardent défenseur de la sectorisation (c'est-à-dire de l'obligation d'inscrire ses enfants dans l'établissement scolaire dont relève la résidence des parents des enfants) ? Il semble me souvenir que oui. Si pas de sectorisation, possibilité d'avoir accès aux bonnes études ? Y-aurait-il de mauvaises études ? quelles en sont les caractéristiques ? Et de mauvais établissements ? Même question.
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Il me semble que ce qui est juste serait de détecter ceux de nos enfants qui ont les meilleures aptitudes dans tel ou tel domaine, en offrant un très large éventail d'aptitudes à évaluer. Une excellente aptitude manuelle - qui n'est pas l'aptitude de tout le monde - peut faire un excellent artisan ; et des passerelles doivent permettre de se former dans de nouveaux domaines quand on se découvre de nouveaux goûts, qualités et désirs.
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Je vais vous faire une confidence. Quand j'étais assistant à ce qui était encore l'Université de Paris, je donnais des cours à des jeunes gens et jeunes filles qui préparaient un BTS de Biologie. A l'époque, le baccalauréat n'était pas nécessaire pour passer ce diplôme. Je comptais parmi mes étudiants un jeune homme d'une exceptionnelle rapidité d'esprit mais qui avait été collé au Bac. J'ose dire que, grâce à moi, il a pu faire de superbes études, DEA, thèse de troisième cycle, thèse d'état, et qu'il est devenu en son temps le plus jeune Directeur de Recherche de l'INSERM. Je comptais parmi mes collaborateurs, un jeune homme qui avait commencé avec un CAP de mécanique automobile, et qui est aujourd'hui Maître de Conférence Hors Classe, après avoir soutenu sa thèse dans le laboratoire dont j'étais responsable. Et que dire de D..., aide-soignant dans un grand hôpital régional, qui a pu préparer une thèse d'Université chez nous, puis a passé brillamment une Maîtrise en économie de la santé, et est aujourd'hui Surveillant-chef, responsable de tout le personnel soignant d'un hôpital hyperspécialisé.
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Oui, le Mieux est mieux que le Bien. se contenter de la moyenne est indigne de notre pays. Et s'il faut, dans les banlieues, séparer les enfants issus de l'immigration, les intégrer dans des classes à petits effectifs pour mieux leur transmettre les savoirs, il faut le faire. Ils méritent mieux que le je-m'en-foutisme, l'à-quoi-bonisme et la politique du chien crevé au fil de l'eau. Ce ne sont pas les moyens qu'il faut abonder, ce sont les méthodes et les regards qu'il faut changer.
PS : je prie mes lecteurs de m'excuser pour les fautes que j'ai laissées dans la première version de ce billet, la plus drôle étant sans doute BLOIS au lieu de BLOY.
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lundi 6 décembre 2010

Un bel exemple de réflexion idéologique pour un drôle de vol

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Madame ROYAL s'est fait cambrioler à trois reprises, dont deux dans des délais qui ont suivi de peu sa candidature aux élections présidentielles ou sa candidature aux élection primaires organisées par le PS pour désigner celui ou celle qui le représentera aux élections présidentielles de 2012.
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Dans le premier cas, il semble bien que l'on a identifié l'auteur du cambriolage, une jeune serbe. dans le second aussi. Le rapports que font les médias de ce dernier incident est pour le moins brumeux. Dans un quotidien, je lis que l'on a identifié et arrêté l'auteur de l'effraction, une adolescente qui répondrait aux prénoms de NATACHA ou de LAURA et ne parlerait que le serbe et l'italien. Elle aurait avoué être l'auteur du forfait. Un autre journal dit qu'elles sont deux adolescent(e)s, une parlant serbe, l'autre italien. Pour ce que j'ai cru comprendre, au moins l'une des adolescentes a avoué être l'auteur de ce vol.
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Dans les trois cas, madame ROYAL et ses amis ont embouché les trompettes de l'indignation politique : ça ne se passerait pas comme ça, on ne la déstabiliserait pas, elle irait jusqu'au bout, ce serait une affaire d'état. Bien entendu, rien ne venait appuyer cette accusation ; c'était une interprétation hasardeuse. Quand elle a appris que l'on avait arrêté ces deux adolescent(e)s voici ce qu'elle avait dit ce matin, qui relève de la plus pure idéologie :
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Ceux qui déclarent coupable une jeune adolescente de 14 ans [doivent] se calmer et [...] attendre la fin de l'enquête... Il faudra notamment savoir si des empreintes extérieures au domicile sont une preuve suffisante et si une adolescente de 14 ans, seule, a la force de fracturer une porte-fenêtre".
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Changement de ton ce soir. Patatrac en effet. Comme il s'avère que deux suspects (et non pas un), connus des services de police, sont très vraisemblablement les auteurs de ce vol - mais la justice tranchera - Madame ROYAL dit ce soir tout autre chose ; très curieusement je n'arrive plus à trouver le texte de sa nouvelle déclaration ni sur le site de France Info, ni sur celui de MSN hotmail, alors qu'il y a 45 minutes, elle y figurait : en gros elle admet que les suspects sont de vrais suspects.
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Sans aller jusqu'à accuser madame ROYAL d'avoir organisé ces cambriolages, ce qui me paraît être un procès indigne, on ne peut manquer de s'étonner d'une coïncidence dont je vais vous parler. Contrairement à ce que disent les ténors socialistes, l'un des vols a bien été élucidé, et la jeune serbe mise en cause dans celui-ci doit être jugée au mois de février. Il est tout de même curieux que l'un des deux auteurs du dernier vol soit lui aussi serbe, que rien n'ai été volé, que des empreintes digitales aient été laissées, ainsi qu'une écharpe. Voilà une action bien peu discrète. Qui a organisé ce vol ? Qui l'a commandité dans cette forme ? Je ne connais pas la réponse. Mais si le mobile de cet acte est politique, il n'est pas né dans la têtes de l'actuelle majorité.
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dimanche 5 décembre 2010

Marcherions-nous sur la tête ?

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Luc MONTAGNIER, prix Nobel de médecine pour sa découverte du virus du SIDA, va diriger une équipe de Recherche à l'Université JIAOTONG de SHANGHAI. Ainsi, celui que les idiotes réglementations régissant l'âge du départ à la retraite, avait poussé à s'exiler aux Etats Unis où il s'efforça, sans succès, de fonder une centre de recherche en Biologie Moléculaire et Cellulaire, va mettre aujourd'hui son talent aux services de l'Empire du Milieu.
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On se souvient que ce départ avait suscité des commentaires acides de la presse bien-pensante (je veux dire de la presse "Y-a qu'à-faut que", dont d'admirables spécimens pourraient être le Monde ou Libération) contre ces réglementations qui interrompaient en plein vol l'essor de très brillants cerveaux. Luc MONTAGNIER lui-même avait dénoncé, lors de son départ, je cite "une mesure scélérate, scandaleuse qui risque de provoquer une fuite de cerveaux français". Mais c'était la règle, n'est-ce pas...
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Les Chinois sont plus intelligents que nous, oh combien ! Ils ne dédaignent pas de recruter un homme de 78 ans qui n'a plus à faire les preuves de ses qualités intellectuelles. Mais les Chinois (je veux parler de la Chine traditionnelle) ont un très grand respect pour les personnes âgées tandis que nous, nous cherchons par la loi à autoriser leur suppression par - charmant euphémisme - "l'aide active à la mort". Bien entendu, il ne faut pas mélanger les genres et comparer un septuagénaire alerte et en pleine possession de ses moyens à un malade qui souffre male mort sur son lit d'hôpital. Mais il s'agit de constater que nous mettons hors du jeu social et scientifique d'éminentes personnalités au motif que la loi demande leur retrait de la vie active.
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Après ces semaines agitées où l'on a vu les arguments les plus éculés, les plus démagogiques brandis pour dénoncer la réforme absolument nécessaire du régime des retraites, il est intéressant de relever l'histoire du Pr MONTAGNIER, et d'en tirer les conclusions : la cessation d'activité professionnelle ne devrait pas être régie par une loi uniforme, mais par quelques repères faisant intervenir la durée de cotisation (qu'il faudrait fixer à un minimum pour les cas généraux), l'état de santé (pour les professions pénibles), le désir personnel, les compétences professionnelles et les besoins du pays. Oh ! Je sais. La République a guillotiné LAVOISIER, au motif qu'elle n'avait pas besoin de savants. Faudrait-il que l'on continuât dans cette voie là ? Je n'en suis pas certain, quoiqu'avec la République issue de la Révolution (j'insiste sur l'origine, non pas sur la forme démocratique du régime, bien entendu ; je me suis longtemps, longuement et souvent exprimé sur ce point), il faut s'attendre à tout. Quand il s'agit de mettre tout le monde sur le même pied en vertu de "l'égalité, la République, en effet, n'a pas besoin de savants.
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samedi 4 décembre 2010

Jubilation

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Nombre de mes lecteurs, qui sont aussi des amis, me disent que je vise l'excellence, que j'ai une mentalité d'aristo, que finalement vouloir le meilleur pour tous est impossible. Avant de vous livrer encore une réflexion de Léon BLOY, d'un humour féroce et irréductible, je voulais dire qu'en tant qu'enseignant, j'ai toujours voulu transmettre le plus degré de connaissances ; avec mes élèves, j'étais terrible au moment des corrections de thèse : pas la moindre virgule mal placée, pas la moindre approximation de raisonnement, pas d'interprétation hasardeuse, pas d'erreurs de bibliographie (je relativise ces exigences, car je ne voyais pas tout bien sûr, mais je m'efforçais de donner le meilleur ; si jamais certains d'entre eux me lisent, ils pourront confirmer que j'ai fait cet effort). Il me semble que l'éducation nationale a failli en n'exigeant pas de nos jeunes le meilleur d'eux-mêmes, en se contentant d'une honnête formation sans plus, en se faisant en quelque sorte les apôtres de l'expression pateline (voir plus bas) qui sous couvert de bienveillance détruit dans les âmes tout désir de dépassement. Vous allez comprendre par conséquent pourquoi j'ai jubilé en lisant, dans le livre d'occasion dont je vous parlais dans le précédent billet, ceci, qui est à hurler de rire, l'articulet de Léon BLOY intitulé "Le mieux est l'ennemi du bien", la pateline expression à laquelle je faisais allusion.
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"Ici, je l'avoue, mon titre m'accable et je suis furieusement tenté de descendre de ma chaire. Exégèse signifie, hélas ! explication, et voici un monstre de Lieu Commun qui vient au-devant de moi sur la route de Thèbes. Jamais, sans doute, une énigme plus difficile ne fut proposée à Oedipe.
Voyons cependant.
Si le Mieux est l'ennemi du Bien, il faut nécessairement que le Bien soit l'ennemi du Mieux, car ces abstraits philosophiques ne connaissent pas plus le pardon que l'humilité. Un homme peut répondre à la haine par l'amour, une idée jamais, et plus cette idée est excellente, plus elle récalcitre.
On affirme donc, implicitement, que le Bien a horreur du Mieux et qu'une haine farouche les divise. C'est à qui mangera l'autre, éternellement. Mais alors qui est le Bien et qui est le Mieux et quelle fut l'origine de leur conflit ? Que nous veut ce manichéisme grammatical ?
Est-il bien par exemple d'être un sot et mieux d'avoir du génie ? Quand on dit que Dieu a tout fait pour le Mieux, dois-je entendre qu'il n'a rien fait pour le Bien ? Dans quelle caverne métaphysique ce comparatif et ce positif se sont-ils déclaré la guerre ? C'est à en devenir fou.
Je me prends la tête à deux mains et je me donne à moi-même des noms très doux : - Voyons ! encore une fois, mon cher ami, mon trésor, mon petit lapin bleu ! un peu de calme, nous retrouverons peut-être le fil. Nous avons dit ou entendu dire que le Mieux est l'ennemi du Bien, n'est-ce pas ? Or qu'est-ce que l'ennemi du Bien sinon le le Mal ? Donc le Mieux et le Mal sont identiques. Voilà déjà un peu de lumière, semble-t-il.
Oui, mais si le Mieux est vraiment le Mal, nous allons être forcés de reconnaître que le Bien, à son tour, est aussi le Mal, d'une façon très-incontestable [trait d'union, sic ; vieille graphie, mais correcte], puisque tous les hommes avouent qu'il est lui-même mieux que le Mal qui est le Mieux et que, par conséquent, il est mieux que le Mieux qui serait alors le Pire !!!???
Zut ! Ariane me lâche et j'entends mugir le vieux Minotaure."
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Je dois vous avouer que j'ai été et suis secoué de rire par ce raisonnement, que je suis ébloui par ce style flamboyant, et que j'ai pour cette âme ardente la plus grande admiration. Le Mieux est bien le but que nous devons assigner à notre vie et à nos choix, à ceux de nos enfants, de nos proches, et à notre patrie. Tout le reste relève de la démagogie.
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Jubilation, intense jubilation ! Je commence bien la période de l'Avent.

jeudi 2 décembre 2010

Joindre les deux bouts ou l'argent trompeur

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A-t-on jamais si bien polémiqué contre une certaine conception de la richesse et de la possession que Léon BLOY ? Le hasard, que dis-je, la Providence m'a fait tomber pas plus tard qu'hier sur un vieux bouquin d'occasion qui présente les pages les plus flambantes, les plus terribles, les plus prophétiques de ce catholique intransigeant et pur. Oh ! certes, on peut ici et là critiquer l'outrance des propos tenus. Mais ces pages ont été choisies par Raïssa MARITAIN et présentées par Jacques, son époux. Ce n'est pas rien. (Je signale au passage que l'un et l'autre ont vécu plusieurs années dans un village alsacien, et que les meilleurs spécialistes de la correspondance qu'ils ont échangée des années durant, quand Jacques s'absentait, continuent de dépouiller et archiver cette masse de documents, souvent inédits et habitent à STRASBOURG. J'ai l'honneur de les connaître).
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Voici un petit exemple de ce que Léon BLOY dit de l'argent :
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"[...]
On possède une fortune quelconque, cent mille francs ou cent millions, si vous le préférez . Le Capital ne devant jamais être entamé, il s'agit d'aller d'un bout de l'année à l'autre avec le seul revenu auquel on suppose une suffisante élasticité. C'est un véritable tour de force dont très peu d'hommes sont capables. Proposez-le à un imaginatif, à un rêveur, à un magnifique, à un charitable. Les plus hardis vous répondront qu'ils ne répondent de rien. Quelques uns que le blasphème n'épouvante pas iront jusqu'à vous dire que la richesse doit être répandue comme du fumier et que l'intangibilité du Capital produisant toujours, comme Dieu, et ne s'épuisant jamais, est une abomination.
Si le Bourgeois suffisamment occupé à filer la quenouille d'argent de son année, avait du temps à perdre, il répliquerait fort tranquillement que ce Dieu qu'on a l'audace d'opposer au Capital est un pauvre Dieu s'il inspire à ses adorateurs de tels sentiments ; que lui, bourgeois honorable et capitaliste, ne craint pas de mettre au défit ce prétendu Tout-Puissant de savoir par quel bout le prendre... [sous-entendu : lui le bourgeois ; notre du transcripteur].
Et tout de suite, inexplicablement devenu vociférateur furieux et écumant, il gueulera : - je joins les deux bouts, je tiens les deux bouts, ma queue d'argent est dans ma gueule d'argent et votre Bon Dieu est crucifié par mon Capital. Je suis un honnête homme et je me fous de la religion.
Vous penserez alors au cimetière situé au bout de cette belle avenue de sapins qui commence au cabanon."
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Bien entendu, j'imagine que les anticapitalistes de toutes origines, plumes et poils pourraient se saisir de ce texte pour dire : "Vous voyez, le Capital, le capitalisme, même les chrétiens convaincus le condamne". J'en conviens et ça ne me gêne pas. Car ce que démolit Léon BLOY c'est un système qui utilise la cupidité humaine pour y trouver la justification de son existence, un système qui n'a pas compris que les biens de la terre ont une destination universelle. Reprenez tous les billets que j'ai consacrés à la richesse, vous ne trouverez aucune opinion qui aille à l'encontre de celle de ce maître incomparable que fut Léon BLOY. L'argent fut, est et demeurera trompeur jusqu'à l'accomplissement des temps. Il est temps d'entendre la parole de Jésus : "Faites-vous des amis avec l'argent trompeur". Et si je ne crois pas à l'économie planifiée qui a tué des millions d'hommes en organisant la famine, je ne crois pas davantage aux MADOFF, MESSIER et autres grossiums qui n'entendent pas la clameur des pauvres.
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mercredi 1 décembre 2010

Quand la science bouscule les vieux préjugés

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Les MONOD, CHANGEUX, CRICK et autres grands savants, matérialistes, réductionnistes et antireligieux sont désormais scientifiquement hors jeu. Leurs théories, leurs hypothèses sont tout simplement mises à bas par les découvertes les plus récentes de le neurologie.
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Voici ce que dit Roger SPERRY, prix Nobel de médecine :
"Quand je me prétends mentaliste, je soutiens que les phénomènes mentaux subjectifs, tels qu'on en fait l'expérience subjective, représentent une réalité primordiale exerçant un effet causal et qu'ils sont distincts de leurs éléments physico-chimiques, auxquels ils ne peuvent être ramenés" (In Science and moral priority, Columbia University Press, 1982). Voilà qui mérite d'être commenté. SPERRY affirme qu'il y a une réalité non physico-chimique qui précède et détermine nos pensées et nos actions, quand bien même celles-ci laissent des traces détectables par divers moyens dans notre cerveau. Exit l'homme neuronal et le paquet de neurones de Jean-Pierre CHANGEUX, ; fini le hasard et la nécessité de Jacques MONOD.
SPERRY va encore plus loin : "Il me paraît indispensable de contester avec la dernière rigueur la conception matérialiste et réductionniste de la nature et de l'esprit humain, conception issue semble-t-il de l'attitude objective et analytique aujourd'hui prédominante dans les sciences du cerveau et du comportement [...]. Je soupçonne que nous avons été dupés, qu'à la société et à elle-même la science n'a fourgué que de la camelote." (Ibidem).
Ainsi, pour SPERRY, l'esprit conscient n'est pas de nature physico-chimique est replacé "dans une position de commandement suprême".
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Je vous reparlerai des expériences de Benjamin LIBET qui remisent définitivement aux oubliettes les conceptions matérialistes de l'esprit humain. Mais déjà, je vous signale le livre décisif auquel j'ai fait récemment allusion. "Notre existence a-t-elle un sens ? Une enquête scientifique et philosophique", de Jean STAUNE, publié aux Presses de la Renaissance, Paris 2007, dans lequel j'ai puisé ces citations. Difficile d'accès, ce livre, qui est l'oeuvre d'un mathématicien, diplômé aussi en paléontologie, informatique, gestion, sciences politiques et économiques, est tout simplement percutant. J'en recommande la lecture à toute personne soucieuse de se tenir au courant des progrès de la science. J'en exigerais bien volontiers la lecture de la part de nos hommes politiques, de tous les responsables économiques ou syndicaux, de tous les artistes, de tous les hommes de bonne volonté. La conscience n'est pas le fruit du fonctionnement du cerveau ; elle le surplombe, même si elle en exige l'existence pour se manifester. Il n'échappe à personne que, dans ces conditions, c'est elle qui juge de la valeur moral des actes, et qui les classe sur une échelle de valeur. Tout ne se vaut pas... Avis aux amateurs qui veulent chambouler par la loi ce que toute conscience droite réprouve. Avis aux amateurs encore qui se permettent de juger de l'intention et de la responsabilité morale d'autrui. Ce n'est pas pour rien que SPERRY a intitulé son livre "Science and moral priority."
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Décidemment, nous avons encore beaucoup à apprendre.